Rapport de JCC SN 02052016 PDF
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Le Premier secrétaire
Rapport présenté au secrétariat national
par le Premier secrétaire du Parti
socialiste, Jean-‐Christophe Cambadélis
Lundi 2 mai 2016
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Il s’agit moins de faire le bilan de la gauche au pouvoir, ne serait-‐ce
que parce que le quinquennat n’est pas achevé que d’en présenter une
première lecture pour mieux le comprendre. La politique du juste
équilibre doit avoir un jugement équilibré. Nous avons fait ce qui
devait être fait. Nous avons redressé tout en construisant de nouveaux
droits. Le désamour socialiste fut le prix à payer du redressement
national.
1-‐ Tout n’est pas parfait mais tout n’est pas mauvais
L’action de la gauche au pouvoir n’est pas parfaite. Comment le serait-‐
elle ? Mais il y a une vraie mauvaise foi à dire soit comme la droite que
rien n’a été fait, soit comme d’autres que tout est mauvais.
L’action de la gauche au pouvoir se heurte à un « vrai préjugé ». Il s’est
forgé hors de la réalité de l’action. Il suffit pour s’en convaincre de
mesurer chaque action gouvernementale prise individuellement. Elles
ont peut être été contestées, particulièrement à gauche. Elles ne sont
pas impopulaires, y compris le pacte de responsabilité. Seule la loi
« travail » a eu un préjugé défavorable, mais au final, elle a bien peu à
voir maintenant avec son projet de départ. Quant à la réforme
constitutionnelle, elle fut violemment rejetée par la gauche militante.
Mais les sondages n’ont malheureusement jamais été défavorables à la
déchéance.
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Pour le reste, la banque publique d’investissement, la réforme de
l’apprentissage, la mutuelle pour tous les salariés, la généralisation du
tiers –payant, la loi sur la transition énergétique, la prime d’activité, la
garantie de l’Etat contre les impayés de pensions alimentaires, le
logement, l’indépendance politique et budgétaire de l’audiovisuel
public voire l’encadrement plus strict du cumul des mandats. Toutes
ces mesures sont appréciées par les Français.
Mêmes les grandes mesures structurelles finissent par faire
consensus : le mariage pour tous, la nouvelle étape de décentralisation
avec l’instauration de 13 régions, la refondation de l’école, la baisse
des impôts ou le prélèvement à la source, la reforme des retraites,
la pénibilité, la loi sur la transition énergétique, les minimas sociaux
revalorisés de 10% ou les grandes décisions militaires au Mali, en
Centre Afrique ou en Syrie.
Et je n’évoque pas la COP21 ou la gestion des évènements dramatiques
de janvier et novembre 2015.
Il y a donc un contraste entre le soutien aux mesures et la mesure
de l’action gouvernementale.
Je ne balaie pas les grandes controverses du quinquennat : l’inversion
de la courbe du chômage ou le débat sur la politique de l’offre et de la
demande. Ces débats à gauche comme ceux initiés par la droite à
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propos du mariage pour tous ont rendu peu perceptible le travail de
fond de la gauche au pouvoir.
2-‐ Une série de quiproquos
L’élection présidentielle de 2012 fut marquée par un rejet
« interclassiste et politiquement pluriel » de Nicolas Sarkozy et de son
action. L’homme, tout autant que sa politique, était violemment
repoussé. Pour faire face à ce désamour, Nicolas Sarkozy a tenté de
réveiller le clivage droite-‐gauche dans la campagne. Celui-‐ci n’a pas
totalement fonctionné puisqu’il a été battu. Mais il a cristallisé la droite
sur des positions extrêmement dures qui ont pesé plus tard sur la
gauche au pouvoir.
En un mot, une grande partie de la droite voulait en finir avec Nicolas
Sarkozy mais ne voulait surtout pas de la gauche au pouvoir. Et les
mesures de gauche, mariage pour tous et hausse des impôts, ont
immédiatement réveillé l’antisocialisme qui avait été semé dans la
présidentielle.
