[2012] Le Survivant (Nouvelle) PDF


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Le Survivant
Nouvelle
- Juillet 2012 -

Contact : noctis_lucis@live.fr
1

La balle transperça de part et d'autre la tête d'une de ces
saletés de zombie qui s'approchaient dangereusement de sa
maison. Deux autres le suivaient, traînant les pieds, un tic
nerveux de la mâchoire les rendaient presque comiques. Oscar
Laporte leur réserva le même traitement, armé de son calibre
32. Une carabine Winchester. Idéale pour chasser ces créatures
revenues à la vie.
Il jeta encore un œil dans la rue, à présent déserte, et posa
son arme contre un mur. Il attrapa la planche qu'il avait enlevé
quelques minutes plus tôt et la cloua à nouveau avec les autres,
barricadant la fenêtre sans vitre.
J'espère que leurs copains ne seront pas attirés par les
détonations, pensa Oscar en se grattant derrière la tête. Il se
laissa tomber dans le canapé qui trônait au milieu du salon,
dans un long soupir. Il en avait assez de cette vie, mais il ne
pouvait pas en finir.
2

Elle ne pourrait pas s'en sortir sans lui.
Déjà qu'il ne pouvait pas la laisser seule avant que ce fichu
virus se propage en ville, comment aurait-il pu la laisser
déambuler parmi des milliers d'inconnus ?
Oscar fourra sa main dans un paquet de chips au paprika
traînant sur la petite table en face de lui. Il ne mangeait plus que
des cochonneries à présent. Si son médecin le voyait, il le
sermonnerait certainement en lui intimant de prendre garde à
son cholestérol. Mais cet emmerdeur était comme tous les
autres habitants de cette ville maintenant. Il l'avait croisé une
fois dans la rue, alors qu'il allait faucher à la supérette du coin
ce qui restait sur les étagères – avant que les rats ne bouffent les
dernières provisions du quartier.
Il attrapa le bouquin abîmé qu'il avait commencé quelques
jours auparavant. Le fléau de Stephen King. Toute la collection
de ces livres ornait une étagère du premier étage, mais jamais
par le passé il n'avait trouvé le temps de les lire. L'épaisseur lui
faisait peur. Depuis l'incident, chacun d'entre eux étaient passés
entre ses mains. Il ouvrit le livre, feuilleta quelques pages pour
retrouver le chapitre où il s'était arrêté, mais ses pensées
l'empêchèrent de se concentrer sur l'histoire.
Cela fait au moins deux semaines que je n'ai pas croisé de
survivants, s'inquiéta Oscar dans le silence.
Parfois, un homme ou une femme se perdait dans les
environs, à la recherche d'autres rescapés dans l'espoir d'obtenir
de l'aide. Oscar les invitait alors à trouver refuge chez lui dans
une humeur joviale. Il avait besoin de ces gens à l'esprit

3

embrouillé par les événements, dans l'espoir de les manipuler et
d'arriver à ses fins.
Un bruit attira son attention. Un grattement. Il se leva d'un
bond et avança sans hésitation jusqu'à la porte de la cave. Celleci était toujours verrouillée. Il attendit un instant. Quelque
chose cogna à plusieurs reprises et elle vibra avec violence,
essayant de s'ouvrir. Oscar patienta le temps que le vacarme
cesse, quelques minutes tout au plus. Cela arrivait deux ou trois
fois dans la journée. Lorsque ce fut terminé, il se dirigea dans la
cuisine et ouvrit le frigidaire. Il était surtout rempli de boissons
alcoolisées. Il en sortit une canette de bière qu'il décapsula et
qu'il porta à ses lèvres. Le liquide rafraîchissant dégoulina dans
sa gorge, ce qui lui fit un bien fou. En plus de ces morts-vivants
qui hantaient chaque recoin des rues, il était confronté à la plus
grande canicule que la région ait connu depuis ces dix dernières
années.
« Est-ce que quelqu'un m'entend ? »
Le cri lointain résonna jusqu'aux oreilles d'Oscar. Surpris –
ou peut-être pensait-il qu'il s'agissait du fruit de son
imagination –, il s'approcha de la porte donnant sur la rue et
examina celle-ci à travers le judas. Il ne vit rien pendant un
moment et puis une voix retentit à nouveau.
« Hé, ho ? Il y a quelqu'un ? »
Enfin... soupira Oscar, étirant un large sourire sur son visage
ridé.

