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balearic shearwater in Brittany 2012 update PDF


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Nom original: balearic shearwater in Brittany 2012 update.pdf
Titre: pennarbed 189
Auteur: BC

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pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page1

s

Abondance de puffins
des Baléares en 2012
entre l’estuaire
de la Loire et le littoral
occidental
du Cotentin

Mark Darlaston

Laurent THÉBAULT & Pierre YÉSOU

es puffins des Baléares nichent dans
L
les îles qui leur donnent leur nom. À
l’issue de la période de reproduction, ils
entament une migration vers l’Atlantique
et la Manche. Les eaux bretonnes accueillent annuellement une part non négligeable de la population de ce puffin. C’est le
seul oiseau marin d’Europe classé « en
danger critique d’extinction » sur la Liste
rouge de l’Union internationale pour la
conservation de la nature (BirdLife
International 2013). Une présentation de
l’espèce précédera celle de son statut dans
les eaux armoricaines, puis seront détail-

lées les particularités des observations de
l’année 2012.

Une espèce menacée
Le puffin des Baléares Puffinus
mauretanicus niche à Majorque, à Ibiza et
à Formentera, et en très faible nombre à
Minorque. Les nids se trouvent sous des
blocs de pierre, dans des fissures de
rocher ou des grottes, sur certaines
falaises des îles principales, mais surtout

1

Miguel McMinn

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page2

La grotte de Sa Cella, sur le littoral de Majorque, abrite la plus importante colonie connue de puffins des Baléares.

sur leurs îlots satellites. Les sites de
nidification sont souvent inaccessibles :
aussi l’effectif reproducteur, environ 3 200
couples en 2009 (Arcos 2011), n’est pas
précisément connu et est sans doute sousestimé. Des comptages effectués en mer,
le long des côtes méditerranéennes
espagnoles et lors des passages
migratoires dans le détroit de Gibraltar,
indiquent que la population compte au
moins 25 000 individus (Arcos et al. 2012).
Des fossiles datant de quelques milliers
d’années montrent que l’espèce nichait
alors sur des sites plus accessibles à
l’intérieur des îles. L’arrivée de groupes
humains sur l’archipel a probablement
conduit au confinement des nicheurs sur
les sites littoraux peu accessibles, sous la
pression des prédateurs introduits par
l’homme (rats, chats et genettes). Ces
prédateurs, qui s’attaquent aux œufs et aux
poussins, restent une des principales
causes de déclin de l’espèce (Arcos,
2011).
Une autre cause de déclin est le
développement de la pêche professionnelle : elle entraîne une mortalité
directe et agit sur l’accès à la ressource

2

alimentaire. Plusieurs méthodes de pêche
(palangre, seine, filet) occasionnent des
captures accidentelles d’oiseaux, attirés
par les appâts fixés aux hameçons des
palangres ou pris dans les mailles en
tentant de capturer sardines et anchois
visés par les pêcheurs à la seine ou au filet.
Cette mortalité est relativement importante
en Méditerranée, où elle touche surtout les
adultes durant la période de reproduction.
Une telle mortalité est également notée sur
les côtes portugaises et affecte potentiellement des puffins de toutes les classes
d’âge (Arcos, 2011 ; Jones et al., 2014).
Ces métiers de pêche sont également
pratiqués sur les côtes françaises, y
compris dans des secteurs fréquentés par
les puffins des Baléares, mais leur éventuel
impact n’y a jamais été étudié. On sait
simplement que des puffins se prennent
parfois à l’hameçon de pêcheurs de loisirs
(Thébault, 2011).

A contrario, la pêche professionnelle,
particulièrement le chalutage, nourrit ces
oiseaux, tant par les rejets (espèces non
commerciales, déchets de poissons
éviscérés) que par les nombreux poissons
bleus (anchois, sardines, sprats) qui

Armel Deniau

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Puffin des Baléares, le 13 août 2009, près des Sept-Îles

s’échappent des mailles lors du virage du
chalut ou de la seine. Ceci au point que la
mise en place d’un moratoire sur la pêche
aux anchois près des Baléares a
occasionné une baisse de productivité
des puffins, qui faute de chalutiers
peinaient à nourrir leurs jeunes (Arcos &
Oro, 2012). De même, la pêche des
sardines au chalut pélagique a pendant
plusieurs années grandement facilité
l’estivage de milliers de puffins près des
côtes de Vendée (Le Mao & Yésou, 1993 ;
Yésou, 2005).

Jean-Luc Dourin

Prédation, mortalité dans les engins de
pêche, moindre accès à la ressource
alimentaire se combinent pour limiter la

Puffins des Anglais et des Baléares le
1er septembre 2011, dans l’estuaire de
la Vilaine

survie des adultes et leur capacité à élever
leur unique poussin jusqu’à l’envol. Le
déclin qui en résulte pourrait conduire
assez rapidement à la disparition de
l’espèce, selon l’estimation (Oro et al.,
2004) qu’a suivie BirdLife International
pour proposer à l’UICN de classer l’espèce
dans la catégorie « en danger critique
d’extinction » de sa Liste rouge mondiale
des espèces menacées, statut qui est
celui du puffin des Baléares depuis 2004.

Migration vers l’Atlantique
Les couples fréquentent les cavités de
nidification dès le milieu de l’automne, la
ponte a lieu en fin d’hiver et les jeunes
s’envolent en juin ou début juillet. En mai,
voire minoritairement dès avril, les oiseaux
non nicheurs (immatures, adultes n’ayant
pas niché ou ayant échoué dans leur
reproduction) entament le mouvement
annuel qui conduit l’espèce de la
Méditerranée vers l’Atlantique. Les
nicheurs et les jeunes fraîchement envolés
les suivent en juin-juillet. Une minorité
d’oiseaux reste à l’année en Méditerranée,
mais, pour la plupart, les puffins des
Baléares quittent cette mer au début de
l’été pour y revenir à partir de septembre

3

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(Mayol-Serra et al., 2000 ; Guilford et al.,
2012). Certains descendent vers le sud en
longeant les côtes marocaines. La
proportion d’oiseaux qui suivent cette voie
est inconnue, de même que leur aire de
répartition au large de l’Afrique : l’espèce
s’observe annuellement en très petit
nombre aussi au sud que Dakar, au
Sénégal. Mieux connue est la migration
vers le nord. Plusieurs milliers d’oiseaux
estivent le long des côtes du Portugal et
de la Galice. D’autres, également par
milliers, atteignent le golfe de Gascogne
et l’ouest de la Manche. L’espèce se fait
nettement plus rare, quoique régulière,
plus au nord : dans les années récentes
au plus quelques centaines en Manche
orientale, peut-être seulement par dizaines
en mer du Nord (parfois jusqu’en Écosse)
et autour de l’Irlande (Mayol-Serra et al.,
2000 ; Wynn & Yésou, 2007 ; Dubois et al.,
2012). Une particularité de la distribution
des puffins des Baléares est qu’ils
fréquentent surtout les eaux côtières
(essentiellement à moins de 20 km du
trait de côte, et souvent en vue du littoral),
quand la plupart des autres espèces de
puffins préfèrent la haute mer.

Le puffin des Baléares
en Bretagne :
données historiques
Le premier traité moderne sur le statut de
l’avifaune française (Mayaud, 1936)
définissait le statut du puffin des Baléares
comme « Migrateur : régulier et commun
au large des côtes françaises, de la
Somme à la baie d’Arcachon, surtout dans
le Sud de la Bretagne, de juin à septembre
(octobre). Rare en hiver (jusqu’à février) ».
Noël Mayaud savait par Louis Bureau,
conservateur du Muséum d’histoire
naturelle de Nantes, que l’espèce se
rencontrait en nombre au large du Croisic
et de l’estuaire de la Vilaine. Il avait
d’ailleurs précédemment écrit que
« remarquable est le fait que Puffinus
mauretanicus ne se rencontre guère sur
les côtes françaises que le long des côtes
du Sud de la Bretagne, où ces oiseaux sont
nombreux en été » (Mayaud, 1931) et que

Willy Raitière

Dans l’ouest de la France, les puffins
estivaient en grand nombre (jusqu’à 7 000
oiseaux) près des côtes de Vendée durant
les années 1980, mais s’y sont raréfiés
dans les années 1990 (Yésou, 2003).
Dans le même temps leur abondance
croissait plus au nord, particulièrement en
Manche occidentale (Wynn & Yésou,
2007). Cette évolution dans la répartition
de l’espèce coïncide avec le réchauffement
des eaux de surface dans le golfe de

Gascogne, réchauffement qui induit des
modifications tout au long de la chaîne
alimentaire, du plancton aux poissons et
aux prédateurs supérieurs qui, comme le
puffin des Baléares, se nourrissent de
poissons (Wynn et al., 2007 ; Luczak et al.,
2011). Cette évolution conduit un nombre
croissant de puffins des Baléares à
fréquenter les eaux bretonnes et normandes, au point de donner à ces régions
une responsabilité majeure dans la
conservation de l’espèce.

Puffin des Baléares

4

Armel Deniau

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page5

Puffins des Anglais et des Baléares, en juillet 2009, aux Sept-Îles

« pendant les quatre mois d’été, juin, juillet,
août, septembre, [l’espèce] est commune
au large des côtes Sud de la Bretagne »
(Mayaud, 1932). Plusieurs témoignages,
dont celui de Paul Géroudet (1954), ont
ensuite indiqué une relative abondance de
l’espèce à l’extrémité du Finistère, entre la
presqu’île de Crozon et la pointe du Raz.
En particulier, des groupes de quelques
centaines d’oiseaux en mue étaient
signalés en baie de Douarnenez dans les
années 1960 (Yésou, 2003).
C’est également vers la fin des années
1960 que s’est développé un engouement
pour l’ornithologie, et les amateurs se sont
rapidement structurés en associations
centralisant et publiant les observations (en
tout premier lieu, la Centrale ornithologique
bretonne et sa revue Ar Vran). Notre
connaissance du statut breton du puffin
des Baléares s’est alors progressivement
enrichie.
Dans un premier temps, les principales
observations ont continué à venir du Mor
Braz, cette portion d’océan comprise entre
la pointe de Quiberon, les îles d’Houat et
Hœdic, et la presqu’île guérandaise.
Plusieurs observations y font état de
chiffres très élevés, jusqu’à 4 000 oiseaux
ensemble fin septembre 1970 face au
Croisic (Recorbet, 1992). Puis les effectifs
recensés y ont fortement chuté et, malgré
des campagnes d’observation en bateau
et même une fois en hélicoptère, le millier
d’oiseaux ne fut jamais atteint entre 1987
et 2000 (Recorbet, 1998 ; Yésou, 2003).
Plus au nord sur le littoral atlantique, des
puffins des Baléares étaient régulièrement
notés, surtout à l’automne, sur les sites
d’observation de la migration des oiseaux
en mer, et particulièrement aux abords
de l’île d’Ouessant. Mais aucun chiffre
remarquable n’y a été enregistré.

