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R
&
La lettre d’information du courant

n° 9

29 juillet 2014

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Page 12

LES ENJEUX
DES RENCONTRES
INTERNATIONALESµ
DE JEUNES

SOLIDARITE GAZA :
LE GOUVERNEMENT
NE NOUS FERA
PAS TAIRE

NOTRE
INTERNATIONALISME
RÉVOLUTIONNAIRE
AUJOURD'HUI

LES LUTTES
ET LA GAUCHE
RÉVOLUTIONNAIRE
AU BRÉSIL

LA
CLASSE OUVRIÈRE,
MOTEUR DE LA
RÉVOLUTION ?

RÉSISTANCES ET
CONTRADICTIONS
DANS
L'ÉTAT ESPAGNOL

PARTI “LARGE”
OU
PARTI
RÉVOLUTIONNAIRE ?

Le courant Anticapitalisme
& Révolution est né lors
d’une réunion nationale
constitutive tenue les 30
novembre et 1er décembre
2013. Il regroupe les
militant-e-s du NPA qui se
reconnaissent dans sa
déclaration, adoptée à
cette occasion, ainsi que
dans le texte de la
plateforme Y, « Un
parti anticapitaliste et
révolutionnaire pour
l’intervention dans la lutte
de classes », qui avait
obtenu 32 % des voix au
2ème congrès du NPA en
février 2013.

Anticapitalisme &
Révolution est également
le nom de cette lettre
d’information, où sont
publiés des prises de
position et contributions
du courant ou de ses
membres, sur différents
thèmes susceptibles
d’intéresser les
militant-e-s
anticapitalistes et
révolutionnaires.
Cette publication, diffusée
par voie électronique, est
archivée sur le blog :
anticapitalisme-etrevolution.blogspot.com
Pour nous contacter :
anticaetrevolution@
gmail.com

Une semaine pour
préparer la révolution !
Les Rencontres internationales de jeunes s’ouvriront dans un contexte politique
national renouvelé pour la délégation française. La grève des cheminots, celle des
intermittents, et à une moindre échelle les nombreux conflits qui se déroulent à
La Poste, auront contribué à modifier de manière significative le climat politique dans
la dernière période.
Faire le bilan de l’année et
préparer la rentrée sociale
Alors que pendant les deux premières
années du quinquennat, les luttes étaient
restées isolées et minoritaires, les prémices de
convergence qui se sont esquissées entre les
différents secteurs mobilisés dans les dernières
semaines sont révélatrices d’une volonté
de relever la tête et de se battre sur un autre
terrain que celui proposé par le Front national
et les réactionnaires en tout genre.
La nécessité de regrouper les forces pour
obtenir des victoires semble gagner du
terrain dans la frange du monde du travail
la plus déterminée dans les mobilisations.
Et à une échelle plus large, des travailleurs

semblent reprendre peu à peu confiance
dans leurs propres forces. Si l’attitude
des directions syndicales reste un frein
important à la construction de l’affrontement
et a directement conduit à la défaite des
cheminots, celles-ci auront été contraintes
par la radicalité qui s’exprimait à la base d’aller
bien plus loin qu’elles ne l’avaient initialement
souhaité. Elles ont été forcées à maintenir la
grève reconductible pendant plus de dix jours.
Une nouvelle génération de cheminots, ayant
participé au mouvement contre le CPE, aura
contribué à donner un caractère combatif à la
mobilisation en poussant à des actions « coup
de poing » et en participant au développement
d’embryons de structures d’auto-organisation,
comme l’AG des AG parisienne, en lien avec les
Anticapitalisme & Révolution

1

La lettre d’information du courant
révolutionnaires. Cette grève constitue une expérience
déterminante pour les luttes futures et pourrait être le point
de départ d’une nouvelle phase de remontée des luttes
en France. Elle montre que les révolutionnaires peuvent
jouer un rôle significatif dans l’extension de la grève et le
dépassement des bureaucraties syndicales lorsqu’ils sont
implantés et mènent une politique volontariste en ce sens.
La situation autour du mouvement de solidarité avec
le peuple palestinien est aussi révélatrice à plus d'un
titre. Particulièrement massif, très jeune et très féminisé,
défiant le pouvoir qui voulait interdire son expression,
ce mouvement révèle aussi une nouvelle génération de
jeunes qui se mobilisent. Du slogan le plus repris – « Israël
assassin, Hollande complice » – au fait de braver l'interdiction
de manifester, l'affrontement avec le gouvernement pour
pouvoir construire la solidarité internationale est une
évidence pour toutes et tous. Pour aider les Palestiniens, il
faut faire perdre Hollande. Du fait du resserrement récent
des liens entre l'impérialisme français et l'Etat sioniste,
mais aussi parce qu'il s'agit de se révolter contre le racisme
et l'islamophobie, contre les discriminations et le chômage
de masse qui sévissent ici aussi.
Entre les mois de juin et de juillet, on a donc assisté aux
deux plus importantes mobilisations de la classe ouvrière
et de la jeunesse. L'été est donc déjà chaud et marque ainsi
une situation nationale différente d'il y a un an, quand nous
abordions le camp coincés entre la « Manif pour tous » et
l'offensive du gouvernement et du patronat. Face à cette
évolution de la situation, le camp est l’occasion de nous
coordonner et de préparer la rentrée dans la jeunesse de
la manière la plus offensive possible. Personne ne prédit
la rentrée. Mais ce dont nous devons décider, c'est de
notre politique. Et elle doit permettre de saisir toutes les
occasions pour développer des bagarres dans nos secteurs,
à commencer par la jeunesse.
Dans ce cadre, les annonces d’une réduction de plus
d’un milliard d’euros dans le budget de l’Enseignement
supérieur et les premières conséquences des
regroupements universitaires ouvrent des possibilités
de mobilisation importantes. Notre priorité doit être la
reconstruction d’équipes syndicales combatives dans les
universités, qui partent des préoccupations immédiates
des étudiants pour les mettre en mouvement. A ce titre, le
début de lutte mené autour des problèmes d'inscription,
la lutte des « sans-facs » à Nanterre au mois de juillet,
montrent ce qu'il faut faire partout. En recensant un à un
les problèmes d'inscriptions très divers, près de 80 dossiers
ont été constitués avec un objectif : l'inscription de tous.
Des réunions, embryon d'assemblées générales de rentrée,
ont déjà eu lieu à plusieurs reprises, regroupant de 10 à 20
étudiants. Des actions et activités ont été organisées avec
des sans-facs. Et déjà, des étudiants émergent, militent,
expriment non seulement la revendication d'être inscrits,
mais aussi la rage d'être dans cette situation et l'envie
d'en découdre, de militer, d'aller plus loin. L'orientation est
simple : face aux capacités d’accueil, conséquence directe
des problèmes budgétaires, inscrire les sans-facs, c'est lutter
contre l'austérité à l'université, contre le regroupement
P8/P10, contre la politique du gouvernement. C'est en
généralisant ce type d'activité militante que dès la rentrée,
notre perspective doit clairement être celle d’une grande
campagne nationale pour la mobilisation étudiante contre
les coupes budgétaires, les regroupements universitaires

2

Anticapitalisme & Révolution

et la dégradation de l’offre de formation.
C'est en mettant des gens en mouvement que nous
pourrons le mieux mener une campagne politique
d'agitation contre le gouvernement sur l'ensemble
des questions : austérité, Palestine, extrême droite, etc.
Notre profil politique, notre matériel, doivent donc
mettre au centre la question d'un affrontement avec le
gouvernement, la riposte à organiser et dans laquelle
la jeunesse doit prendre toute sa place. C'est ainsi, en
prévoyant des meetings et une apparition propre partout
où nous sommes présents, que nous pourrons redéployer
le secteur jeune, nous construire, gagner des jeunes à
notre politique.

Échanger sur la situation internationale
et les tâches des révolutionnaires
Les 31èmes Rencontres internationales de jeunes se
dérouleront dans un contexte mondial toujours marqué
par l’approfondissement de la crise du système capitaliste.
Partout à travers le monde, les bourgeoisies cherchent
à faire payer cette crise aux classes populaires et sont à
l’offensive pour tenter de rétablir leurs taux de profits à
grands coups de licenciements, de plans d’austérité et
de destruction des acquis sociaux. Pourtant, malgré un
rapport de force dégradé, les populations sont loin de
rester sans réaction face aux attaques. Des révoltes, voire
des processus révolutionnaires éclatent sur l’ensemble des
continents, se nourrissant les uns les autres, et rendent la
situation internationale contradictoire.
Les luttes récentes des travailleurs au Brésil, en Chine,
en Argentine mais aussi dans l'Etat espagnol, et à une
moindre échelle en France, révèlent toute l’actualité de la
lutte de classe et le rôle central joué par la classe ouvrière
dans la résistance aux attaques subies et dans la capacité
à arracher des victoires, comme celle des travailleurs de la
Marea Blanca dans l'Etat espagnol il y a quelques semaines,
ou celles de certains secteurs ouvriers chinois ayant
obtenu une augmentation de salaire de plus de 50 % dans
les derniers mois.
Cependant, ces luttes ne suffisent pas à pallier la
faiblesse globale de la conscience de classe, et le
problème de l’indépendance politique du prolétariat
reste particulièrement déterminant dans la situation.
Le mouvement de la place Maïdan en Ukraine ou, à
une autre échelle et dans des circonstances différentes,
le mouvement des Bonnets rouges en France, sont
révélateurs de la profonde crise que traverse le mouvement
ouvrier international, qui va jusqu’à laisser la direction des
luttes à des éléments réactionnaires qui les désorientent
et les détournent des intérêts initiaux des exploités et
des opprimés. Cette incapacité du mouvement ouvrier à
incarner une direction politique crédible doit conduire les
révolutionnaires à rediscuter les questions stratégiques et
à s’interroger sur le type d’organisation, d’outils politiques
à construire pour être à la hauteur des tâches auxquelles ils
sont confrontés.

