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LIGNAGES 1 PDF


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Nom original: LIGNAGES 1.pdf
Titre: LIGNAGES 1
Auteur: Serge Marcel Roche

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Serge Marcel Roche

LIGNAGES 1

Dans un bonheur très vague
On allait au zoo
Sous les grandes façades de pierre
Méchantes, avec leurs airs sucrés.

1

Quels sont les mots restants
Dans ta mémoire vague :
Mots manteau communion
Kiosque et six jours de guerre,
Pas un regard aux magazines,
Sur les journaux,
Mais l’odeur du papier
Et tu passais devant,
Puis découpures de femmes habillées,
Recettes de cuisine, page triste des jeux,
Mot sommaire si tu t’en souviens,
Un ouvrage sauvé du feu, populaire,
Un lectures pour tous illustrées.
Une sorte ensemble d’énervement,
De tendresse.
La vie flottait à des étages
Derrière, loin. Les gens aussi.
Cherche-t-on et quoi à cet âge
Quand on se vêt d’habits frais
Le matin, après des nuits
Dont tu ne te souviens
Dans l’inconscience du drame,
Être à côté, aimer pourtant l’ici,
Pas d’autre monde ni d’autre vie
Que ce là suspendu à hauteur des mains.
Allions à l’école comme si
Pas d’hiver ni de pluie.
Ailleurs où étais-tu
Entre neuf et dix heures
Quand je parlais, non moi mais
La parole en leurs bouches grises
De béton,
Il n’a mémoire d’aucun visage
Dans l’enclos et toi-même
Au passage déjà tu l’oubliais.
Je m’étends sur des prés.
2

Rien ne manque mais
Nous ne sommes pas là
Toi et moi en forme différente,
Absents et pourtant tout est vrai,
Les ombres vont qui chantent
Vers une ressemblance dont
Elles n’ont pas idée,
Ce n’est qu’odeur des cantiques flottante
Et trainements de pieds,
Il n’attend rien pas même que ça finisse.
J’aurais aimé lire au sommaire
Plutôt que tes oracles des mots
Comme je te pense.
Nous jouions derrière le château,
Longuement dans l’indifférence,
A courir après des qui sont morts
Ou vieux, des qui sont oubliés
Entre les pages de ton livre,
En attente du feu,
Et moi parti depuis
Je me manque à chaque seconde,
Je suis toujours dans mon propre cœur,
Donc jouions et le jeu c’était
La fraîcheur de la terre, des caves,
Le ciment, ce qui avait l’allure
D’un ancien réservoir où nageaient
Des poissons dans l’eau sale.
L’on courait ridiculement
Dans un bonheur très vague
Et toi qui mesurais le temps
Pourquoi n’as-tu parlé,
Pour dire quoi il est vrai,
Qu’il est l’heure de rentrer,
Que la nuit tombe.

3

L’un avait des soldats de plomb
Dans la chambre feutrée, sans poussière,
Et sa mère marchait doucement,
−Formons les rangs pour la guerre
Sait-on d’où survient l’ennui,
D’entre les meubles, du tapis,
De l’autre étrange et laid
Jusqu’au mystère
Qui ouvrait soi-même la porte,
Une ombre avec des yeux cernés.
Toujours les rideaux tirés
En sorte de voilage un peu nuptial,
En climat de grisâtre virginité,
L’amour devait se faire
Quand il dort de l’autre côté
Et les lampes au salon
Dans un silence de veuvage.
Après tu m’as conduit jusqu’aux steppes lugubres,
Les cachées : décors de vitrine,
Parfums des grands magasins,
Là où les anges passent
En se moquant des humains,
Arrières de boutique
Et d’horribles bureaux,
Pour l’heure nous en étions
A cette prison de soi
Où l’on jouait des heures
En attente de quoi.
Tu me fais reposer.
Et puis ces longues traversées
De couloir au bout de rien,
Sans odeur, sans bruit.


4

Un dimanche aux États-Unis :
Longer le cimetière, tourner,
Flotter dans un entre-deux,
Un ciel bizarre, inhumain,
Descendre de voiture
Dans un bonheur très lointain,
Appréhension légère,
Monter les escayers,
Gravir le carrelage et
Quel que soit ton rang
Toujours rester derrière,
Le repas, la vaisselle, les voix,
Malgré tout c’est un monde,
Il y a de la lecture,
Des bandes dessinées
Et des revues de rien
Et l’on peut être là en étant à côté,
Il dit que c’était bien.
La ville est un soleil
Sur les trams,
Les arbres hideux.
Pourquoi n’as-tu pas dit
Que tout est gris et sale,
Que tout est vieux,
Qu’on fait semblant de vivre,
Que c’est interminable attente
Sans extase.
La ville est une place
Avec autour ses bancs
Et les marchands de fleurs,
−On ne parlait plus de la guerre
Les pas précipités
Dans les alcôves noires
Mouraient dans les rizières
Ou les maquis d’ailleurs,
Un manège tournait
Qui tourne encore
5

