Réfutation miracles scientifiques Coran Campbell Bucaille PDF


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Le Coran et La Bible à la lumière
de l’Histoire et de la Science
Extraits du livre du Dr. William CAMPBELL
(Éditions Farel, 1989, pp. 175-220)

Table des matières :
Quatrième section : Science et Révélation
I. La Science moderne, le Coran et la Bible : anticipation des connaissances
scientifiques
II. Les difficultés existent-elles dans le Coran ?
- Première partie :
La terre, les cieux et les jours de la création (6 ou 8)
- Deuxième partie : Pas de problèmes ?
Problèmes en anatomie, en embryologie et en génétique
- Troisième partie : Pas de problèmes ?
Allégories et histoire

1

Quatrième section
Science et Révélation
I. La Science moderne, le Coran et la Bible : anticipation des
connaissances scientifiques.
Nous venons de montrer, avec de nombreuses preuves à l’appui, que le texte du Coran
et celui de la Bible sont aujourd’hui pratiquement identiques à celui de leurs origines. Ils sont
donc dignes de foi. Ceci étant acquis, nous allons pouvoir aborder la question de la relation de
la science avec chacun d’eux. Il est cependant nécessaire de revenir un instant sur la question
des présupposés.
Petits « présupposés » en vue d’un accord
Aux chapitres I et II de la première section nous nous sommes intéressés aux grands
présupposés. L’anecdote authentique que je rapporte illustre le fait que nous élaborons tous
des postulats, de moindre importance et de moindre conséquence, pour mettre en accord
certains faits ou certaines idées.
Je m’étais rendu en Tunisie, par avion. A ma descente d’avion, je hélai un taxi pour
me conduire en ville. Pendant le trajet, j’engageai la discussion avec le chauffeur. A un
moment donné, il me demanda ce que je pensais du Coran.
« Eh bien, lui dis je, il déclare que les juifs n’ont pas tué Jésus, qu’ils ne l’ont pas
crucifié. D’après le Coran, Jésus ne mourut pas. La Bible affirme tout le contraire ! Non
seulement Jésus mourut, mais il mourut pour nos péchés, les vôtres et les miens. Si le Coran
sous-entend que Jésus est mort, mais qu’il n’est pas demeuré mort, je peux accepter ses
affirmations sur ce point, et nous n’aurons aucune divergence ! »
Il me répondit : « Votre démarche fait appel à la logique (vous admettez un
présupposé) pour expliquer autrement l’affirmation du Coran ». Il avait raison, et poursuivit en
réaffirmant, comme le font toujours les musulmans : « Non, Jésus ne mourut pas ! »
Je repris alors : « Comment comprenez-vous donc le verset dans lequel Dieu déclare :
`O Jésus, voici (inna)1 que je vais t’achever, et t’élever vers Moi’ (Sourate de la famille
d’Amram 3.55) ? N’indique-t-il pas que Jésus mourut avant de ressusciter ? »
Le chauffeur répondit : « Aaah, mais les déclarations qui suivent "inna" ne doivent pas
nécessairement être considérées comme suivant un ordre chronologique ».
Il me fut facile alors de lui rétorquer : « Mais vous venez de vous servir de la logique
(vous admettez un présupposé) ». Nous avons ri de bon cœur, car nous avions compris tous les
deux que nous avions agi de la même façon2.

J’ai évoqué ce souvenir parce que le Dr. Bucaille, dans son approche de la Bible interdit tout
type « d’explication » ou « de présupposé » qui permettrait de concilier deux textes qui, à
première vue, sembleraient se contredire. Mais quand il s’intéresse au Coran il fait ce que tout
1

Inna est un mot arabe qui traduit souvent par « En vérité » ; parfois il est omis par les traducteurs. Il met en
relief les mots qui le suivent.
2
Pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec le Coran, je signale qu’il y a d’autres versets qui parlent de mort de
Jésus. Ainsi la Sourate du Plateau servi (Al-Mā’ida) 5.117 met dans la bouche de Jésus ces paroles adressées à
Dieu : « Puis, quand tu m’as achevé, c’est Toi qui es resté leur surveillant. » (Notez le verbe passé). Pour
concilier ces versets avec celui qui affirme que Jésus ne mourut pas, les musulmans modifie la séquence
chronologique et disent que Jésus est monté au ciel, mais qu’il reviendra, convertira tout monde à l’Islam et
ensuite mourra.