L’espèce avait toujours été considérée
comme rare en Manche, et l’observation
de 500 oiseaux en juin 1955 près de Jersey
(Mayaud, 1957) a longtemps fait figure
d’exception. La première mention importante de l’espèce sur les côtes bretonnes
de la Manche date de 1972 : suite à une
tempête, environ 800 oiseaux étaient
observés le 30 juillet au cap Fréhel, puis
450 le lendemain et encore 300 le
surlendemain (Ar Vran 5, 1972, 141-142).
Par la suite, les animateurs-nature qui,
pour le compte de la SEPNB, recevaient
le public chaque été sur ce site y voyaient
très régulièrement l’espèce, mais avec de
bien moindres effectifs, au mieux quelques
dizaines par jour ; Yannick Bourgaut y
observa toutefois 3 200 oiseaux le 18
septembre 1983 (Liéron, 2000). Vers la
même période, la présence estivale du
puffin des Baléares est mise en évidence
dans la partie normande de la baie du
Mont-Saint-Michel. Les effectifs notés en
Manche vont s’accroître dans les années
1990, avec jusqu’à 2 250 en baie de SaintBrieuc et 2 000 en baie du Mont-SaintMichel en 1997 (Yésou, 2003).

Années 2000 :
un suivi plus soutenu
À l’aube du XXIe siècle, le statut du puffin
des Baléares était donc contrasté entre le
sud de la région, où les effectifs avaient
chuté, et le littoral de la Manche, où
l’espèce montrait des records d’abon dance. Dans le même temps, ces oiseaux
devenaient plus fréquents près des côtes
méridionales de l’Angleterre. Une mise
en commun des données françaises et
britanniques a permis de préciser le

5

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page6

phénomène (Wynn & Yésou, 2007) et de
le relier au réchauffement des eaux de
surface (Wynn et al., 2007 ; Luczak et al.,
2011).
Ce changement de répartition à l’échelle
régionale s’est produit alors que la
communauté ornithologique prenait
conscience de la fragilité de l’espèce : la
Commission européenne lui dédiait un
programme Life (Ruiz & Martí, 2004),
l’UICN la déclarait « en danger critique
d’extinction », et la responsabilité de la
France vis-à-vis de la conservation du
puffin des Baléares devenait manifeste
(Yésou et al., 2007).

Jean-Luc Dourin

C’est dans ce contexte que nous avons
contacté en 2009 les associations
ornithologiques de la Bretagne historique
(incluant la Loire-Atlantique) et de
Normandie pour leur proposer de
coordonner la collecte des observations de
cette espèce. Notre objectif était de
produire des synthèses annuelles dont
nous espérions qu’en précisant l’évolution
de l’abondance et de la répartition de
l’espèce, elles aideraient à organiser sa
conservation. L’accord a été immédiat et
général, et ces synthèses ont bénéficié de
la participation du Groupe ornithologique

normand (GONm), de Bretagne Vivante,
de la Centrale ornithologique bretonne
(GOB), du Groupe d’études ornithologiques des Côtes-d’Armor (GEOCA), de
l’équipe LPO de la réserve naturelle des
Sept-Îles, de l’Association naturaliste
d’Ouessant (ANO), du Groupe naturaliste
de Loire-Atlantique (GNLA), et de la LPO
Loire-Atlantique, ainsi que d’ornithologues
indépendants et d’agents d’établissements
publics (Parc naturel marin d’Iroise, Office
national de la chasse et de la faune
sauvage). Le hasard des calendriers a
fait que, dès la seconde année, et jusqu’en
2012, ces synthèses annuelles ont
bénéficié de la concomitance du programme Fame (Future of Atlantic marine
environment), projet interrégional européen
animé en France par la LPO avec
l’assistance financière de l’Agence des
aires marines protégées. En contractant
avec diverses associations régionales,
dont Bretagne Vivante, le GONm, le GOB
et le GEOCA, le programme Fame a
permis de renforcer les suivis sur des sites
particulièrement importants pour le puffin
des Baléares, comme le Mor Braz ou les
baies de Saint-Brieuc et du Mont-SaintMichel.

Envol de puffins des Baléares dans l’estuaire de la Vilaine en septembre 2009

6

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Les observations de 2009, 2010 et 2011
on fait l’objet de synthèses annuelles
(Yésou et al., 2011 ; Thébault et al., 2012 ;
Yésou & Thébault, 2013) ou pluri-annuelles
(Yésou et al., 2012). Elles ont également
fourni matière à des publications plus
détaillées à une échelle locale (Dourin,
2010 ; Thébault et al., 2010, Février et al.,
2011). Elles ont par ailleurs été intégrées
à une recherche scientifique internationale
qui a confirmé le bien-fondé du recours à
la « science participative » (contribution de
naturalistes amateurs, voire du grand
public, au recueil d’informations analysées
et valorisées par des biologistes professionnels) pour le suivi de l’évolution du
statut d’une espèce à la répartition très
côtière comme le puffin des Baléares
(Jones et al., 2014).
Nous allons maintenant présenter la
synthèse des observations collectées en
2012, quatrième année de ce suivi
collaboratif.

Observations 2012
Nous avons reçu 672 données qui, après
traitement (certaines données se rapportent
à des décomptes par tranches horaires sur

un même site), correspondent à 400
données opérationnelles provenant de 48
sites répartis dans les Côtes-d’Armor, le
Finistère, l’Ille-et-Vilaine, la Manche, le
Morbihan et la Loire-Atlantique [carte 1].
L’année s’ouvre sur l’observation de 4
oiseaux le 1er janvier en baie de SaintBrieuc. Le mois de janvier totalise 18
observations, provenant toutes de la
Manche à l’exception d’un oiseau le 10
janvier près d’Hoedic. Le groupe le plus
notable comptait 38 oiseaux en baie de
Saint-Brieuc le 29 janvier, les autres
observations concernant 1 à 8 individus.
Une seule observation a été réalisée en
février (6 oiseaux le 5 février face aux
falaises de Bréhec dans les Côtes
d’Armor), et aucune en mars [carte 2].
Le mois d’avril voit les premiers retours de
l’espèce sur le littoral atlantique : 2 à
Penmarch le 15, puis 3 les 19 et 21 avril
au Croisic. Le passage devient régulier dès
les premiers jours de mai (le 2 mai, 6
oiseaux passent devant les falaises de
Landunvez en 2 heures d’observation),
et le premier effectif de quelque importance
est signalé à Penmarch le 16 mai :
passage de 92 oiseaux en 1 h 30
d’observation. Mais aucun oiseau n’est
signalé en Manche durant le mois de mai
[carte 3].

[carte 1] Sites à partir desquels des observations du puffin des Baléares ont été
réalisées en 2012. Les observations faites à partir de sites proches de la limite
de deux départements ont parfois concerné le département voisin.

7

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page8

En juin [carte 4], presque toutes les données
proviennent du nord de la Bretagne
(Penmarch, mer d’Iroise, Manche), à
l’exception de deux observations au Croisic
en Loire-Atlantique : 26 en 3 heures
d’observation le 2 juin, et 303 en 3 heures
également le 14 juin. À Penmarch, le
passage s’observe régulièrement, avec
dans un premier temps une pointe à 15
oiseaux par heure le 7 juin. Des puffins
entrent alors en Manche, jusqu’aux îles
Chausey (5 le 12 juin) et à Granville (45
le 13 juin). Dans le même temps, les
premiers groupes importants s’observent
tant au sud de la région (303 oiseaux le 14
juin face au Croisic) qu’en Finistère (600
à Saint-Guénolé-Penmarch et 200 face
au Conquet le 11 juin) et en Manche (en
baie de Saint-Brieuc, 610 le 15 juin et 650
deux jours plus tard). Un effectif record à
l’échelle régionale est comptabilisé le 19
juin : en Finistère il y a un millier d’oiseaux
à la pointe de Corsen alors que 362
passent en 1 h 30 à la pointe de
Landunvez, et près du littoral du Cotentin
il y a 2 100 oiseaux à Carolles et 150 à
Saint-Pair-sur-Mer, soit au moins 3 250
puffins des Baléares présents simultanément dans la zone d’étude peu après la
mi-juin. Il y avait d’ailleurs peut-être près
de 4 000 oiseaux, en considérant que

De nombreuses données sont recueillies
en juillet [carte 5] sur l’ensemble des côtes,
concernant souvent un petit nombre
d’oiseaux, de l’unité à quelques dizaines.
Des effectifs plus importants sont notés au
large du Cotentin (900 le 30 juillet face aux
falaises de Carolles), en baie de SaintBrieuc (1 000 le 1er juillet puis seulement
200 à 300, mais à nouveau 900 oiseaux
le 20 juillet), à Plovan (500 le 29 juillet,
effectif important pour la baie d’Audierne,
qui de 2009 à 2011 avait fourni peu
d’observations de l’espèce), vers l’île de
Groix (200 en mer à l’ouest l’île le 10
juillet) et au Croisic (300 le 20 juillet, 920
le 24, 300 le 31).

[carte 2] Observations du puffin des
Baléares en janvier-février 2012

[carte 3] Observations du puffin des
Baléares en avril-mai 2012

[carte 4] Observations du puffin des
Baléares en juin 2012

[carte 5] Observations du puffin des
Baléares en juillet 2012

8

ceux comptés ailleurs à des dates proches
n’ont pas tous migré entre temps vers les
côtes recensées le 19 : en particulier, une
bonne partie des 650 oiseaux notés le 17
juin en baie de Saint-Brieuc s’y tenait
vraisemblablement le 19, ce site hébergeant encore 480 puffins le 22 juin.