Au même endroit
Où l’on passait.
Il y avait des messieurs
A l’allure argentine
Et promenant leur chien
Ou qui tenaient un livre
Avec des gants de peau,
Ils marchaient faiblement
Près de l’eau sous un soleil éteint.
Tout se renverse
En lui et toi enveloppant
Les choses de ton silence
Qui fait qu’en apparence
Tu n’existes pas,
Aussi bien toi dans l’hideur
Que lumière ou trace,
Tu creuses ton chemin
Et tu me laisses seul.

Deux mondes incertains
Se croisent au coin de l’œil
Sans contour
Tant dans la chambre
Qu’en bord des quais lointains,
A l’aine qu’accostaient de longues
Péniches noires ou
Sous la verrière de la gare les trains,
Quand suivant un détour
Et les mouchures de la tapisserie,
Voir ne pas voir où tu me conduis.
Il est dit que ta parole est parole
Mais il ne se souvient de,

6

Sinon l’ombre quand on sortait.
Hachures. Être à côté.
Troublément croire
Que tu n’es pas où.
Non, pas savoir encore
Que les mots sont surface,
Crépi, grisure de temps.
Être en, soi peut-être
Qu’on ignore, dont ils ne
Prononcent que l’écorce
Du nom et leurs dents
Nous séparent, butions
Contre leurs dents-frontière,
Contre le mur des bouches,
Le tonnerre de ta voix.
Confusion des couleurs,
Existe un autre monde,
Ailleurs, obscurément perçu
Par touches de regard,
En-delà du plaisir de vaguer
Sur les lignes géographiques,
Les courbes du climat,
Quand d’avance l’on sait
Que toutes choses sont
Très loin derrière le rêve
Ou l’antériorité de la mémoire.
Marchions sous un soleil pendu
À hauteur de balcons, d’enseignes,
Soleil séchant le vent voulant
Sortir de nous, désir d’aller devant
Et de se rendre où, soif intimée
Par tant de lumière, hors,
Il pressentait qu’à portée de main
Est un autre décor,
Vivre à défaire nuées où tu te tiens.
7

Je crois qu’il te reproche ce silence
Et le bonheur très vague dans les rues,
Les attentes chez le pharmacien,
L’odeur des commerces,
Alors que tu es partout.
Ils jetaient par fausse fenêtre
Trousse et nu-pieds en plastique
Qui tombaient comme caillots de sang
Plutôt qu’ouvrir le songe au vrai ;
Fallait œuvrer pour voir honneur
Sur un carton de viande sèche
Où seul un signe du mystère
Était la fissure de l’encre
Et toi, taiseux, tu attendais
La sonnerie des anges
Ou la pluie.
Cour étroite, pareille,
L’on y creusait le pot,
L’on y thésaurisait l’agate,
Le bigarreau, des yeux vides,
Sans veine, l’on y oubliait quoi,
Qu’il y avait eu la nuit,
L’épouvante qu’on ne savait pas,
L’émoi des nerfs quand les sirènes,
Puis d’autres cris dans la blancheur,
D’autres morts, des palinodies,
Que c’était une vie de façades
À peindre par-dessus l’horreur.
Et les montées périphériques
Dans une paix teintée d’ennui,
À suivre le bas des murs,
L’ enclos des propriétés,
À cheminer là où l’on pisse
Non pas de l’autre côté,
On se faisait l’Observance,
8

On allait vers le Cimetière
Sans croiser beaucoup d’autos.
En retrait de soi-même, lui,
Toi là-haut plein d’opacité,
Non tienne mais celle des mots
Qu’on donne à ce qui est ignoré,
Gravissions le point du jour
Avec lenteur de pas, et toi
Entre débris de rire, boutures
De propos, étais comme un soleil
Nappant les dos.
Ah, le bonheur de rien,
Aller ainsi
Ou se tenir à table
Contre le soir.