4

Il déverrouilla la porte et sortit sur le perron pour aller à la
rencontre de l'inconnu qui s'égosillait à hurler, risquant
d'ameuter tous les cadavres ambulants de la ville.
« Silence malheureux, dit Oscar d'un geste de la main, tu as
envie de servir de repas à ces morfales ?
– Enfin quelqu'un, s'exclama un jeune-homme à la vue du
quinquagénaire qui venait d'apparaître sur le pas de la porte.
Vous êtes la première personne encore humaine que je
rencontre dans cette ville.
– Je suis même la dernière mon garçon ! Viens donc trouver
repos dans ma maison. J'ai de la bière et un peu de nourriture à
partager.
– Ce sera avec grand plaisir, Monsieur. »
Il rejoignit au pas de course l'entrée d'une grande maison
blanche, désireux de se reposer et de se retrouver avec
quelqu'un de vivant. Oscar ferma la porte défendue par de
nombreux verrous, une fois son nouveau visiteur à l'intérieur.
« Je m'appelle David Canet. Je ne suis pas d'ici.
– Moi c'est Oscar. J'ai toujours vécu dans cette ville.
– Vraiment ravi d'avoir croisé votre route Oscar » dit David
en lui serrant la main avec fougue.
Tu ne penseras plus de cette manière d'ici une dizaine de
minutes, Monsieur Canet qui n'est pas d'ici.
Oscar l'invita à s'asseoir sur le fauteuil en cuir et disparu
dans la cuisine un petit moment.
David examina le salon. La pièce était soigneusement
rangée. Il y avait des photos un peu partout sur les meubles et
accrochées aux murs. Il repéra la carabine qui était posée
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debout contre une tapisserie pâle et orangée et se dit qu'en
temps normal, cela l'aurait inquiété.
« Vous vivez seul ?
– On peut dire ça oui, cria Oscar de l'autre pièce. Ma famille
est morte lorsque le virus s'est propagé et je n'ai pas voulu
quitter ma maison ainsi que les souvenirs qu'elle renferme. J'ai
aménagé l'endroit afin de pouvoir y vivre en sécurité parmi ces
cannibales.
– Vous avez du courage. »
Oscar réapparut dans l'encadrement de la porte menant à la
cuisine, une bière à la main.
« Un brin de folie surtout ! Car il faut être cinglé pour vivre
dans ces conditions.
– Vous ne ressemblez pas à un type qui a perdu la tête.
– Merci du compliment. »
Oscar tendit une canette ouverte au jeune-homme qui
l'accepta sans rechigner. Il but une longue gorgée, puis une
seconde plus courte avant de la tenir posée sur son genou.
« Vous êtes bien arrangé, dit Oscar en montrant du doigt les
vêtements déchirés de David à certains endroits.
– Oui, je dois ceci à une chute d'un terril. Alors que je
voulais trouver refuge dans ses hauteurs, je me suis retrouvé
confronté à une bande de gamins transformés qui en voulait à
ma peau.
– Où comptiez-vous aller ensuite ? » demanda Oscar, plus
pour passer le temps que par curiosité. Il se moquait bien de son
invité et de ce qu'il pouvait raconter.

6

« Je me rendais dans la capitale. J'ai entendu parler d'un
camp de survivants.
– J'en ai entendu parler également.
– Vraiment ? Il existe bel et bien alors ?
– Je ne sais pas s'il est réel mais il faut être foutrement idiot
pour s'aventurer dans la ville qui à le taux de population le plus
élevé du pays.
– Je... je n'ai plus rien à perdre », bégaya David, la voix
tremblante, en baissant ses yeux brillants. Oscar aperçut une
larme couler le long de sa joue sale et balafrée. « Tous mes
proches sont morts dans d'horribles circonstances. »
Tu vas me faire pleurer, sale petit branleur.
David sentit sa tête tourner soudainement. Il voulut se lever,
se demandant ce qui lui arrivait, mais ses jambes ne réussirent
pas à le porter. Sa canette lui échappa des mains et alla se
renverser sur le carrelage où il s'écroula. Oscar sortit de sa
poche une plaquette de cachets incomplète qu'il jeta sur la
petite table. Un sourire embarrassé se dessina sur son visage.
« Je suis désolé, mais je n'ai pas le choix », dit Oscar en
attrapant les morceaux de cordes qui étaient posés sur une
armoire à proximité. Ils étaient toujours à portés de main, au
cas où.
Il lui ligota d'abord les bras et ensuite les pieds. Le cachet le
laisserait une bonne heure dans les vapes. Il en profita pour
prendre une douche et pour casser la croûte, comme si de rien
n'était, en attendant le bon moment.