Le mois d’août [carte 6] débute par
l’observation d’effectifs élevés dans les
îles Anglo-Normandes : 760 le 3 août à
Jersey où l’espèce sera observée tout le
mois (dont 238 le 22 et 344 le 29) et
encore en septembre avec 309 oiseaux le
25 (Myck Dryden, comm. pers. et site

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page9

www.trektellen.nl). Ailleurs en Manche, il
y a eu de 130 à 160 oiseaux en baie de
Lannion du 6 au 24 août, 300 à 500 en baie
de Saint-Brieuc du 24 juillet à la fin du mois,
et 134 oiseaux en déplacement étaient
notés en 4 h 15 d’observation le 31 août
sur le littoral de Brignogan. Sur la façade
atlantique, seul Le Croisic fournit des
effectifs notables : 410 à 430 oiseaux en
début de mois, 1 000 le 14 août, encore
309 le 29 août, puis 296 le 1er septembre.
[carte 6] Observations du puffin des
Baléares en août 2012

[carte 7] Observations du puffin des
Baléares en septembre 2012

[carte 8] Observations du puffin des
Baléares en octobre 2012

[carte 9] Observations du puffin des
Baléares en novembre 2012

Septembre est marqué par des concentrations d’oiseaux en trois secteurs [carte 7] :
le Mor Braz au sud, et les baies de SaintBrieuc et du Mont-Saint-Michel en Manche.
Les effectifs les plus élevés sont obtenus
entre le 14 et le 21 septembre, avec en
particulier 350 à Saint-Brieuc et 393 entre
Pénestin et Sarzeau le 14, puis 850 à
Barneville-Carteret le lendemain (soit au
moins près de 1 600 oiseaux dans la
région à ces dates), et surtout 2 779 entre
Damgan et Pénestin le 16, 2 200 à Carolles
le 17 (encore 1 400 sur ce site le 21) et 700
en baie de Saint-Brieuc le 18 (soit près de
5 000 oiseaux au total de ces sites), et
encore 1 500 à Saint-Brieuc le 21 août.
Outre les données de Pénestin et du littoral
proche, la fréquentation du Mor Braz par
l’espèce est illustrée par l’observation de
537 oiseaux lors d’une sortie en mer entre
le golfe du Morbihan et Hoedic le 22, puis
1 000 oiseaux près d’Hoedic le 27
septembre.
Les effectifs présents en Manche déclinent
fortement en octobre [carte 8] : après 100
oiseaux le 1er octobre en baie de SaintBrieuc, aucune donnée n’y dépasse 90.
Les seuls chiffres importants proviennent
de la pointe du Finistère : 1 000 le 5
octobre en baie de Douarnenez où 500
oiseaux sont encore présents le 23, et
également 1 000 oiseaux à Plougonvelin
le 13 octobre ; ces observations concer-

[carte 10] Observations du puffin des
Baléares en décembre 2012

9

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La fin de l’année [cartes 9 et 10] voit une
présence remarquable des puffins des
Baléares en baie de Douarnenez, avec de
nouveau 1 500 oiseaux le 30 novembre et
encore 800 le 11 décembre. Ailleurs le
passage est faible en novembre, quasi
inexistant en décembre. En Manche, trois
sites regroupent 15 oiseaux le 2 novembre,
il reste 2 oiseaux à Chausey le 6
novembre, 10 à Lannion le 30, puis 15 à
Roscoff le 1er décembre, 14 en deux points
des Côtes d’Armor le 9. Mais les effectifs
reprennent un peu d’ampleur en baie de
Saint-Brieuc en fin d’année : 89 le 21
décembre et 78 pour la Saint-Sylvestre
2012.

Jean-Luc Dourin

nent peut-être un seul et même groupe se
déplaçant en Iroise. Très peu d’observations plus au sud : 14 oiseaux sur trois
sites morbihannais le 16, 23 à Groix le 18,
10 à Hoedic le 30 octobre.

Puffin des Baléares en aout 2013, dans
l’estuaire de la Vilaine

Sans battre de record d’effectifs, l’année
2012 a confirmé le haut niveau de
fréquentation de la région par les puffins

10

Jean-Luc Dourin

Puffin des Baleares en septembre 2008,
en Vendée

Puffin des Baléares le 2 octobre 2011
dans l’estuaire de la Vilaine

Jean-Luc Dourin

En 2012 les premiers puffins des Baléares
sont arrivés en Bretagne mi-avril, et le
passage de migrateurs s’est fait régulier
à partir de début mai. Les arrivées se sont
renforcées en juin, et au moins 3 250
oiseaux étaient présents entre Loire et
Cotentin dans la seconde décade de juin.
En juillet et août les puffins étaient très
dispersés au sein de la zone d’étude, et
l’insuffisance de dénombrements simultanés n’a pas permis d’estimer précisément l’abondance de l’espèce à cette
période : au moins 2 000 oiseaux étaient
présents fin juillet, chiffre qui sous-estime
probablement la réalité. De nouvelles
arrivées se sont produites en septembre,
quand près de 5 000 oiseaux était
dénombrés entre le 16 et le 18. Octobre
voit classiquement le départ des oiseaux,
mais 2012 est marquée par deux
observations d’un millier d’individus en
baie de Douarnenez et à la sortie du goulet
de la rade de Brest. La fin de l’année se
caractérise par une abondance remarquable en baie de Douarnenez (1 500
oiseaux fin novembre, encore 800 le 11
décembre), et à un bien moindre degré en
baie de Saint-Brieuc. Ces observations
de 2012 mettent en relief plusieurs
évolutions dans le statut régional de
l’espèce.

Olivier Penard

Discussion

Puffin des Baléares en septembre
2012, dans l’estuaire de la Vilaine

Armel Deniau

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Puffin des Baléares le 23 juin 2010 près des Sept-Îles

des Baléares. En 2010, près de 6 600
oiseaux avaient été dénombrés fin juillet
(Thébault et al., 2012), puis en 2011 aux
alentours de 5 000 début septembre
(Yésou & Thébault, 2013). En 2012, les
plus hautes estimations simultanées sont
d’au moins 3 250 oiseaux fin juin, et près
de 5 000 peu après la mi-septembre.
Un des caractères remarquables des
observations de 2012 est leur précocité.
En commentant les données de 2009 et
2010, nous considérions comme précoce
l’apparition de forts effectifs début juillet :
en 2009, aucune observation en mai, pas
d’effectif important en juin ; en 2010, 5
oiseaux fin mai, puis plus de 500 en
Manche début juin. L’année 2011 montrait
une évolution vers des observations plus
précoces : premier migrateur mi-avril, 400
oiseaux au nord de la Bretagne début mai
(Yésou & Thébault, 2013). Les observations de 2012 montrent un patron
d’apparition de même type, avec les
premiers migrateurs mi-avril. Puis, si les
effectifs restent modestes en mai, ils
explosent peu après mi-juin : la présence
d’au moins 3 250 oiseaux à cette période
est un fait sans précédent pour les côtes
de Bretagne et du Cotentin. C’est
également un fait sans précédent pour
l’ensemble du littoral Manche-Atlantique
français. Quand l’espèce se concentrait au
large des côtes de Vendée, les plus forts
effectifs enregistrés en juin variaient entre

1 000 et 2 000 oiseaux (Yésou, 1986 ; Le
Mao & Yésou, 1993), et ailleurs en France
la littérature ne mentionne aucun effectif
supérieur en juin.
Un second point remarquable de l’année
2012 est la présence de centaines
d’oiseaux en baie de Douarnenez en fin
d’année. Ce stationnement va se prolonger
au cœur de l’hiver, signant le second cas
d’hivernage massif du puffin des Baléares
en Bretagne, après celui observé en 20082009 en baie de Saint-Brieuc (Pianalto et
al., 2013 ; Plestan et al., 2009). Rappelons
que l’espèce a longtemps conservé le
statut « rare en hiver » que lui donnait Noël
Mayaud en 1936. Dans les années 1980,
l’enquête pour le premier atlas de
répartition des oiseaux en hiver montrait
la présence de rares groupes ne
dépassant guère la dizaine d’oiseaux
(Yésou, 1991). La situation n’avait pas
évolué jusqu’en 2008, quand la présence
hivernale de centaines d’oiseaux fut une
grande surprise. L’hivernage 2012-2013 en
baie de Douarnenez renforce l’image d’une
présence accrue des puffins des Baléares
en Bretagne en hiver, d’autant que des
dizaines d’oiseaux, soit cinq à dix fois plus
que généralement, étaient également
présents en décembre en baie de SaintBrieuc.
Le troisième point remarquable des
observations de 2012 est leur distribution.

11

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page12

Certes, les effectifs les plus élevés
continuent à venir, pour partie, de secteurs
précédemment identifiés comme importants pour l’espèce : Mor Braz, littoral
costarmoricain et particulièrement la baie
de Saint-Brieuc, golfe normand-breton et
surtout le littoral du Cotentin. Mais 2012 voit
aussi la mise en évidence d’un passage
notable au sud du Pays bigouden, la
présence de 500 oiseaux en baie
d’Audierne, d’un millier d’oiseaux à
plusieurs reprises à la pointe du Finistère
(baie de Douarnenez, Plougonvelin, pointe
de Corsen), et un effectif sans précédent
est signalé de Jersey.
Des publications récentes ont souligné
l’évolution du statut du puffin des Baléares
au nord de son aire de dispersion
internuptiale (Yésou, 2003 ; Wynn &
Yésou, 2007 ; Wynn et al., 2007). Les
observations que nous venons de
présenter renforcent cette évolution dans
le sens d’une présence plus précoce de
l’espèce, d’une abondance soutenue, et
d’une tendance à stationner plus tardivement à la pointe de la Bretagne et en
Manche. Dans le même temps, les
observations de 2012 soulignent combien
l’espèce est mobile et peut fréquenter en
nombre, ponctuellement ou pour des
stationnements de plusieurs mois, des
sites où elle n’était guère signalée les
années précédentes.
Ces informations, acquises grâce à la
bonne volonté d’un large réseau d’observateurs pour la plupart bénévoles,
soulignent la complexité de la mise en
œuvre de mesures de conservation en
faveur du puffin des Baléares : cette
espèce est très mobile, elle peut apparaître
en nombre là où elle était peu abondante
voire inconnue les années précédentes, et
sa période de présence s’allonge tant au
printemps qu’au cœur de l’hiver. Pour
suivre ces évolutions, et permettre ainsi
d’adapter les mesures de conservation, il
importe de pérenniser le réseau de suivi
mis en place depuis 2009. Il est
particulièrement souhaitable que l’Agence
des aires marines protégées, impliquée au
premier chef dans la conservation du puffin
des Baléares, apporte son soutien à la
coordination du réseau qui depuis 2009 a
fait la preuve de son efficacité. n
Remerciements. Cet article repose sur la confiance
que nous ont accordée les associations naturalistes
bretonnes et normandes, et sur les nombreux
bénévoles qui ont communiqué leurs observations. Il
convient de souligner également l’apport financier de
la Commission européenne au travers du programme
Interreg Fame.