2

homme fait et accepte des « présupposés », pour ses explications destinées à résoudre les
difficultés. Cette attitude est particulièrement évidente si on considère les points suivants.
Le Dr. Bucaille affirme (A) que le Coran fait preuve d’une pré-connaissance
surnaturelle de la science moderne, ce qui ne peut s’expliquer que par son origine divine. Il
déclare ensuite (B) que le Coran, à l’inverse de la Bible, ne comporte aucune erreur
scientifique. Enfin (C) il reproche à la Bible de ne pas faire suffisamment intervenir la nature
pour manifester la gloire et la puissance de Dieu. Examinons attentivement ces affirmations
pour voir si, réellement, elles tiennent debout.
J’ajoute encore que le Dr Bucaille n’est pas le seul auteur à parler des rapports entre le
Coran et la science. Des hommes de science musulmans se sont aussi décidés à écrire sur ce
sujet, et nous passerons en revue certaines, de leurs idées, en particulier celles défendues par
le Dr Bechir Torki , Tunisien, et titulaire d’un doctorat en physique nucléaire. Il est le cofondateur de la revue Science et Foi et l’auteur du livre L’Islam, Religion de la Science.3
Anticipation des connaissances scientifiques
Ces apologistes ne ménagent pas leurs efforts pour trouver dans le Coran des indices
d’une connaissance scientifique, au sens moderne, ce qui leur permet d’affirmer le caractère
miraculeux de ce livre et d’en déduire son origine divine. Un tel effort n’est pas blâmable en
soi, mais un examen plus minutieux prouve que les résultats de ces recherches ne sont pas
aussi spectaculaires que certains l’avaient affirmé. Nous verrons d’ailleurs, à la fin de ce
chapitre, que ces affirmations ne vont pas sans poser un réel problème d’ordre théologique.

l. Le cycle de l’eau
Le Dr Bucaille4 et le Dr Torki5 abordent ce domaine pour affirmer que le Coran avait,
à l’avance, une connaissance exacte du cycle de l’eau dont les phrases sont les suivantes :
(1) l’eau s’évapore des mers et de la terre ;
(2) elle se forme en nuages ;
(3) elle tombe sous forme de pluies qui
(4a) arrosent et fécondent la terre, et
(4b) réapprovisionnent les nappes d’eau, ce que l’on constate au jaillissement des
sources et au niveau des puits.
Le Dr Bucaille prétend que jusqu’à la fin du XVIe siècle « les hommes avaient des
conceptions tout à fait erronées sur le régime des eaux ». Il pense, par conséquent, que les
affirmations contenues dans le Coran et qui traduisent une connaissance exacte du cycle de
l’eau, ne peuvent pas provenir d’une source humaine.
Il cite les Sourates 50.9-11, 35.9, 30.48, 7.57, 25.48-49 et 45.5 comme versets à
l’appui des phrases (2), (3) et (4a). Prenons l’exemple de la Sourate de Al-A‘rāf 7.57, datée de
la période mecquoise tardive :
« C’est lui (Dieu) qui envoie les vents, annonciateurs au-devant de Sa miséricorde. Puis
lorsqu’ils portent une nuée lourde (2), Nous la dirigeons en faveur d’un pays mort, puis Nous
en faisons descendre l’eau (3), puis Nous en faisons sortir toute espèce de fruits (4a). Ainsi
ferons-Nous sortir les morts. Peut-être vous rappellerez-vous ? »

3

L’UGTT, Tunis, 1979.
La Bible, le Coran et la Science, pp. 173-178.
5
Torki, op. cit., pp. 151-152.
4

3

Pour justifier la phase (4b), le Dr Bucaille cite les Sourates 23.18-19, 15.22, et la Sourate des
Groupes (Al-Zumar) 39.21, datée de la période mecquoise tardive, qui déclare :
« Ne le vois-tu pas ? Oui, Dieu fait descendre du ciel, de l’eau, puis Il l’achemine en sources
dans la terre (4b) ; par là, ensuite, Il fait sortir une culture aux couleurs diverses... »