Tirer les bilans des différentes expériences
de construction de partis
Sans prétendre apporter toutes les réponses ou
trancher toutes les questions, il nous apparaît que la tâche
essentielle des révolutionnaires face à la situation politique

N° 9 - 29 juillet 2014
internationale que nous connaissons, se situe au contraire
dans la reconstruction du « facteur subjectif », c’est-à-dire
dans la construction d’outils permettant l’intervention
directe au cœur de la lutte de classe et l’expression
politique indépendante du prolétariat. Il y a bien une
actualité de la perspective révolutionnaire, nos idées
peuvent avoir un écho, elles peuvent avoir une prise sur les
évènements. Mais les conditions subjectives – c’est-à-dire
le niveau d’organisation et de conscience des travailleurs et
l’existence de partis politiques en capacité d’influencer le
cours de la lutte de classe vers une issue révolutionnaire –
restent faibles.
La question du parti sera donc au cœur des débats du
camp. Les expériences faites par les différentes sections
de la Quatrième internationale-« Secrétariat unifié » (QI)
sont jusqu’ici pour le moins hétérogènes. Un certain
nombre de sections membres ou observatrices de la QI
mènent à l’heure actuelle une politique de construction de
fronts sociaux et politiques avec des forces réformistes ou
centristes [1], comme l’Alliance rouge-verte au Danemark,
le Bloc de gauche au Portugal, le Front de gauche en
[1] Qui oscillent entre une politique réformiste et une politique révolutionnaire.

France, ou Syriza en Grèce, à l’image de l’investissement
de la section brésilienne dans le Parti des travailleurs, il y
a une trentaine d’années. Nous tirons un bilan clairement
négatif de ces expériences. Il n’y a évidemment pas de
voie royale toute tracée d’avance pour construire le parti,
mais par-delà les contextes nationaux et les tactiques qui
peuvent diverger selon les contextes, maintenir quoi qu’il
arrive une intervention et une structuration propres des
révolutionnaires, garder vivant l’objectif stratégique d’un
parti révolutionnaire sont des éléments essentiels.
Des possibilités de reconstruction et de recompositions
du mouvement révolutionnaire international existent.
Le capitalisme apparaît aujourd’hui comme un système
injuste et sans issue, et cela ouvre un espace politique
significatif pour les partis révolutionnaires indépendants,
comme en attestent notamment les résultats électoraux
du Frente de izquierda y de los trabajadores en Argentine
ou de Socialist Alternative aux Etats-Unis. L'affirmation
d'une perspective de renversement du capitalisme, d’une
stratégie pour la prise du pouvoir par les travailleurs basée
sur leur mobilisation et sur la grève générale, sans illusion
aucune concernant les institutions actuelles, est une
nécessité de la période.

Solidarité avec Gaza :
le gouvernement ne nous fera pas taire !
À l'heure où ces lignes sont écrites, l'opération « Bordure de protection »
a déjà fait plus de mille morts dans la bande de Gaza. Un bilan
provisoire qui s'ajoute à ceux des autres opérations meurtrières qui ont
eu lieu depuis l'évacuation des colonies israéliennes de Gaza en 2005 :
« Pluies d'été » en 2006 (400 morts), « Guerre de Gaza » en 2009 (1 300
morts) et « Pilier de défense » en 2012 (160 morts)...
Réactions internationales

jour... Et plus de 20 000 à Paris pour la
manifestation (autorisée) du mercredi
Comme toujours, cette agression
23 juillet.
bénéficie du soutien des grandes
La composition de ces manifestations
puissances impérialistes, qui tout
n'est
pas exactement la même selon
en faisant mine de s'inquiéter de
les
villes.
Néanmoins, on y retrouve à
« l'escalade de la violence », rappellent
la
fois
une
vieille génération militante
le droit de l'État d'Israël à se « défendre »
contre les roquettes palestiniennes. pro -palestinienne, issue du PCF
Selon le ministère israélien des Affaires ou des associations plus ou moins
étrangères, celles-ci auraient fait, proches de lui (Association Francedepuis 2001... quatorze victimes, la Palestine solidarité, Mouvement de
dernière remontant au 27 février 2008 ! la paix, MRAP...), l'extrême gauche
(principalement le NPA, LO faisant
Mais comme toujours aussi, la
preuve d'une très grande discrétion
solidarité internationale s'exprime
lorsqu'il s'agit de la question
dans les rues des villes du monde entier.
nationale) et surtout des manifestants
Les rassemblements ont regroupé
et manifestantes jeunes, rarement
100  000 manifestants à Londres le 19
organisés, issus des quartiers populaires
juillet, 3 000 à New York le 25 juillet
et enfants d'immigrés du Maghreb,
et même 7 000 à Tel Aviv le 26 juillet.
dont beaucoup de femmes.
En France, des manifestations ont lieu
dans toutes les grandes et moyennes L'interdiction à Paris
villes, avec des succès énormes pour
et le rôle du NPA
un mois de juillet : 10 000 personnes
à Lyon le 26 juillet, 8 000 à Marseille, Pour la première fois, un gouvernement
3 000 à Nice, 2 000 à Lille le même a interdit des manifestations en faveur

de la Palestine. Une telle mesure
n'avait par exemple pas été prise
l'an dernier, alors que les « Manifs
pour tous 
» donnaient lieu à des
échauffourées et qu'elles engendraient
des agressions de gays et lesbiennes...
Le prétexte de Hollande, Valls et
Cazeneuve est l'événement qui a eu
lieu à Paris le 13 juillet : des militants de
la Ligue de défense juive (LDJ) se sont
réfugiés dans une synagogue après
avoir attaqué la manif. Les médias
et le gouvernement ont transformé
l'histoire pour faire croire que des
manifestants pro-palestiniens ont
assiégé des synagogues parisiennes.
Malgré une apparition moins que
minimale (ni banderole ni sono),
la présence du NPA à cette manif
nous a permis d'apparaître dans les
médias comme l'un des principaux
organisateurs du mouvement
de solidarité en France. Les jours
suivants, nous avons bénéficié d'un
écho médiatique important. Dans
ce contexte, notre parti a su prendre
la bonne initiative en appelant
publiquement à briser l'interdiction
pour la manif du 19 à Barbès. Nous
avons aussi fait preuve d'une bonne
réaction d'organisation avec une
présence très importante malgré la
période estivale. À la manif suivante,
Anticapitalisme & Révolution

3

La lettre d’information du courant
celle du 23, des camarades ont
compté jusqu'à 700 personnes dans le
cortège  !
Cela montre que, quand il sait
prendre des initiatives et affirmer un
profil radical et anti-État, notre parti
est capable de prendre une place
importante dans le mouvement social
et de se rassembler sur la base d'une
politique juste.

Aller plus loin : une orientation
politique offensive

L'anti-impérialisme comme
réponse aux idées complotistes

que la France et les États-Unis sont des
« colonies » de l'État sioniste.
La réalité est exactement inverse :
l'État d'Israël est l'instrument des
impérialismes occidentaux au MoyenOrient. Sans revenir sur toute l'histoire
depuis la fin de la Première guerre
mondiale et le partage des zones
d'influence après la chute de l'Empire
ottoman, il est facile d'expliquer que
jamais un État dont le PIB est cinquante
fois moins élevé que celui des ÉtatsUnis ne pourra exercer la moindre
pression sur les grandes puissances
capitalistes.
Quelques faits simples et concrets qui le prouvent :

 L’État israélien est le seizième pays du monde
pour les dépenses militaires, avec 16 000 milliards
de dollars, soit 6,5 % de son PIB. Au Moyen-Orient,
seule l'Arabie saoudite fait mieux, mais elle
bénéficie d'une manne pétrolière que n'a pas l'État
hébreu. C'est un formidable client pour les
marchands d'armes états-uniens et européens.
 L’Union européenne est son premier partenaire
commercial : 33 % des exportations israéliennes vont
vers l'UE et 40 % de ses importations en viennent.
 Enfin, les eaux territoriales palestiniennes
comprennent des gisements de gaz naturel estimés à
30 milliards de mètres cubes et d’une valeur de
plusieurs milliards de dollars. En 1999, un accord
avec l'Autorité palestinienne a donné la concession
de ce gaz à un consortium britannique (60 %) et
palestinien (30 %). Cet accord a été dénoncé en 2006
par le Hamas et l'État d'Israël n'a de cesse d'empêcher
toute exploitation dont il ne serait pas bénéficiaire.
En 2007, un nouvel accord a été conclu sous la
direction de Tony Blair, envoyé spécial du « Quartet
pour le Moyen-Orient », qui transfèrerait 75 % des
revenus palestiniens à l'État d'Israël. Toutes les
opérations contre Gaza depuis 2006 ont aussi pour
objectif la mainmise israélienne sur le gaz. Et l'enjeu
du soutien international aux crimes israéliens est
bien de recevoir une part du gâteau dans une
nouvelle négociation sur la concession gazière.

