Réponse à Bertrand VERGELY PDF


Nom original: Réponse à Bertrand VERGELY.pdf
Auteur: Drago S. Requiem

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Dijon, le 17/01/2013
Bertrand ; mon Oncle,
En ce début d'année, de nombreux débats alimentent l'actualité ; notamment autour du
"mariage pour tous". Je viens de découvrir ton texte à ce propos, que j'ai – bien entendu – lu avec
beaucoup d'intérêt et d'attention, me sentant concerné aussi bien par le sujet que par nos liens de
parenté.
Tu conclus donc : "Est-il besoin d'en rajouter ?"
Je réponds oui, sans hésitation. C'est d'ailleurs l'objet de cette lettre. Ce que tu nommes "la
dictature de la confusion" et qui m'a tant saisi à l'issue de ma lecture, me pousse à t'écrire, profitant
de notre lien familial pour oser m'exprimer.
Je me permets donc de te soumettre mes remarques et incompréhensions, afin – je l'espère –
d'éclaircir la question.
En premier lieu, au paragraphe III), tu affirmes le mariage comme étant une "donnée naturelle".
Il me semble que le mariage se réfère plus à la sphère culturelle, sociale, légale ou religieuse dans
un cadre spirituel, mais pas naturelle. Pas innée. Le désir de deux individus de vivre ensemble, de
construire un couple est une dynamique naturelle, celle de l'officialiser aux yeux de l'état - de
donner à cette union une dimension légale et notariale - répond à mon sens d'une donnée culturelle.
De plus, la société confère un cadre légal au mariage bien après qu'il soit une « institution »
culturelle puis religieuse1. La loi en faveur du "mariage pour tous" concerne le droit au mariage
civique et non religieux, entendons-nous.
Paragraphe IV) : en effet, de plus en plus avec l'évolution actuelle, le "mariage-sentiment" a un sens
différent du "mariage-procréation" ; beaucoup plus ancien. Désormais, les couples peuvent décider
de se marier pour l'une de ces raisons, pour l'autre, voire même assez souvent pour les deux. Et ce
avec la liberté de pouvoir le choisir. La décision de mariage peut être également motivée par une
raison administrative: faire reconnaitre légalement un lien, sécuriser des biens, ou valider la
responsabilité de chaque contractant envers l'autre. Les motivations amenant deux êtres à vouloir
s'unir formellement aux yeux de l'état peuvent être complexes, et sûrement plus nombreuses que ces
trois-là. Quelle que soit la motivation, le mariage a une valeur unique sur le plan juridique.
Dans le paragraphe V), tu affirmes qu'après cette loi, rien ne s'oppose à la levée de l'interdit de
l'inceste. Il est important de préciser que l'inceste est un crime toujours puni par le Code Pénal à
l'heure actuelle ; à la différence de l'homosexualité qui n'y figure plus depuis longtemps. La loi sur
le "mariage pour tous" ne prétend pas dépénaliser l'inceste – la question semble donc hors de
propos, tout comme tes prédictions à ce sujet. A titre tout à fait personnel, j'ai du mal à saisir ton
lien entre le fait d'aimer quelqu'un du même sexe et le désir incestueux. Comme tu nous préviens si
bien, il faut faire attention aux confusions.
En dehors de la question de l'amour, encore une fois, domine celle de l'égalité dans le Droit: il s'agit
de reconnaître civilement l'union entre deux personnes qui – au regard de la loi (ainsi que selon les
psychiatres) ne commettent ni un crime, ni des actes résultant d'un quelconque déséquilibre
psychique.
Paragraphe VI) et VII): De la question de "l'équivalence" entre tous les couples. Certes, un couple
homosexuel n'est pas la même chose qu'un couple hétérosexuel, par définition. L'égalité que tu ne
leur accordes pas - celle revendiquée par la proposition de loi - n'est pas une équivalence
anatomique, mais bien légale. Parce que dans tous les cas nous restons en présence d'êtres humains ;
1 - En France, c'est la loi du 20/09/1792 qui instaure le mariage civile enregistré en mairie, et qui devient le seul valable aux yeux de

la loi.