12

Références
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action plan for the Balearic shearwater,
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Laurent THÉBAULT, Couign ar Fao, Kerlaudy,
29420 Plouénan
Pierre YÉSOU, ONCFS, 39 Boulevard AlbertEinstein, CS 42355, 44323 Nantes cedex 3

13

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page14

s

Premier suivi
télémétrique
de puffins des Baléares
capturés en mer
dans le Mor Braz
Amélie BOUÉ, Karine DELORD, Matthieu FORTIN, Henri
WEIMERSKIRCH, Sébastien DALLOYAU & Thierry MICOL

e puffin des Baléares est une espèce
L
classée « en danger critique d’extinction » au niveau mondial par l’UICN depuis
2004, et « vulnérable » au niveau français
(Liste rouge UICN France, mai 2011). Elle
se reproduit uniquement sur les îles
espagnoles de l’archipel des Baléares et
est observée en grand nombre le long des
côtes françaises après la reproduction, du
milieu du printemps à la fin de l’hiver
(Thébault et Yésou, 2014). Les oiseaux y
effectuent une partie de leur mue et
reconstituent leurs réserves énergétiques
avant de retourner sur leur site de reproduction.
Bien connue dans ses grandes lignes, la
migration du puffin des Baléares garde
cependant des zones d’ombre, concernant
notamment les trajets entre les zones de
stationnement et la dispersion des oiseaux
hors de vue des côtes. De plus, la
distribution de ces oiseaux s’est modifiée
avec une fréquence accrue en Manche,
notamment en Bretagne et au large de la
Cornouailles britannique (Wynn et al.,
2007 ; Luczak et al., 2011). Les côtes
françaises de la façade atlantique et de la
Manche sont aujourd’hui un secteur clé
pour l’espèce. Il devient dès lors fondamental de pouvoir déterminer assez
précisément la distribution, le cycle
saisonnier de présence et l’activité des
oiseaux à cette échelle de son aire de
répartition.
Dans le cadre du projet européen Interreg
FAME (Future of the Atlantic Marine
Environment), coordonné en France par la

14

LPO sur la période 2010-2014, plusieurs
actions ont cherché à approfondir les
connaissances sur le puffin des Baléares
(Boué et al., 2013). Le programme
présenté ici visait à recueillir des informations pouvant faciliter la prise en compte
des interactions entre puffins des Baléares
et activités humaines au sein d’aires
marines protégées, ceci dans le but
d’améliorer les mesures de protection de
l’espèce. Des balises satellitaires Argos ont
été placées sur des oiseaux capturés en
mer afin d’obtenir une information fine sur
leur activité et leurs déplacements. Il est
notamment utile de savoir si les puffins
changent de zones de stationnement
durant leur présence dans les eaux
françaises, et de suivre leurs déplacements
après leur mue.
Aucune capture en mer n’avait jusqu’alors
été réalisée sur l’espèce, en France ou
ailleurs. Ce type de capture nécessite la
conjonction de facteurs techniques et
biologiques précis (météo favorable pour
la navigation, oiseaux en stationnement
proche des côtes, etc.) et le respect d’un
cadre réglementaire strict concernant les
autorisations de capture et de manipulation
d’espèces protégées à des fins d’études
scientifiques.
En septembre 2011, une première tentative
de capture a eu lieu en baie de Lannion
dans le cadre d’une collaboration entre, le
GEOCA, la LPO et le CEBC-CNRS.
L’opération n’a pas débouché sur la
capture d’oiseaux, mais cette première
expérience a permis de mieux appré-

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Positions transmises pour les trois puffins des Baléares capturés en mer et équipés de balises Argos dans le secteur du Mor Braz en septembre 2012 : données
collectées entre le 20 septembre et le 2 novembre 2012. Trajet jaune : balise
n°120711. Trajet orange : balise n°120712. Trajet rouge : balise 120713. La présence de positions dans les terres indique l’imprécision de certaines mesures (l’espèce
reste en mer). De même, le survol apparent des terres en Galice et à Majorque
est un artefact : les positions successives sont reliées par une ligne droite, alors
que dans les faits les oiseaux contournent les côtes.

Méthode de capture

personnes. L’outil utilisé pour la capture est
une épuisette de grande taille, de type
épuisette à poisson. Deux modèles, de
diamètre 80 et 120 cm, ont été utilisés. La
poche, profonde, est constituée soit d’un
filet à maille large en nylon soit d’une
poche à faible maille en coton. La taille et
la nature des mailles ont été choisies de
manière à ne risquer aucune blessure sur
les oiseaux, ni par abrasion ni par foulure.
Aucun problème particulier n’a été
rencontré lors de l’utilisation de ces
épuisettes.

La capture a été effectuée depuis un
bateau de type semi-rigide d’une longueur
de 5,80 m dont l’équipage comptait 4

Une fois le comportement des oiseaux
appréhendé dans le cadre de sorties
préparatoires (calage des horaires et des
situations propices à la capture), la sortie
opérationnelle a eu lieu le 20 septembre

hender la problématique. Une nouvelle
tentative a été mise en œuvre en
septembre 2012 sur les côtes sud de la
Bretagne, dans le secteur du Mor Braz
(ensemble côtier compris entre Quiberon,
Belle-Île et Le Croisic), dans le cadre d’une
collaboration, soutenue par le programme
FAME, entre Bretagne Vivante, le CEBCCNRS et la LPO.

N° de
la balise
120713
120712
120711

Coordonnées
du lieu de capture
N 47°18’100’’
N 47°18’787’’
N 47°18’475’’

W 02°45’693’’
W 02 44’646’’
W 02°45’709’’

Date de pose
de la balise

Heure
de pose

20/09/2012
20/09/2012
20/09/2012

16 :01
16 :35
16 :59

Date de fin d’émission Poids de l’oiseau
de la balise
(en grammes)
22/10/2012
01/10/2012
02/11/2012

640
630
565

Stade de mue
Fin
Fin
Fin

Caractéristiques des localisations de capture en mer et des individus capturés (coordonnées géographiques en système WGS).

15

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page16

2012. Les oiseaux concernés étaient en
cours d’alimentation derrière un bateau
de pêche, ou en repos sur l’eau après
alimentation.

Karine Delord – CEBC-CNRS/FAME

Trois puffins des Baléares ont pu être
capturés et équipés de balises Argos. Ce
type d’appareil permet de connaître
quotidiennement et de façon précise leur

position grâce à un relais satellite. Chaque
oiseau a été équipé dès sa capture. La
manipulation et la pose de la balise ont
duré environ 5 minutes pour chaque
individu. Chaque oiseau a été relâché en
bonne santé et s’est envolé rapidement.
L’observation attentive de l’envol n’a pas
permis d’identifier de gêne associée à la

Karine Delord – CEBC-CNRS/FAME)

Concentration d’oiseaux marins autour d’un chalutier en pêche dans le secteur
du Mor Braz

Approche de l’équipe sur un groupe d’oiseaux marins en septembre 2012 dans
le Mor Braz

16

Henri Weimerskirch – CEBC-CNRS/FAME)

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Puffin des Baléares équipé en mer d’une balise Argos en septembre 2012

présence de la balise (photo ci-dessus).
Ces oiseaux étaient en mue, ce qui indique
qu’ils avaient plus d’un an : les jeunes de
l’année ne muent pas en automne.

Succès sur le plan
technique et acquisition
de données précieuses
La capture de trois oiseaux en septembre
2012 dans le Mor Braz a démontré que la
capture du puffin des Baléares en mer
est possible. Le tableau (p. 15) caractérise
les trois suivis effectués (coordonnées
des sites de capture, durée de chaque
suivi, etc.). Ces oiseaux ont dans un
premier temps effectué des déplacements
courts et cycliques correspondant aux
activités alimentaires quotidiennes et de
regroupement sur l’eau en période de
repos (carte p. 15). Cette relative
sédentarité tient peut-être à la mue des
grandes plumes des ailes, qui pourrait
limiter leur capacité de vol. Toutefois, une
mue active n’empêche pas les puffins des
Baléares de migrer le long de la péninsule
ibérique jusqu’en France, et les
déplacements restreints observée à l’issue
des captures peuvent aussi bien tenir à la
richesse trophique du Mor Braz, où les
puffins n’ont pas à chercher loin pour
rencontrer des chalutiers derrière lesquels
s’alimenter.

Une balise a rapidement cessé d’émettre,
alors que l’oiseau était toujours dans le Mor
Braz. En quittant ce secteur, les deux
autres individus équipés ont entamé une
migration rapide. Ils ont traversé le golfe
de Gascogne et longé la côte portugaise
où ils ont stationné quelques jours. Une
seconde balise a alors cessé d’émettre. Le
troisième oiseau est entré en Méditerranée
et a brièvement visité un secteur de
reproduction à Majorque. La migration de
retour vers les sites de reproduction peut
donc être rapide, puisque l’oiseau pour
lequel nous connaissons la totalité du
trajet migratoire est parti du Mor Braz le 15
octobre 2012 et était de retour en
Méditerranée dès le 27 octobre.
Cette expérience réussie a ouvert des
perspectives pour l’étude des déplacements des puffins des Baléares. Elle a
été renouvelée sur le même secteur en
2013, permettant l’équipement de 4
nouveaux individus. Nous espérons à
terme mieux préciser la manière dont les
oiseaux utilisent les secteurs qu’ils
fréquentent sur les côtes françaises, ainsi
que les conditions de leur retour vers la
Méditerranée. L’analyse croisée de
données sur les activités humaines au
sein des zones géographiques fréquentées
par les puffins des Baléares pourra
également aider à mieux interpréter les
possibles interactions entre ces oiseaux et
les activités humaines. De telles
connaissances devraient déboucher sur

17

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page18

des propositions concrètes de gestion,
particulièrement au sein des aires marines
protégées, afin d’optimiser la protection de
l’espèce dans les eaux de France
métropolitaine. n

Conservation Status WG Meeting 1.
http://acap.aq/index.php/fr/groupes-detravail/cat_view/128-english/59-workinggroups/397-population-and-conservation-statusworking-group/418-population-and-conservation
-status-wg-meeting-1

Remerciements

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RODRIGUEZ A., FAYET A., MAURICE L.,
JONES A. & MEIER R., 2012 – Geolocators
reveal migration and pre-breeding behaviour of
the Critically Endangered Balearic shearwater.
PLOS one, 7(3): e33753. doi:10.1371.

Cette note est une contribution du CNRS (CEBCChizé), de la LPO et de Bretagne Vivante à l’étude du
statut du puffin des Baléares dans le cadre du
programme Interreg FAME coordonné en France par
la LPO avec le soutien de l’Agence des aires marines
protégées. Elle a été réalisée suite à l’aimable
sollicitation de Pierre Yésou et Laurent Thébault afin
de compléter leur synthèse régionale annuelle 2012
des données de Puffin des Baléares.

Bibliographie
ARCOS J.M. (Coord.), 2011 – International
species action plan for the Balearic shearwater,
Puffinus mauretanicus. SEO/BirdLife & BirdLife
International.
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in Atlantic and Mediterranean areas. Document
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18

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Balearic shearwater through a trophic cascade.
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THÉBAULT L. et YÉSOU P., 2014 – Abondance
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WYNN R.B., JOSEY S.A., MARTIN A.P.,
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Amélie BOUÉ, Sébastien DALLOYAU,
Thierry MICOL : Ligue pour la Protection des
Oiseaux, Fonderies Royales, 8 rue du Dr Pujos,
17300 Rochefort-sur-Mer
Karine DELORD, Henri WEIMERSKIRCH :
Centre d’Etudes Biologiques de Chizé, CNRS,
79360 Villiers-en-Bois
Matthieu FORTIN : Bretagne Vivante, Réserve
naturelle des Marais de Séné, route de Brouel,
56860 Séné

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page19

s

Sites d’extraction
et d’utilisation des
granites et autres
roches du golfe
du Morbihan
Louis CHAURIS

u cours des siècles, d’innombrables
A
« perrières » ont extrait des granites
le long des rivages du Massif armoricain.
Ces exploitations offraient un double
atout : la roche, débarrassée par la mer
de son manteau d’altérites qui empâtent
les carrières ouvertes dans les terres, était
ici directement exploitable sans coûteux
travaux préparatoires de « découverte » ;
les pierres extraites pouvaient ensuite être
acheminées, parfois au loin, par voie
d’eau, évitant ainsi les pénibles charrois.
A fortiori, les îles constituaient des sites
privilégiés : qu’il suffise d’évoquer parmi
d’autres Chausey, La Colombière au
large de Saint-Jacut-de-La-Mer, Bréhat,
l’archipel de l’Île Grande, l’île de Batz…
Dans cette courte note sont présentés succinctement d’une part un aperçu des
anciennes carrières de granite ouvertes
dans le golfe du Morbihan, tant sur ses
rives que dans ses îles ; d’autre part
quelques annotations sur la mise en œuvre
de ces granites, données qui, jusqu’à ce
jour, ont été assez peu envisagées,
ouvrant ainsi un nouveau chapitre sur la
mise en valeur pluriséculaire de la frange
littorale de l’ouest de la France.