Quant au fond politique, notre
matériel politique ne répond
justement pas totalement aux
enjeux. L'idée reçue dans une grande
partie de la société, et qui s'exprime
largement dans les manifestations,
est que l'État d'Israël et le « lobby
sioniste » manipulent l'Occident. On a
vu des pancartes dénonçant Hollande Quand Valls déclare que l'extrême
comme le « chien d'Israël » ou affirmant gauche et les Verts « ont un problème

Manifestation de solidarité interdite le 19 juillet 2014 à Paris (Barbès)

Dans le rassemblement, interdit
de nouveau, du 26 juillet place de
la République, le NPA n'a pourtant
pas été à la hauteur. Notre cortège
est resté en marge du gros de la
manifestation. Plusieurs camarades
de la direction ont affiché un énorme
esprit de méfiance vis-à-vis du reste
des manifestants (et même des
mots d'ordre en arabe lancés par des
camarades du NPA sur notre sono, qui
n'étaient que la traduction de notre
feuille de slogans  !). Une telle attitude
pourrait bien gâcher les avancées de
ces dernières semaines.
Ceux et celles qui expriment leur foi
musulmane en criant « Allahu akbar »
ne sont pas a priori des intégristes
qu'il faudrait fuir ou combattre. Que le
sentiment d'appartenance religieuse
soit un vecteur de mobilisation en
solidarité avec le peuple palestinien
est un fait. À nous de le politiser.
Autrement, nous tombons dans les
travers traditionnels du mouvement
ouvrier français qui n'a jamais su,
jusqu'à présent, se construire une
légitimité solide dans les milieux

des travailleurs immigrés et de leurs
enfants. C'est justement cela qui a
rendu possible l'interdiction par Valls :
les jeunes des quartiers populaires,
« musulmans d'apparence » selon la
formule de Sarkozy, sont facilement
dénoncés comme nouvelles classes
dangereuses (les « casseurs ») et
comme antisémites. Il n'est pas
possible que notre attitude puisse, de
quelque manière que ce soit, sembler
aller dans le sens de ces préjugés.
Il ne s'agit pas de masquer les
problèmes : oui, nous cohabitons dans
Ces manifestation avec des groupes
ou courants aux idées réactionnaires
voire racistes. Mais notre légitimité
dans cette mobilisation devrait nous
mettre en confiance pour développer
une politique offensive vis-à-vis
des préjugés et idées reçues qui s'y
expriment. Notre principal souci, outre
la structuration d'un cortège visible
et attractif, devrait être de diffuser
nos tracts, notre presse et de prendre
des contacts. Ces tâches ont été
assurées par des camarades, mais pas
de manière organisée, centralisée et
systématique.

4

Anticapitalisme & Révolution

N° 9 - 29 juillet 2014
avec Israël », nous devons lui répondre
que nous avons un problème avec
l'impérialisme. Nous avons un
problème avec les grandes puissances
qui pillent les richesses. Nous avons un
problème avec la France qui mène des
guerres coloniales au Mali ou en
Centrafrique pour le compte d'Areva.
Et nous avons un problème avec les

instruments des impérialistes : la
Banque mondiale et le FMI qui
imposent l'austérité aux peuples ou
l'État d'Israël qui est leur relais au
Moyen-Orient.

ne sont pas des soraliens antisémites
convaincus par son «  socialnationalisme ». Mais si nous n'avons
pas un discours clair à leur adresser,
nous les laisserons définitivement
C'est ce discours que nous devons dans les mains de cette extrême droite
tenir aux manifestants qui agitent des complotiste.
drapeaux français, parfois tout en
brûlant des drapeaux israéliens : tous
A l'heure où nous bouclons ce numéro, nous apprenons
l'inculpation de notre camarade du NPA, Alain Pojolat, pour
«  maintien d'une manifestation interdite ». Il comparaîtra devant
le Tribunal de Grande Instance de Paris le 22 octobre prochain.
A juste titre, dans son communiqué, le NPA a revendiqué
« fièrement sa participation à ces deux manifestations du 19 et 26
juillet qui ont regroupé des milliers de personnes m
​ algré leur
interdiction ». La mobilisation en solidarité avec les Palestiniens
est aussi légitime qu'urgente. Notre parti a montré quelle
pouvait être son utilité quand il prend des initiatives pour les
luttes et assume la nécessaire confrontation avec l'Etat.
Interdites ou pas, les prochaines manifestations doivent
rassembler largement celles et ceux qui sont révoltés par le
massacre de la population de Gaza et le soutien de Hollande à la
politique criminelle de l'Etat d'Israël. Ce sera aussi le meilleur
moyen de soutenir Alain Pojolat.

Replacer l'internationalisme révolutionnaire
au cœur de nos préoccupations
Le capitalisme est un système qui se développe à l'échelle internationale. Les grands groupes capitalistes
sont des multinationales avec des ramifications, filiales, sous-filiales dans de nombreux pays. Il n’y a pas
un gentil capitalisme français contre un capitalisme étranger et malveillant. Cela peut sembler évident
et pourtant, quand on y regarde de plus près, on remarque que cette idée ne fait pas l'unanimité dans les
organisations dites « de gauche ».
L'ensemble des partis politiques, à
l'exception du nôtre, de Lutte ouvrière
et de quelques petites organisations
(Alternative libertaire, etc.), développe
des thèmes chauvins. Le Front de
gauche, par exemple, a fait campagne
ces dernières années tantôt contre
« l'Europe allemande », tantôt contre
« l'Europe américaine ». Une des affiches
du Parti de gauche titrait même :
« La France, la belle, la rebelle »... Le PS
quant à lui, défend à travers le ministre
Montebourg le « produisons français »,
la protection de la « grande » industrie
française. Le mot d'ordre « produisons
français » est d'ailleurs un slogan piqué
à la campagne du PCF et de Georges
Marchais en 1981... Et aujourd'hui,
dans ces organisations-là, on n’oublie
jamais de chanter la Marseillaise après
l'Internationale (si ce n’est avant)…
A l'heure où peu d'organisations du
mouvement ouvrier s’en réclament
encore, il semble donc important de
défendre l’internationalisme.

Le capitalisme :
un système international
Le capitalisme s’est créé et développé
à l’échelle mondiale. Dès son essor
en Europe, il a cherché à conquérir
de nouveaux marchés et donc de
nouveaux pays. Ainsi l’avènement de ce
mode de production a coïncidé avec la
colonisation de différents continents.
Les prémices du capitalisme ont
correspondu avec la colonisation de
l’Amérique et de l’Orient. Le commerce
triangulaire a été l’une de ces facettes :
marchandises partant d'Europe vers
l'Afrique pour être échangées contre
des esclaves, ces derniers étant
envoyés en Amérique où ils sont
vendus pour travailler et produire des
marchandises qui seront envoyées en
Europe.
Avec la nouvelle phase d’essor
du capitalisme, l’impérialisme, les
bourgeoisies se sont lancés à la
conquête de l’Afrique et de l’Asie. Les
bourgeoisies européennes ont pu

ainsi bénéficier de matières premières
et de nouveaux marchés où écouler
les produits manufacturés, tout cela
au détriment des pays dominés où
l’impérialisme a sans cesse orchestré
la famine et les guerres. Il ne s’agit
pas de dommages collatéraux de la
part de la classe dominante, mais bel
et bien du fonctionnement « normal »
du capitalisme. Le centre du système
capitaliste est ultradéveloppé et a
causé la destruction des moyens
de subsistance du reste du monde,
sans pour autant avoir permis que le
capitalisme se développe de la même
manière que dans le centre.
De cette situation découle
l ’é c o n o m i e   t e l l e   q u e   n o u s   l a
connaissons aujourd’hui. Une minorité
de multinationales possèdent
l’ensemble du marché mondial, et
les travailleurs occidentaux sont
souvent exploités par les mêmes
patrons que les travailleurs d’Asie
ou d’Afrique. L’internationalisation
du marché conduit également à
Anticapitalisme & Révolution

5

La lettre d’information du courant
l’internationalisation de la production,
et donc de l’exploitation capitaliste.
Les multinationales ont divisé la
production dans les différentes régions
du monde. Par exemple, la Toyota
Yaris, souvent présentée comme une
voiture produite exclusivement en
France (à Valenciennes), est en réalité
composée de pièces produites au
Portugal, en Turquie, en Pologne…
Cette division internationale du
travail pousse d'ailleurs à la migration
nombre de travailleurs... et à leur mise
en concurrence par les capitalistes, qui
s'appuient dessus pour renforcer leur patron français qu’avec un travailleur
étranger. Les exemples qui illustrent
division.
le rôle objectif du chauvinisme pour
diviser les exploités ne manquent
Si la production capitaliste
pas. Pour n’en prendre qu’un, et
est mondiale, alors la
puisque nous fêtons le centenaire de
lutte de classes l'est aussi
la Première Guerre mondiale, l’« union
Nous ne sommes pas en présence de sacrée » à laquelle se sont livrées les
capitalistes qui n’auraient aucun lien directions des organisations ouvrières
les uns avec les autres et qui seraient de l’époque a coûté la vie à des millions
enclavés derrière leurs frontières. de travailleurs qui se sont battus les
Certes, ils sont en concurrence les uns contre les autres pour les intérêts
uns avec les autres, mais ils savent de leur bourgeoisie respective…
aussi se mettre d’accord et se serrer
les coudes quand il s’agit de lutter
contre les travailleurs. Ils disposent
d’organismes internationaux à travers
lesquels ils font régner l’ordre, comme
le FMI, l’ONU, l’OTAN, l’UE… Leurs
rapports à la nation, au pays, n’existent
qu’en fonction de leurs intérêts. Nous
l’avons vu dernièrement avec la crise
économique : ce sont les Etats qui ont
épongé les dettes des banques. L'Etat
permet aussi aux classes dirigeantes
nationales de mener des guerres
impérialistes pour s'assurer le contrôle
de telle ou telle partie du globe,
divisant le monde en zones d'influence
entre grandes puissances. Et la France,
avec ses interventions répétées au
Mali ou en Centrafrique, n'est pas en
reste pour défendre les intérêts de
ses capitalistes. Derrière les conflits
et les guerres se cachent les intérêts
sonnants et trébuchants des grands
groupes capitalistes.