D’un peu haut l’on voyait la plaine,
Presque le fruit des arbres, des murs blancs,
Le côté gris des choses aussi.
Le réel dormant dans l’oubli
Semblait une plaque de lumière
Posée jusque sur les monts,
Avec en-dessous des fusions
Et toi qu’on disait au ciel.
De là n’ouissions pas le bruit d’ailleurs,
Ce qui était derrière, la ville
Des vrais gens, mais les voix étouffées
D’une époque et d’ancêtres,
Les locos passant la barrière ou
Sur l’herbe le vent
Entre les cerisiers.
[C’était rouge d’un sang vicié,
Violet parfois comme violé
9

Sous les doigts, plein de rancune
Acide de ne pas savoir quoi,
Ne pas connaître qui,
D’attendre, choir en nos bouches,
Cueilli, d’être salive, ventre,
Douleur qu’apaise un peu de noix.
Finir ainsi et sans prière.]
Ne priait,
N’invoquait pas, sans compter
Qu’on ne parlait de la mère
Ou des saints mais de rien,
Un train saurait mieux faire
Et dire qu’il s’en va
Pendant qu’on nous clouait au vide,
À la colère, et toi
Dans ton affreux silence
Tu voyais tout,
Tu regardais.
Ton bâton me rassure.
Plutôt qu’entendre tomber
Des lunes d’entre leurs dents,
Passions les murs, ne sait comment,
Pour être en l’eau des flaques,
Des pourritures,
Traîner, sentir des odeurs nouvelles,
S’étendre corps et terre,
Trouver seul que tu es heureux
Même en bord d’égoût,
Sur des remuements d’air
Et la lenteur d’où, personne
Pour t’énoncer vraiment
Alors il faut aller soi-même,
Un jour voyager loin,
Par un train d’autre époque,
Jusqu’à des sables ternes,
Ne rien trouver qui vaille au ciel,
10

À la mer, aux là-bas,
S’encompagner de qui
Qu’on ne reverra pas,
Faire les poubelles en revenant
Sur le bord des villas,
Poser pour une photographie :
Toi, peut-être un reflet
Du corps des arbres
Et lui avec ses jambes grêles.
Es-tu si tu ne te dis pas.

Je me cache autant que tu fuis
Avec l’idée d’être né de moi
Il y a longtemps, hors du langage,
De la férocité,
Hors avant l’invention des villes,
Des fanfares et du sang,
Pas de souvenir d’expulsion,
De la jetée, du passage,
Il n’est aucun lieu traversé,
Tous deux nous nous absentons.
— Tu m’en veux.
Dire n’aimer pas la mer trop large
Et que je suis loin,
Ce n’est pas ça, un voile entre nous,
Des images,
C’est ton personnage qui joue
L’attente près des portes
S’inclinant.
Tu vas où tu ne sais,
Comme en ce temps
Conduit par l’obligation de vivre
Tu allais sachant ne sachant
Si le jour en vaut la peine,
11

Peut-être déjà pensant
Qu’à cet âge aussi bien
Tu pourrais ne rien faire,
Être là simplement
Sous les arbres
Près de l’eau,
Mais tu mens.
N’a souvenir des nuées
Ni du vent, ni des mots
Qu’on disait de toi
— Leurs mots
Dans un endroit très vague —
Et de pas même un peu de vérité,
De chaleur, qui l’eussent atteint.
C’est contre cela qu’il fuit,
Le devoir signer son pauvre nom d’ennui,
Écrire la date au dos de rien
— Il avait choisi les dessins sans doute
C’est ainsi que passe la route,
Toi, tu es son berger.
Un jour il s’en irait loin de ta face
Comme tu l’avais poussé hors de toi,
Séparé, il entrerait dans la colère,
Cherchant contre qui lutter,
Contre qui plaire.

Regardant ce qui reste d’avant,
Peu, pas même du nécessaire,
Étant sauf ce qui en soi
Demeure malgré tout
Caché très en-dessous
Des lignes saisonnières,
Enfouissé — ou quelques photos
Grises de la vacance d’être
12

En ce monde-là, on se clichait
Rien que de temps en temps —
Se dit que tu prends l’heur
Pour en faire quoi
Et de quel souvenir vivrons
Quand nous serons ailleurs
En le commun destin
Et quelles visions en la tienne
Aurons des maigres joies
Comme faire dans les allées
De risibles voyages en voiture à pédales.
Allions empropretés, coup serré du dimanche,
Sur un béton d’époque qui voulait oublier
Les grandes destructions, marcher en ayant l’air,
Parmi rosiers, pelouses, exotiques verrières
Et senteurs de crottin, rire mais peu
À guignol en ne comprenant rien
De ce théâtre — assis derrière —
C’est que nous devions nous enterrer
La mémoire des morts
Et des trains
[Toi si haut en-dedans, si loin,
Dans ton silence, seulement
Le cœur broyé et d’apparence éteint,
Tu pleurais de tendresse peut-être]
Allions, encore, de l’autre côté,
Comme si l’oubli là-bas,
L’espoir ou presque pas,
Comme on va à la gare, partions.
J’habiterai ta maison que je cherche.

13

LIGNAGES 1
Première mise en ligne par l’auteur
le 21 août 2014

Licence
Photographie de couverture
Collection Georges Vermard
Bibliothèque municipale de Lyon
Licence
Chemin tournant

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