Éclairage lithologique
Le golfe du Morbihan est creusé dans un
complexe de roches métamorphiques,
essentiellement des formations gneissiques, voire migmatitiques, accompagnées localement par des quartzites
graphitiques et des pyroxénites... Ce

complexe, plissé, est recoupé par des
intrusions granitiques pouvant être
regroupées en deux ensembles différents
(Barrois C., 1890, 1897 ; Cogné J. 1960 ;
Vidal P., 1980).
• L’extrémité orientale d’un vaste massif
connu sous le nom de Belz-Crac’h
(Chauris L., 2009) ou encore de Carnac,
s’étendant, sur près de 30 km selon la
direction ouest-nord-ouest/est-sud-est,
entre le Blavet et la rivière d’Auray,
ramification occidentale du golfe du
Morbihan. La roche, à grain fin, très
légèrement porphyroïde, à biotite (mica
noir), avec présence locale de cordiérite,
offre une teinte grisâtre à faible nuance
bleutée. Sa mise en place est rapportée
au début de l’orogenèse hercynienne, vers
360 millions d’années.
• Une série d’énormes filons (dykes), très
allongés suivant la direction nord-nordest/sud-sud-ouest, recoupe orthogonalement le complexe métamorphique. La
principale intrusion formant l’Île aux Moines
qui lui doit son allongement si caractéristique1, se prolonge vers le nord par la
pointe d’Arradon ; plusieurs autres
intrusions affleurent principalement dans
la partie occidentale du golfe (Île
Holavre…). La roche offre une teinte gris
blanc, un grain fin et serré. Sa mise en
place est rapportée à la fin de l’orogenèse
hercynienne, vers 290 millions d’années.
Les petits pointements qui affleurent sur
la côte septentrionale de la presqu’île de
Rhuys sont sans doute à rattacher à cette
venue, totalement différente du clair granite

1 - Les bras de la « croix » sont constitués par des formations métamorphiques épargnées par l’érosion.

19

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page20

feuilleté qui s’étire d’ouest en est dans
une partie de ladite presqu’île.

Anciennes carrières
L’extraction du granite a cessé depuis
longtemps dans le golfe du Morbihan,
passant ainsi dans le domaine silencieux
de l’archéologie industrielle. Schématiquement, les carrières abandonnées
peuvent être réparties en deux groupes.
Les petites exploitations ouvertes pour les
besoins locaux sur le littoral ou à sa
bordure immédiate sont parfois difficiles à
déceler aujourd’hui. À la pointe de
Kerpenhir, sur le côté occidental de l’entrée
du golfe, le granite de Crac’h a été extrait
sur l’estran même ; au Bilouri sur le rivage
méridional, petite carrière un peu audessus de l’estran ; à l’ouest de Lasné, sur
la rive orientale, extraction soulignée par
des gradins de taille ; dans la partie
occidentale de l’île Berder, exploitation
pour la construction d’une chaussée
d’accès. À la pointe de Ruault, une
ancienne carrière connue sous le nom de
« Toul-Cailloux » toponyme associant
curieusement breton et français (cf. p. 151
de Régent A., 1902).
Les grandes exploitations éventrent
largement les falaises littorales. La
principale carrière granitique du golfe était
ouverte à la pointe de Trech, à l’extrémité
septentrionale de l’Île aux Moines.
Quelques informations sont disponibles
sur ce site vers la fin du XIXe siècle
(Répertoire des carrières de pierre de taille
exploitées (en France) en 1889). La
carrière est alors exploitée par un nommé
Pasteyer. Sous un faible découvert – de
l’ordre de 1 m à 1,5 m, apparaît la masse
granitique saine, visible sur 10 à 15 mètres
de profondeur. L’abattage s’effectue à la
pince et à la mine. La roche est décrite
comme un « granite gris blanc ou nuancé
de rouge et de jaune, à grain fin et serré ».
Sa densité est de 2,6. Le prix du m3 sur
carrière est alors de 22 à 32 francs ; au port
voisin, de 24 à 34 francs. Une photographie
ancienne, non datée ((Beaulieu F. (de),
2011) suggère qu’au moins une douzaine
d’ouvriers travaillait sur le chantier. La
carrière était toujours en activité avant la
dernière guerre (Répertoire des carrières
et industries annexes, 1935) où est encore
cité le nom de Pasteyer (fils?). La date
d’arrêt des travaux ne nous est pas
connue. Quoi qu’il en soit, en 1976 (Essai

20

Microcarrière de granite près de la cale de
Bilouri (15/10/2009)

Les fronts de taille de la carrière de Lindin qui
livrait pour la construction un granite à grain
fin, sont progressivement envahis par la végétation (16/05/2001).

Minuscule carrière dans le granite à Lasné
(15/10/2009)

de nomenclature des carrières françaises,
1976), il est précisé que la situation de la
carrière dans un périmètre de site classé
rend peu probable une remise en activité.
Une autre carrière importante était
exploitée aussi à la fin du XIXe siècle

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page21

(Répertoire des carrières de pierre de taille
exploitées (en France) en 1889) par un
nommé Le Guen dans la partie nord-est
de la pointe d’Arradon à l’emplacement de
l’actuel port de plaisance. Elle fournissait
un granite de même qualité que celui de
l’Île aux Moines. La pointe d’Arradon était
déjà dénommée pointe « Perrier » en 1693
(Beaulieu F. (de), 2011) – ce qui suggère
l’ancienneté des extractions.

e

Située à proximité de l’Île aux Moines,
plus précisément à environ 300 mètres à
l’est de la carrière de la pointe du Trech,
la petite île Holavre (Enez Holavr),
appartenant à la commune de l’Île aux
Moines, a été, dans le passé, un site très
important de fabrication de pavés
granitiques ; l’intensité de l’extraction a
été telle au XIXe siècle que l’île a perdu
environ un tiers de sa superficie (Beaulieu
F. (de), 2011). Dans leur commentaire de
la carte géologique du Morbihan, parue en
1848, T. Lorieux et E. de Fourcy (Lorieux
T. et Fourcy E. de, 1848) écrivent que
« l’Île aux Souris » (Logoden) fournit du
pavé à la ville de Vannes pour une valeur
d’environ 10 000 francs. Or, d’après la
carte géologique, ladite île est constituée
de formations métamorphiques ; il
semblerait qu’il y ait eu confusion avec l’Île
Holavre, toute proche.

Au lieu-dit Lindin en Sarzeau, au sud-est
de l’Île aux Moines, une grande carrière de
granite à grain fin est aujourd’hui plus ou
moins envahie par la végétation.

Emplois prolongés
• Dès la Préhistoire. À l’évidence, en sus
des lieux cités (supra), le granite a été
recherché un peu partout dans les îlots
voisins et sur les rives du golfe ainsi que
l’attestent encore de nombreux mégalithes.
Parmi bien d’autres, évoquons, à l’Ile aux
Moines, le dolmen de Penhap ; en
presqu’île de Rhuys, le menhir de
Kermaillard à Sarzeau… Dans quelques
cas, on ne peut parler de carrière, mais
plutôt de ramassage de galets sur l’estran
(cairn de Bilgroix à Arzon)… L’abondance
des mégalithes en granite souligne que la
pierre ne manquait pas.
• Au Moyen Âge, l’abbaye de Saint-Gildasde-Rhuys confirme l’utilisation du granite
sans que l’on puisse indiquer avec
précision dans quelles perrières les
matériaux ont été extraits. Les pierres de
taille des contreforts de la façade
occidentale et des piliers ont mis en œuvre

é

De gauche à droite : menhir de Kermaillard (Sarzeau) en granite à grain fin. Desquamation locale
(22/04/2004) ; pilier granitique de la nef à Saint-Gildas-de-Rhuys (22/04/2004) ; cale du Bilouri
au nord de Kerners. Appel à un granite à grain fin de provenance proximale (15/10/2009).

21

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page22

un granite à grain fin extrait selon toute
probabilité dans les gisements de la partie
septentrionale de la presqu’île de Rhuys ;
on ne voit d’ailleurs pas pourquoi, à cette
époque, les bâtisseurs auraient été quérir
plus loin les granites dont ils disposaient
à proximité. La même provenance est
suggérée pour le granite à texture équante
employé à Suscinio – ce que confirme un
document cité par J. Kerhervé (Kerhervé
J., 2012) : « Les officiers de l’administration
locale (...) se servent en pierres sans payer
dans les carrières d’Arzon ».
• Ultérieurement, le granite a continué à
être exploité et qui, plus est, à être
« exporté ». Les continuateurs du Dictionnaire d’Ogée (1843) (Dictionnaire historique et géographique de la province de
Bretagne, 1979) indiquent, sans autre
précision, que le granite de l’Île aux Moines
« est recherché pour les constructions ».
La diffusion par mer de la pierre est
confirmée par la découverte en 1993, près
de la pointe méridionale de l’Île aux
Moines, de l’épave d’un navire avec un
important chargement de granite (Beaulieu
F. (de), 2011).
L’église de Sarzeau a été reconstruite de
1670 à 1683 ; appel a été fait pour la
pierre de taille à un granite à grain fin, de
nuance grisâtre passant au beige,

localement desquamé et alors de teinte
ocre par accentuation de l’altération
météorique (contreforts du clocher, portail
occidental…) en provenance, semble-t-il,
des carrières du nord-ouest de la presqu’île
de Rhuys. À Arzon, la pierre de taille de
l’église (1815) en granite gris à beige ocre
pourrait avoir la même origine. Selon F. de
Beaulieu, le granite du golfe (sans
précision) a été mis en œuvre pour le
phare de Port-Navalo, ainsi que pour la
basilique de Sainte-Anne-d’Auray. L’emploi
des pavés insulaires à Vannes a déjà été
évoqué. Sur les rives méridionales du
golfe, en presqu’île de Rhuys, les cales de
Bilouri, du Ruaud, du Logeo ont fait appel
au granite des environs. Toutefois, la
provenance du couronnement du parapet
de la partie « amont » du grand môle de
Port-Navalo, façonnée en grand appareil
dans un granite à grain fin, n’a pu encore
être précisée.
Le granite de l’Île aux Moines a eu une
diffusion régionale importante au XIXe
siècle (Répertoire des carrières de pierre
de taille exploitées (en France) en 1889)
en particulier pour les Travaux publics : à
Vannes, pont sur le ruisseau de Rohan,
viaduc de la rue de l’Amitié, quai du port ;
à Auray, également quai du port ; le même
granite a été utilisé pour la tablette du

Façade occidentale de l’église paroissiale de Sarzeau. Contreforts et portail en
pierres de taille façonnées dans un granite fin gris à ocre (26/04/2004).