Construire le parti mondial
de la révolution
L’internationalisme, c’est l’idée que
la seule différence qui existe dans
la société, c’est l’opposition entre la
classe ouvrière et la bourgeoisie, et
non entre les différents pays. C’est aussi
l’idée que les travailleurs doivent unir
leurs forces contre la bourgeoisie pour
vaincre l’exploitation et l’oppression.

Il ne s’agit pas tellement d’une
pensée, d’un concept, mais d’un
besoin fondamental et concret pour la
classe ouvrière afin d’assurer la tâche
historique que représente l’abolition
de la société de classes. Et même
pour la suite, l’internationalisme est
important. Une fois la révolution
accomplie, il faudra mettre en place
un nouveau système qui lui aussi
sera forcément international. Il faudra
donc que les peuples du monde entier
collaborent de manière fraternelle
L’Etat leur sert également à pour organiser la nouvelle économie,
disséminer le venin du chauvinisme organiser les échanges.
parmi les opprimés. Ce venin
Il suffit de constater à quel point la
fonctionne particulièrement bien. société a pu être ébranlée chaque fois
On nous assène à longueur de que la solidarité internationale des
journée que le travailleur français a travailleurs s’est exprimée. Les luttes
plus d’intérêts en commun avec le anticoloniales n’ont pas seulement

6

Anticapitalisme & Révolution

aidé les peuples opprimés à se libérer
du joug colonial, elles ont aussi
aidé les travailleurs des métropoles
impérialistes à lutter contre leur
bourgeoisie : en France, au Portugal,
aux USA…
De même, chaque conflit national
a toujours des répercussions dans
d’autres pays, et il en est de même
pour les révolutions. Les révolutions
égyptienne et tunisienne ont donné
l’exemple des occupations de places
aux jeunesses de Grèce et de l'Etat
espagnol, qui ont elles-mêmes inspiré
les manifestants turcs… Et ce n'est
pas nouveau : la révolution russe a
été le point de départ d’une vague
révolutionnaire dans toute l'Europe. Le
mouvement ouvrier, au XIXème siècle,
s'est très rapidement constitué au
niveau international. Il était même en
avance sur les bourgeoisies, à l'époque.
Aujourd’hui nous sommes en retard, et
il est important de rattraper ce retard.
Ce sont tous ces éléments –
l’internationalisation du capitalisme
et donc de la lutte des classes, des
conflits, des révolutions et des
contre-révolutions – qui doivent nous
pousser à construire aujourd’hui
une Internationale prolétarienne
révolutionnaire.
Construire
une
Internationale doit permettre aux
révolutionnaires du monde entier,
quelle que soit leur histoire, de
se coordonner et d’apprendre à
construire ensemble des partis
révolutionnaires. Elle doit servir aussi
à répondre aux besoins immédiats en
matière de solidarité internationale.
C’est cette expérience commune
antérieure qui permettra de construire
une Internationale utile à la révolution.

N° 9 - 29 juillet 2014

Brésil

Les mobilisations et la gauche révolutionnaire
Le Brésil apparaît comme l’un des pays les plus inégalitaires. L’écart
entre la minorité privilégiée et la majorité appauvrie est l’un des plus
importants de la planète. La majorité de la population n’a pas accès à
des services de transport, de santé et d’éducation décents. Les paysans
qui arrivent en ville s’entassent dans les favelas. A cela s’ajoutent la
corruption et un racisme d’Etat très violent.
Un gouvernement
à bout de souffle
Les politiques libérales sont menées
dans ce pays par le Parti des travailleurs
(PT), au pouvoir depuis 12 ans. Ce
gouvernement, à l’origine issu du
mouvement social, s’est très vite mis
au service du système capitaliste et
soumis aux intérêts de la bourgeoisie.
Les organisations syndicales se sont
retrouvées liées au gouvernement,
ce qui a entraîné des ruptures et
notamment la création de la Central
sindical e popular-Conlutas (CSPConlutas) en 2010, centrale syndicale
indépendante du gouvernement.
La Coupe du monde de football qui
s'est récemment tenue au Brésil est
un véritable scandale : 11 milliards
d'euros dépensés par l’Etat dans la
construction des stades alors qu’il
réduit de 6 milliards les dépenses
publiques. Plus grave encore, une
dizaine de travailleurs sont morts
pendant les travaux de la Coupe du
monde du fait de leurs conditions de
travail…

Le rôle des luttes de la jeunesse

Manifestation des balayeurs de Rio

En juin 2013, ce fut l’étincelle
qui mit le feu aux poudres : contre
l’augmentation des prix des transports,
la jeunesse est sortie dans la rue et

du bâtiment, chauffeurs de bus,
ouvriers de l’automobile, travailleurs
du métro, etc., qui à leur tour se sont
mis en grève à partir du début de
l’année. La jeunesse, cette couche
sociale particulière qui n’a pas le poids
des défaites passées, a donc joué un
on a assisté à des manifestations rôle d'entraînement du monde du
monstres de plusieurs centaines de travail dans l'action.
milliers de personnes (avec une manif
de plus d'un million de participants La grève des balayeurs
répartis dans 438 villes du pays). Cela a de Rio : des méthodes
débouché dans certaines villes sur un
de lutte exemplaires
recul de l’augmentation des tarifs. Mais
la colère qui s’est exprimée dans ce
Parmi les nombreuses grèves du
mouvement était bien plus profonde : monde du travail, il y a celle, victorieuse
les jeunes et les travailleurs se sont et exemplaire, des balayeurs de Rio.
aussi battus pour l’investissement Ils font partie de la couche la plus
dans des services publics de qualité, exploitée des travailleurs d’Etat,
accessibles à tous, et pour leurs salaires touchent des salaires de misère (moins
et conditions de travail.
d’un tiers du salaire nécessaire pour
La jeunesse, en tête du mouvement, vivre au Brésil) et travaillent dans des
s ’e s t   d i r e c t e m e n t   i n s p i r é e   d e s conditions extrêmement pénibles. En
processus révolutionnaires en Tunisie mars, pendant le carnaval de Rio, ce
et en Egypte avec des occupations sont des centaines de travailleurs qui
de places, des indignés en Europe et ont décidé de se mettre en grève pour
également de la révolte en Turquie lutter pour leurs conditions de travail
autour de la place Taqsim… Elle a et l'augmentation de leurs salaires.
joué un rôle de trait d’union entre les Ils se sont d’abord retrouvés seuls
face à leur direction syndicale qui a
différentes luttes.
C e t t e   m o b i l i s a t i o n   a   s u r t o u t refusé de déposer un préavis de grève,
embrassé les couches urbaines ou face aux médias qui les ont qualifiés
scolarisées de la jeunesse. Les jeunes d’irresponsables, face à la justice qui
pauvres des favelas ont peu participé a déclaré la grève illégale, et enfin
au mouvement. Mais en descendant face à la mairie qui n’a pas hésité à
dans la rue, la jeunesse a redonné utiliser la répression et a commencé
confiance et a montré la voie à suivre par licencier 300 d’entre eux puis, au
aux travailleurs. Partout dans le pays, bout de quelques jours, un millier !
ce sont les enseignants, éboueurs, Mais ils n’ont rien lâché et ont réussi à
employés communaux, travailleurs gagner le soutien de la population. Les
des banques, des universités, ouvriers balayeurs ont montré au monde entier
devant les caméras que, sans eux, le
carnaval n’avait pas la même couleur.
La ville était en effet devenue une
véritable poubelle.
Les balayeurs ont eux aussi défilé
fièrement, dansé et chanté des
« sambas de lutte » au beau milieu
des ordures du carnaval. Par leur
détermination et l’auto-organisation
de leur combat, ils sont arrivés à
dépasser les bureaucraties syndicales.
Leurs représentants étaient élus par
les grévistes : les premiers de ces
représentants ont été révoqués lors
d’une AG quand ils ont tenté d’accepter
des compromis inacceptables.
Au bout de huit jours de bataille,
la mairie a ouvert les négociations.
Anticapitalisme & Révolution

7

La lettre d’information du courant
Même si les travailleurs se sont battus
au départ pour des augmentations de
salaires plus conséquentes, la lutte a
débouché sur une série de victoires
significatives : réintégration de tous
les licenciés, 37 
% d’augmentation
de salaire, 66 % de revalorisation de
leur ticket repas, paiement de toutes
les heures supplémentaires avec
majoration, paiement de l’ensemble
des jours de grève.
Les balayeurs de Rio font partie
des secteurs plus périphériques de la
classe ouvrière, et pourtant ils ont joué
un rôle d’entraînement dans la lutte de
classe, en redonnant confiance à leur
camp social. Par leur détermination
et leur forme d’organisation, ils ont
renforcé l’espoir en la capacité des
exploités et des opprimés à se battre
contre ce système et à gagner, même
pour les plus exploités d’entre eux.