Il est à noter que jamais sous la Vème République, le Président a eu à
ce point si peu de soutiens dans le camp adverse. Le procès en
légitimité classiquement instruit par la droite -‐ on se souvient du
lapsus du Ministre de l’économique et des finances et de l’industrie de
Nicolas Sarkozy, François Baroin, évoquant « l’arrivée par effraction de
Lionel Jospin au pouvoir » -‐ est devenu un rejet total et définitif. Quant
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à l’extrême droite, la gauche représente tout ce qu’elle déteste. Ce qui a
fait d’emblée 50% de l’électorat contre le président de la République et
ses gouvernements.
Dans le même temps, à gauche, un autre quiproquo s’est petit à petit
constitué. La présidentielle devait permettre d’effacer les années
Sarkozy et ses décisions libérales. En un mot, il s’agissait d’un
« retour » aux années Jospin si ce n’est Mitterrand.
L’affaiblissement de la France sur le plan européen, économique,
culturel voire international combiné à l’accélération de la
mondialisation et à la révolution de l’immatériel ont rendu impossible
tout « retour ».
La gauche voulait redistribuer là où il fallait redresser.
Une grande partie de la gauche fut prise au dépourvu par ce nouveau
paradigme qui voulait assainir avant de redistribuer. Le fait de ne pas
avoir expliqué à partir d’un constat commun du bilan de la droite a
couté fort cher à la gauche. D’autant que la promesse du redressement
économique et de l’emploi allait prendre du temps. La gauche a agit
dans l’urgence. Ce fut les raisons politiques de l’interrogation
conduisant à l’interpellation de plus en plus forte.
Le troisième et dernier quiproquo a porté sur la France apaisée. Dans
une France tenaillée par l’identité, rétive à la mondialisation et son
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ADN inégalitaire. L’inégalité créatrice chère aux anglo-‐saxon, heurte
les Français qui ne veulent pas être dépossédés de l’égalité régulatrice.
L’apaisement via une présidence normale est donc apparu comme
« hors sol » face aux défis de la France.
Il était juste de vouloir rompre avec l’hyperprésidence de Nicolas
Sarkozy et le thème a fait sens dans la présidentielle. Mais les Français
voulaient ou veulent une présidence impliquée qui incarne la
République, propose des solutions, trace un chemin.
Ce contresens fut total car les Français y ont vu l’image d’une France
affaiblie. D’abord face à l’Allemagne, ce qui fut le ressort de la
renégociation du traité européen à gauche. Face à l’islam ensuite, pour
la droite et l’extrême droite. Ce qui devait être un moyen pour une
nouvelle cohésion fut ressenti comme une dissolution, voire une
démission. La décision d’intervenir au Mali, la réaction aux attentats, la
COP21 produisirent des effets sondagiers éphémères. Mais le pays -‐
fragmenté, tripartisan, sceptique face à la mondialisation et au
relativisme du monde occidental attisé par le chômage de masse,
l’exclusion, la relégation, la précarisation de près de 8 millions de
Français -‐ ne peut durablement être rassemblé.
Le fait de ne pas subir une austérité comme l’Angleterre, l’Italie ou
l’Espagne voire la Grèce, ne fut pas ressenti comme une chance. La
France apaisée fut comprise comme acceptant son état. Alors que
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précisément la gauche engageait un profond effort de modernisation
tout en maintenant son modèle de protection.
Seul le redressement combinant l’assainissement sans austérité et le
renouveau productif était praticable. Il s’agissait de bâtir le renouveau
français sans renier notre modèle. François Hollande et Jean-‐Marc
Ayrault ont tenté cette explication qui n’a pas réussi à trouver son
chemin dans une partie de la gauche.
3-‐ L’urgence du redressement et le redressement dans
l’urgence
En 2012 la gauche a trouvé un pays affaibli dans sa capacité
productive, et des comptes publics profondément dégradés réduisant
quasiment à néant toutes les marges de manœuvres envisageables.
