Construire ensemble. Philippe Bonnin avril 2017 PDF


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Titre: Construire ensemble - Philippe Bonnin - avril 2017
Auteur: Philippe

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Construire ensemble

Un projet rassembleur
avec les femmes et les hommes

des Pays de Vilaine.
Philippe Bonnin
Elections Législatives
des 11 et 18 juin 2017

Avril 2017
-1 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Construire ensemble
Un projet de territoire collaboratif et
concret.
Une économie pour un projet social qui
respecte chacun : les familles, les hommes
les femmes, les jeunes et les aînés.
Un projet pour d’autres perspectives
écologiques et humanistes.

Il nous faut agir ensemble ; au-delà de tous les
préjugés, et avec l’ ’énergie de toutes celles et ceux
qui portent la voix de nos territoires : les acteurs
associatifs, les salariés, les agriculteurs, les
travailleurs indépendants, les artisans, les chefs
d’ ’entreprise ; et tous les élus de nos communes,
garants des services de proximité, des solidarités et
de la nécessaire cohésion sociale.
https://twitter.com/bonnin35

https://www.facebook.com/100012780304729

http://philippebonnin.blogspot.fr
-2 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

SOMMAIRE
Introduction

4

Chapitre 1 : Comment nous en sommes arrivés à cette
réalité économique et sociale dégradée ?

Chapitre 2 : La transition écologique : un impératif de survie !
Chapitre 3 : Pour une autre politique de soutien aux
Entreprises

10
21
25

Chapitre 4 : La question automobile en Pays de Vilaine
Chapitre 5 : Agriculteurs ubérisés ! Sursaut ou résignation ?
Chapitre 6 : L’école, l’éducation, la formation :
Grande cause citoyenne.

31
37
47

Chapitre 7 : Communes, Intercommunalités :
Le grand défi pour les premiers acteurs de
l’insertion et de la cohésion sociale.

52

CONCLUSION

59

Note personnelle

64

-3 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Introduction
Nous en sommes à quatre décennies de progression inexorable du
chômage, de mise en cause des politiques publiques de solidarité et de
précarité croissante ; même pour certains qui ont un emploi !
Pourtant, malgré le constat d’une telle dégradation qui affecte
terriblement les plus modestes :
• les familles,
• les ouvriers
• les employés,
• les agriculteurs,
• les retraités
• et les étudiants, …
le mouvement économique libéral du « chacun pour soi » rencontre
toujours aussi peu de résistances dans les urnes.
Le Leitmotiv de la « mondialisation heureuse » promise au début
des années 2000 est un leurre ; pire, une imposture pour plus de
90 % de la population mondiale.
Ce sont 40 années de délocalisations industrielles … puis
maintenant des services, avec entre autres les technologies
numériques.
Ce sont 40 années de désertification des territoires les plus
éloignés des grands pôles de développement économique.
RUPTURE, FIN DE MODÈLE ?
Confrontés au chômage de masse, à la paupérisation d’immenses
territoires ruraux et à la transformation des quartiers urbains les plus
pauvres en zones de non-droit, les gouvernements n’ont plus de
réponse. Ils ont perdu la main.
En France, la dynamique électorale de 2012 portait cet espoir collectif et
fédérateur du changement. D’une certaine façon, nous attendions un
nouvel équilibre entre le « politique et l'économique ». Dès 2013, cette
promesse du « changement maintenant » s’est désintégrée contre le
mur de la finance que le candidat Hollande avait pourtant dénoncé lors

-4 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
d’un discours de meeting historique au Bourget (1) ! La désillusion n’en a
été que plus grande.
A la veille des élections de 2017 dont chacun mesure la gravité, cette
désillusion alimente jour après jour toutes les démagogies
inimaginables ; un populisme suffocant !
2008 : L’occasion perdue
A la suite de la grande crise financière, puis industrielle de 2008, le
doute des élites sur l’avenir du capitalisme financier nous avait permis
d’entre-apercevoir une éventuelle ouverture pour des changements de
fond.
D’une certaine manière, ce fut l’heure des grands espoirs pour une
refondation de l’économie mondiale … Finalement, il n’en a rien été.
Huit ans plus tard, l’économie de la rente (spéculative) a repris toute sa
place. Les logiques de transfert des moyens de production (les usines)
vers les multiples pays à bas coûts de main d’œuvre se sont
accélérées … Surtout, n’oublions jamais qu’il s’agit des mêmes pays
dans lesquels il est encore possible de s’exonérer des règles les plus
élémentaires de préservation de l’environnement … Pourtant, c’est

l’avenir de la planète qui est en jeu !
Avec le recul, nous savons maintenant que ces délocalisations ont
représenté d’excellentes opportunités pour reconstituer les marges
perdues. Sur le fond, rien n’a changé en matière de politique sociale et
environnementale à l’échelle nationale, européenne et mondiale. Pire,
nous en sommes revenus à l’époque de toutes les ruptures possibles ou
inimaginables.
2010 - 2016 : la régression économique, sociale et territoriale.
Les prétendants à gouverner sont tous engagés dans la même fuite en
avant. Elle est caractérisée par deux grandes caractéristiques plus ou
moins bien comprises par les citoyens et surtout mal assumées
(cachées) par les gouvernants et candidats :



le moins disant social dont la loi travail restera l’un des symboles
les plus emblématiques des années Valls - Hollande,

(1) - le 26 janvier 2012 ; le « tournant » de la campagne du candidat socialiste à la
présidentielle.

-5 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble



la « métropolisation - agrégation ». Cette dernière mesure de
« concentration et / ou monopolisation » des pouvoirs aura donné
le coup de grâce aux territoires les plus éloignés et vulnérables.
En l'absence de tout débat et sans coup férir, la métropolisation impose
l’hégémonie des grandes centralités urbaines. D’ores et déjà, la voie est
libre pour qu’elles détiennent avant 2020 tous les leviers de décision.
Elles concentrent les pouvoirs de l’administration, des centres de
décision économiques et financiers. A ce stade, le processus est
manifestement en marche, tel un rouleau compresseur. Il s’opère au
détriment de l’économie productive qu’on délocalise massivement dans
les zones géographiques planétaires de non-droit social ; de non-droit
environnemental. C’est la politique
du reniement des grandes ambitions d’aménagement du territoire ;
du renoncement à l’équilibre territorial.
Fractures.
Durant toutes ces années, on nous a expliqué qu’il s’agissait d’opérer les
nécessaires mutations pour accéder à la modernité. Mais de quelle
modernité veut-on nous parler et pour qui ? S’agit-il de celle promise
depuis 30 ans aux quartiers déshérités, comme aux territoires ruraux
délaissés à l’avantage des grandes cités d’affaires ?
Les décideurs sont prisonniers de ce modèle rétrograde. Où se trouve
donc la responsabilité sociétale et morale de l’action publique ?
Comment le politique peut-il encore exercer ses missions régaliennes
(ou essentielles) pour garantir un minimum de justice sociale et de
vie démocratique dans nos cités et campagnes ?
Qu’il s’agisse :
d’assurer la régulation des agents ou facteurs économiques au
profit d’un développement équilibré ;
de revendiquer une véritable culture de l’aménagement des
territoires au nom de l'équité dans la diversité ;
d’affirmer le rôle indispensable des politiques de solidarité avec le
respect dû à chacun.
Est-ce là une utopie ? Ne faut-il pas dire clairement que c’est l’unique et
véritable projet pour sauver notre planète ? ... En effet, la terre ne
pourra plus résister à la logique du pillage social (cette course effrénée
au moins disant social !), comme à la surexploitation des ressources

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Philippe Bonnin

Construire ensemble
naturelles au bénéfice de la seule et stérile accumulation financière (2).
Persister dans cette même voie de prédation, n’est-ce pas une utopie
plus grande, c'est-à-dire l’impasse ?
A l’orée des années 2017 - 2020, que sont devenus ces engagements
gouvernementaux pour la préservation de l’environnement et la
nécessaire cohésion sociale ?
Notre priorité, ce sera l’économie productive et durable au service
de l’emploi, de la solidarité et la cohésion sociale.
Il n’y a donc pas d’autre option que :
de réduire ces inégalités criantes, insupportables pour tous
ceux qui les subissent
de réorganiser les échelons de pouvoir avec bien d’autres
critères que ceux avancés par l’unique leitmotiv de la pseudo
rationalisation financière de l’action publique.
C’est une rationalisation tellement « étroite » ; restrictive !
C’est une rationalité en trompe l’œil et dont la finalité consiste entre
autres à ouvrir les portes de l’action publique au marché mondial
(comme inscrit dans les intentions du traité avorté « TAFTA (3)) » …
C’est une « rationalisation financière et budgétaire » qui préside à ces
réformes de « mise au pas » des territoires (MAPTAM & NOTRe).
Ce sont des réformes qui se révèlent de moins en moins scrupuleuses à
l'égard du droit d’expression et du droit d’accès aux responsabilités des
citoyens par la voie démocratique.
Ce n’est pas notre conception de la vie publique ; Ce n’est pas
l’esprit fondateur de la République. Dans un contexte aussi délétère,
comment peut-on maintenant restaurer la confiance perdue ?
LA RÉPUBLIQUE DES TERRITOIRES.
Notre priorité sera de faire entendre une «2ème voix» ; Une alternative
proche des citoyens.
(2) - Les profits non réinvestis dans le territoire soit pour l’économie productive soit
pour développer les politiques publiques (éducation, formation, aménagement du
territoire dont le désenclavement, qualité de vie sociale, culturelle, sportive, …
(3) - « TAFTA » (Transatlantic Free Trade Area). C’est un projet aujourd’hui
abandonné par l’administration Trump. Le mandat donné aux négociateurs de
l’Union Européenne (novembre 2014), promouvait entre autres les principes du
« libre accès mutuel aux marchés publics à tous les niveaux administratifs (national,
régional et local) dans le domaine des services publics »

-7 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
o Une deuxième voix qui proposera une organisation
territoriale fédérale ;
o Une organisation où les pouvoirs seront rééquilibrés
dans le respect de la diversité de chacun, des cultures
et des bassins de vie.
Il est donc temps d’abroger ces réformes imposées d’en haut …
En total déni des initiatives locales pour créer :
des activités nouvelles,
des emplois nouveaux.
Il nous faut acter le terme de ce mauvais scénario (l’abolir !).
Ensemble :
promouvons le renouveau démocratique par le développement des
initiatives et des responsabilités de proximité ;
démontrons que c’est l’alternative sociale et économique dont nous
avons besoin ; une alternative crédible pour sortir de l’actuelle crise
politique.
sortons de l’impasse dans laquelle on nous a enfermés avec ces
réformes arbitraires, autoritaires ; Toutes engagées depuis 2014.
Elles privent le citoyen de son droit d’expression légitime dans la
vie publique locale.
donnons toute sa place à la démocratie tant représentative que
participative ; C’est ainsi que nous reconstruirons la démocratie
des proximités.
Soutenir l’initiative locale, telle est pour nous la démarche dans laquelle
nos territoires peuvent et doivent se retrouver.
Dans une société aussi bloquée qu’elle l’est aujourd’hui, nous sommes
convaincus que c’est la réponse qui nous permettra de relancer des
initiatives économiques et sociales locales ; Des initiatives concrètes
pour investir ici et créer les emplois nécessaires et indispensables pour
demain.
Ce sont les conditions préalables (indispensables) pour recréer des
modèles de développement dynamiques, capables de valoriser les
ressources et les compétences de ces nombreux bassins de vie
aujourd’hui à l’abandon.
La 4ème circonscription d’Ille-et-Vilaine que je connais parfaitement en est
un exemple criant.