Des organisations
révolutionnaires qui
n'exploitent pas assez la
situation ouverte par les luttes
Le Partido socialismo e liberdade
(PSOL) est un regroupement de
d i f fé re nte s   te n d a n ce s,   p re s q u e
toutes issues ou expulsées du PT
et dont cer taines développent
une intervention dans la lutte des
classes. Ces tendances sont actives
dans le mouvement syndical, une
minorité d'entre elles participant

à la CSP- Conlutas – principale
centrale syndicale indépendante du
Brésil – et au mouvement étudiant.
Le PSOL a tenu son congrès il y a
peu. Le processus du congrès était
particulièrement antidémocratique
et rempli d'irrégularités. Ainsi, c'est
la tendance la plus à droite (Unidade
socialista) qui est arrivée en tête et
qui dirige actuellement l'organisation.
Le bloc formé par les tendances
révolutionnaires (Movimento
esquerda socialista – MES – et Corrente
socialista dos trabalhadores – CST –
« morénistes », Liberdade, socialismo
e revolução – LRS – liée au Comité
pour une internationale ouvrière,
et Insurgencia – liée à la Quatrième
internationale-« Secrétariat unifié »)
et une série de courants locaux et
d'individus a obtenu, malgré les
fraudes, environ 48 % des voix. Dans
le parti réel, sans les fraudes, cette
gauche est cependant nettement
majoritaire.
L’autre organisation de la gauche
révolutionnaire au Brésil est le Partido
socialista dos trabalhadores unificado
(PSTU), qui est une organisation très
investie dans le mouvement ouvrier. Le
PSTU assure la direction de Conlutas.
Il dirige plusieurs syndicats nationaux,
entre autres les syndicats des
travailleurs métallurgiques de l’ABC
– le noyau de l’industrie métallurgique
brésilienne autour de São Paulo –
avec leur dirigeant syndical Zé Maria,

qui sera leur candidat aux élections
présidentielles d’octobre 2014. La
candidate à la vice-présidence sera
Cláudia Durans, une femme noire,
dirigeante du syndicat des instituteurs.
La question politique de fond est de
savoir ce qui va se passer en octobre,
dans trois mois, au moment des
élections présidentielles. Le PT est très
discrédité après les mobilisations, et
la situation reste ouverte. La gauche
révolutionnaire ira pourtant divisée
aux élections : le PSOL d’un côté et
le PSTU de l’autre. Lors du dernier
congrès du PSOL, l'aile droite du
parti avait imposé la candidature à la
présidentielle du sénateur réformiste
et corrompu, Randolfe. Mais face à
des sondages catastrophiques, ainsi
qu'à la résistance d'une majorité des
militants du parti, elle s'est résignée
à accepter son remplacement
par Luciana Genro, ex-députée et
dirigeante de l'une des tendances de
gauche, le MES.
L’appel à une candidature commune
PSOL-PSTU lancé par des tendances
minoritaires de gauche du PSOL,
contradictoire avec la politique de
la direction de leur parti, n’a pas été
entendu. Les responsabilités sont
partagées mais il n'y aura donc pas
de pôle révolutionnaire aux élections
malgré une élévation du niveau dans
la lutte des classes qui impose des
responsabilités plus importantes pour
les révolutionnaires.

Travailleurs grévistes en1936

La classe ouvrière est elle
encore le moteur de la révolution ?

Les mobilisations massives qui
traversent le monde depuis la crise de
2008 nous démontrent que loin d’avoir
disparu, cette classe sociale se retrouve
bien souvent au premier rang des
affrontements. On peut citer les mineurs
tunisiens, les ouvrières du textile en Asie,
les raffineries en France, etc. Pourtant,
les discussions dans la Quatrième
internationale sur cette question se
résument trop souvent àl'énumération
d'une longue série d'obstacles
infranchissables. La situation impose au

8

Anticapitalisme & Révolution

contraire de trouver les points
d’appui de cette « nouvelle »
classe ouvrière pour permettre
aux révolutionnaires de
surmonter les difficultés.

Les restructurations internationales
de l’industrie et la mondialisation, opérées
par les capitalistes au cours des trois dernières
décennies, ont profondément transformé
la classe ouvrière. Depuis plusieurs années,
les Rencontres internationales de jeunes sont
l’occasion de discuter de ces modifications
et de leurs répercussions sur notre stratégie
révolutionnaire. La question principale est de
savoir si les travailleurs sont toujours
capables de transformer la société.

Une classe sociale
plus nombreuse que jamais !

Contrairement à une certaine vision
européocentrée, la mondialisation n'a
pas fait disparaître la classe ouvrière,
elle l'a démultipliée. Dans les pays dits
du « sud », cela s’est traduit par une

augmentation sans précédent des
ouvriers d'industrie et une féminisation
importante de la force de travail.
L'exemple le plus frappant est celui de
la Chine, dont la population comptait
en 1976 90 % de paysans : elle en
compte moins de 50 % aujourd'hui. Cet

N° 9 - 29 juillet 2014
Ouvriers/ères grévistes de l'usine de chaussures Yue Yuen à Dongguan
en Chine, le 19 avril 2014.

Une place centrale
dans la production

exode rural a provoqué la formation de
villes géantes et l'apparition d'usines de
milliers d'ouvriers. Dans les pays dits du
« nord », les ouvriers industriels sont
moins nombreux mais leur poids reste
tout à fait significatif, ils représentent
autour de 23 % de la population active
en France. La place qu’ils occupent
régulièrement dans les mouvements
sociaux (raffinerie en France, mineurs
dans l'Etat espagnol, etc.) en est
d’ailleurs l’illustration.
Et la classe ouvrière ne se limite pas
aux travailleurs de l’industrie. Le
nombre d’employés a explosé dans des
secteurs très divers. La concentration
des entreprises et avec elle la baisse
importante du nombre de petitscommerçants et d’artisans,
l’urbanisation avec le développement
de services de masse et l’expansion de
l’administration qui en découle,
l’internationalisation de la production
et des échanges financiers sont
notamment à l’origine de cette évolution.
Les employés représentent aujourd’hui
près de 30 % de la population active en
France contre 18,4 % en 1962 et 20 %
en 1982. Dans de nombreux cas, ces
travailleurs sont soumis à des conditions
de travail similaires à celles des ouvriers :
de la fabrication à la chaîne des Big Mac
chez McDonald’s, à la préparation
minutée des commandes chez Amazon,
en passant par le travail devant le tapis
roulant des caisses des grandes surfaces
ou dans une Plate-forme industrielle
courrier à La Poste. Dans le même
t e m p s ,   s’e s t   o p é r é e   u n e
« 
prolétarisation 
» d’une partie des
cadres et plus encore des catégories
dites « intermédiaires »
(enseignants/es, infirmiers/ères…)
dont le nombre a également augmenté
de façon très significative, et qui
subissent de plus en plus de pressions
et ont de moins en moins de maîtrise
sur leur travail. Ce processus explique
en partie le rôle que ces salariés
prennent dans la lutte des classes.

Ces évolutions ont porté le nombre
de travailleurs salariés (si l’on y inclut
leurs familles) à près de la moitié des
habitants de la planète.

La dynamique qui fait
converger les luttes
La grève procure un pouvoir de
blocage qui pèse dans les rapports de
force, mais ce que redoutent les
capitalistes par-dessus tout, c’est la
capacité des travailleurs à s'organiser
et à étendre leurs luttes. Dans les
usines « traditionnelles », il n’est pas
difficile pour un ouvrier de comprendre
l’importance de s’associer avec ses
collègues pour défendre ses intérêts
face au patron. De plus, le travail
collectif nécessaire sur la chaîne de
production se répercute souvent dans
les méthodes de lutte. C’est ce qui
donne à ces lieux de concentration un
rôle déterminant dans l'actuelle vague
de mobilisations au niveau
international.
Pour autant, la dispersion d’une
partie des travailleurs ne remet pas
forcément en cause ces possibilités.
Des secteurs aussi divisés et précarisés
que les balayeurs de Rio ou les
intérimaires sans-papiers en France
ont par exemple réussi à rassembler
dans des assemblées générales
l’ensemble des grévistes, pour surmonter
leur éclatement. On peut également
citer les travailleurs de la santé à Madrid,
qui sont entrés en lutte contre les
privatisations, indépendamment de leur
profession, et ont entraîné dans les
« marées blanches » des étudiants, des
patients et même des habitants des
quartiers concernés.
Ces travailleurs prouvent dans la
pratique que même dans de petites
unités de production ou de service, la
dynamique de regroupement et
d’élargissement de la lutte est toujours
possible.

La dynamique de regroupement se
combine avec la place qu’occupe la
classe ouvrière au cœur de la production.
Ce sont les travailleurs qui extraient les
matières premières, fabriquent les
marchandises, font fonctionner les
transports, organisent la logistique,
etc. Cette position leur offre la
possibilité de prendre très rapidement
le contrôle du fonctionnement de la
société à la place des capitalistes. A
petite échelle, en France, les postiers
grévistes des Hauts-de-Seine ont
exprimé consciemment cette
possibilité à travers l’un de leurs
slogans : « Les tournées sont faites par
les postiers, c’est donc à eux de décider
s’il faut ou non en supprimer ».
Dans la lutte, ce contrôle se révèle
être une arme très efficace quand des
salariés s’emparent de leur outil de
travail et le retournent contre leur
patron. Des employés d’EDF ont par
exemple déjà coupé l’électricité chez
des ministres et l’ont rétablie dans des
foyers pauvres. On peut aussi parler de
certains travailleurs de la santé en
Turquie, qui proposaient gratuitement
des soins aux manifestants de la place
Taksim.
L’un des aspects centraux que nous
accordons à la grève générale, c’est le
fait que pour tenir dans la durée dans
un tel mouvement, les travailleurs sont
amenés à remettre en marche sous
leur propre contrôle une partie de la
production. Par là même, ils ouvrent la
possibilité de former un nouveau
pouvoir, issu de ces organes de
contrôle et en capacité de s’opposer à
l’Etat bourgeois.

« Nouvelle » classe ouvrière,
nouvelles responsabilités
pour les révolutionnaires
La présence combinée de ces trois
éléments – le nombre, la dynamique de
regroupement et la place dans la
production – prouve que les travailleurs
constituent toujours la force sociale qui
peut renverser le capitalisme. C’est
pourquoi notre stratégie est fondée
sur ce que nous appelons « la centralité
de la classe ouvrière ». Par contre il
serait faux de penser que les travailleurs
réalisent spontanément leur force et
leur potentiel révolutionnaire. C’est ce
qui donne des responsabilités
particulières aux révolutionnaires pour
proposer une politique qui cherche à
Anticapitalisme & Révolution

9

regrouper les luttes, à faire tomber les
barrières entre travailleurs et à
commencer à poser la question du
contrôle dans les grèves.
Les récentes mobilisations en France à
la Poste ou à la SNCF montrent qu’une
telle politique peut avoir un réel écho
dans la période actuelle. Car si la
fragmentation et la précarité ont
entraîné une diminution de la conscience
de classe, elles peuvent déboucher sur
une plus grande radicalité. Un jeune sans
avenir, obligé d’enchaîner les CDD, est
potentiellement plus ouvert aux
idées révolutionnaires. Pour les
révolutionnaires, il s’agit donc de
reconstruire un mouvement ouvrier très
affaibli, tout en prenant appui sur des
espaces plus larges pour mener une
politique.