Les déficits publics filaient allégrement vers les 5,5% pour 2012. La
dette publique avait augmenté de 600 milliards d’euros en 5 ans, c’est-‐
à-‐dire de 50%. Le déficit structurel s’était constamment aggravé entre
2007 et 2011. La dépense publique en valeur avait progressé de 3,6 %
par an en moyenne de 2002 à 2012.
Les deux mandats de Jacques Chirac furent une catastrophe. Et Nicolas
Sarkozy élu sur la promesse d’enrayer le déclin n’en fit rien.
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La gauche avait parfaitement analysé les déficits. C’est la raison pour
laquelle, que ce soit dans les travaux préparatoires conduits par
Martine Aubry ou pendant la campagne de François Hollande, les
propositions furent mesurées. Seul le rythme du retour aux 3% de
déficit fut un objet réel de controverse dans la primaire de la gauche.
Par contre, l’ampleur de la désindustrialisation fut, elle, sous évaluée.
Il a fallu, outre les plans sociaux remis à l’après présidentielle qui ont
pesé lourd dans le climat, le rapport Gallois pour constater que
l’industrie pesait deux fois moins qu’en 1970.
Le gouvernement de Jean-‐Marc Ayrault dû dans l’urgence décider de
restaurer nos capacités productives fondamentales pour que notre
pays commence à créer de la richesse nécessaire à la croissance tout
en redressant les comptes publics et en modernisant notre modèle
pour qu’il soit fidèle à sa promesse de solidarité.
Cette urgence a heurté de plein fouet nombre d’espérances sociales et
d’idées économiques classiques à gauche.
Nos gouvernements ont voulu traiter toutes les grandes crises de la
société et de l’économie française qui plombaient l’avenir. Ils ont dû
donc le faire en même temps pour la crise financière, d’abord
américaine puis européenne, qui a profondément dégradé nos grands
équilibres ; la crise industrielle, avec le défaut de compétitivité pour
toute l’économie qui en découle ; la crise européenne, qui a amené
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l’Union à réduire avant tous les déficits publics alors que le soutien à
l’investissement était prioritaire.
Nous avons voulu éviter un triple piège, le tout-‐réduction des
déficits, le tout-‐politique de l’offre, le tout-‐politique de la relance,
qui auraient été autant d’impasses. Mais notre politique, de ce
fait, a perdu en lisibilité. Elle a amené en effet, à mettre en œuvre des
compromis entre plusieurs objectifs dont aucun ne pouvait être
abandonné et dont personne à gauche, même parmi les plus critiques,
ne disait qu’ils n’étaient pas à prendre en compte dans le
redressement du pays dans la mondialisation.
Pour autant cette combinaison fut à gauche incomprise car peu
expliquée. Elle provoqua désarroi, scepticisme et l’abstention à
gauche, pendant que la radicalisation et l’exaspération à droite et à
l’extrême droite devenaient de plus en plus fortes.
De bipolaire, l’espace public devint très largement tripolaire.
Schématiquement trois tiers à 30%, potentiellement pour le Front
national, Les Républicains, le Parti socialiste et ses alliés, et 10% pour
l’extrême gauche.
La rigidité de l’opposition du Front national, des Républicains et de
l’extrême gauche combinée à l’abstention d’une partie de l’électorat de
la gauche, fit chuter vertigineusement l’exécutif dans les sondages.
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Les résultats électoraux lors des élections municipales et européennes
sanctionneront cette situation. Manuel Valls résuma ce moment dans
son discours d’investiture : « Trop de souffrances, pas assez
d’espérances, telle est la situation de la France ».
La presse se fit l’écho de cet état, accentuant l’effet rejet d’autant que
les oppositions dans le groupe socialiste -‐ 30 parlementaires sur 291-‐
et au Parti socialiste -‐ 30% au congrès -‐ firent image. Le départ des
ministres de l’Economie, de l’Education et de la Culture vint confirmer
à gauche le doute sur le cours de l’action gouvernementale.