-8 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

SORTONS des systèmes rigides ; Osons la différence.
Nous vous proposons une alternative sociale, économique et politique,
au service du renouveau de nos valeurs de citoyens; d’élus
expérimentés, passionnés et engagés.
Promouvons l’égalité dans le respect de chacun,
luttons contre toutes les discriminations,
revendiquons le progrès social partagé ; sans exclusive.
Par des actes concrets :
promouvons
la
transition
énergétique,
l’économie
environnementale (dont l’économie circulaire) ; autrement qu’au
travers de grandes déclarations péremptoires et sans suite
concrète … (ce qu’on appelle aussi l’éco-ravalement ou le green
washing).
Écartons ces clivages politiques réducteurs ; ces clivages décalés
qui ne veulent plus dire grand chose dans une période aussi
troublée ; faisons le dans le respect de la diversité des idées et de
nos cultures.
Appuyons-nous sur toutes les expériences novatrices des
développeurs de nos territoires ; c'est-à-dire avec tous ceux qui
travaillent déjà pour le développement local et territorial.
Donnons de nouveaux repères et de nouveaux espoirs à tous
nos jeunes.

Retrouvons la confiance perdue.
ensemble une «deuxième voie».

-9 -

Construisons

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 1
Comment nous en sommes arrivés
à cette réalité économique et sociale
dégradée ?
Quelques références historiques.
C’est au début des années 70 que les pays industriels ont subi leur
première grande rupture dans la dynamique de développement des
organisations économiques productives. Il s’agissait du terme de cette
période de grande prospérité d’après guerre qu’on désigna
ultérieurement avec un brin de nostalgie : les « trente glorieuses ».
L’organisation monétaire et financière instaurée à partir des accords de
juillet 1944 à Bretton Woods (New Hampshire - USA) conférait encore une
relative protection des intérêts économiques occidentaux (4). Il n’en
demeurait pas moins que l’essentiel des conditions négociées offrait
clairement de très nombreux privilèges aux Etats Unis d’Amérique.
Cependant, bien avant la fin de cette période « mythique »
(« radieuse » !) au regard de l’actuelle réalité économique et sociale, la
croissance était déjà contrée par nombre de tensions inflationnistes
émergentes ; entre autres sur les marchés des matières premières
stratégiques, dont le pétrole et les protéines (5).
Pour relancer la compétitivité déjà déclinante, les pays occidentaux
soutenaient leurs économies nationales au moyen de la création
monétaire ; ce qui revenait à dévaluer les devises. Ainsi, au gré des ans,
ils contribuaient à la revalorisation du dollar. Le dollar était ainsi devenu
la seule monnaie de référence internationale depuis les accords de juillet
1944.

(4) 44 nations ont signé les accords de Bretton Woods du 22 juillet 1944 à l’issue de
deux années de négociations entre américains et britanniques.
(5) - Cf. l’embargo américain de juillet 1973 sur les protéines de soja vers l’Europe.

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Philippe Bonnin

Construire ensemble
Le compromis social d’après guerre mis à mal dès les années 70.
En contre partie de cette politique économique et monétaire
accommodante durant la première moitié des « trente glorieuses »,
subsistait le compromis social d’après guerre qui assurait la pérennité du
modèle de répartition de la valeur ajoutée entre :
la rémunération du travail,
les investissements qui pour l’essentiel restaient concentrés
dans les pays signataires des accords de Bretton Woods,
et la contribution aux équipements et services d’intérêt général,
dont la protection sociale par répartition.
Précisons que la plupart des services concernés étaient à l’époque quasi
exclusivement gérés par la puissance publique (la santé, l’énergie, les
infrastructures, les transports, …). Ainsi les grandes politiques macroéconomiques de l’époque soutenaient les investissements stratégiques
dédiés à l’aménagement et au développement des territoires.
Egalement, ces politiques volontaristes répondaient aux besoins d’une
population écartée durant toute la seconde guerre mondiale des
marchés de consommation.
Lors de ces années, les français ont connu plusieurs régimes
constitutionnels qui n’ont jamais remis en cause l’architecture
institutionnelle locale héritée de 1792 ; hormis dans la redistribution des
pouvoirs entre les autorités locales et la représentation de l’Etat
(l’institution préfectorale).
Pour autant, la supposée perfection du modèle avait bien trouvé ses
limites. En outre, il conviendrait de ne pas oublier que le reste du monde
n’était qu’un vaste « réservoir » de matières premières et de main
d’œuvre à bon marché.
En 1952, ces espaces régionaux maintenus dans un état de sousdéveloppement persistant ou chronique avaient été décrits par le
démographe Alfred Sauvy sous le vocable de « Tiers Monde » en
référence aux deux autres « blocs » qu’étaient le communisme et le
capitalisme. Le Tiers Monde représentait la majeure partie de ces
régions issues des empires et protectorats coloniaux.

- 11 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Les fondements de ces politiques économiques nous renvoient aux
pratiques des tenants de la théorie mercantiliste. Ses principales facettes
(du mercantilisme) se caractérisent par :
le protectionnisme,
l’appropriation des investissements,
et la thésaurisation confiscatoire des biens.
L’organisation financière internationale d’après la seconde guerre
mondiale a pris fin en août 1971. En effet, le Président des État Unis (R.
Nixon) déclara que les USA ne pouvaient plus garantir la valeur du dollar
en « équivalent or » du fait de la création monétaire excessive, faute de
réserves correspondantes en métal jaune (6).
LA FIN D’UN MONDE : La dérégulation monétaire des années 70 ;
La fin de la coopération entre les pays de l’alliance occidentale et le
développement inéluctable du processus de mondialisation de
l’économie.
Nous en sommes alors revenus aux errements des changes flottants
que sont les dévaluations compétitives anarchiques. C’était le syndrome
visible s’il en est un de la dérégulation économique à l’œuvre. Pour
mémoire, il s’agissait déjà de l’une des explications les plus
symptomatiques qui avaient concouru à la crise financière de 1929 et
par enchaînement : industrielle ; comme en 2007 puis 2008.
A ce sujet, reprenons l’avis de Joseph Stiglitz, prix Nobel 2001
d’économie, lorsqu’il déclare à propos de la dérégulation financière
« qu’elle n’apporte pas la prospérité mais qu’au contraire elle conduit à la
crise » ; et de citer le choc des « subprimes » (2007 - 2008) avec la
dépréciation / liquidation pure et simple d’actifs irrécouvrables (7).
Ainsi, dès le début des années 70, commença la période des premiers
signes de repli des grandes politiques publiques, dont celle relative au
(6) - Pour maintenir une compétitivité déclinante, les pays occidentaux soutenaient
leurs économies au moyen de la création monétaire ; ce qui revenait à dévaluer les
monnaies des dits pays. Ils contribuaient ainsi à la surévaluation progressive du
dollar qui était devenue la seule monnaie de référence internationale depuis les
accords de 1944 ».
(7) - Interview dans le journal Le Monde du 8 octobre 2014.

- 12 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
démantèlement du modèle social qui présida à la reconstruction de
l’Europe et de l’extrême Orient (8) dévastés entre 1939 et 1945. Lors des
multiples conférences intergouvernementales qui se sont succédées à
partir des années 1970 - 80 (G8, G10, G20, etc …), « les dirigeants
occidentaux mirent alors en œuvre trois stratégies pour gagner du temps
et préserver le statu quo sur la croissance :
l’inflation au moyen de la dévaluation monétaire (avec la « guerre
des monnaies »),
puis l’endettement des Etats
et finalement, l’encouragement tacite à l’endettement des
particuliers, auxquels l’organisation bancaire vend des prêts
immobiliers et des crédits à la consommation » (9).

UNE CRISE DESTRUCTRICE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’EMPLOI
Les réformes territoriales engagées dans chacune de nos vieilles
nations d’Europe s’inscrivent toutes dans la même logique de
baisse de la dépense publique.
Dans le contexte d’une Europe plus que jamais désunie à propos de la
question d’une autre politique monétaire, nous sommes alors entrés
dans la plus dure des inclinations en matière de politiques néolibérales.
C’est bien évidemment le plus que controversé sujet des « dévaluations
internes » (10).

(8) - Principalement le Japon.
(9) Wolfgang Streeck, « La crise de 2008 a commencé il y a quarante ans », Le
Monde diplomatique, janvier 2012. The Delayed Crisis of Democratic Capitalism,
Editions Verso, Londres, 2014. Egalement cité par Evgeny Morozov dans l’édition du
Monde diplomatique d’août 2014.
(10) - Au sein de la « Zone Euro », cette politique a été formalisée par l’institution d’un
groupe d’experts désigné sous le vocable de « troïka ». Il est chargé de faire
respecter l’orthodoxie monétaire de la zone et par conséquent budgétaire des Etats
membres. Constituée de représentants de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire
International et de la Banque Centrale Européenne, la troïka intervient dans l’intérêt
des créanciers internationaux.

- 13 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Il se résume en trois étapes chronologiques majeures :
la baisse des prestations sociales, des salaires et des
indemnités de chômage,
puis des pensions, dont les retraites,
et enfin la réduction sous la contrainte de la dépense
publique (les administrations, les infrastructures, les services
sociaux et demain l’éducation !).
Inutile de préciser que le résultat ne fut rien d’autre que la récession
généralisée. Evidemment, il s’agissait de préconisations activement
soutenues au sein des principales sphères d’influences économiques,
nationales, comme européennes.
L’autre option aurait été de déprécier la dette, et par conséquent la rente
accordée aux détenteurs de créances.
Faut-il rappeler que c’est le choix qu’ont mis en œuvre plusieurs grandes
puissances industrielles, dont les Etats-Unis et le Japon dans la période
la plus critique qui a suivi le choc des subprimes.
Pour assumer de telles décisions, il convenait nécessairement de
s’accorder sur une politique monétaire consensuelle entre les différents
états qui partagent la même monnaie. En 2008, ce n’était manifestement
pas le cas dans la zone euro. A cette date, nous en mesurons toujours
les effets sur la montée du chômage.
Très logiquement, le gouvernement sortant en paie les conséquences au
prix fort. Mais de quelle volonté a t-il réellement fait preuve pour
s’opposer aux politiques de dévaluation interne dans la zone euro avant
la fin 2012 ?
Fort heureusement, les nouvelles orientations engagées à partir de
novembre 2012 par la Banque Centrale Européenne ont changé la
donne (11) … Mais il était trop tard !

(11) - En septembre 2012, la BCE engage le rachat partiel des dettes de pays de la
zone euro qui ne pouvaient plus se financer sur les marchés, ainsi qu’une baisse
conséquente du taux directeur bancaire. Un ensemble de nouvelles mesures pour
redynamiser l'économie ont été prises dont le rachat d’obligations, le taux « zéro » et
par voie de conséquence la dépréciation de l’euro vis-à-vis des autres devises.