Quel rôle pour la jeunesse ?
Si la classe ouvrière est l’élément
central pour transformer la société, la
jeunesse occupe une place importante
dans l’échiquier de la lutte de classe.
Déjà en mai 68, les étudiants avaient
joué le rôle de déclencheur de la grève
générale en France. Aujourd’hui, la
jeunesse scolarisée est bien plus
nombreuse, et sa grande précarité l’a
rapprochée du reste des travailleurs.
C’est ce qui explique la place qu’on
prise les jeunes chômeurs diplômés
dans la révolution tunisienne, ou
même l’enthousiasme qu’ont entraîné
les cortèges de lycéens dans les
manifestations de 2010 contre la
réforme des retraites en France.
Les capacités d’entraînement et de
radicalisation qui sont celles de la
jeunesse scolarisée vis-à-vis des
travailleurs, peuvent s’expliquer par la
place particulière que cette jeunesse
occupe dans la société capitaliste.
Cette couche sociale n’est pas encore
soumise à l’aliénation du travail, ni aux
contraintes financières liées à
l’endettement d’un foyer ou à la
nécessité de nourrir sa famille, et elle
n’a pas non plus connu les défaites du
passé. Le mélange de ces caractéristiques
donne un cocktail explosif qui peut faire
très peur aux gouvernements. Et comme
nous l’avons remarqué ces dernières
années tout autour du globe, dans les
luttes ouvrières, les jeunes travailleurs
jouent également un rôle important.
La lutte contre les oppressions
Le système capitaliste ar ticule
l’exploitation économique avec une
série d’autres oppressions comme le

10

Anticapitalisme & Révolution

racisme, le sexisme, l’homophobie. La
place centrale que nous estimons être
celle de la classe ouvrière pour
transformer la société, ne veut pas dire
que la lutte contre ces oppressions est
secondaire, bien au contraire.
Pour éradiquer les oppressions,
il faut en finir avec le capitalisme 

doivent s’appuyer sur cette aspiration et
cette nécessité d’unir la classe, pour
mener un combat sans concession
contre les oppressions et les idéologies
réactionnaires. Cette lutte peut passer
par des campagnes militantes, une
lutte idéologique, mais aussi en
favorisant l’organisation des opprimés
à l’intérieur du mouvement ouvrier ou
en lien avec celui-ci.
La destruction du capitalisme ne
mettra pas pour autant
automatiquement fin aux oppressions,
car le seul moyen efficace de les
supprimer sera de saper définitivement
leur base matérielle, en socialisant le
travail domestique notamment, pour
l’exemple du patriarcat, ou en établissant
une stricte égalité des peuples, pour
celui du racisme. Un tel programme de
lutte intransigeante contre toutes les
oppressions peut et doit être pris en
charge par les travailleurs et travailleuses.
Notre classe est celle qui est capable de
poser et de résoudre, non pas seulement
ses propres problèmes mais ceux de
toute la société.
L’émergence à un niveau de masse
d’un tel projet émancipateur, le projet
communiste, ne jaillira pas
spontanément, il incombe dès
aujourd’hui aux révolutionnaires de
porter ces propositions et discussions
à tous les niveaux.
Si cette question du lien entre la classe
ouvrière et la lutte contre les
oppressions est importante
aujourd’hui, c’est parce que nous
sommes dans une période où la tâche
principale des révolutionnaires consiste à
reconstruire la conscience de classe et le
La classe ouvrière peut-elle
mouvement ouvrier. Dans ce contexte,
prendre en charge la lutte
remettre en cause la séparation artificielle
contre les oppressions ?
entre questions économiques et
Au quotidien, on remarque que le questions politiques aidera les opprimés
 [1]
poids des préjugés est important dans et les exploités à penser globalement.
le monde du travail, car la concurrence
[1] Dans Que faire ? Lénine explique que le révolutionnaire « ne
peut favoriser un comportement de doit pas avoir pour idéal le secrétaire de trade-union, mais le tribun
repli sur soi et de recherche de boucs populaire sachant réagir contre toute manifestation d'arbitraire
émissaires. Mais il existe aussi un et d'oppression, où qu'elle se produise, quelle que soit la classe ou
la couche sociale qui ait à en souffrir, sachant généraliser tous ces
sentiment contradictoire et une aspiration faits pour en composer un tableau complet de la violence policière
à l'unité de la classe, notamment dans les et de l'exploitation capitaliste, sachant profiter de la moindre
luttes, quand les salariés sont confrontés occasion pour exposer devant tous ses convictions socialistes et ses
revendications démocratiques, pour expliquer à tous et à chacun
au besoin de faire tomber les barrières la portée historique et mondiale de la lutte émancipatrice du
qui les divisent. Les révolutionnaires prolétariat. »
Ces oppressions sont intrinsèquement
liées au système. Le patriarcat, par
exemple, précédait le capitalisme mais
celui- ci l'a  intégré, remodelé et
instrumentalisé pour faire reposer la
reproduction de la force de travail sur le
travail gratuit effectué par les femmes
dans le cadre de la famille. Le racisme est
né de la nécessité de justifier le recours à
l’esclavage et la domination de certains
Etats impérialistes sur d’autres peuples.
Dans cette situation, il est impossible
d’éradiquer ces oppressions et les
idéologies réactionnaires qui les
accompagnent sans s’attaquer au
système capitaliste qui les génèrent ou
les utilisent.
Les différents groupes d’opprimés,
même fortement organisés, n’ont pas
la force à eux seuls de renverser le
système capitaliste. L’année dernière,
malgré une mobilisation importante,
les mouvements et réseaux lesbiens,
gays, bisexuels et transgenres seuls – sans
une forte implication du mouvement
ouvrier – ne pouvaient faire leur poids
face aux manifestations de la « Manif
pour tous » qui profitait du soutien de
l’Eglise catholique. Alors si cela avait
été la survie du capitalisme qui était en
jeu… Seule la classe ouvrière dans sa
globalité – c’est-à-dire également celles
et ceux qui subissent le racisme, le
sexisme et l’homophobie puisque la
majorité sont des travailleuses et des
travailleurs – a la capacité de mettre fin à
ce système inégalitaire, c’est ce qui lui
donne une centralité stratégique, y
compris sur la question des oppressions
spécifiques.

Banderole du Socialist party
à la marche des fiertés de Melbourne

La lettre d’information du courant

N° 9 - 29 juillet 2014

État espagnol

Résistances et contradictions
Alors que partout en Europe, on a vu une percée des partis d’extrême droite aux dernières élections
européennes, l’Espagne fait partie des pays qui font figure d’exception. En effet, les jeunes et les
travailleurs ont préféré se tourner vers le jeune parti de gauche Podemos. L’Espagne est un des pays les
plus touchés par la crise. Les gouvernements successifs, qu’ils soient issus du Partido socialista obrero
español (PSOE) ou du Partido popular (PP), ont plongé les jeunes et les travailleurs dans une misère
noire : chômage de masse, licenciements, expulsions de nombreux logements, multiplication des coupes
budgétaires dans la santé et l’éducation…
La résistance se répand
et s'intensifie

Affiche électorale de Podemos

Ces attaques ne sont pas passées
sans résistances. Plus d’une fois, le
gouvernement a dû céder face aux
manifestations. Cependant, comme
partout, loin d’être un outil permettant
de développer un mouvement de
contre -attaque à la hauteur, les
directions syndicales ont été un frein
au développement des luttes. C’est
dans ce contexte que les jeunes sont
massivement entrés en résistance. Dès
l’année 2011, marqués par les
révolutions en Egypte et Tunisie,
plusieurs dizaines de milliers de jeunes
ont occupé les places en Espagne. Ces
occupations sont l’expression d’une
profonde colère sociale, et d’un ras-lebol face aux élites corrompues. Ce
mouvement a été rapidement confronté
à ses propres limites, la principale étant
le manque de perspectives proposées,
avec un refus systématique de poser la
question de l’organisation politique et
de remettre en cause le système dans son
ensemble, le mouvement se concentrant
sur la lutte contre la corruption et pour la
« démocratie réelle ».

La jeunesse n’est pas la seule à être
entrée en action. En juin 2012, les
mineurs des Asturies se sont battus
contre les for tes diminutions de
subventions allouées aux mines (plus de
63 %), annoncées par le gouvernement
Rajoy. Cette lutte a été marquante non
seulement parce qu’il s’agissait d’un
impor tant bastion ouvr ier, mais
également du fait de sa popularité dans
tout le pays. La résistance en Espagne a
aussi été celle des travailleurs de la
fonction publique, avec le fameux
phénomène des « marées ». L’une des
plus notables a été la « marée blanche »,
celle du secteur hospitalier se battant
contre les coupes budgétaires chaque
année plus élevées et qui entraînent la
fermeture d’hôpitaux. Il y a également eu
la « marée verte », réunissant enseignants,
parents, élèves, et qui concernait cette
fois l’éducation.