22

F. de Beaulieu

La carrière
du Trech
à l’Île-aux-Moines
en 2009

collection particulière

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Les ouvriers
de la carrière
du Trech
à l’Île-aux-Moines,
vers 1900

À gauche : couronnement du parapet de la jetée de Saint-Jacques (partie « amont »)
en granite de l’Île aux Moines (21/04/2004) ; à droite : couronnement du parapet du môle de Billiers en granite de l’Île aux Moines (15/04/2009).

23

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• Le quartz, du fait de sa dureté et de son
inaltérabilité, a été longtemps apprécié
pour l’empierrement. Les Ponts et
Chaussées manifestaient naguère un
véritable engouement pour cette « pierre
blanche ». Des vestiges d’extraction sont
observables à Duer. Le quartz pouvait,
aussi, éventuellement, être utilisé çà et là
dans l’habitat. Des blocs épars à la surface
du sol ont été dressés au Néolithique
(menhirs en quartz de Penvins). Le
toponyme « La Pierre Blanche » à Porh
Brillac indique peut-être des extractions
portant sur un filon quartzeux ?

couronnement du môle de Billiers, à Port
Saint-Jacques en Sarzeau, pour les cales
de débarquement de la pointe de La
Mounienne à l’île d’Arz et de la pointe de
Penhap à l’Île aux Moines ; pour les
tourelles-balises de Kervoyal et de la pointe
de l’Île aux approches de l’embouchure de
la Vilaine… [1].
Ces quelques exemples qu’il eût été facile
de multiplier, attestent que les granites
du golfe du Morbihan, recherchés depuis
des millénaires et aujourd’hui délaissés,
marquent toujours de leur empreinte
durable l’environnement de ces sites
enchanteurs.

• Les phtanites, de teinte bleu-noir,
recoupés par des filonnets de quartz
blanchâtre constituaient aussi un bon
matériau d’empierrement, exploité dans le
carrière de Kerguet, transformée en
décharge. Parfois les phtanites pouvaient
être recherchées pour le bâtiment.

Aux abords du golfe
Le granite a été exploité dans le passé aux
environs d’Auray (carrière de Kerloc’h...).

• Les carrières ouvertes à environ 1 km au
SSE de La Lande du Matz, en bordure de
la D199, sont abandonnées et envahies
par la végétation ; elles s’échelonnent sur

Dans la presqu’île de Rhuys qui borde,
au sud, le Golfe du Morbihan, différentes
roches ont été également recherchées.

5

4

3

Manche

1

2

Auray

Bretagne

Vannes

Golfe du Morbihan

Arradon
e
Rivièr

Crac’h

Trech

Atlantique

Île Holavre

r
d’Au

Berder

ay

Île d’Arz
Penhap
Île aux Moines Golfe du
Bilgroix Bilouri
Morbihan
Kerpenhir
Ruaud
Port-Navalo

Arzon

Lasné

Lindin

Kermaillard

Sarzeau
Presqu’île de Rhuys

Billiers
Suscinio

Saint-Gildas
de-Rhuys

Saint-Jacques

Kervoyal

La Vilaine

Pointe de l’Île

1
2

MOR BRAZ

3
4
5
4 km

[1] Le golfe du Morbihan et ses abords. Seuls sont figurés les lieux cités dans le
texte. 1 - Intrusions granitiques tardives. 2 - Anciennes carrières de granite (selon
leur importance). 3 - Mégalithe. 4 - Mise en œuvre des granites du golfe (non distingués). 5 - Utilisation du granite de l’Île aux Moines. Dans le cartouche, carrières insulaires évoquées : 1 - Chausey. 2 - La Colombière. 3 - Bréhat. 4 - Île Grande.
5 - Île de Batz.

24

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Golfe du Morbihan
SaintColombier
La motte

Arzon

Kerbigot

1

Duer
Kerlin
Lande du Matz
Sarzeau
Kerguet

Saint-Gildas
de-Rhuys

2
3 km

MOR BRAZ

Carrières à l’intérieur de la presqu’île
de Rhuys. 1 - Commune. 2 - Carrière.

plus de 350 mètres. Elles exploitaient un
granite à grain fin, très fracturé, avec plans
de cassures brunâtres, intrusif dans des
micaschistes de qualité médiocre.
• L’immense carrière de Kerlin, à l’ouest de
Sarzeau, appartenant à l’entreprise
Charier, est actuellement en cours de
comblement. Elle extrayait, en trois niveaux
– sur une profondeur d’environ 45 mètres,
bien au-dessous du niveau de la mer – un
puissant complexe de migmatites à lits
quartzo-feldspathiques blanchâtres dans
une trame riche en biotite. Les filons de
granite à grain fin qui recoupent les
migmatites étaient également exploités.
Ces roches fournissant un excellent
matériau d’empierrement étaient utilisées
aussi pour les enrochements littoraux.
L’arrêt de l’extraction n’est pas dû à

La carrière de Kerguet, ouverte pour l’empierrement
dans des bancs de phtanite, est partiellement noyée
et en voie de comblement (16/05/2001).

l’épuisement du gisement, mais au fait
que les communes de la presqu’île,
recherchant un site où elles pourraient
déverser des matériaux inertes, avaient
estimé que la carrière de Kerlin pourrait
constituer l’emplacement désiré. En
contrepartie, l’entreprise Charier a été
autorisée à ouvrir une autre carrière, dans
des matériaux identiques, à environ 1 km
plus à l’ouest, au sud-ouest de Kerbigot,
site qualifié de « carrière naissante ».

À gauche, vue partielle de la profonde carrière de Kerlin (16/05/2001) ; à droite, carrière de Kerlin
en voie de comblement (14/10/2009).

25

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page26

• La carrière de La Motte, à environ 1 km
au sud-est de Saint-Colombier, a été
ouverte en 1990. Elle appartient à
l’entreprise EGTP, basée à Lorient et
rattachée au groupe Eiffage. La roche
extraite est un granite feuilleté, cataclastique à mylonitique, de teinte blanchâtre à
grisâtre, parcouru par de nombreuses
cassures obliques au feuilletage, qui
facilitent son concassage. Le granite de La
Motte est intrusif dans des micaschistes
brunâtres qui affleurent vers la partie
supérieure de la carrière. n

Bibliographie
BARROIS C., 1890, 1897 – Cartes géologiques
au 1/80 000 : « Vannes » et « Quiberon »
CHAURIS L., 2009 – Clin d’œil à l’Histoire. Le
granite méconnu de Belz-Crac’h (Morbihan).
Mém. Soc. polymathique du Morbihan, CXXXV,
p. 23-35.
BEAULIEU F. (de), 2011 – Dictionnaire du golfe
du Morbihan. Édit. Le Télégramme, 2011, 334 p.
COGNÉ J., 1960 – Schistes cristallins et granites
en Bretagne méridionale. Le domaine de
l’anticlinal de Cornouaille. Paris, Impr. nationale,
382 p. XXV pl.

Dictionnaire historique et géographique de la
province de Bretagne, 1843 – Nouvelle édition
revue et augmentée par MM. A. Marteville et P.

26

Varin. Tome I. cf. p. 372, Rennes, Molliex LibrEdit., Réimpr. J. Floch, Impr. Edit. Mayenne,1979.

Essai de nomenclature des carrières françaises
de roches de construction et de décoration.
Édit. Le Mausolée, 1976, 258 p.
KERHERVÉ J., 2012 – À l’ombre des tours du
château, les gestionnaires du domaine de Rhuys
à la fin du Moyen Age, in « Châteaux – modes
de vie au temps des ducs de Bretagne XIII-XVIe
siècle ». Presses Universitaires FrançoisRabelais à Tours et Presses Universitaires de
Rennes, 362 p., cf. p. 65-107.
LORIEUX T. et FOURCY E. de, 1848 – Carte
géologique du Morbihan Paris, Impr. nat., 157 p.
Répertoire des carrières de pierre de taille
exploitées (en France) en 1889. Paris, Librairie
polytechnique Baudry et Cie, Édit. 1890, 322 p.

Régent A., 1902 – La presqu’île de Rhuys,
Vannes, nouv. Édit. 1983, 448 p.).
Répertoire des carrières et industries annexes.
Édit. Mines et carrières, 1935, 314 p.
VIDAL P., 1980 – L’évolution polyorogénique du
Massif armoricain : apport de la géochronologie
et de la géochimie isotopique du strontium.
Mém. Soc. géol. minéral. Bretagne, n° 21,
162 p.
À l’exception de mentions contraires, toutes
les photographies sont de l’auteur.
Louis CHAURIS, directeur de recherche au
CNRS (retraité), chercheur associé au Centre
de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC)

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page27

s

Ripple-marks
cambro-ordoviciens
dans les grès d’Erquy
(Côtes-d’Armor)
Louis CHAURIS & Marie-Madeleine CHAURIS

’entreprise Manuel Mendès, apparteL
nant au groupe Graniouest, exploite
à Erquy une carrière de grès rose à rouge,

Par ses dimensions et sa beauté, la dalle
d’Erquy serait digne d’être exposée dans
un musée. Elle est le témoin éloquent de
ce que les géologues du XIXe siècle appelaient le « principe des causes actuelles ».
À Erquy, ce principe est immédiatement illustré par la présence, sur les grèves, de ripple-marks [2] identiques à ceux fossilisés
dans les grès du Paléozoïque inférieur. n
Louis CHAURIS et Marie-Madeleine
CHAURIS, 3 rue Goethe, 29200 Brest.
chaurislmm@orange.fr

[1] Vue partielle d’une dalle de grès d’Erquy avec
ripple-marks fossilisés

M.-M. Chauris

Lors de notre récent passage aux ateliers,
notre attention a été attirée par une dalle
en provenance d’un de ces blocs, présentant sur une face (environ trois mètres
de long sur un peu moins d’un mètre cinquante de large) une superbe succession
de ripple-marks (rides de plages) remarquablement conservés [1]. Ces figures de
sédimentation marine montrent un net
aspect dissymétrique avec alternance
répétée d’ondulations (sommets et creux),
chaque couple atteignant environ 55 cm
d’allongement. Le sommet des rides est
rose-beige ; le creux, rouge.

M.-M. Chauris

façonné comme pierre ornementale pour
mobilier d’intérieur et de jardin (cuisines,
tables, bancs, revêtements muraux…). Le
grès, d’âge cambro-ordovicien, se présente en bancs peu inclinés livrant de
longs blocs. Après sciage, un bloc de
trente tonnes permet d’obtenir une quarantaine de plaques.

[2] Ripple-marks actuels sur la grève d’Erquy

27

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page28

s

Contribution
à l’inventaire
du zooplancton
des eaux douces
du Finistère
Gérard BALVAY

’examen d’anciens prélèvements de
L
zooplancton que j’ai entrepris récemment a pour but d’améliorer la connaissance de la faune des Rotifères et des
Branchiopodes de la plupart des départements français. Cette collection conservée à la Station d’Hydrobiologie Lacustre
INRA à Thonon-les-Bains avait été rassemblée par Bernard Dussart, Directeur
de la Station de Recherches Lacustres
de Thonon de 1949 à 1957. Inexploité
jusqu’à présent cet ensemble de prélèvements concerne différents types de
milieux aquatiques : lacs, barrages,
étangs, marais, mares et flaques, ballastières et sablières, gravières, cours
d’eau, etc.