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Philippe Bonnin

Construire ensemble

Le taux de chômage en France de 1960 à 2016.
Une traduction du changement de modèle économique dans les années 70.
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0

Source : INSEE

Fin 2016 : Le taux de chômage est revenu à 9,7%. 3,47 millions de personnes n’ont pas
de travail. A ce chiffre, il faut rajouter 2 millions de précaires à temps partiels. Certes,
l’économie française crée des emplois (160 000 en 2015), mais l’arrivée des jeunes sur le
marché du travail est supérieure aux départs en retraite. En conséquence, la population
active progresse. Le nombre de demandeurs d’emplois est ainsi en hausse, même si le
taux de chômage baisse. La France ne crée donc pas assez d’emploi pour absorber les
nouveaux entrants sur le marché du travail.
Demandeurs d’emploi toutes catégories (A,B,C,D,E) inscrits à Pôle Emploi
Fin janvier 2016 : 6,15 millions
fin janvier 2017 : 6,24 millions
(12)

Les réformes territoriales engagées dans chacune
de nos vieilles nations industrielles d’Europe
s’inscrivent pour l’essentiel dans cette même
logique destructrice qu’est la dévaluation interne.
Une logique qui consiste :
à rejeter toutes les politiques de redistribution et de solidarité,
mais également :
(12) - https://www.bdm.insee.fr/bdm2/affichageSeries?idbank=001572362&page=tableau&request_locale=fr

- 15 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
à dégrader l’ensemble des facteurs qui concourent au dynamisme
des territoires, tel que le développement des compétences au service
de l’économie et de l’emploi.
Certes, les mouvements sociaux de protestation se sont multipliés (13),
mais il n’en demeure pas moins vrai que ce sont bien les seuls choix qui
ont été entendus et acceptés aux yeux des gouvernants et tenants du
modèle économique d’avant 2012 dans la zone euro.
Toutes les autres propositions alternatives ont été bien trop vite
écartées, tellement la pression sur les gouvernements des pays les plus
déstabilisés dont la France, devenait forte (14).
En tout état de cause, le meilleur levier qui contribuait à imposer ce
modèle des plus déstructurant pour toutes les économies, était la
crainte bien réelle des menaces de délocalisation des
investissements et des emplois. Il s’agissait de l’ultime moyen de
pression dans toutes les négociations qui présidaient aux choix
d’implantations de grands projets industriels et d’activités tertiaires
supérieures.
Mais comment concevoir dans la durée un véritable projet de
développement territorial au milieu d’un environnement de toutes
ces contraintes accumulées ?
Enfin, n’oublions jamais que l’ensemble des options monétaristes
radicales ont de fait contribué à alimenter la récession en anéantissant la
moindre perspective de relance de l’économie (15). « C’est le manque de
(13) - Le mouvement des indignés en Espagne, l’émergence de partis des extrêmes,
la prise de distance de parlementaires membres de partis de gouvernement
(frondeurs en France) …
(14) - Hans-Werner Sinn, économiste très influent de l’Institut de conjoncture de
Munich qui préconise la sortie de l’euro des pays du Sud précise que dans la logique
de la dévaluation interne, « l’Espagne a déjà baissé ses prix (ou coûts) de 6% » et de
préciser qu’il « faudrait aller au moins jusqu’à 30% ; Et au moins autant pour la
Grèce » … et de reconnaître que « de tels efforts seraient peu supportables pour la
population ». Le Monde du 8 octobre 2014.
(15) - En avril 2012, Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008 s’exprimait dans le
New York Times comme suit : « l'Europe applique des plans d'austérité qui n'ont fait
qu'aggraver la récession dans laquelle ces pays étaient déjà plongés … Ce qui est
vraiment inconcevable, c'est de continuer sur la même voie en imposant des
mesures toujours plus strictes à des pays qui ont des taux de chômage comparables
ceux de l'Amérique pendant la crise de 1929 ». Il poursuit en précisant que l'Europe

- 16 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
croissance qui crée les déficits et non l’inverse » (Joseph Stiglitz). A
l’instar d’expériences récentes et déjà mises en œuvre dans nombre de
pays d’Europe, comme en Amérique latine, nous savons tous que ces
pratiques deviennent socialement et politiquement intenables.
Pour autant, est-ce une réponse à la hauteur des milliers de milliards
d’euros de dette publique ?
Une dette totalement irrécouvrable et accumulée depuis les
années 70 ?
Une dette qui prospère à nouveau depuis l’abrogation de
l’organisation économique issue de la seconde guerre
mondiale (16).
Dans l’attente d’autres perspectives, et bien que très contesté quant à
ses résultats, le modèle néoclassique repensé s’est durablement
imposé. Il accède aujourd’hui au statut de « référence obligatoire ».
Ainsi, il nous est opposé, tel un paradigme revenu à ses fondements les
plus orthodoxes pour ne pas dire les plus dogmatiques. Il s’impose en
« modèle » et plus que jamais en opposition aux partisans des politiques
de répartition des années 50 - 60 ; des politiques de répartitions
renvoyées sans le moindre discernement au temps des « archaïsmes
économiques ».

a besoin de politiques budgétaires et monétaires plus expansionnistes … « Elles
n'empêcheraient pas ces pays de vivre des années très difficiles, mais au moins
feraient-elles naître l'espoir d'une reprise. Or nous sommes aujourd'hui confrontés à
un manque total de souplesse. Il est difficile, dans de telles conditions, d'échapper au
désespoir … Plutôt que d'admettre leurs erreurs, les dirigeants européens semblent
déterminés à jeter leur économie et leur société du haut de la falaise. Et c'est le
monde entier qui en fera les frais ». Le 29 août 2014 Krugman a confirmé son
diagnostic. « Aujourd’hui, l’Europe est bien plus mal en point que ce qu’elle était lors
d’une période similaire de la Grande Dépression. Et se profilent à l’horizon des
nouvelles encore plus mauvaises, puisque l’Europe montre tous les signes d’un
glissement dans un piège de la déflation à la japonaise. Et si l’économie européenne
continue de stagner ou pire encore, qu’adviendra-t-il du projet européen – cet effort
sur le long terme pour garantir la paix et la démocratie grâce à une prospérité
partagée ? En ne répondant pas aux attentes en France, Hollande met également
l’Europe toute entière en échec ; et l’on ignore jusqu’où cette terrible situation peut
aller ».
(16) - Bretton Woods. Voir à la page 22.

- 17 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
En réalité, ce sont des orientations qui s’inspirent pour l’essentiel du
courant de pensée très intensément vulgarisé depuis les années 70 par
l’école économique de Chicago. Cette école a contribué au
développement de la pensée « monétariste » de l’après Bretton Woods
avec entre autre Milton Friedman, prix Nobel d’économie 1976 (17). En
matière de science économique, le dualisme radical n’a jamais été de
bon conseil …

Préparer un vrai projet qui soit fondateur et
fédérateur. Le mouvement de l’économie sociale et
solidaire est une voie crédible.
A ce propos, nous comptons sur l’acquis des expériences économiques
nées de l’initiative locale pour redonner du sens au développement des
bassins d’emploi fragilisés par la crise. Tous les projets novateurs, entre
autres ceux portés par le mouvement coopératif de l’Economie Sociale
et Solidaire doivent avoir un rôle des plus importants en pareil contexte.
Ils doivent contribuer à redonner le nouvel élan de solidarité tant attendu
par nombre d’acteurs économiques locaux et de développeurs
territoriaux (18).
Pour demain, le véritable projet fondateur consistera probablement
à reprendre l’essentiel de nos politiques sociales avec l’objectif de
concevoir une autre économie, principalement dédiée à la
reconstruction de nos territoires et pays sinistrés. C’est à l’aune
d’un nouvel angle d’approche de la demande économique et
sociale, ancré dans la réalité humaine des territoires, que nous
répondrons aux enjeux d’aménagement pour tous les bassins de
vie et bien sûr au moyen de la mobilisation de toutes les
technologies novatrices.
(17) - En opposition aux keynésiens, les monétaristes condamnent les politiques de la
création monétaire, source d’inflation et de dépréciation monétaire. Ils préconisent un
rythme de création de la monnaie proportionnel à la croissance économique. Théorie
des années 60, elle n’avait pas envisagé le phénomène de la création monétaire
numérique qui circule entre les acteurs économiques (clients / fournisseurs) hors des
réseaux financiers traditionnels.
(18) - Cf notre publication : « Pour une révision de la politique d'intervention
économique du Conseil Général d'Ille et Vilaine » Philippe Bonnin. Nov. 2011.
http://philippebonnin.blogspot.fr/2013/09/pour-une-revision-de-la-politique.html

- 18 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Dans ce domaine, les travaux sont particulièrement riches et nombreux.
Nous reprendrons volontiers le propos de Céline Mouzon, à ce sujet :
« l’idée qu’il soit possible de développer l’activité économique
différemment, en donnant la priorité à l’emploi et aux personnes
plutôt qu’au profit et en privilégiant l’ancrage local, s’affirme
aujourd’hui avec force » (19).
C’est probablement sur la base d’un tel « modèle de développement »
qu’il nous faudra concentrer nos efforts collectifs.
Ainsi :
il nous appartient d’engager les investissements les plus
appropriés qui soient et d’impulser une nouvelle offre
économique d’intérêt social. Une offre à partir de laquelle il
sera indispensable d’anticiper la réflexion quant à sa forme,
comme à propos de son contenu lié à la production ainsi
qu’aux services.
Pour conclure, nous reprendrons les propos de l’économiste américain,
Daron Acemoglu : « Nous considérons que la prospérité est avant toute
chose liée aux institutions économiques. Les modèles qui permettent la
prospérité sont "inclusifs", c'est-à-dire que les institutions offrent une
relative égalité des chances, garantissent des droits économiques et
politiques et permettent l'innovation. A l'inverse, les modèles qui
empêchent le développement sont de nature "extractive", c'est-à-dire
que les institutions économiques sont là pour servir l'enrichissement
d'une minorité aux dépens du reste de la population. La nature des
institutions économiques est directement liée à la nature du régime
politique, démocratique ou autoritaire. Le déclin d'une société intervient
quand ses institutions économiques évoluent d'un modèle inclusif vers
un modèle extractif » (20).
Dans l’immédiat, nous restons confrontés à la pire des situations pour
sortir le monde de cet « hiver néolibéral » aux relents de politiques
(19) - Alternatives économiques Nov. 2014. Le tour du monde de l’autre économie ;
Un essor planétaire. Céline Mouzon.
(20) - « La prospérité est liée aux institutions économiques ». Propos recueillis par
Alexis Fremeaux et Romain Jeanticou. Le Monde des 16 & 17 novembre 2014.
Daron Acemoglu est professeur au Massachusetts Institute of Technology. A son
propos, il associe James Robinson, professeur à Harvard et avec qui il a écrit un
ouvrage intitulé « Pourquoi les nations échouent ».

- 19 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
sociales dignes du 19ème siècle. Faudra t-il encore attendre longtemps
pour que se dessine le véritable projet économique et politique d’avenir
qui soit socialement acceptable … avant que l’inévitable ne survienne ?

Nous en sommes arrivés à la croisée des chemins.
Les défis que nous allons devoir surmonter sont d’une ampleur inégalée.
La réforme territoriale destinée à réduire la dépense publique en
délaissant les espaces territoriaux les moins productifs est un argument
facile et de moins en moins convaincant pour résoudre les véritables
problèmes de la société ; qu’il s’agisse de solidarité, de réduction
des inégalités et donc de respect des personnes. L’enjeu, pour ne
pas dire la priorité absolue : c’est de refonder les règles de la
coopération économique entre les acteurs publics et privés à tous les
échelons de la société et des territoires.
La concentration / appropriation des biens et des capitaux détruit les
termes de l’échange économique. Le processus d’appropriation
confiscatoire génère le ralentissement de l’économie jusqu’à provoquer
une récession par anéantissement de la demande au bénéfice par
conséquent éphémère de l’Offre ...
Aux États Unis, durant les années 30, le rééquilibrage entre l’offre et la
demande s’est imposé dans le cadre d’une réforme fiscale des plus
audacieuses (21).
Ce n’est pas une question complexité technique mais de courage
politique.
Nous-nous y emploierons

(21) - Comment se fait-il que le candidat aux élections présidentielles du mouvement
« en marche » affirme vouloir « copier le modèle social et économique suédois alors
qu’il commencerait par abaisser les impôts des actionnaires, des gros épargnants, et
par favoriser banquiers et assureurs ?... » Hebdomadaire « Marianne » ; le 18 mars
2017.