similairement adaptés, tant au niveau socio-professionnel que psycho-affectif ; et qui surtout – et
justement – ne valent ni plus ni moins que leurs semblables. Il me semble qu'ils répondent donc aux
même conditions innées de prétendre aux mêmes droits.
Tu parles ici d'une "grave confusion entre genre et pratique". Reprenons-donc ces notions.
Un genre, est phénotypique - homme ou femme. Avec leurs caractères sexuels propres, de
l'anatomie à la génétique. L'hétérosexualité - ainsi que l'homosexualité - sont toutes deux, comme
leur nom l'indique, des formes de sexualité: un ensemble de comportements complexes, trouvant
leurs racines dans toutes les strates de l'esprit et du corps humain.
La notion de pratique se réduit basiquement à un acte. En ce qui concerne ta preuve sur la
pratique de l'homosexualité : "il faut d'abord être homme ou femme": oui, évidemment, c'est mieux
même. Tout autant que pour être hétérosexuel. J'ajouterais qu'une pratique sexuelle n'a jamais
modifié le genre de la personne qui s'y adonne - du moins à ma connaissance.
D'autre part, la notion de "confusion des genres" s'adresse au domaine du transgenre, ou des rares
cas d'hermaphrodisme - ce qui est un autre débat, et sûrement pas le nôtre aujourd'hui. "La
différence sexuée" ne me semble donc pas menacée, puisque les homosexuels restent du genre
masculin et les homosexuelles du genre féminin. Et la grammaire est du même avis.
Paragraphe VIII) et IX): La biologie est en effet formelle là-dessus ; la procréation nécessite la
participation d'un homme et d'une femme. Il me semble que les homosexuels, aussi revendicateurs
soient-ils, ne prétendent pas modifier les lois physiologiques. Ils ne demandent pas la procréation
entre deux êtres de même sexe - mais bien l'adoption, au même titre qu'un individu seul ou qu'un
couple stérile (que malheureusement la "Nature" empêché de procréer). "Contourner une
impossibilité" – Naturelle, je rajouterais - est quand même une des caractéristiques évolutives de
l'homme. Et un des nombreux vecteurs de la médecine, à laquelle je crois – sans quoi je ne serais
pas toujours en train d'étudier cette discipline. Elle demeure en pleine expansion sur les possibilités
de contournement de l'arbitraire Naturel – tout comme le traitement d'une maladie ou d'une tumeur
stoppe le processus Naturel dans sa progression.
Toujours dans le registre de la confusion, sur la demande du droit à l'homoparentalité, il ne faut pas
mélanger les différentes possibilités, l'amalgame risquant d'être fatal:
D'un côté, l'adoption, qui est la prise en charge d'un enfant déjà né d'autrui, que les parents
biologiques ne peuvent prendre en charge eux même.
De l'autre, le vaste registre de la procréation médicalement assisté (PMA) - qui d'ailleurs
justifie un débat d'éthique médicale adjoint au débat légal. La PMA comprend plusieurs techniques,
autorisées et encouragées aujourd'hui en France 2 : l'insémination artificielle, la possibilité d'avoir
recours à un don de gamètes, et la fécondation in vitro (FIV). Ces techniques se combinent grâce à
l'avancée scientifique afin d'aider des couples dans la souffrance de ne pas pouvoir enfanter.
La gestation pour autrui (GPA) n'est pas autorisée en France, et dans bien d'autre pays, pour
des raisons relevant d'abord de l'éthique médicale. Il n'est donc nullement question d'autoriser la
GPA, autant pour les couples homosexuels qu'hétérosexuels: la loi oblige les couples à fournir une
des deux gamètes nécessaires à la fécondation. La possibilité de la PMA pour les couples
homosexuels en France se limite par conséquent aux couples lesbiens, qui seuls peuvent procréer
grâce à un don tout en portant leur enfant.
Tu considères qu'un "enfant fait par un tiers" n'est plus une personne, mais bien une
"marchandise" – je suis alors certain que tous les enfants nés grâce au don anonyme de gamète
(donc d'un tiers) aujourd'hui seront ravis de savoir qu'ils ne méritent pas ta considération
philosophique de "personne" humaine.
La seule difficulté, pour les couples d'avoir accès à la PMA – procédure longue et pénible, et
loin d'être fructueuse à tous les coups - assure que l'enfant à venir a de grande chance d'être accepté
plus comme personne que marchandise.
2Comme

l'a réaffirmé et précisé la loi n°2011-814 relative à la bioéthique voté le 7 juillet 2011

Paragraphe X) : De l'éducation homoparentale d'un enfant. Vues les nombreuses théories à ce sujet,
je ne prendrai pas le risque de spéculer – voire comme beaucoup, de délirer. Je m'en tiendrai à des
considérations simples. Le désir d'enfant ; si grand qu'il permet d'affronter le poids des démarches
administratives, du regard social, j'en passe – et des meilleures ; autorise à penser que l'enfant sera
accueilli, respecté, aimé, et éduqué avec une volonté de bien faire incontestable. Bonne volonté qui
– comme nous le savons – n'est nullement synonyme de réussite. Au même titre qu'au sein des
autres familles, cela ne les protège pas des drames ni des accidents, mais ce sont des dispositions
qui semblent prometteuses. Et encourageantes.
À propos des "conséquences" : un enfant peut trouver toutes les raisons du monde d'en
vouloir à ses parents: on leur reproche néanmoins rarement d'avoir été désiré et aimé. Les autres
griefs ne me semblent pas spécifiques aux enfants d'homosexuels. Quand bien même ; quelle
tristesse, quel manque de foi en la capacité exceptionnelle de résilience que de songer déjà à
payer le "psychiatre qui devra soigner l'enfant ".
"Le 20e siècle a connu la tragédie du totalitarisme et notamment du projet insensé de créer un
homme nouveau à travers une race ou une classe" : mais quelle idée, Bertrand ? Et quel raccourci
odieux ! L'opinion de tes "amis homosexuels" à ce propos m'intrigue. Cette simple expression les
marginalise…
Voilà en ce qui concerne mes quelques remarques – affligées, tu l'auras compris – sur ton papier.
J'ose espérer que tu auras la même application à me lire que j'en ai eu te concernant. Je ne
m'étendrais pas plus, c'est déjà amplement trop.
Je te donne cependant raison sur un point. Tu t'inquiètes du risque de fragmentation de
l'unité familiale. En effet ; après lecture de ton texte, j'ai honte de faire partie de ta famille.
Tu le dis si bien : « Les mots ont du sens quand ils renvoient à une réalité ».
Avec tout le respect ; L. SOUILLER-VERGELY.
PS : Puisqu'il est toujours mieux d'invoquer plusieurs avis, je te joins le lien de l'opinion pertinente de l'un de
tes collègues philosophes, lui aussi sur la question. Il s'agit de Michel SERRES.
http://www.scoop.it/t/aquarium/p/3403363296/michel-serres-le-mariage-pour-tous-et-l-eglise


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