Vers la convergence des luttes
Mais la lutte récente la plus significative
a été celle du 22M [1]. Appelée à l’origine
par le Sindicato andaluz de trabajadores
(SAT), cette lutte a été reprise en main
par les travailleurs et a de très loin
dépassé les organisateurs. Des indignés
aux mouvements des marées en passant
par la lutte contre les expulsions, cette
manifestation a réussi à réunir toute la
colère qui éclatait de façon isolée en
Espagne.
L’un des pôles les plus massifs et
emblématiques de cette manifestation
du 22 mars a été celui des travailleurs de
Panrico et de Coca-Cola, en lutte depuis
plusieurs mois contre les licenciements.
Pour Coca-Cola, quatre usines étaient
menacées de fermeture : plusieurs
milliers de travailleurs risquaient de se
retrouver à la rue ; quant à Panrico
(leader espagnol de la boulangerie
industrielle), c’est de 1914 employés que
le groupe prévoyait de se séparer (la
moitié des effectifs), avec une réduction
des salaires de 35 à 45 % pour ceux qui
n’allaient pas être licenciés. Les
[1] Marche de la dignité du 22 mars 2014

travailleurs sont entrés en lutte mais ont
dû faire face à la trahison des directions
syndicales, qui ont rapidement signé
avec la direction des accords pourris
bradant les emplois et les salaires. Avec
six mois de grève, ils ont fait cependant
la démonstration qu’ils n’acceptaient pas
cette politique du moindre mal, et ils se
sont battus pour obtenir zéro
licenciement, zéro réduction de salaire.

Podemos, un outil de classe ?
Le s   m a n i f e s t a t i o n s ,   g r è v e s   e t
occupations se traduisent également
par une forte instabilité politique qui
existe aujourd’hui en Espagne. Le rasle-bol s’est exprimé lors des dernières
élections européennes. Auparavant
crédités de 80 % des voix, les grands
partis de gouvernement PP et PSOE
n'ont rassemblé qu'environ 50 % des
suffrages. Cette situation a poussé la
monarchie à abdiquer. Le roi Juan
Carlos était sujet à controverse : alors
que la population se voit poussée
chaque jour un peu plus dans la
misère, celui-ci partait chasser les
éléphants en Afrique. C’est dans cette
situation de discrédit des par tis
traditionnels que Podemos a émergé.
Cette nouvelle formation, créée à
l’initiative de personnalités de gauche
comme Pablo Iglesias, qui en est la figure
phare, et d’Izquierda anticapitalista (IA),
s’est construite autour de l’échéance des
élections européennes. Podemos a
repris de nombreuses revendications,
surtout démocratiques, qui existaient
dans les multiples luttes espagnoles, et
son succès a été retentissant. Des AG
réunissant des centaines, parfois des
milliers de personnes se sont tenues un
peu partout en Espagne.
La situation est extrêmement ouverte
pour Podemos, c’est un jeune parti qui
doit encore se délimiter politiquement
et se structurer. Dans ce processus,
l’intervention des révolutionnaires va
être capitale. Les forces réformistes liées
à Pablo Iglesias ont des revendications
t rè s   l i m i t é e s.   E n   e f fe t ,   c e   j e u n e
Anticapitalisme & Révolution

11

La lettre d’information du courant
présentateur télé issu du mouvement
altermondialiste ne s’est jamais déclaré
partisan d’un changement du système,
et ses discours sont exempts de toute
délimitation de classe. Dans ses
interventions, il évoque surtout la
perspective de remplacer les politiciens
corrompus plutôt que de permettre
aux jeunes et aux travailleurs de
reprendre en main l’ensemble de la
société sur la base de leur propre lutte.
Et le programme de Podemos est à
cette image. Il y est par exemple
question d’un contrôle des lobbys et

de l'évasion fiscale des grandes
entreprises et multinationales. Il n’y a
donc aucune remise en cause de la
propriété privée, même celle des plus
grands capitalistes. Le combat que
mène Pablo Iglesias se situe dans le
cadre d'une majorité alternative au
pouvoir. Il a ainsi déclaré le soir des
élections : « Podemos n'est pas né pour
occuper un rôle symbolique. Nous sommes
nés pour tout gagner, et notre défi à partir
de demain est de construire avec d'autres
une alternative politique de gouvernement
dans notre pays ».

Malgré tout, l’enjeu est aujourd’hui de
savoir si Podemos va apparaître comme
un outil utile pour les luttes et permettre
de faire des pas vers leur convergence.
Les révolutionnaires doivent intervenir
dans toutes les AG et réunions, pour
mettre au centre de la discussion les
batailles contre l’austérité. Il est plus que
nécessaire de faire entendre une autre
voix que celle d’Iglesias, et de convaincre
les travailleurs que ce système n’est ni
réformable, ni aménageable.

Parti « large » ou parti révolutionnaire ?
Depuis quelques années, le principal débat qui traverse les Rencontres internationales de jeunes
est celui sur le parti. Cette discussion entremêle les questions d'orientation, de la stratégie révolutionnaire
aujourd’hui, et les expériences concrètes de construction de regroupements larges qui se sont
déroulées depuis une vingtaine d'année partout à travers le monde, sous l'impulsion de l'orientation
adoptée par la Quatrième Internationale (QI) à son congrès mondial en 1992 et résumée
par le triptyque : « Nouvelle période, nouveau programme, nouveau parti ».
Pour sérier la discussion, nous nous
concentrerons ici sur les expériences
qui se sont déroulées à l'échelle
européenne.

Des sections européennes
de la Quatrième internationale
en crise
Pendant longtemps, le camp n'a que
peu discuté du bilan des
positionnements politiques des partis
larges dans lesquels étaient engagées
de nombreuses sections de la QI en
Europe. Les premières discussions ont
commencé à émerger en 2006, après
que les camarades de Sinistra critica se
sont retrouvés dans une situation où
leur sénateur élu dans le cadre de
Rifondazione comunista avait voté
pour la confiance au gouvernement
Prodi (social-démocrate italien) et par
là même, le vote se faisant en une fois,
pour les crédits finançant la guerre en
Afghanistan dans laquelle le
gouvernement italien était embarqué.
D e p u i s,   l e s   p a r t i s   l a r g e s   d a n s
lesquels sont impliquées de
nombreuses sections de la QI se sont
illustrés par des votes dans les
parlements nationaux qui soutenaient
les gouvernements bourgeois et leurs
politiques. C'est le cas du Bloc de
gauche au Portugal, qui a soutenu le
plan « d'aide » à la Grèce décidé par le
gouvernement portugais et qui avait
comme contrepartie le premier plan

12

Anticapitalisme & Révolution

d'austérité drastique qui s'est abattu
sur les travailleurs du pays en 2009.
L'argument des camarades était qu'il
ne fallait pas jouer la politique du pire.
En effet, mieux valait un plan
d'ajustement via l'Union européenne
(UE) que via le FMI, qui était l'autre
option discutée par la bourgeoisie à
l'époque. L'UE étant présentée comme
plus démocratique... Les camarades de
l'Organisation des communistes
internationalistes de Grèce (OKDESpartakos) avaient écrit une lettre à la
section portugaise pour exprimer leur
désaccord et la nécessité d'au moins
discuter. Un courrier toujours sans
réponse.
L'Alliance rouge-verte au Danemark
a également voté le budget national
danois à plusieurs reprises, soutenant
donc la politique du gouvernement en
place. Pour le premier vote, l'argument
du « pragmatisme » était utilisé à fond :
le budget soumis ne contenait certes
aucune avancée, mais il ne contenait à
l'époque aucune coupe budgétaire
non plus. Encore une fois, il fallait
éviter la politique du pire. Par la suite,
les camarades de la QI ont été
minoritaires dans l’Alliance rougeverte sur la question du vote du
budget.

ne peuvent pas être ignorés. Il s'agit
donc de tirer le bilan de ces expériences
car aujourd’hui la plupart des sections
européennes de la QI sont en crise. À
l'image des camarades italiens qui se
sont séparés en deux organisations
distinctes – Sinitra anticapitalista et
Solidarietà internazionalista –, cette
dernière ayant fait le choix de ne plus
construire un parti.
De fait, nous n'avons pas assisté à un
renforcement des courants
révolutionnaires, mais plutôt à une
influence accrue des pressions
institutionnelles sur ces partis. Au
Portugal, les camarades ont même été
jusqu'à prendre la décision de
dissoudre la section de la QI pour se
fondre dans le Bloc de gauche.
Le bilan des expériences de
recomposition politique à la gauche
de la gauche (Portugal, Danemark,
Syriza en Grèce, etc.) montre que ce
type d'organisations évolue vers une
intégration au système.