- 20 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 2
La transition écologique :
Un impératif de survie !
L’enjeu écologique n’est pas seulement économique. Pour répondre au
défi sans égal de préserver l’environnement et les conditions de vie, de
nouveaux sauts technologiques s’imposent.
Bien plus qu’auparavant, les programmes et projets se doivent d’être
préparés et analysés à l’aune de la question environnementale ; Que

nous parlions des ressources, de la pollution de l’eau, de l’air,
des produits de synthèse rémanents et de tant d’autres
situations qui portent atteinte à la vie biologique ; C’est l’avenir
de l’humanité, ainsi que de toute vie sur terre qui est en jeu.
Certes, nous n’avons jamais négligé les autres problèmes géopolitiques
mondiaux qui nous font courir des risques immenses. Mais chacun sait
parfaitement que :
le réchauffement climatique,
et l’accès aux ressources vitales,
sont à l’heure actuelle les premières sources de conflits.
Nous reviendrons sur ces préoccupations qui ne peuvent-être exclues
d’aucun projet de territoire. C’est évidemment l’objet de la
communication que nous avions coproduite avec M. Daniel Cueff, Maire
de Langouet en Ille-et-Vilaine, Président de notre association pour une
autre approche de la politique : « 2ème(s) Voix ».

L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
« L'économie circulaire est un concept qui suscite un engouement
croissant chez les acteurs du développement durable. À son origine,
c’est la prise de conscience que la plupart des ressources et matières
premières sont épuisables. Pourtant, elles restent massivement utilisées,
très peu recyclées et demeurent incontournables dans la production
industrielle, l'agriculture, les services, les transports, etc. Or, les
procédés de tri des déchets ne permettent souvent qu'un recyclage

- 21 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
limité. De surcroît, les traitements actuels génèrent pour certains des
rejets dont la toxicité est au cœur des préoccupations sanitaires.
Ce système économique et technologique, qu'on peut appeler
« l'économie linéaire », atteint fatalement ses limites. Par nécessité, il
sera progressivement remplacé par l'économie circulaire, qui valorise les
ressources pour mieux recycler les matériaux et tendre vers le « zéro
déchet ». Plusieurs pistes sont actuellement expérimentées.
La première, c’est l'éco-conception. Son objectif : rendre réutilisable
l'intégralité des composants d'un produit. Ainsi, aux Pays-Bas,
l'entreprise Desso conçoit des moquettes dont les constituants seront
récupérés à 100 % pour être réintroduits dans un nouveau revêtement
ou d'autres produits. De même, les bâtiments du parc économique
20/20, à Amsterdam, sont conçus comme des « banques de matériaux »
100 % réutilisables.
Aux Régions de donner l'impulsion
Une autre voie : des entreprises dites « résilientes » remplacent les
composants à risque environnemental par des substances
renouvelables, sans impact écologique. Ainsi, la marque Rainett fabrique
des produits d'entretien où l'huile de palme est remplacée par des
résidus d'huile d'olive. De son côté, Philips explore la location de lumière
en substitution de la vente d'ampoules pour s'assurer du retour en usine
de la matière première.
Qu'en est-il de cette économie circulaire en France ? Notre pays n'est
pas resté inerte. Il a récemment contribué à la création de l'Institut de
l'économie circulaire, dont la vocation est de mobiliser les collectivités.
Ce n'est pas encore à la hauteur des enjeux, tant la France dispose
d'atouts tels que ses matières premières cultivables et marines (lin et
algues par exemple). Si des alternatives à l'économie gaspilleuse ou
linéaire ne sont pas très vite engagées, le risque est d'aller au bout du
bout de la ressource ; à l'instar du sable coquillier ou de l'extraction de
minéraux. La destruction de l'environnement en sera d'autant plus
irréversible.
Cette question des ressources rares est des plus stratégiques. Depuis
2010, la Chine a pris des initiatives qui relèvent de l'économie circulaire ;
Comme garder les matières premières rares présentes dans son sous-

- 22 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
sol ; racheter les matières recyclables issues des produits qu'ils nous ont
vendus (50 % du papier recyclé breton) ; investir dans le foncier agricole
et dans l'agroalimentaire pour disposer des ressources nutritionnelles
vitales ; acheter des produits stratégiques d'avenir (80 % du lin normand
s'exporte en Chine).
Comment, dès lors, gérer cette question d'un point de vue plus collectif ?
Les Régions, chefs de file de l'économie, ne devraient-elles pas inciter à
la création de banques de matériaux ? Soutenir des fonds
d'investissement pour développer ces politiques ? Cofinancer la
recherche sur les matériaux renouvelables ?
Il nous appartient d'être précurseurs dans l'économie circulaire pour tirer
nos territoires vers un nouvel avenir » (22).

Le débat sur la transition écologique et
énergétique a énormément de mal à se traduire
concrètement dans notre vie quotidienne.
L’adoption de nouveaux comportements et modes de vie est
indispensable, mais ils ne doivent pas tourner à la « supercherie » pour
ne pas dire l’hypocrisie.

Il nous faut faire preuve de pragmatisme et de
courage pour avancer.
Concrètement, dans mon action citoyenne, j’ai permis l’implantation de :
la 1ère centrale photovoltaïque (500 m²) voici 11 ans,
la 1ère chaudière à bois de grande capacité (500 KW) en Ille-etVilaine,
ainsi que la mise en place d’une véritable filière locale de
production de bois énergie.
Sans la métropolisation qui a mis fin aux projets de proximité, nous
serions déjà producteurs de biogaz à partir du gisement des boues
urbaines et des déchets alimentaires.
Nous avions également l’ambition de sceller un partenariat original avec
les éleveurs. Il s’agissait de coopérer dans la production de biogaz.
(22) - Philippe Bonnin et Daniel Cueff ; publié dans Ouest-France, le 9 février 2017.

- 23 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Je m’engage à soutenir toutes les initiatives dans ces
domaines, avec l’ensemble des élus communaux et
intercommunaux, et dès que nous aurons abrogés ces lois
pénalisantes pour l’initiative locale.
Ma commune est la première qui protège sa ressource en eau par
l’interdiction d’usage des pesticides depuis 2004 (23) ; suivie par la prise
d’un arrêté préfectoral en septembre 2013.
Nos initiatives pour la réduction des dépenses d’énergie dans les
équipements publiques et l’habitat font de nous la seule collectivité avec
Langouet (I&V) qui déjà atteint en 2016 l’objectif de réduction de 20 %
des consommations énergétiques (2006 - 2020).

Pour ce qui concerne l’industrie :
Nous soutiendrons la recherche et le développement des
technologies de production d’hydrogène pour les mobilités
d’avenir.
Nous demanderons à ce que la puissance publique s’engage
très rapidement dans le financement des investissements pour
développer
les
procédés
Stirling / Ranking
de
thermodynamique. Le but est de convertir la chaleur en énergie
mécanique. Le potentiel est réel et considérable.

Grâce
à
nos
savoir-faire :
l’agriculture,
l’artisanat et l’industrie sont de formidables
moteurs pour la véritable transition écologique !

(23) - Aquifère tertiaire constitué de calcaires (faluns) dont le potentiel de rétention
hydraulique est de 5 millions de m3.

- 24 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 3
Pour une autre politique de soutien
aux entreprises.
Pour une nouvelle approche des
aides territoriales et nationales.
Dès 2011, alors que la dégradation de l’activité économique prenait une
ampleur jamais atteinte depuis les années 70, nous avions fait état de la
nécessité d’intervenir très rapidement et efficacement. Nous avions
préconisé d’apporter des soutiens financiers exceptionnels et ciblés en
direction seulement des entreprises du secteur productif.
Les activités économiques identifiées comme « productives »
représentent la part principale des fonctions stratégiques qui
assurent la diversité et la pérennité de l’économie en général (24).
Nul n’ignore leurs effets d’entraînement sur le reste de l’économie, dont
les services privés comme publics.
Malheureusement, elles sont encore aujourd’hui confrontées à de graves
difficultés structurelles. L’enjeu était d’autant plus important qu’il
s’agissait pour la quasi-totalité des situations rencontrées, de l’avenir des
filières qui nourrissent la véritable culture industrielle historique de nos
économies locales … De surcroît, ces filières font systématiquement la
démonstration de leur excellence technologique ; n’en déplaise à
certains cassandres !
En outre, n’oublions jamais que les entreprises de production et de la
transformation de la matière sont pour l’écrasante majorité d’entre elles
pourvoyeuses d’emplois induits ; ceci bien au-delà des chaînes de valeur
traditionnelles (la sous-traitance et plus globalement les services à
l’industrie).
Pour répondre aux défis qui se dressent plus que jamais devant nous,
les actuelles politiques économiques démontrent jour après jour leur
inefficacité et leur caractère dérisoire, face aux défis qui se lèvent devant
(24) - Il convient d’y adjoindre les activités de service qui s’exportent ou qui exercent
un rôle essentiel dans les processus de développement de la productivité.

- 25 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
nous. Ces politiques ne s’appuient que trop rarement sur des diagnostics
précis (ou exhaustifs) et des analyses pertinentes qui se déclineraient
ensuite par la mise en œuvre de stratégies claires et efficientes.
Tous les travaux conduits en France sur les errements des politiques
industrielles, fiscales et sociales depuis plus d’une décennie ne font que
conforter notre point de vue.
LES AIDES ECONOMIQUES.
Revenons à la question des aides économiques. Dans la panoplie des
réponses au soutien d’entreprises qui s’offre à nous, il ne convient
certainement plus de procéder à des surévaluations convenues de la
valeur des biens fonciers, comme certains décideurs ont cru bon le faire
dans nos collectivités territoriales ; entre autres pour la filière automobile.
Ce sont des pratiques toutes aussi préjudiciables les unes que les autres
pour la bonne appréciation des transactions immobilières en général. En
pareil cas, nous ne sommes pas forcément très loin de faire prospérer ce
ressentiment d’inégalité de traitement économique (25). Plus
précisément, il s’agit des terrains de « PSA - La Janais ».
Ne perdons jamais de vue que de telles méthodes sont passibles d’être
requalifiées en contributions financières indirectes par la cour
européenne de justice.
J’ai toujours soutenu le principe de l’abondement de fonds
publics locaux pour encourager les investissements
productifs des opérateurs économiques.
Ce n’est pas une question nouvelle. Cependant, une telle démarche ne
doit jamais être appréhendée « à fonds perdus », parce que c’est de
l’argent public ; ou dit autrement « l’argent de tous ».
En ce qui concerne l’entrée de l’Etat au capital de PSA début 2014,
décidé à l’automne 2013, il s’agissait d’un cas de figure similaire ; au
demeurant parfaitement justifié.
Ma déclaration dans le journal « La Tribune » fut pourtant décriée,
lorsque j’en ai développé l’impérieuse nécessité, dans l’unique but de
préserver du pire les dizaines de milliers d’emploi du groupe Peugeot-

(25) - Le traitement différencié entre les groupes et les petites entreprises ; dénoncé
par les représentants de ces dernières (le CGPME).