Ces données qualitatives sont relativement
anciennes (1955) mais inédites, faisant
un point, souvent partiel, à une période
donnée sur une partie d’une biocénose
aquatique, et pouvant compléter utilement
des données publiées par ailleurs. Elles
seront utiles dans l’avenir pour l’inventaire
et l’étude de la biodiversité locale,
départementale ou régionale, ou dans
l’évolution des milieux.
Les prélèvements examinés étaient fixés
au formol à 5 %, assurant une longue
conservation des organismes zooplanctoniques, sauf lorsque l’étanchéité des
flacons était déficiente, entraînant alors des
pertes d’informations plus ou moins
importantes.

Liste des taxons observés
Embranchement ROTIFÈRES
Brachionidés
Brachionus angularis Gosse, 1851 [1]
Brachionus calyciflorus f. anuraeiformis (Brehm, 1909)
Brachionus calyciflorus var. dorcas (Gosse, 1851)
Keratella cochlearis (Gosse, 1851) [2]
Euchlanidés
Euchlanis sp.
Trichocercidés
Trichocerca cf. (Diurella) similis (Wierzejski, 1893)
Synchaetidés
Polyarthra dolichoptera Idelson, 1925
Synchaeta sp.
Asplanchnidés
Asplanchna priodonta Gosse, 1850 [3]

28

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Embranchement ARTHROPODES
Classe CRUSTACÉS
Sous-classe Branchiopodes

G. Balvay

G. Balvay

Ordre Cténopodes
Sididés
Diaphanosoma brachyurum (Liévin, 1848)
Ordre Anomopodes
Daphniidés
Daphnia sp.
Bosminidés
Bosmina longirostris (O.F. Müller, 1785) [4]
Chydoridés
Alonella nana (Baird, 1843)

[2] Keratella cochlearis (0,2 mm). Rotifère très fréquent, cosmopolite et eurytherme, accompagné
ici par des colonies étoilées de la diatomée
Asterionella formosa.

G. Balvay

G. Balvay

[1] Brachionus angularis. Femelle ovigère (0,2 mm)
portant son œuf accroché à l’arrière de la lorica.

[3] Asplanchna priodonta, rotifère omnivore, très
transparent, montrant l’expulsion de l’embryon
par le pore uro-génital. Espèce typiquement
planctonique. Peut atteindre 1,5 mm.

[4] Bosmina longirostris. Les antennules rigides
de ce microcrustacé sont allongées en forme de
trompe en avant des antennes natatoires. Audessus du tube digestif rempli de phytoplancton, la chambre incubatrice dorsale renferme ici
deux œufs à développement immédiat.

29

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Liste des sites étudiés
Commune de Huelgoat
Réservoir SAINT-MICHEL
Coll. B. Dussart 9/09/1955
Carte Michelin 308/H4 (3°53 W-48°21 N).
Flacon sec d’où des difficultés d’identification entraînant un aperçu très partiel

de la composition de la biocénose.
Échantillon avec quelques particules
détritiques fines. Zooplancton rare et très
peu diversifié, caractérisé surtout par
Bosmina longirostris, et non représentatif
de la biocénose locale.

ROTIFÈRES
Brachionidés
Brachionus calyciflorus f. anuraeiformis (Brehm, 1909)
CRUSTACÉS
Daphniidés
Daphnia sp.
Bosminidés
Bosmina longirostris (O.F. Müller, 1785). Nombreux individus.
Commune de Rosporden
Étang de ROSPORDEN
Coll. B. Dussart 13/10/1955
Carte Michelin 308/I7 (3°49 W-47°58 N).
Flacon sec d’où des difficultés d’identification d’organismes plus ou moins

dégradés et un aperçu très partiel de la
composition de la biocénose. Échantillon
détritique à éléments de tailles variées
(fragments végétaux, restes de Bosmina,
Alonella). Zooplancton rare, non représentatif du site, caractérisé surtout par
Bosmina longirostris.

ROTIFÈRES
Brachionidés
Brachionus calyciflorus f. anuraeiformis (Brehm, 1909)
CRUSTACÉS
Daphniidés
Daphnia sp.
Bosminidés
Bosmina longirostris (O.F. Müller, 1785). Très nombreux individus.
Chydoridés
Alonella nana (Baird, 1843). Rares individus.
Commune de Riec-sur-Belon
Étang des KAOLINS
Coll. B. Dussart 10/09/1955
Carte Michelin 308/I7 (3°42 W-47°51 N).

Ancienne carrière de kaolin. Échantillon
assez détritique. Zooplancton peu
abondant mais assez diversifié et dominé
ici encore par Bosmina longirostris.

ROTIFÈRES
Brachionidés
Brachionus angularis Gosse, 1851. Rares individus.
Brachionus calyciflorus var. dorcas (Gosse, 1851)
Keratella cochlearis (Gosse, 1851)
Euchlanidés
Euchlanis sp.
Trichocercidés
Trichocerca cf. (Diurella) similis (Wierzejski, 1893). Rares individus.
Synchaetidés
Polyarthra dolichoptera Idelson, 1925
Synchaeta sp.
Asplanchnidés
Asplanchna priodonta Gosse, 1850. Rare

30

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CRUSTACÉS
Sididés
Diaphanosoma brachyurum (Liévin, 1848)
Bosminidés
Bosmina longirostris (O.F. Müller, 1785). Nombreux individus.
Chydoridés
Alonella nana (Baird, 1843). Rares individus.
Les espèces observées sont ubiquistes, à
caractéristiques thermophiles en raison
des périodes de récolte, voire eurythermes,
et susceptibles de vivre en eau saumâtre
(Brachionus angularis et B. calyciflorus).
Les sites précis des récoltes n’ont pas
été indiqués, mais il s’agit vraisemblablement de zones littorales plus ou moins
riches en macrophytes, biotopes
fréquentés par divers Rotifères comme
les Brachionus spp. et des microcrustacés
(Diaphanosoma et Alonella).

Les quelques espèces présentes se
rencontrent dans la plupart des différents
types de milieux d’eau douce dans toute
la France, mais elles sont loin de donner
un aperçu de la biodiversité réelle du
zooplancton tant dans les échantillons
examinés que dans le Finistère. n
Gérard BALVAY, Ancien Directeur de la Station
d’Hydrobiologie Lacustre INRA à Thonon-lesBains, Pré Riant A, 41 chemin de Froid Lieu,
74200 Thonon-les-Bains

31

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s

Quelques mentions
de la méduse
d’eau douce
Craspedacusta
sewerbii
en Loire-Atlantique
Pierre YÉSOU, Philippe BODINEAU, François MEURGEY
& Didier MONTFORT

a méduse d’eau douce Craspedacusta
L
sowerbii Lankester 1880 (l’orthographe
fautive sowerbyi se rencontre également
dans la littérature : voir Turquin 2010 pour
un historique de la nomenclature), dont le
diamètre n’excède pas 2 cm et qui n’est
pas urticante, est originaire du bassin du
Yangsté en Chine. Elle a été introduite en
de nombreuses régions du globe, dans
des stations aux caractéristiques variées :
tempérées ou tropicales, cours d’eau ou
plans d’eau fermés (voir par exemple
Parent, 1982 ; Silan, 1988 ; Turquin, 2010 ;
Granereau & Cahuzac, 2013). En Europe
occidentale, la première mention de cette
petite méduse remonte à 1880 : elle avait
été trouvée à Londres, dans des bassins
de plantes exotiques (Parent 1982). C’est
la seule espèce de méduse dulçaquicole
en Europe, où elle est assez largement
répartie. Elle y est suffisamment installée
pour figurer dans la liste des espèces exotiques envahissantes (DAISIE, 2009),
sans toutefois causer d’autre perturbation
qu’une éventuelle appréhension du public
quand de brèves efflorescences de centaines ou de milliers de méduses viennent
ponctuellement modifier l’aspect de l’eau
(Germain 1934). De telles efflorescences
sont parfois relayées par la presse
(Turquin, 2010 ; voir par exemple Nin,
2013).

En France, l’espèce a été signalée à Lyon
dès la fin du XIXe siècle, puis à Strasbourg
en 1909. Dans les deux cas il s’agissait
d’observations dans des bassins
d’acclimatation, parc zoologique puis

32

cavité gastrique
gonade

voile
tentacule

La méduse d’eau douce Craspedacusta
sowerbii Lank.

aquarium, où la méduse a pu être introduite
en même temps que des espèces élevées
ou cultivées. À partir de 1929, elle est
signalée en milieu naturel, cours d’eau,
canaux et étangs, d’abord dans le bassin
de la Garonne, puis dans ceux de la Loire,
de la Seine, du Rhône et du Rhin, ainsi
qu’en des points non reliés à ces grands
réseaux hydrographiques : sur le Têt,
fleuve côtier des Pyrénées-Orientales, sur
des étangs du littoral aquitain, dans une
carrière près de Cannes, ceci selon
l’inventaire dressé par Goy (1971). Pour
Turquin (2010), « quarante ans plus tard,
on compte les endroits où elle n’existe
pas ». Mais cette affirmation est exagérée,
au moins pour l’ouest de la France, et le
statut de cette méduse en France reste à
mettre à jour. Pierre Noël, du Département
Milieux et Peuplements Aquatiques du

