La tasse de thé PDF


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Auteur: Marie

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Un peu de thé ?
"Tu veux une tasse de thé, mon Chéri ? "
Je lève la tête vers cette femme, une superbe indienne d'une vingtaine d'année, qui s'approche de
moi, souriante.
Le Soleil inonde la véranda. Allongé sur un transat, je m'étire de haut en bas. Je l'embrasse, elle, si
belle, et pousse un petit soupire d'aise. Puis j' attrape la tasse qu'elle me tend.
J'en hume d'abord le fumet, puis en lape une gorgée. Ce thé indien, si pur, si puissant...Ca me
rappelle... Non, ça ne me rappelle rien, en fait. J'avale goulûment le contenu de la tasse, avant de la
reposer sur la petite table à côté de moi.
Mais déjà, la femme n'est plus là. Partie où ? Partie quand ? Je soupire, et m'étire. Il ne me reste plus
qu'à attendre que le temps m'enveloppe doucement de son sommeil. Et que j'arrive à dormir
aujourd'hui... Enfin !
Mais la lumière est vive, la terrasse trop chaude. Presque désagréable. Je transpire. Tourne et
retourne sur le fauteuil. Mal à l'aise. Je crie le nom de ma femme. Je l'épelle même, sans me souvenir
exactement des lettres. Elle ne répond pas. Quelques silhouettes vont et viennent, enveloppées
dans du tissu blanc. Décharnées. J'ai froid à présent.
"Tu ne voudrais pas une tasse de thé pour te réchauffer ?"
Je sursaute. Encore cette femme métisse devant moi ! Un mauvais réflexe me fait renverser la tasse
de thé qu'elle me présente. Elle continue de sourire, et me tend à nouveau le récipient. Plein. Chaud.
Exhumant un parfum écœurant.
-Non, merci. Je vais dormir encore un peu.
Elle insiste.
-Cela va te réchauffer. Tu es glacé. Si pâle... Prends donc une tasse de thé, mon Chéri.
Je me tourne à nouveau vers elle : si jeune, si belle... Je remonte la couverture sur mes pieds. Et
j'attrape la tasse de thé.
La lumière m'aveugle alors. Trop brute, trop forte. Je finis de boire, et repousse la tasse de la main.
Elle dépose un baiser sur mon front. Je me rendors. Un battement régulier me berce, comme une
pulsation. Comme une berceuse. Une berceuse dont les variations varient invariablement vers la
même rengaine.
"Bonjour Monsieur Rolland !
-Bonjour Madame Hi-di. Elles sont là ?
-Toutes !

-Que font-elles ?
-Elles pleurent.
-Amenez les moi quand-même. On part. ".
Je rouvre les yeux, suant et dégoulinant. Je les cherche des yeux. Elles.
Mais tout est calme. Cette lumière, là, est douce et belle. C'est un beau moment. Un moment
apaisé.
D'ailleurs, je n'irai pas en Inde aujourd'hui. Je n'irai plus jamais. Les importations finissent. Cela
suffit. Mon cœur ne résistera plus longtemps encore....
"Bois cette tasse de thé, satané fils de Chien ! Bois, ça te fera du bien ! "
La femme me secoue. Je n'arrive pas à me défendre. Je suis balancé de gauche à droite, de droite à
gauche. Son maquillage dégouline, ses aisselles sont marquées d'auréoles. Elle paraît si effrayante
soudain !
-J'en ai déjà bu ! J'en ai déjà bu ! hurlé-je pour ma défense.
-Tu n'as rien bu du tout. Bois encore !
-Je vous ai dit que non. J'ai déjà tout bu. Je pars à présent ! Je m'en vais, Madame !".
Combien de fois ai-je dis et répété cette seule phrase ? En un seul jour ? Dans la maison de cette
femme ? De cette femme Hindi. Que je ne connaissais pas. Et qui a insisté, insisté encore. Pour que je
boise son thé. Avec la clameur du village, derrière.
Je ne me rappelle plus, je ne veux pas me rappeler. Je veux oublier ces voix. Ces voix qui reviennent
sans cesse.
"Et qu'est ce qu'ils disent, tous ces gens dehors, Madame Gui-mi ?
-Ils ne disent rien.
-Si, je vois qu'ils parlent entre eux.
-Une simple rumeur.
-Une rumeur ?
-Vous importez du thé, n'est ce pas ? Vers l'Europe. Vers la France ?
-Eh alors ?
-Alors, ils voudraient vous faire goûter leur thé. Pour vous le vendre. Vous accepteriez, n'est ce pas ?
-C'est que...
-Ce serait une injure, sinon... ".