- 26 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Citroën en juillet 2012 (26). Un an plus tard, l’affaire était entendue et
conclue …
A l’échelon local, fin 2015, la participation des collectivités aurait dû être
conditionnée par la création d’une société de production industrielle
dédiée à participer au pôle d’assemblage automobile de « La Janais ».
Le groupe automobile en serait bien évidemment resté largement
majoritaire et les collectivités auraient de la sorte abondé au capital,
grâce à leur participation, ou plutôt leur apport de fonds à hauteur de
plusieurs millions d’euros ; ce qui est de fait le cas (25 millions d’Euros),
mais sous une forme totalement différente … puisqu’à « fonds perdus » !
Enfin, faut-il rappeler que si l’Etat avait optimisé, ou plutôt mieux assumé
sa responsabilité d’actionnaire de référence chez PSA (il détient la
présidence du conseil de surveillance), il aurait dû se mettre en situation
d’apporter l’indispensable caution pour une telle démarche dédiée à
sauver un site industriel vital pour tout le territoire des Pays de Vilaine.
Tel n’a pas été l’option retenue.
Chacun pourra en convenir : c’est tout autre chose qui est advenu. Ainsi,
on a engagé ces mêmes millions d’euros publics dans le rachat
d’espaces parcellaires distincts et difficilement aménageables autour des
bâtiments industriels de « La Janais ». L’absence d’implication financière
et contractuelle dans la durée libère clairement le constructeur de toute
contrainte à terme.
Il était alors possible de fonder un nouveau projet ou pacte industriel
renégocié.
Concrètement, quelles sont à cette date les contreparties réelles en
l’absence de tout projet stratégique local, construit et suivi
minutieusement par un conseil d’administrateurs avisés ?
J’ai toujours soutenu les démarches de « participations
territoriales contractuelles » dans l’économie. A ce titre, j’avais
été à l’initiative d’une proposition malheureusement délaissée
pour cause de « loi NOTRe » d’un fonds de soutien Bretillien (27).
J’assurais à l’époque la Vice Présidence à l’Économie au Conseil
Général d’Ille-et-Vilaine. La réforme départementale a de fait abrogé tout
(26) - Cf. un article d’Alain Gabriel Verdevoye dans le quotidien la Tribune - 6 juillet
2012.
http://www.latribune.fr/entreprisesfinance/industrie/automobile/20120705trib000707597/l-etat-s-apprete-a-voler-ausecours-de-psa-.html
(27) - http://philippebonnin.blogspot.fr/2013/09/pour-une-revision-de-lapolitique.html#more

- 27 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
projet de cette nature à l’échelle d’un département comme l’Ille-etVilaine, riche de son million d’habitants et de ses nombreux pôles de
compétences reconnus.
Il s’agissait d’accompagner les entreprises en mutation, ou
« transition ».
Par manque d’analyse et de clairvoyance de certains élus peu rompus à
l’approche économique, ce fut une véritable occasion manquée pour
notre économie productive locale, pourtant si stratégique dans
l’écosystème bretillien.
Nous restons convaincus qu’il s’agit d’une démarche
appropriée pour mettre en perspective nombre de nouvelles
formes d’organisation économiques dédiées aux producteurs
agricoles, de l’industrie agroalimentaire en crise et de toute
activité novatrice
Le soutien des collectivités a révélé dans nombre de cas qu’il s’agissait
de la condition préalable à la création et au développement d’activités.
En effet, très souvent nous avons constaté qu’il s’agissait là d’un
prérequis à la levée de fonds.
Enfin, notons bien qu’il s’agit d’un sujet qui relève entièrement des
compétences exercées dans plusieurs de nos régions et circonscriptions
européennes (mais rarement françaises …).
Confrontés aux multiples contre-exemples,
il est urgent de nous investir dans une nouvelle politique de
traitement de fond de nos actuels problèmes économiques ;
récurrents et qui plus est : structurels.
Plutôt que de continuer à disserter autour du seul débat national relatif
aux charges ou sur la qualité des services publics déjà largement mis à
mal par ceux qui peuvent justement s’en dispenser, d’autres voies sont à
explorer. Nous y sommes prêts !
Faire ainsi évoluer les dispositions réglementaires qui concourent à un
meilleur accès au financement tel que la Banque Centrale Européenne
le demande instamment est un impératif. Enfin, il importe de réfléchir à la
réorganisation des cadres juridiques de nos systèmes productifs à
l’échelle de la Zone Euro.
In fine, l’enjeu reste clairement celui de la restauration de leur
compétitivité. Sans une telle consolidation, ne nous faisons pas
d’illusions : nous continuerons à nous enfoncer dans la spirale

- 28 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

du moins disant social à l’échelle internationale (ce redoutable
« moteur » des délocalisations),
du déclin de la valeur ajoutée créée localement (les marges) et de
l’emploi.
Dans un monde « globalisé », sans règles partagées ni principes de
solidarité, c'est-à-dire de régulation économique (et environnementale !)
élémentaire, nos organisations productives continueront à subir un
« laminage » de leurs capacités et moyens technologiques ; sans le
moindre discernement. Les conséquences en sont déjà avérées.
C’est bien ce à quoi nous sommes confrontés depuis 10 ans en Ille-etVilaine, comme dans nombre de territoires.
Nous vous invitons à lire aussi : « La fin de l’agence de développement
économique Idéa-35 ».
Lien de consultation :
http://pdf.lu/T1Yg
A consulter également : « Fractures territoriales »
Lien de consultation :
http://pdf.lu/dS6x
Soutenir les filières structurantes, engager des politiques de financement
des investissements avec l’appui de la Banque Publique
d’Investissements et de la Banque Européenne d’Investissements.
Reprendre le plan industriel stratégique décliné en 34 grands thèmes ou
programmes. Il fut abandonné dans cette forme par le Ministre de
l’économie, de l’industrie et du numérique en mai 2015 (28) ...
Revoir la politique fiscale des entreprises qui permet aux grands groupes
de réduire leur impôt. Ce sont les PME de nos territoires qui en
pâtissent. Au sujet du financement de l’économie et des politiques
bancaires, lire aussi :
http://pdf.lu/sXCW
(28) - Big data - Cloud computing - Objets connectés - Réalité augmentée - Logiciels et
systèmes embarqués - Services sans contact - E-éducation - Hôpital numérique –
Cybersécurité – Nanoélectronique – Robotique – Supercalculateurs - Innovation dans
l’agroalimentaire - TGV du futur - Véhicule deux litres aux 100 km pour tous - Véhicule à
pilotage automatique - Bornes électriques de recharge - Autonomie et puissance des
batteries - Avion électrique et nouvelle génération d’aéronefs - Satellite à propulsion
électrique - Dirigeable pour les charges lourdes - Navire écologique - Énergies renouvelables
- Réseaux électriques intelligents - Qualité de l’eau et gestion de la rareté - Biotechnologies
médicales - Dispositifs médicaux innovants - Souveraineté des télécoms - Industrie du bois Recyclage et matériaux verts - Rénovation thermique des bâtiments - Chimie verte et
biocarburants - Textiles techniques et intelligents - Usine du futur.

- 29 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

« En 15 ans, la France a connu une spectaculaire dégradation de sa
compétitivité et un véritable décrochage industriel.
Il y a urgence ! La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 à
12 %, alors que le secteur représente les trois quarts de la balance
commerciale et 80 % de la Recherche & Développement ».
Jocelyne Madec,
Présidente l’Union des Industries et
Métiers de la Métallurgie (UIMM)
de Bretagne ; mars 2017.

A Redon, le Campus ESPRIT (Enseignement Supérieur
Professionnalisation Recherche Innovation Technologies) est une
réalisation exemplaire. Je salue la mobilisation des acteurs locaux pour
ce projet. C’est le sens qu’il faut donner aux initiatives de formation pour
l’industrie et les métiers du futur.
Alors Vice-président à l’Economie et à l’Enseignement supérieur du
Conseil Général (jusqu’en 2015 et avant qu’il ne soit démantelé par la Réforme
« MAPTAM / NOTRe »), j’ai accompagné ce projet et mobilisé un premier
soutien financier du Département. Ce n’est malheureusement plus
possible dans le contexte de la régression des compétences du
Département.
Comment peut-on prétendre conduire des politiques de solidarité sans
se donner les moyens de soutenir les formations indispensables et
opérationnelles pour développer et conforter dans les territoires les
multiples activités ? Toutes aussi indispensables les unes que les
autres !
C’est l’échec manifeste de cette mandature législative et
gouvernementale.

- 30 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 4
La question automobile en Pays de
Vilaine ;
l’horizon des possibles. Réflexion
pour l’avenir.
Le salon de l’automobile a fermé ses portes mi-octobre dans une
ambiance d’optimisme indéniable. Pour 2017, on retiendra :
• que les constructeurs français se portent mieux,
• que de nouveaux modèles sont d’ores et déjà au
catalogue ou en cours d’industrialisation,
• que la voiture communicante et autonome progresse.
Nous constatons que la motorisation électrique gagne des parts de
marché et que la maîtrise des technologies indispensables pour
développer la pile à « combustible – hydrogène » s’engage sur la bonne
voie.
Forts d’une confiance retrouvée, les dirigeants des firmes se sont tous
précipités pour annoncer que la charge des usines françaises tend à
redevenir positive (100 % chez Renault !).
Certes, on oublie de rappeler à notre bon souvenir les fermetures
d’usines et la réduction drastique des capacités de production depuis 10
ans en France, dont les usines de Chartres de Bretagne et de toute la
filière de sous-traitance en Pays de Vilaine (jusqu’à Redon !). Au
lendemain du salon de Paris, nous aurions pu espérer d’autres
remontées d’informations bien plus positives que celles déjà connues à
propos des suppressions de postes dans les usines françaises du
groupe PSA. C’est une décision regrettable qui découle des récents
accords de compétitivité. Les engagements pour recruter 1 000 salariés
ne compenseront pas les 2 000 départs aidés.
Voici le sentiment qui était le nôtre en ce début d’année.
Qu’en est-il à la veille des grandes consultations électorales de ce 2ème
trimestre 2017 ?

- 31 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Fort d’un climat général empreint d’optimisme, c’est donc le moment
opportun pour faire un point sur la réalité industrielle de la filière
automobile en Ille-et-Vilaine.
En un demi-siècle, l’Ille-et-Vilaine était devenue l’une des meilleures
terres d’excellence pour la construction automobile. N’a-t-on pas vu le
lancement du pôle de compétitivité « Automobile Haut de Gamme » en
2005 (29) ?
Rythmé par le développement de l’usine Citroën, puis PSA-PeugeotCitroën au Nord des Pays de Vilaine, un « écosystème » d’exception
s’est développé jusqu’à la désastreuse crise industrielle de 2008.
Est-il encore nécessaire de rappeler que nous avons subi un déclin
inexorable des volumes de production durant 9 années consécutives ?
La crise s’est traduite par une réduction drastique des capacités de
production, ainsi que par de grands plans de suppression d’emplois …
Nous ne comptons plus les fermetures d’établissements et d’ateliers de
sous-traitance bretilliens dont la destinée était structurellement liée à
l’usine d’assemblage de « La Janais ».
Dans le Département d’Ille-et-Vilaine, les emplois directs sont passés de
30 000 avant 2005 à moins de 10 000 en 2016. Quant à l’effectif actuel
réellement en activité opérationnelle dans les usines de Chartres de
Bretagne, il est inférieur à 3 000 personnes.
Nul n’ignore que les récentes annonces de septembre dernier qui ont
suivi celles de juin 2016, ne viendront jamais compenser la fin des
fabrications annoncées de la Citroën C5, puis de la Peugeot 508. Le
modèle, successeur de cette dernière sera construit dans une autre
usine du groupe à Sausheim près de Mulhouse.
Le bilan des 9 années de déclin ininterrompu est accablant pour
l’économie des territoires bretilliens ; des territoires au sein desquels
s’ajoutent la crise agricole et la restructuration d’usines agroalimentaires.
La très récente annonce de la fermeture de SVA - Liffré allonge encore
cette liste noire du déclin productif Bretillien.
Tous les salariés, comme les directions successives de « La Janais » ne
sont évidemment pas en cause pour ce qui concerne une telle décision
de démantèlement industriel inégalée dans l’Ouest. Ce démantèlement
reste au demeurant fort « bien géré » si nous appréhendons le sujet sur
le plan strictement social ... Chacun pourra donc en tirer ses propres
(29) - Devenu « iD4CAR » en mai 2009.