L’année 2015 fut marquée par un lent redressement économique, la
fin de la critique sur l’amateurisme de l’exécutif suite aux événements
sanglants de janvier, la victoire de Frédéric Barbier à Montbéliard, le
net recul mais sans déroute aux élections départementales, le Congrès
du Parti socialiste, les élections régionales, le discours du Président de
la République au Congrès de Versailles, les premiers signes
encourageant sur le chômage, la COP21… Tout cela amorçait une
remontée qui fut stoppée net par la réforme constitutionnelle rendue
nécessaire par la recherche de l’union nationale contre le terrorisme.
La longue polémique sur la déchéance des binationaux, puis la
déchéance de nationalité, accentua la crise dans le monde militant à
gauche. Quant à la première mouture de la loi « travail », elle
déclencha une contestation sociale et d’une partie de la jeunesse. Cela
ne permis pas d’installer le renouveau français.
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4-‐ Le renouveau français
Restaurer la France ne pouvait se faire en restaurant celle d’hier mais
en construisant celle de demain.
La gauche a enrayé la spirale du déclin. Elle a enclenché celui du
renouveau.
Les chiffres d’abord... La croissance à plus de 1%. Nous sommes bien
loin de ceux de la droite. Les entreprises ont rétablit leurs marges
dépassant ou tutoyant celles de l’Allemagne. Les déficits ont décrus. Le
plus spectaculaire est celui de la sécurité sociale. Et tout est à
l’avenant. Au premier trimestre, le produit intérieur brut a progressé
de 0,5%. Et nous sommes déjà à 1% de croissance pour 2016. La
plupart des voyants passent au vert, l’investissement et la
consommation sont au rendez-‐vous de la croissance. Quant aux
derniers chiffres du chômage, ils sont spectaculaires, même s’ils
demandent à être confirmés.
Il ne s’agit pas de nier la baisse du prix du pétrole et de l’euro. Mais on
ne peut pas dire quand ça va mal, il n’y a pas de causes externes et
quand ça va mieux, il n’y a que des causes externes. Ajoutons que la
baisse de l’euro fut au cœur du discours d’investiture de Manuel Valls,
constatant, avec le Président, que les efforts des Français étaient
ruinés par l’euro fort.
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Le renouveau français est donc dans les chiffres mais pas dans les
têtes. Dans les chiffres, la France va mieux. C’est la France en mieux !
Les socialistes seront pleinement satisfaits lorsque le renouveau
français visible à l’international ou en Europe sera pleinement effectif
dans la vie quotidienne des Français.
Mais pour les socialistes, un nouveau cycle est en marche, il faut la
faire fructifier. Les solutions proposées par la droite républicaine sont
libérales. La radicalisation libérale de la droite pulvériserait un pays
encore en convalescence. La volonté de tout défaire jetterait le pays
dans la crispation sociale, voire l’explosion. Quant à celle de ne rien
faire, loin de protéger notre modèle social, elle précipiterait sa perte.
Enfin, personne ne peut croire que la France peut s’en sortir par le
souverainisme
xénophobe
de
l’extrême
droite
frontiste.
L’effondrement productif par la sortie de l’euro se combinerait à
l’explosion sociale due aux mesures xénophobes et la préférence
nationale.
Le renouveau français amorcé dans ce quinquennat sous les critiques,
les lazzi ou même les colères doit s’accomplir. Cela nécessite un
réformisme juste qui combine modernisation et protection.
Il ne s’agit pas de faire de l’autosatisfaction, de dire que tout est bien.
Mais de mesurer le chemin parcouru et d’en être fier. Il s’agit de
12
comprendre pourquoi les socialistes au pouvoir ont subit un tel
désamour qui fut le prix à payer du redressement national.
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