J'essaie de me lever, mais une immense tasse me barre à nouveau le passage. Et le rictus de cette
femme. De cette Madame Gui-Mi que je vois encore, là, devant moi. Je la renverse d'un mouvement
brusque, et je tombe de mon transat, cherchant à quatre pattes la porte de sortie.
Mais comment trouver une porte de sortie dans une pièce sans mur et sans porte ?
J'ai froid. Elle me regarde , je me vois nu. Dans une indignité totale...Une petite chose soumise. Aux
ordres de cette bougresse.
-Vous cherchez...du thé ? M'interpelle-t-elle d'une voix moqueuse.
-Non, mes lunettes, réponds-je en faisant semblant de scruter le sol.
-Il faut boire pourtant !
-Et à votre avis, si je buvais, cela m'aiderait à retrouver la sortie ?
-Evidemment !
Une tasse apparaît, devant moi, et je me précipite sur elle. Comme si elle relevait de mon salut. Je
l'attrape, et en avale goulument le contenu.
Tap. Tap.Tap, fait mon cœur. Qui bat si fort. Et le battement s'amplifie. De plus en plus. Au fur et à
mesure que la boisson coule dans mon corps, dans mes veines. Va-t-il donc s'arrêter ? Vais-je mourir
ici ?
Mme Gui-Mi m'observe tranquillement de son transat. Elle sourit. Même rictus. Mêmes sarcasmes.
-Si tu t'attaches aux rumeurs... Les rumeurs, ici, c'est comme les gens. Ca va, ça vient. Et parfois, on
le les revoit pas.
-Le bâtiment est-il sécurisé ? l'interromps-he. Je veux dire, j'ai l'impression que je tombe ! Que le sol
se dérobe sous mes pieds. Est-ce normal ?
Elle hausse les épaules, et me répond d'une voix d'enfant.
-Non, bien-sûr, Monsieur. Tu tombes dans un précipice, Monsieur.
Je regarde la femme, surpris. Elle, toujours grande, immense. Et moi, soudain minuscule. Et je secoue
la tête. Ce ne peut pas être possible.
Un craquement puissant résonne alors : Les dalles s'effondrent sur elle-même. Incapable de bouger,
je m'accroche au bord du ravin.
-Au secours !
-Tu dois boire cette tasse ! Tu dois absolument boire cette tasse ! reprend une autre voix d'enfant.
-Je tombe !
-Bois, sinon cela veut dire que tu ne m'aimes pas.

Une petite fille brune se place alors à quatre pattes au bord du ravin, menaçant d'y laisser tomber sa
poupée.
-Mais si, je t'aime. Arrête.
-Comment cela tu m'aimes ?
Elle arrache alors la tête de sa poupée.
-Aide moi à remonter !
-Prends donc matasse de thé.
-Mais comment ?
Je hurle, lâche prise, et tombe dans le gouffre, parvenant tout de même à me saisir au passage de la
dite tasse de thé.
-C'est du thé indien ?
-Tu ne le connais? Tu ne reconnais pas sa saveur ?
Je goûte le thé, toujours suspendu au vide.
-Mais c'est du sang ! hurlé -je en crachant et en tombant toujours.
-Oui, c'est moi qui l'ai préparé. C'est bien ainsi que tu l'aimes, n'est-ce pas ?
Et la petite fille m'apparaît nue, ensanglantée. Un couteau à la main.
Le battement de mon cœur s'emballe. Me voilà précipité dans les abîmes de la Terre, dans une
fournaise infernale.
Cela s'arrête donc enfin...

Tout doucement, je m'éveille sur un lit d'hôpital. L'électrocardiogramme bipe régulièrement. La pièce
est claire. Sans trop de lumière, sans trop de pénombre. Juste comme il faut. Une femme en blanc se
fait les ongles à côté de moi. Je me remets doucement de ma frayeur.
-Où suis-je ? demande-je.
La femme sourit, bienveillante.
-A l'hôpital.
-Pourquoi donc?
-Vous avez fait un arrêt cardiaque. Pour une raison encore inconnue. L'analyse devrait bientôt parler.
Mais vous voilà sorti d'affaire, à présent.
Elle remonte doucement les couvertures sur moi.

-N'ayez pas peur. Tout va bien.
Je tente de me calmer.
-Et ils ne vont pas m'emmener ?
-Qui cela, Monsieur ?
-Les policiers !
Elle éclate de rire.
-Voyons, pourquoi donc ? On n'appelle pas la police pour un arrêt cardiaque !
-Même quand on se rend régulièrement en Inde pour gérer des importations de thé ?
- Est-ce qu'il est illégal maintenant d'importer du thé ?
Elle secoue tendrement la tête, amusée, et commence à border mon lit.
-Reposez-vous. Ca va aller. Voilà, doucement.
Son parfum entêtant parvient jusqu'à mes narines. En repositionnant mes coussins, elle s'approche
de mon oreille, la mord jusqu'au sang, et susurre à l'intérieur :
-Le thé, Monsieur, est servi ici toutes les deux heures.
Les dents acérées.


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