- 32 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
conclusions vu du côté des élus ou des acteurs économiques,
responsables d’entreprises et syndicaux.
Contrairement aux récentes déclarations de la gouvernance de la
Métropole rennaise, la désindustrialisation de la plateforme automobile
de « La Janais » n’a pas été enrayée. Les activités d’emboutissage et de
ferrage sont encore sous le coup des réductions de capacité. Elles sont
engagées à l’avantage d’autres sites du groupe. L’annonce par le soustraitant Delphi de la fermeture de son usine de Saint Aubin du Cormier
ne fait qu’accentuer un peu plus le processus de détérioration de
l’écosystème automobile départemental. C’est d’autant plus évident ou
corroboré que Delphi est un fournisseur d’équipements utiles pour
contribuer à la qualité, la performance et la fiabilité des véhicules.
La liste des fermetures va de nouveau s’allonger avec Kenwood - Janzé.
Enfin, sur le plan national, ne sous-estimons pas la délocalisation
annoncée des fabrications de moteurs PSA dédiées au montage des
véhicules réalisés hors de France. Ce sera une perte de potentiel
productif et de savoir-faire de la France dans l’économie de la mobilité.
Certes, des élus se sont mobilisés pour interpeller l’État quant à ses
choix industriels durant ces années de crise ; toujours défavorables à la
filière automobile bretonne et à l’aménagement économique de nos
bassins de vie, dont les Pays de Vilaine. Nul ne doit ignorer qu’à partir
de 2012, les décisions de démantèlement étaient connues des pouvoirs
publics. En particulier les Ministères de l’Économie et de l’Industrie. Pour
corroborer ces faits, en novembre 2012 l’État est intervenu pour extirper
le constructeur automobile d’une situation des plus difficiles. Grâce à
cette initiative, il a garanti les engagements financiers (les lignes de
trésorerie) indispensables à la poursuite des activités du groupe. Un an
plus tard, il décidait d’entrer au capital de Peugeot - Citroën pour devenir
l’actionnaire de référence en accédant à la présidence du Conseil de
Surveillance (mars 2014).
Comme nous en parlions précédemment, fin 2015 les collectivités
territoriales se sont lourdement impliquées dans l’avenir du site de la
Janais en rachetant des parcelles bien au dessus des prix de référence.
L’intention affichée était de « conforter le pôle industriel de la mobilité ».
Derrière cela, il y a bien sûr les enjeux d’avenir relatifs au
développement des nouvelles technologies pour la « mobilité
décarbonée ». Le défi repose naturellement sur l’arrivée de nouveaux
composants électroniques complexes et bien évidemment sur le
renforcement des activités « numériques » où de grands opérateurs
mondiaux tendent à s’imposer dans l’économie de la mobilité.

- 33 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Egalement, n’oublions pas l’enjeu des futurs moyens de stockage et
d’usages performants de l’énergie ; qu’il s’agisse de l’électricité avec les
batteries et certainement plus encore de l’hydrogène avec les nouvelles
piles à combustible.
LA
RECHERCHE
D’UNE
NOUVELLE
IMPLANTATION
INDUSTRIELLE DU GROUPE AMERICAIN TESLA, CONSTRUCTEUR
DE VEHICULES HAUT DE GAMME.
Le groupe américain Tesla, leader en matière de construction de
véhicules électriques haut de gamme est à la recherche d’une seconde
implantation industrielle en Europe après Tilburg aux Pays Bas. Nous
n’avons nullement l’intention de porter une appréciation comparée entre
les deux candidatures françaises que sont Châteauroux et Fessenheim.
Cette dernière candidature est clairement soutenue par le
Gouvernement pour cause de projet de fermeture de la centrale
nucléaire. Mais n’est-ce pas là une situation similaire en termes de
mutation industrielle et d’une ampleur sociale pour les Pays de Vilaine
autrement plus importante ?
Dans le contexte des défis qui montent en puissance autour de la
mobilité et la transition énergétique, comment se fait-il que les
responsables dûment concernés n’ont pas d’emblée pris la mesure de
cette recherche pour établir un dossier de candidature dont personne ne
pourrait douter de la solidité ?
Les atouts en sont une usine de montage ainsi qu’un maillage industriel
de sous-traitants qui, bien qu’affaibli, peut relever les défis de la
construction des véhicules de demain.
Personne ne peut douter un seul instant que l’écosystème des services,
des compétences et des infrastructures de communication, serait
insuffisant pour établir un dossier des plus solides, face à d’autres
candidatures (30).
Indéniablement, ce serait un signe très fort en direction des salariés de
l’industrie (ouvriers, employés, cadres et ingénieurs) dans nos Pays de
Vilaine et bien au-delà. Ce serait aussi le cas pour toute l’économie
numérique départementale et régionale.
Ne serait-ce pas enfin une incontestable expression de
soutien aux activités productives de l’Ouest ?
(30) - http://www.autoactu.com/tesla-double-ses-ventes-et-devient-rentable-autroisieme-trimestre.shtml

- 34 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Ce n’est pas en 2019 - 2020 qu’il faudra y penser ; « C’est
maintenant ! » comme le disait un slogan déjà vieux de cinq ans …
QUESTIONS POUR L’AVENIR AUTOMOBILE EN PAYS DE VILAINE
Le temps industriel est à la fois long et très court. 10 années séparent le
record de production de La Janais de son plus bas niveau actuel … Si le
court terme est assuré, il convient de se préparer aux futures
configurations de la carte européenne de l’Industrie automobile. Elles
pourraient survenir plus rapidement qu’on ne le pense.
Le marché des petites voitures fabriquées à Kolin en République
Tchèque dans le cadre d’une coopération PSA / Toyota n’est pas
exempt de retournements. Selon une telle hypothèse, comment
seraient utilisées les capacités de production de cette usine ? Quelles
en seraient les conséquences pour les usines Françaises, si les coûts
de production actuels perdurent à l’avantage de l’Europe de l’Est ?
Egalement, PSA pourrait décider d’augmenter les capacités de
production de son usine de Trnava en (Slovaquie).
Le Brexit peut contribuer durablement à la dépréciation de la Livre.
Il semble bien que le gouvernement du Royaume Uni souhaite
aujourd’hui en tirer profit pour rendre plus compétitive son industrie
manufacturière. En pareil cas, l’accès au marché britannique pourrait
se compliquer pour PSA qui n’a plus d’usines outre Manche.
Cependant, le rachat acquis d’Opel avec sa filiale Vauxhall en Grande
Bretagne change sensiblement la donne.
Quel serait le devenir de l’usine de Sevel-Nord, près de
Valenciennes si l’accord entre PSA et Toyota pour la fabrication des
petits utilitaires n’était pas prorogé ? Un choix alternatif ne serait pas à
exclure entre « Sevel » et « La Janais ».
Enfin, quelles seraient les conséquences d’une crise politique
durable, puis économique majeure qui toucherait l’Europe du Sud
(dont la France), principal marché de PSA ?
Ces questions évoluent tous les jours avec une carte économique sujette
à de grands bouleversements géopolitiques et des plus incertains. Nous
devons nous y préparer.
C’est dans cet esprit que nous avions créé une cellule de veille avec
l’Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile (ACSIA).

- 35 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Nous avons entre autres publié en juin 2012 un livre blanc dédié à
soutenir l’économie industrielle de la mobilité dans toutes ses
dimensions.
Le lien de téléchargement est le suivant :

http://pdf.lu/5i6H/

Voir aussi : Notre analyse relative au rachat d’Opel-Vauxhall par
PSA, le 5 mars 2017.
Lien de téléchargement

http://pdf.lu/GQWn

Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés pour les industries
« chef de file » des grandes filières productives, c’est évidemment celui
de la productivité. Nous gagnerons seulement au moyen des
investissements technologiques qui préparent nos emplois de demain.
C’est notre meilleure réponse à la concurrence par le « dumping social »
des pays dits émergents.
Lire à ce sujet : « Renault prépare l’automatisation et la digitalisation de
ses usines françaises » (Autoactu.com – 28 mars 2017).

http://pdf.lu/76Xz

20,0

Le commerce extérieur des produits automobiles de la France
En milliards d’euros

15,0
10,0
5,0
0,0
-5,0

Source : Insee
-10,0

Le défi est devant nous !

Sur
mon
blog,
vous
trouverez nombre d’articles
sur la crise automobile en Ille
et vilaine à partir de 2010.

- 36 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 5
Agriculteurs ubérisés !
Sursaut ou résignation ?
Après des décennies de baisse des revenus, de belles déclarations
d’intentions et de « plans d’avenir » successifs, tous les gouvernements
ont renoncé aux grandes politiques d’avant les années 90.
C’est la victoire sans conteste des tenants de la dérèglementation des
marchés agricoles. Comme les agriculteurs l’ont bien compris depuis fort
longtemps, nos dirigeants politiques se défausseront en renvoyant la
responsabilité des crises sur l’Europe. Mais de quelle Europe parlonsnous ? De quelle gouvernance européenne s’agit-il, si ce n’est celle
décidée par nos propres autorités nationales ?
Au sortir de la seconde guerre mondiale, l’agriculture était devenue l’un
des enjeux majeurs de la nouvelle géopolitique. Ainsi, pour accéder à la
nécessaire indépendance alimentaire, la dynamique de modernisation
de l’agriculture et les premiers grands investissements dédiés à l’agroindustrie ont été engagés.
Nous en sommes à la fin d’un grand cycle d’évolutions technologiques et
économiques. Plus que jamais, la question de l’avenir des systèmes
productifs se pose. Naturellement, les actuelles grandes préoccupations
sociétales amplifient nos doutes et interrogations. Qu’il s’agisse de
sécurité alimentaire, sanitaire, d’écologie ou du climat.
Comme pour toute l’économie dans ses multiples dimensions, on a
laissé s’instaurer des logiques de production spéculatives et globales au
sens mondialisées. Les produits agricoles sont ainsi devenus des
matières premières sujettes aux seules règles de l’offre et de la
demande ; dont acte.
Depuis des mois, nous attendons de savoir si nous avons encore un Etat
et des organisations professionnelles suffisamment stratèges pour

- 37 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
élaborer et structurer une vision d’avenir claire ; en particulier pour ce qui
concerne les nombreuses filières des productions agricoles et
agroalimentaires. Ont-ils encore l’intention d’engager des politiques
crédibles à long terme pour rétablir la juste rémunération du travail des
agriculteurs et le nécessaire soutien aux investissements ?