Quand les
« partis anticapitalistes larges »
deviennent l'horizon
stratégique remplaçant
les partis révolutionnaires

Il ne s'agit pas ici d'établir une liste
La dernière résolution du congrès
de trahisons successives devant en soi mondial de 2010 reprend à son compte
démontrer quelque chose. Mais ces cette politique de construction de
épisodes ne sont pas anecdotiques et nouveaux partis anticapitalistes larges

N° 9 - 29 juillet 2014

Diffusion de tract devant l'usine PSA de Poissy - Phototèque Rouge / MILO

dans les termes suivants : « Construire
des par tis anticapitalistes larges
représente la réponse actuelle que nous
faisons à la crise du mouvement ouvrier
et de la gauche et à la nécessité de sa
reconstruction. […] Cela est vrai à
l’échelle de chaque pays et à l’échelle
internationale. Sur la base de l’expérience
de la lutte de classes, du développement
du mouvement altermondialiste, des
luttes de résistance et des mobilisations
anti-guerre des dix dernières années, et
e n   p a r t i c u l i e r    s u r   l a   b a s e   d e s
enseignements tirés de l’évolution du PT
brésilien, de Refondation communiste
en Italie, des débats de la gauche antilibérale française, les marxistes
révolutionnaires se sont engagés ces
dernières années dans la construction
du PSOL au Brésil, de Sinistra critica en
Italie, du Nouveau parti anticapitaliste
en France, de Respect en Angleterre.
Dans cette perspective, nous avons aussi
poursuivi les expériences de construction
du Bloco de esquerda au Portugal et de
l’Alliance rouge-verte au Danemark.
L’objectif commun, avec des voies
différentes, est celui de larges partis
anticapitalistes. Il ne s’agit pas de
reprendre les vieilles formules de
regroupement des seuls courants
révolutionnaires. L’ambition est de
rassembler au-delà des seules forces
révolutionnaires. Celles-ci peuvent être
un point d’appui dans ce processus de
rassemblement à condition qu’elles
s’orientent clairement pour construire
ces partis anticapitalistes. Même s’il n’y a
pas de modèle, chaque processus de
regroupement tenant compte des
s p é c i f i c i té s   e t   ra p p o r t s   d e   f o rce s
nationaux, notre objectif doit donc être
de chercher à construire des forces
politiques larges anticapitalistes

indépendantes de la social-démocratie
et du centre-gauche, des formations qui
rejettent toute politique de participation
ou de soutien à des gouvernements de
collaboration de classes : aujourd’hui, à
des gouvernements avec la socialdémocratie ou le centre-gauche. C’est
sur la base d’une telle perspective que
nous devons nous orienter. »
De 1992 à aujourd'hui, la
construction de partis larges constitue
la politique de la QI pour une période
longue. Les expériences sont ici mises
bout à bout, du NPA à l'Alliance rougeverte, sans tirer de réel bilan. Car plus
fondamentalement, il y a un glissement
de la tac tique conjonc turelle de
construction de partis larges vers cette
politique comme seul horizon
stratégique. Or tout le problème est de
savoir quel est l'objectif pour pouvoir
tirer les bilans appropriés. Et la
politique de la QI n'est plus de savoir
comment faire des pas en avant vers la
construction de partis révolutionnaires,
en intégrant dans cet objectif
stratégique de possibles médiations
tac tiques. Les détours tac tiques
deviennent une politique sur une
longue période, sans bilan permettant
de réajuster l'orientation. Et le
problème qu'il faut bien affronter est
que du point de vue du renforcement
de courants révolutionnaires capables
de jouer un rôle plus fondamental
dans la lutte des classes, force est de
constater que la politique dite des
partis larges est un échec.
Mais si les partis larges deviennent
progressivement l'horizon stratégique,
cela ne doit rien au hasard. Car cela
sous-tend une nouvelle vision de la
stratégie révolutionnaire aujourd'hui,

dans les pays capitalistes avancés
comme ceux d'Europe de l'Ouest. La
centralité de la classe ouvrière n'est
plus d'actualité et l'hypothèse de la
grève générale est présentée comme
une utopie. I l s'agirait plutôt de
comprendre que dans des pays à
longue tradition démocratique, la
rupture avec le capitalisme passerait
par une combinaison de luttes
massives et de processus électoraux.
Et l'heure est donc à construire, au
travers des partis larges, de « puissants
référents électoraux » comme
l'indiquait un rapport présenté lors de
la réunion du Bureau exécutif de la QI
en octobre 2012.
On comprend donc mieux comment,
avec une telle perspective stratégique,
l'orientation actuelle place au centre la
nécessité de la construction d'un
débouché politique dont les luttes
seraient orphelines, une alternative
crédible un peu différente, au fond,
des mobilisations. Et d'ailleurs c'est le
renforcement d'une telle alternative
qui permettrait de redonner confiance
aux luttes, pour qu'elles gagnent. D'où
les tentations de raccourcis autour des
formules devant en soi poser la
question du pouvoir : « opposition de
gauche »,  « gouvernement antiaustérité ». Cela conduit à minimiser les
nécessaires ruptures dans la lutte des
classes, notamment avec les
réformistes. Et donc au quotidien, à
relativiser les divergences avec eux
pour construire des perspectives
politiques communes en expliquant,
comme François Sabado préparant le
p r o c h a i n   c o n g r è s   d u   N PA ,   q u e
« l'unité » avec un grand U
–  comprendre l'unité politique – est
l'axe central de la période. Pourtant les
dernières luttes, comme à la SNCF, ont
montré assez clairement la nécessité
d'un affrontement avec la politique
des réformistes pour faire gagner les
mobilisations et par là même, œuvrer à
la construction d'une alternative
politique qui ne peut être
qu'anticapitaliste et issue des
mobilisations.

L'unité – des révolutionnaires –
est un combat !
La direction majoritaire actuelle du
NPA est la même que celle de la QI. Les
débats autour du/des parti(s) aux
Rencontres internationales de jeunes
sont donc particulièrement éclairants
en ce qui concerne nos débats français.
Car on peut toujours insister sur les
Anticapitalisme & Révolution

13

différences propres à chaque pays, et il
y en a, mais les dynamiques politiques
n e   s ' a r rê te nt   p a s   a u x   f ro nt i è re s
nationales et les points communs sont
aussi légion. Ainsi, comment ne pas
comparer (et comparer n'est pas
assimiler) le phénomène Syriza et celui
du Front de gauche, au moins en ce
que cela exprime de commun sur la
résurgence d'une offre politique
réformiste. Dès lors, quand les
camarades de la direction de la QI ont
qualifié de « faute politique » le fait que
la section grecque ait fait le choix de se
présenter en toute indépendance de
Syriza au travers d'Antarsya, on ne peut
que s'inquiéter de savoir où tout cela
nous mènera.
L'enjeu est donc de rompre avec
cette politique qui n'a pas sauvé le NPA
de sa crise et conduit dans le mur des
sections européennes.
Sans épuiser ici le débat, nous
pensons que le type de parti que nous
devons construire doit combiner deux
éléments principaux :
• être un outil pour l'intervention
dans la lutte des classes
quotidienne. Cela veut dire que
le centre de gravité des
organisations à construire doit
ê t re   l e s   m o b i l i s a t i o n s,   l e u r
développement, leur difficulté et
la politique à avoir pour les faire
gagner. Cela est en lien immédiat
avec une politique volontariste
d'implantation et de construction
dans la jeunesse et dans le
monde du travail ;
• développer un profil et une
perspective révolutionnaires et
être totalement indépendant des
gouvernements au pouvoir et
des organisations réformistes.
Il ne s'agit pas de proclamer ces
éléments, mais bien d'articuler de

Bonnes Rencontres
internationales
de jeunes
révolutionnaires...
Et rendez-vous
à l'université d'été !
14

Anticapitalisme & Révolution

manière étroite ce profil avec une
intervention quotidienne dans la lutte
des classes pour faire la démonstration
que pour régler les problèmes concrets
des travailleurs aujourd'hui, il faut le
niveau de radicalité proposé par les
révolutionnaires. Cela nécessite donc
une politique de front unique qui vise
à mettre en mouvement nos milieux,
sur des objectifs de lutte pour tenter
de dépasser dans l'action les réponses
des réformistes. Car comme l'expliquait
Daniel Bensaïd dans Stratégie et parti,
le front unique est une méthode
stratégique permettant aux
révolutionnaires de faire rompre les
t r av a i l l e u r s   d a n s   l e s   m e i l l e u re s
conditions possibles avec les
réformistes.
Pour faire émerger un parti de ce
type, le combat pour l'unité des
révolutionnaires a une dimension
centrale. À l'inverse de la résolution du
congrès mondial de 2010, cela veut
dire assumer de vouloir regrouper les
révolutionnaires et mener une bataille
dans ce sens. Cela implique
nécessairement d'arrêter de se situer à
égale distance des courants
réfor mistes ou révolutionnaires
comme le fait par exemple la direction
du NPA en interpellant pour une même
politique le Front de gauche ou Lutte
ouvrière. Comme si la discussion avec
les uns était la même qu'avec les
autres, comme si les objectifs
pouvaient être identiques. Il ne s'agit
pas de nier les difficultés mais d'avoir
une politique d'interpellation
spécifique et offensive à l'échelle
nationale et internationale vis-à-vis
des autres courants révolutionnaires.
Cela veut dire aussi mener le débat et
f a i re   d e s   ex p é r i e n ce s   p rat i q u e s
communes avec tous les courants qui
sont disponibles pour avancer
sincèrement dans cette direction. Et il

en existe, dans le NPA et dans les
différents courants internationaux.
Enfin, il faut essayer de faire des pas
en avant vers une recomposition des
internationales issues des débats du
siècle dernier et des groupes
révolutionnaires qui n'existent parfois
qu'à l'échelle nationale. Une première
étape serait de convoquer des
réunions internationales sur des bases
concrètes : reconstruire la gauche
anticapitaliste européenne, refaire des
rencontres euro-méditerranéennes,
rencontrer cer tains courants en
Amérique latine, avec la perspective
de campagnes communes immédiates.
De tels cadres ne seraient évidemment
pas homogènes mais permettraient au
moins débuter la nécessaire discussion
entre anticapitalistes et révolutionnaires
sur la situation et les tâches.
L’unité des révolutionnaires, ce n'est
pas simplement l'addition mécanique
des groupes existants, ce qui semble
impossible et sans doute bien insuffisant.
L'extrême gauche aujourd'hui, dans ses
contours actuels, avec ses méthodes
actuelles, ne peut réellement être
changée boutique par boutique. Il faut
chercher à la dépasser par la fusion de
ce qu’elle contient de meilleur en
termes d’expérience d'intervention
pratique dans la lutte de classe et
d 'é l a b o rat i o n   p ro gra m m at i q u e.
L'objectif est de viser la construction
d'instruments plus utiles pour notre
classe partout à travers le monde. Ainsi,
l'unité des révolutionnaires que nous
défendons est d'abord une politique
dynamique à mener pour chercher à
opérer une fusion de diverses traditions
du marxisme révolutionnaire, pour
dépasser l'existant dont on voit bien qu'il
ne répond pas aux enjeux de la période.


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