7

Lorsqu'il revint dans le salon, les paupières de David étaient
encore fermées. Oscar regarda sa montre et en conclut que
l'heure s'était écoulée. Il porta le jeune-homme sur son épaule et
le trimbala jusque devant l'entrée du sous-sol où il le lâcha sans
ménagement. Oscar colla son oreille contre le bois châtain de la
porte. Pas un bruit. Elle s'était calmée et ne semblait plus dans
les parages. Il ouvrit la porte en grand et traîna sa victime
jusqu'au bord d'un long et étroit escalier qui plongeait dans
l'obscurité, avant de la pousser d'un coup de pied. David
dégringola en effectuant plusieurs roulades, marche après
marche. La douleur de la chute le réveilla.
Lorsque ses yeux s'entrouvrirent, il se trouvait dans un
endroit inconnu. Une lucarne en hauteur laissait filtrer la
lumière du soleil qui éclairait partiellement une petite pièce
jonchée de cartons et dont les murs en briques pourpres étaient
revêtus d'étagères improvisées. Son épaule le lança, il se l'était
luxée en tombant des escaliers.
Il entendit comme un grognement dans le fonds de la pièce.
Il voulut se relever mais compris que ses membres étaient liés
et qu'il ne pouvait faire aucun mouvement. Qu'est-ce qui se
passe bon sang ? pensa David, pris de panique.
« Oscar ! Qu'est-ce qui vous prends ? » hurla-t-il, sans savoir
si celui-ci l'entendait. C'est alors que le grognement se fit de
plus en plus fort... de plus en plus proche... et de plus en plus
menaçant. C'est d'abord l'odeur de décomposition qui l'alerta
sur sa situation. Il plissa les yeux afin de mieux distinguer ce
qui semblait se mouvoir en face de lui. Des cheveux couleurs
noirs de jais retombaient sur un visage en lambeau. Deux yeux
8

révulsés luisaient sous la lumière du soleil. Ils appartenaient à
une fillette d'à peine sept ans qui s'approchait en rampant. Elle
griffait le parquet avec ses ongles répugnants pour se traîner
dans sa direction. Elle dévoila ses dents moisies, tachées du
sang desséché de ses anciennes victimes.
Terrifié, David tenta de gesticuler dans tous les sens afin de
se libérer ou peut-être juste d'escalader les marches derrière lui.
Mais il se sentait affaibli et ses liens ne lui facilitaient pas la
tâche. L'enfant n'était plus qu'à un mètre de lui. Il se dit qu'il
pouvait se positionner de manière à utiliser ses pieds comme
d'une arme. Ainsi, il pourrait toujours lui envoyer un coup de
pompes dans les gencives si elle s'approchait de trop près. Il
était trop tard et la gamine lui était déjà montée dessus. Elle
mordit à travers ses vêtements, prenant une pleine bouchée de
la peau ensanglantée qui recouvrait son estomac. David hurla
de douleur, ce qui sembla agiter son assaillante comme un
requin à la simple vue du sang. Elle dévora d'autres parties de
son corps, extirpant plusieurs organes, attrapant ses intestins
dans sa petite mâchoire, avant qu'il ne succombe à ses
blessures.
Sur le pas de la porte, Oscar contemplait sa fille qui se
nourrissait, à la fois écœuré et soulagé.
Émilie ne peut pas se débrouiller toute seule dans ce monde
horrible. Je préfère rester ici pour poursuivre mon rôle de
père. Et puis, personne ne m'attends ailleurs... C'est sa mère
qui m'a demandé de jurer avant de mourir que je prendrais
soin de notre fille et que je serais toujours présent pour elle,
quoi qu'il puisse arriver.
9

Oscar referma la porte, étouffant les bruits d'os brisés et de
chairs déchiquetées. Il s'installa devant la fenêtre du salon et
détacha une planche qui le protégeait de l'extérieur. Dans le
silence, son regard balaya la rue plusieurs minutes. Tout était
calme dehors.
Combien de temps faudra-t-il avant qu'une autre personne
ne s'égare dans le coin ? Ma petite chérie a toujours faim...

FIN

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