DEMANTELEMENT / RECOMPOSITION

Après le grand choc de 2008, le démantèlement généralisé des
systèmes productifs les plus exposés à la concurrence internationale
s’est intensifié. Il n’y a donc plus d’autre solution que d’engager très vite
des choix alternatifs pour soutenir les secteurs les plus exposés aux
ravages de la guerre commerciale internationale. Nous en appelons à
des stratégies assumées pour développer des filières structurées et dont
aucun grand pays industriel ne peut se dispenser dans le contexte des
mutations contraintes et brutales des organisations productives.
Encourager la diversification, développer des filières de produits plus
écologiques, imposer les mêmes normes de sécurité sanitaire aux
produits d’importation, mieux appréhender l’économie des intrants, sans
oublier la problématique des énergies renouvelables issues de la
biomasse, représentent le bon cap … tels sont nos défis. Dans
l’escalade des nouveaux conflits commerciaux qui se dessinent, ce sont
les premiers marqueurs de nos propositions. Certes, ils ne permettront
pas à eux seuls un retournement de conjoncture aussi rapide que
nécessaire. En effet, l’ampleur des problèmes sanitaires, économiques
et écologiques sont bien trop importants pour nous en tenir qu’à ces
premières orientations.
Il nous faut relancer des politiques d’interventions publiques sur les
marchés, reconfigurer la fiscalité, les normes et les mesures de soutien à
l’investissement. Egalement, nous avons à structurer l’économie autour
de pôles stratégiques ou secteurs clés qui doivent conforter les chaînes
de valeurs au travers de la sous-traitance, des services et de l’appel aux
compétences.

- 38 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

UN PEU D’HISTOIRE

En son temps, le modèle agricole des années 60 a très largement
contribué à développer les volumes dans un contexte de productions et
de marchés régulés. Cette politique interventionniste pour suppléer le
manque de compétitivité, mais de toute évidence des plus stratégiques a
permis d’atteindre ses objectifs. Ils l’ont été dès les années 70 et
jusqu’au milieu des années 80. Grâce au progrès technique et à la
massification, les gains de productivité se sont inscrits au cœur d’un
modèle délibérément intensif.
A la différence d’autres pays, il est utile de rappeler qu’il s’est imposé au
travers du modèle d’exploitation agricole familial dont le syndicalisme
agricole historique s’était érigé en défenseur … au moins de façade !
Les orientations fondamentales de cette politique de dimension
européenne ont ainsi permis aux principaux opérateurs de
l’agroalimentaire français de s’emparer de belles opportunités. Ils ont
hissé notre agriculture aux avant-postes de la dynamique agricole d’une
Europe en construction. La question n’est certainement pas d’idéaliser
les conséquences de ces choix fondateurs de l’agriculture
contemporaine ; Des choix construits autour de cette foi inébranlable de
nos aînés dans le progrès technique durant toutes ces « belles années »
50 - 60.
CONSTAT, ANALYSE
Les tenants du néolibéralisme
Confrontés à l’ampleur de la crise actuelle, que dire de
conséquences sociales ? Sont-elles liées aux politiques instaurées
les premières décennies d’après guerre où découlent-elles
orientations néolibérales qui se sont imposées à partir du milieu
années 70 ? (31).

ses
dès
des
des

(31) - C’est au début des années 70 que les pays industriels ont subi une première
rupture dans la dynamique de développement des organisations économiques

- 39 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Il convient maintenant d’aborder l’avenir de nos filières de production
sous un autre angle.
Coût sociaux, pollutions, impacts sanitaires, déficits hydriques,
épuisement de certaines ressources, altération des sols … nul ne peut le
nier, nous sommes loin du compte en termes d’analyse de l’impact
écologique du modèle, comme en termes de revenus pour la plupart des
secteurs d’activités. Malgré cela j’entends de la part des plus
« productivistes » qu’il n’y a pas ou plus d’autre possibilité que celle de
délocaliser les productions intensives.
Décroissance, délocalisation, pollutions planétaires.
Le corollaire serait-il donc d’opter pour la décroissance de nos
territoires ? Ce sont là des discours d’acteurs manifestement soumis à la
logique politique de la pensée unique néolibérale. Traduit autrement, il
conviendrait maintenant de s’exonérer d’un coût social jugé trop élevé et
peut-être plus encore de la contrainte environnementale … Bref, et sans
le moindre état d’âme, ces gens tournent le dos à nos responsabilités
sociétales et collectives en matière d’économie. Parachevons ainsi la
« mise en coupe réglée » des continents les plus vulnérables, … et d’en
finir avec la planète ; l’humanité …
Il n’y aurait donc plus aucune opportunité de profitabilité à saisir en
terres de France et de l’Ouest ? Pour les tenants de cette approche, il
devient donc inévitable de délocaliser les productions !
Pour avoir contribué à l’analyse de faits industriels, concernant les
stratégies de délocalisations massives, une fois de plus, n’est-ce pas la
même logique économique choisie ? Tel fut également le cas pour les
filières électroniques dans l’Ouest puis automobiles dans nos Pays de
Vilaine.

productives. Il s’agissait du terme de cette période de grande prospérité d’après
guerre qu’on désigna sous le vocable des « trente glorieuses ». Les idées
keynésiennes ont alors été écartées par les inclinations néolibérales de marché. Ce
courant de pensée était porté par l’école économique de Chicago. Cette institution a
largement contribué à fonder la pensée monétariste de l’après Bretton Woods (juillet
1944), avec entre autre Milton Friedman, prix Nobel d’économie 1976.

- 40 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
Les tenants d’une vision plus durable.
Partant de diagnostics divergents, tous font référence à d’indispensables
mutations.
Concernant d’autres points de vue sensibilisés aux enjeux de la santé et
de l’environnement, nous observons une approche radicalement
opposée à la conception néolibérale assimilée par simplification au
productivisme.
Paradoxalement, ces deux visions aboutiraient à la même conclusion : la
décroissance ! N’est-ce pas la même perspective de délaissement ou de
désertification et par conséquent d’échec pour nos campagnes ? Mettre
un terme à l’intensification productiviste qui n’a fait que dégrader
l’environnement et les conditions de vie, n’est-ce pas une option ouverte
à de nouvelles formes de modèles extensifs ? Ne s’agit-il pas de
concourir à réduire l’emploi dans les territoires ruraux si nous n’y
prenons garde ?
Pour autant, nous ne considérons pas que le modèle alternatif de
développement durable soit une chimère ; C’est une utopie
positive !

A LA CROISEE DES CHEMINS
Tous confrontés à ces préoccupations, quelle serait la réponse crédible
pour tous ceux qui font vivre nos territoires et souhaitent contribuer à leur
reconstruction économique, sociale et écologique ?
Nous avons délibérément pris le parti de la recherche des meilleures
voies pour financer l’innovation qui contribuera au développement des
modèles d’avenir et durables. Ces innovations devront se traduire par
des investissements technologiques nouveaux.
C’est possible, mais à la condition toutefois qu’il n’y ait plus ces
détournements indécents de la richesse produite dans les chaînes de
valeur les plus structurantes par les seuls acteurs de l’aval

- 41 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
agroalimentaire, comme de la distribution (32). C’est évidemment une
problématique majeure dans l’instauration incontournable des rapports
de force. L’État ne peut rester indifférent au jeu du marché. Il doit y
prendre toutes ses responsabilités. Dans l’hypothèse contraire, le risque
serait d’aboutir au délaissement de filières essentielles ou stratégiques
pour l’économie nationale.
Une véritable et puissante organisation des producteurs dans les
territoires,
des négociations contractuelles étayées par des stratégies
collectives de mise sur le marché, seront des atouts précieux.
Dès les années 80, dans nos différentes responsabilités professionnelles
et politiques, j’ai toujours encouragé de telles options. Modestement, la
récente loi « Sapin II » y contribue ; Ce dont nous nous félicitons. Alors
que la logique néolibérale ne peut s’éteindre à échéance incertaine par
le seul fait du sort,
nous prendrons l’initiative de l’instauration de marchés à terme
européens pour garantir le risque financier que prennent au
quotidien nos producteurs (33).
Il devient donc urgent d’initier le nécessaire débat avec des idées
fondatrices qui ne se résument plus uniquement à celui des prix au sens
le plus restrictif. Il convient d’impulser une véritable politique de la
maîtrise de nos choix d’investissement :
pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux …
pour l’avenir de nos territoires ruraux.

(32) - On en revient toujours aux théories bien établies de l’accumulation du capital !
(33) - Les « Marchés à Terme » ou « Futures » sont des instruments financiers dédiés
à la couverture d’un risque de cours. Le principe est de permettre la négociation
(achat ou vente) d'actifs quelconques pour une échéance future. Ce sont des
« produits dérivés » car leur prix va dépendre de l'évolution des prix au comptant du
bien sur lequel ils portent : « le sous-jacent ». Ce peut être une céréale, des oléoprotéagineux, des viandes, du lait …
Le négoce à terme existe depuis que les hommes commercent entre eux. Les
producteurs et les utilisateurs de matières premières, notamment, ont toujours voulu
se garantir contre des fluctuations des cours qui pouvent pénaliser leur commerce.

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Philippe Bonnin

Construire ensemble
REFONDER LA POLITIQUE AGRICOLE
Aucune action de cette nature n’est envisageable sans l’instauration d’un
pouvoir d’arbitrage structuré, fort et stratégique. Il se doit d’émaner de la
seule puissance publique ; ce dont cette dernière s’est totalement
dessaisie sous la pression néolibérale des politiques lobbyistes
européennes et nationales. Pour ce faire, nous n’échapperons plus à la
reconstruction des circuits de financement de l’économie hors des
schémas spéculatifs ou du profit sans limite qui se détournent
systématiquement des activités à faible taux de rémunération.
Il s’impose que le prochain modèle s’appuie sur les leviers :
• de l’investissement dans les technologies les plus respectueuses de
l’environnement,
• des normes sanitaires et sociales claires ; évidemment partagées au
sein d’une Union Européenne à reconstruire ; et si nécessaire dans
un nouveau périmètre politique et géographique,
• des circuits de financement diversifiés ; en partie fondés sur le
mutualisme (34),
• des stratégies réfléchies pour la recomposition des tailles
d’exploitation adaptées à chaque écosystème de production ; toujours
dans le cadre d’un modèle d’exploitation coopératif et solidaire ; et
enfin des modèles qui ne font plus de la dissociation du capital et du
travail une finalité.
En la matière, le futur législateur aura quelques responsabilités
exceptionnelles et surtout fondamentales pour impulser un nouveau cap
de coopération agricole et agro alimentaire.
En outre, les politiques monétaires plus offensives devront-être
poursuivies par la BCE (35), comme nombre d’économistes post-

(34) - Pour une révision de la politique d'intervention économique du Conseil Général
d'Ille et Vilaine. Ph B – Nov. 2011 :
http://philippebonnin.blogspot.fr/2013/09/pour-une-revision-de-la-politique.html
(35) - BCE : Banque Centrale Européenne.

- 43 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
keynésiens et régulationnistes dont je suis proche l’ont réclamé depuis
des mois pour sortir de la « stagnation séculaire » (36).
Nous traitons cette question dans le « Chapitre 1er », spécifiquement
consacrée à l’économie politique.
Nous considérons qu’il s’agit des leviers qu’il nous faudra très
rapidement mobiliser pour la reconstruction de nos économies d’après
crise. Tous les faits historiques qui ont présidé à la modernisation de
l’agriculture d’après guerre, démontrent que ces outils furent efficaces ;
En autre lorsque le développement et la modernisation agricole des
années 50 - 60 se sont imposés avec la réindustrialisation planifiée de la
France.

Le poids économique de l’agriculture, la place et le rôle de nos
industries de l’agro-équipement et de l’agro-transformation sont à
l’heure actuelle bien trop importants pour que ces questions soient
de nouveau éludées jusqu’aux prochaines grandes crises et
manifestations agricoles.

Enfin, rappelons que les filières économiques ne peuvent s’en tenir
qu’au seul développement des fonctions tertiaires de services et
d’études, « R&D » (recherche et Développement) comprise. Même si de
telles activités sont toutes aussi fondamentales les unes que les autres
dans l’arrangement (organisation) complexe des moyens nécessaires au
développement de l’économie, les fonctions productives essentielles
doivent disposer de toute leur place dans nos territoires.