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page33

Muséum National d’Histoire Naturelle,
nous informe qu’il prépare une cartographie départementale de l’espèce pour
le site internet de l’Inventaire National du
Patrimoine Naturel (P. Noël, comm. pers.,
septembre 2013).
Dans l’ouest de la France, cette méduse
est signalée en Mayenne dès 1933
(Germain 1934, 1936), puis en 1949 sur
le Thouet dans les Deux-Sèvres (M. de
Larambergue et R. Origny in Goy, 1971).
À ce jour, la littérature scientifique ne
mentionne aucune station plus occidentale.
Toutefois, des mentions communiquées à
P. Noël, dans le cadre de l’inventaire cité
plus haut, indiquent une présence de
l’espèce en Maine-et-Loire et en Vendée.
C’est dans ce contexte qu’en début d’été
2013 Philipe Bodineau est informé de la
présence de méduses sur le Don, dans le
bief du moulin de Beaujouet en limite de
la commune de Nozay en Loire-Atlantique.
Il y observe une quinzaine d’individus mijuillet 2013. Cette information est transmise
à P. Noël, qui nous répond que c’est la
première mention de l’espèce portée à sa
connaissance pour la Loire-Atlantique. Il
existe cependant quelques mentions
antérieures pour ce département, mais
elles n’ont été que peu ou pas diffusées.
En particulier, une synthèse rédigée par
l’administration régionale chargée de
l’environnement (DRAE, 1986) signalait
la « présence d’une méduse d’eau douce
très rare (Craspedacusta sowerbii) » dans
le plan d’eau de la carrière de la RocheBalue à Bouguenais et donnait comme
source : « Etude Chépeau, 1981. Les
anciennes carrières de Loire-Atlantique »,
document auquel nous n’avons pas eu
accès. Les pompiers y avaient signalé à
D. Montfort la présence de ces méduses,
qu’ils rencontraient lors d’entraînements à
la plongée. L’inventaire de la DRAE (1986)
citait également la présence de l’espèce
dans une ancienne carrière de Chalonnessur-Loire, en Maine-et-Loire. En LoireAtlantique encore, l’espèce est par ailleurs
mentionnée de la carrière des Trous bleus
à Lavau-sur-Loire (observation D. Montfort
au milieu des années 1990), d’où elle a
peut-être disparu puisque ces plans d’eau
ont été totalement vidangés à l’occasion
d’une enquête criminelle (affaire Meilhon
en 2011). Plus récemment, le 13 juillet
2005, plusieurs individus ont été observés
par des usagers du plan d’eau d’Abbaretz
(plan d’eau de loisirs, face à la carrière),
qui ont signalé les méduses aux pompiers ;
ceux-ci ont contacté le Muséum d’histoire
naturelle de Nantes et François Meurgey

a alors pu y observer plusieurs autres
individus les trois jours suivants. Le 21
août 2007, il y notait à nouveau moins
d’une quinzaine d’individus. Par ailleurs,
F. Meurgey a également observé 15
individus le 16 juillet 2009 dans une
carrière en fin d’exploitation aux lieux-dits
Les Rivières à Nozay, et plusieurs individus
le 2 août 2009 dans la « mare Guimel »,
un plan d’eau le long de la route des
Estuaires, toujours près de Nozay. Enfin,
une observation a également été réalisée
à Gétigné durant l’été 2008, dans un étang
de l’ancienne mine d’uranium (Nicolas
Bonnet fide Emmanuel Douillard). De
l’ensemble de ces observations, il semble
que l’espèce affectionne les milieux
pionniers, gravelo-vaseux, parfois très
profonds et plutôt frais, sans beaucoup
de végétation. La mare Guimel fait toutefois
exception, une végétation d’hélophytes y
était assez développée lorsque les
méduses y ont été notées. Turquin (2010),
référence riche d’enseignements sur la
biologie de Craspedacusta sowerbii, avait
souligné que les carrières sont particulièrement favorables à l’espèce.

Craspedacusta sowerbii est donc présente
en Loire-Atlantique, au moins ponctuellement. Il est possible que sa répartition soit
plus large que rapporté ici. En effet,
l’espèce est connue pour être fréquemment répandue sous forme de polypes, qui
assurent une reproduction asexuée, alors
que la forme « méduse », mieux connue,
est moins fréquente (à noter qu’avant que
la relation ne soit clairement établie entre
la forme « méduse » et la forme « polype »
de l’espèce, le polype avait reçu le nom de
Microhydra ryderi ; Boulenger & Flower,
1928). Les polypes, qui dépassent
rarement 1 à 2 mm pour un diamètre de
0,25 mm (Larambergue 1945, Turquin
2010), sont peu perceptibles. Quant aux
méduses, leurs apparitions comme leurs
disparitions sont toujours soudaines. Leur
petite taille (12 à 20 mm) ne fait toutefois
pas obstacle à leur détection, au moins
occasionnellement, en particulier par les
pêcheurs, comme l’illustrent les multiples
témoignages postés sur divers sites
internet (recherche sur « méduse eau
douce » les 25 juillet et 1er décembre
2013). Toutefois, parmi ces témoignages
nous n’en avons pas remarqué en
provenance de Loire-Atlantique.
Et les naturalistes ? Ils ne semblent pas
rechercher particulièrement l’espèce, ce
qui peut contribuer au faible nombre
d’observations. Si cette note attise
l’attention de certains observateurs, ils

33

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page34

pourront contribuer à améliorer la
connaissance du statut de l’espèce en
communiquant leurs données au
MNHN (site de l’INPN, ou Pierre Noël à
pnoel@mnhn.fr). n
Remerciements. Cette note n’aurait pas vu le jour sans
l’amabilité de Madame Anne-Sophie Douet, du moulin
de Beaujouet à Nozay, qui a aimablement prévenu P.
Bodineau de la présence de méduses dans son bief.
Merci également à Philippe Clergeau, qui nous a mis
en contact avec Pierre Noël, et à ce dernier pour ses
informations.

Bibliographie
BOULENGER M.A. & FLOWER W. U.,
1928 – The Regent’s Park Medusa, Craspedacusta sowerbii, and its Identity with C.
(Microhydra) ryderi. Proceedings of the
Zoological Society of London, 98 (4) :
1005-1014.
DAISIE, 2009 – Handbook of Alien Species
in Europe. Springer Science. 399 p.
DRAE, 1986 – Principaux sites d’anciennes
carrières présentant un intérêt écologique.
Nantes, Délégation Régionale à l’Architecture et à l’Environnement des Pays de
Loire. 24 p.
GERMAIN H., 1934 – Sur la présence
d’une méduse, Craspedacusta sowerbii
Lankester, dans la Mayenne. Bull. Soc.
Zool. France 59 : 85-86.
GERMAIN H., 1936 – Une méduse d’eau
douce Craspedacusta sowerbii (Lankester).
Bull. Soc. Fr. Micr. 5 : 70-75.
GOY J., 1971 – La méduse Craspedacusta sowerbii Lankester 1880 en France.
Bull. Soc. Zool. France 96 : 17-22.

34

GRANEREAU G. & CAHUZAC B., 2013
– Nouvelles découvertes en Aquitaine de
la méduse d’eau douce Craspedacusta
sowerbii. Bull. Soc. Linn. Bordeaux, Tome
148, nouv. série n° 41 : 455-462.
LARAMBERGUE M. de., 1945. Remarques sur la biologie de Craspedacusta
sowerbii Lank. À propos de l’apparition
de méduses dans un aquarium à Lyon.
Bull. mens. Soc. Linn. Lyon 14 (2) : 13-18.
NIN F., 2013 – Sanguinet : des centaines
de méduses d’eau douce au Pas du Braou.
Sud-Ouest, édition du 23 août 2013 :
http://www.sudouest.fr/2013/08/23/sanguin
et-des-centaines-de-meduses-d-eaudouce-au-pas-du-braou-1149019-3452.php
(relevé le 01 décembre 2013).
PARENT H.P., 1982 – Une page d’histoire
des sciences contemporaine : un siècle
d’observations sur la méduse d’eau douce
Craspedacusta sowerbii Lank. Bull. mens.
Soc. Linnéenne Lyon 51 : 47-63.
SILAN P., 1988 – Une originalité dans
notre faune aquatique. Crapedacusta. La
méduse d’eau douce. Le Courrier de la
Nature 117 : 36-37.
TURQUIN M.J., 2010 – Progrès dans la
connaissance de la métagénèse chez
Craspedacusta sowerbii (= sowerbyi)
(Limnoméduse, Olindiidae). BourgogneNature 9-10 : 162-174.

Pierre YÉSOU & Philippe BODINEAU,
ONCFS, CS 42355, 44323 Nantes cedex 3
Didier MONTFORT, Grenongle, 44160 SainteReine-de-Bretagne
François MEURGEY, Muséum d’histoire
naturelle, 12 rue Voltaire, 44000 Nantes



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•••notes de lecture••••••••••••

MINÉRAUX DE BRETAGNE

QU’EST-CE QUE L’HISTOIRE
ENVIRONNEMENTALE ?

Il fallait l’expérience exceptionnelle de Louis
Chauris (auteur en un demi-siècle de 158 des
675 références de la bibliographie) pour rédiger
Minéraux de Bretagne. C’est en effet à la fois
le catalogue complet des minéraux de la région
mais aussi une histoire de la minéralogie
bretonne et de l’exploitation minière. À côté des
magnifiques photographies d’échantillons
réalisées par l’éditeur, de multiples documents
anciens et des cartes permettent d’aborder le
sujet même sans être un spécialiste. Ce sera en
tout cas désormais l’irremplaçable bible de
tous ceux qui veulent partir à la découverte
des minéraux bretons en partageant la belle
définition de la minéralogie que donne l’auteur :
« c’est une science d’observation dont le but est
de mieux saisir la genèse des minéraux et par
suite l’histoire de la Terre, non un pillage des
sites. Elle doit conduire naturellement, à
admirer, à interpréter, voire à méditer, non à
détruire ! »

Les éditions Champ Vallon ont courageusement
lancé une collection consacrée à l’histoire de
l’environnement. Après un large état des lieux
collectif concernant notre pays et publié sous
le titre Une protection de l’environnement à la
française ? (2013, 345 p., 25 euros), elles nous
proposent une brillante synthèse écrite par
Grégory Quenet, l’un des meilleurs spécialistes
français, « Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? ». L’histoire environnementale,
fondée dans les années 1970 aux États-Unis,
propose la relecture critique qui s’impose pour
découvrir les profondes interactions expliquant
la crise écologique actuelle. Un bel exercice de
salubrité intellectuelle, une belle contribution à
la construction des choix collectifs auxquels
nous sommes confrontés.
Ce travail qui s’inscrit directement dans le
développement des humanités environnementales (http://humanitesenvironnementales.fr/
fr/humanites-environnementales) sera précieux
pour tous ceux qui ont compris qu’une approche
unifiée était indispensable désormais pour
comprendre le fonctionnement des réseaux
associant les humains et les non-humains.

FdB

FdB

MINÉRAUX DE BRETAGNE
Louis Chauris
336 p., ÉDITIONS DU PIAT,
www.minerauxetfossiles.com, 36 euros

QU’EST-CE QUE L’HISTOIRE
ENVIRONNEMENTALE ?
Grégory Quenet
301 p., CHAMP VALLON, 23 euros

35

pennarbed 219_pennarbed 189 05/09/14 15:47 Page36

•••••notes de lecture•••••••••••

Le Courrier de l’environnement
de l’INRA
Le Courrier de l’environnement de l’INRA a été
créé en 1986 par Patrick Legrand, secrétaire
général de la Cellule environnement de l’INRA.
Cela fait donc 28 ans que les heureux abonnés
reçoivent cette revue passionnante et… gratuite.
En effet, le Courrier est adressé – gracieusement
– à ses destinataires (ils sont 15 000 aujourd’hui).
Il suffit d’en faire la demande.
Pour donner une idée du contenu qui aborde
toutes les problématiques de l’interface
agriculture-alimentation-environnement, on
peut évoquer le numéro 61, paru en 2011, qui
avait tout pour intéresser les naturalistes
bretons. On y trouvait, en effet des articles sur
la gestion des zones humides banales du
Finistère, les algues vertes (sujet que l’on a
retrouvé dans le n°63), la bernache du Canada
et même les vautours « à la croisée des
politiques de biodiversité, du tourisme, de
l’environnement et de l’agriculture ».
Faut-il ajouter, pour souligner encore plus
l’excellence du Courrier, qu’il porte régulièrement à la connaissance de ses lecteurs la
parution des numéros de Penn ar Bed ?
http://www7.inra.fr/lecourrier/
FdB

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