Renforcer les chaînes de valeur incontournables.
Si nous voulons construire de véritables chaînes de valeur, ces
dernières se doivent d’être conçues de façon équilibrée et respectueuse
de tous les acteurs présents dans les filières concernées.
(36) - Selon l’économiste américain Robert Gordon, les innovations de la 4ème
révolution industrielle ou technologique ne génèrent que très peu de ruptures
pour initier un nouveau cycle de croissance vertueuse.

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Philippe Bonnin

Construire ensemble
Nous n’y arriverons qu’à la seule condition de nous inscrire dans une
perspective réaliste, pragmatique et constructive ; forcément solidaire ...
Ce ne sera possible qu’au moyen de véritables négociations paritaires,
avec l’ensemble des parties prenantes dans les filières agricoles et agroindustrielles, toutes pourvoyeuses d’emplois et de compétences
diversifiées.

Une variable d’ajustement qui prend une nouvelle
forme : « ubériser » l’emploi agricole.
Nos agriculteurs sont dans la tourmente. Ils n’ont d’autre choix que de
comprimer leurs charges ; et plus grave encore, de ne plus investir. Cet
état de fait conduit à la dépréciation technologique par l’obsolescence
des moyens de production et par là même au déclin de l’agriculture …
Fatalement, la ruralité en ressort affaiblie.
Pour « ubériser » l’emploi, on n’a pas trouvé mieux que les lois de
paupérisation Khomri-Valls de 2016. Le travail en agriculture n’y
échappe plus. D’un côté, nous risquons d’avoir une agriculture
hautement capitalistique, capable de réduire ses coûts de production par
l’investissement et la massification. De l’autre côté, nous assistons à
l’émergence d’une agriculture ubérisée, génératrice d’emplois à faible
productivité et dont le statut renforcera la précarité. Par défaut
d’organisation, l’agriculture durable pourrait ainsi rejoindre le modèle
social des travailleurs indépendants précaires chez qui le travail de faible
technicité prime sur l’enjeu de mobiliser le capital indispensable au
progrès technologique.
Soulignons bien qu’il ne s’agit pas d’un fait nouveau. Certains types de
contrats, dans nombre d’élevages dits intégrés peuvent déjà s’assimiler
à ce modèle socio-économique d’asservissement au travail déqualifié.
Pour conclure notre réflexion, pourquoi les agriculteurs seraient-ils une
fois de plus les seuls agents économiques à subir les conséquences
implacables de l’inélasticité des prix alimentaires ? Cette inélasticité qui
amplifie proportionnellement plus la valeur que le sont les variations
réelles de volumes. Une inélasticité encore, qui les livre en termes de

- 45 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
rémunérations à la volatilité des cours des matières premières agricoles
au prétexte que les dogmes libéraux du marché seraient devenus
intangibles.
Publié en avril 2016, le dernier rapport de l’observatoire de la formation
des prix et des marges des produits alimentaires, vient nous rappeler
que toutes les filières étudiées (céréales, lait et viandes bovines)
révèlent des coûts de revient (rémunérations des agriculteurs comprises)
supérieurs aux produits de vente et subventions cumulés (37).
En cette période de grandes difficultés économiques pour les
agriculteurs, le courage des responsables politiques devait-être de
prendre enfin la mesure du désastre que représente une telle situation
pour notre économie nationale. De toute urgence, il s’agira de se mettre
en situation de reconstruire, voire de réinventer un autre modèle
européen ; ou pour le moins à l’échelle de quelques pays s’il n’y a pas
d’accords possibles dans une union plus divisée que jamais.

Le défi qui s’impose à chacun des acteurs parties prenantes dans la
question agricole, c’est de préparer un nouveau projet.
Ce projet devra t-être collaboratif et ouvert à toutes les diversifications
technologiques et économiques qui s’offrent aux agriculteurs.

Développer les filières bio avec des productions locales.
Soutenir la mise en place des circuits courts avec les
collectivités pour les écoles, collègues, lycées et même
l’université

37

( ) - http://pdf.lu/7Dhe

- 46 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble

Chapitre 6
L’école, l’éducation, la formation :
grande cause Citoyenne.
Ne laisser aucun enfant sur le bord de la route. C’est l’enjeu
prioritaire dans une société divisée, éclatée.
Ces dernières décennies, le niveau de compétences, comme
d’instruction des français s’est accru. Toutefois, les inégalités se
creusent inexorablement ... C’est un constat alarmant.
120 à 150 000 jeunes sortent du système scolaire chaque année sans
diplôme ou qualification. Ils peinent à s’insérer sur le marché du travail
en mutation rapide, par manque de maîtrise de bases ou acquis
fondamentaux : savoir lire, écrire et compter.
La réussite scolaire reste en partie liée aux origines sociales. Le système
français est certes considéré excellent … mais pour les « bons élèves » !
Il est impitoyable pour les autres. Il laisse très peu de chances pour se
rattraper.
Au-delà des grandes déclarations autour des réformes imposées d’en
haut, les écarts se creusent. Malgré les vœux entendus de toutes parts,
l’école d’aujourd’hui ne réduit plus les inégalités. Le droit à l’égalité des
chances pour tous s’éloigne.
L’école doit porter des valeurs fortes et partagées.
L’école doit bien sûr préparer les jeunes à la vie professionnelle mais
elle ne doit pas se réduire à cette seule conception « utilitaire », liée aux
besoins de l’économie. Le rôle de l’école, c’est aussi
de former chaque homme et femme, chaque citoyen de demain,
de développer sa capacité de jugement et son autonomie.
C’est à l’école que l’on doit apprendre que la citoyenneté est faite de
droits mais aussi de devoirs.

- 47 -

Philippe Bonnin

Construire ensemble
L’école dot donner, si ce n’est restaurer la confiance en soi, pour
chaque enfant, chaque jeune.
On y apprend aussi le sens de la liberté ; l’apprentissage de l’esprit
critique.
L’école doit réaffirmer avec force et constance les principes de la laïcité.
C’est le pilier de la République, tant oublié en ces heures de crise
sociale, culturelle et de doute. Ce principe n’est ni adaptable ni
modulable au gré d’influences de groupes de pressions issus des
communautarismes qui émergent de toutes parts dans une société
divisée ; inégalitaire. Dans un tel paysage, la laïcité ne peut être
détournée de son sens à des fins électoralistes. Elle recouvre d’abord
les principes de la tolérance ; une valeur fondatrice du vivre ensemble.
L’école doit former les esprits sans pour autant les enrôler ; « formater »
dit-on aujourd’hui. Elle doit encourager l’expression et le développement
personnel de façon à préparer des citoyens responsables mais tout
autant des citoyens forts et dotés d’une personnalité épanouie. A ce
sujet, l’école doit continuer de s’interroger pour changer les modes
d’évaluation qui induisent trop souvent des effets néfastes sur la
construction de l’image de soi pour les jeunes.
Un élève qui échoue régulièrement à l’école ne peut se former ni se
construire une identité qui favoriserait son développement personnel et
son insertion dans la société.
Le mode d’évaluation doit valoriser la méthode et les acquis plutôt que
stigmatiser les insuffisances, comme trop souvent.
L’enjeu des moyens : où placer les priorités ?
L’école doit porter des efforts exceptionnels en direction des plus
jeunes ; En particulier à l’école primaire. Elle doit permettre à chacun
d’acquérir les « fondamentaux » (lire, écrire et compter) ; C’est « la
pierre angulaire » pour construire la relation aux autres. D’un
enseignement primaire défaillant, c’est tout l’édifice du lien social qui
vacille.
Poursuivre les politiques qui visent à scolariser dès 2 ans les enfants
issus des milieux défavorisés,

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Philippe Bonnin

Construire ensemble

lutter contre la hiérarchie de fait des voies de formation, en valorisant
les filières professionnelles et l’apprentissage. Dans leurs formes
actuelles, ces filières ne sont pas assez porteuses sur le marché du
travail.
Favoriser les liens avec les entreprises et les écoles de type « 2ème
chance » qui peuvent être des moyens de rebond pour les élèves qui
« décrochent ». Il nous faut offrir à tous ces jeunes des solutions
alternatives et d’avenir. Il sera pertinent de s’inspirer de ce que
l’Autriche, la Finlande et la Suède ont instauré. Dans ces pays, le
jeune bénéficie d’un accompagnement personnalisé au moyen d’une
alternance de périodes de travail et de formation. Pour lui, c’est
également une garantie de ressources, ainsi qu’une première
expérience professionnelle. En échange, il s’engage à suivre ce
parcours, moyennant une allocation.
Mettre en place une organisation « d’entreprise-école » qui serait
accompagnée par l’Education Nationale en vue d’accueillir les
apprentis. Il convient d’en finir avec l’échec en apprentissage, faute
d’entreprises, de tuteurs et de maîtres d’apprentissage bien préparés
pour transmettre les savoir-faire. Non seulement il faut sélectionner
les entreprises aptes à former les jeunes, mais il faut compenser le
coût du tutorat au même titre qu’on finance l’école.
Il est indispensable que les organismes de formation accompagnent
avec des moyens adaptés chaque jeune, de sorte qu’il trouve
l’entreprise appropriée. Il nous faut écarter « l’inégalité des
chances » lorsque les familles ou le réseau relationnel est insuffisant.
Les enjeux de la compétitivité dans l’économie, sans discrimination entre
les filières et les chaînes de valeur imposent qu’on améliore l’équité et
l’efficacité entre les universités, entre les écoles et toutes les voies de
formation professionnelle.
L’effort financier de la France par étudiant est l’un des plus faibles des
pays développés.

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Philippe Bonnin

Construire ensemble

Réformer le métier d’enseignant et le valoriser.
La formation initiale est trop académique ; La formation continue
inexistante ou peu adaptée. Elle est insuffisamment orientée en direction
des vrais besoins pédagogiques des enseignants (pédagogies
différenciées, utilisation de nouvelles technologies dans les
apprentissages, …).
Les recrutements ne peuvent venir d’une même ou seule filière. Cette
vision du passé n’est pas en adéquation (en phase) avec ce qu’est
devenue la société et plus particulièrement le monde du travail. Choisir
le métier d’enseignant et / ou de la formation peut être tout autant un
choix à l’issue d’un parcours professionnel ; Un parcours réalisé dans le
champ de l’économie sous toutes ses formes ou au travers d’autres
activités présentes dans la société (les services publics comme tous les
secteurs sociaux). Ainsi de l’extérieur, le monde de l’enseignement serait
peut-être moins perçu de la part du monde du travail comme « replié sur
lui-même ».
Enfin, ne négligeons pas que de telles voies d’accès auraient
certainement un sens pour mieux répondre aux pénuries d’effectifs dans
les métiers de l’éducation.
Poursuivons cette réconciliation entre l’Ecole et le monde du travail ;
le travail ou demain, chaque jeune devra trouver sa place et
construire son identité. Une telle approche, ou démarche ne sera
possible qu’au prix d’une révolution non seulement éducative, mais
également économique.
Aujourd’hui, l’école doit prendre le tournant qui s’impose :
passer de la sélection d’une élite à une formation de qualité pour tous.
En raison de son gigantisme, le système scolaire se caractérise par de
très fortes inerties et résistances au changement. Certes, des réformes
vont dans le sens attendu, mais la précipitation dans leur mise en œuvre
avec une succession de changements et le manque d’évaluation à
postériori peuvent nous laisser dans le doute ; dubitatifs quant aux
orientations choisies.

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Philippe Bonnin


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