Ces versets sont manifestement vrais dans leurs dires. Mais la question que l’on est en
droit de se poser est celle-ci : font-ils vraiment état d’une connaissance anticipée pour
l’époque au point de prouver leur origine divine ? La réponse doit être « Non ». N’importe
qui, même un citadin, peut décrire les phases (2), (3) et (4a). Et quiconque a tant soit peu été
en contact avec des fermiers, pendant une période de sécheresse, les a certainement entendu
parler de puits asséchés et de sources taries, ce qui est une autre manière d’exprimer la simple
vérité de la phase (4b) : la pluie est à l’origine des eaux souterraines.
Qu’en est-il de la phase (1) relative à l’évaporation comme cause de la formation
des nuages ? C’est un phénomène plus difficile à comprendre par l’observation courante. Il
n’est jamais mentionné dans les versets coraniques précités.
Le Dr Torki reconnaît cette lacune et a proposé de voir une réponse dans la Sourate de
la Nouvelle (Al-Naba’) 78.12-16. C’est une Sourate de la période mecquoise ancienne. Nous
y lisons :
« Et nous avons construit au-dessus de vous sept (cieux) renforcés et désigné une lampe très
ardente, et fait descendre, des nuées, eau abondante, pour en faire sortir grains et plantes, et
jardin s’entrelaçant. »

Il présuppose ici que la référence au soleil, cette « lampe très ardente » suivie de la
mention de la pluie, démontre la phase manquante (1). Ce n’est pas totalement impossible,
mais cela paraît cependant peu probable. Le soleil et la pluie sont les 8e et 9e objets de toute
liste des bénédictions de Dieu, une liste qui inclut aussi des bienfaits non mentionnés ici, tels
que les montagnes, le sommeil et le mariage. Il n’y a aucune raison pour qu’un arabe du 7e
siècle, ou une personne du 20e, puisse comprendre la relation de cause à effet entre le soleil et
la pluie.
Consultons maintenant la Torah-Ancien Testament. Nous y trouvons trois références
qui affirment clairement la phase (1) qui pose problème pour le lecteur du Coran.
Dans le livre du prophète Amos, écrit 1300 ans avant l’Hégire il est dit :
« Il a fait des Pléiades et Orion, il change l’ombre de la mort en aurore, il obscurcit le jour pour
en faire la nuit, il appelle les eaux de la mer (1) et les répand (3) à la surface de la terre :
l’Eternel est son nom » (Amos 5.8).

Le prophète Esaïe écrit, lui aussi, quelque 1300 ans avant l’Hégire :
« Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de
vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie (3) et la neige descendent
des cieux et n’y retournent (1) pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et (4a) fait germer les
plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il
de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne retourne pas à moi sans effets, sans avoir exécuté
ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l’ai envoyée » (Esaïe 55.9- 11).

En troisième lieu nous pouvons encore citer les paroles d’un prophète qui vécut au
nord de l’Arabie. Il se nomme Job (Aiyūb) et décrit d’une manière détaillée le cycle de l’eau.
Voici ses paroles, écrites au moins 1000 ans avant l’Hégire (probablement même beaucoup
plus) :
« Dieu est grand, mais nous ne savons pas le reconnaître ; le nombre de ses années est
insondable.
Il (1) attire les gouttes d’eau qui s’évaporent et retombent en pluie (3) ; les nuages (2) la
laissent couler, ils la répandent sur la foule des humains » (Job 36.26-28).

4

Ces versets cités mentionnent toutes les phases du cycle de l’eau, à l’exception, de la
phase (4b). Dans le livre du prophète Osée, écrit près de 1400 ans avant l’Hégire nous
trouvons le verset suivant qui montre la connaissance de ce processus :
« ...Le vent d’orient viendra, le souffle de l’Eternel s’élevant du désert. Il desséchera sa source,
tarira sa fontaine... » (Osée 13.15).

Le vent sec de l’orient n’amenait jamais de pluies ; il en résultait la sécheresse des
puits et le tarissement des sources. C’est bien traduire que l’absence de pluies prive d’eau les
nappes souterraines. Ainsi la Torah-Ancien Testament décrit parfaitement les quatre phases
du cycle de l’eau, y compris celle qui était difficile pour les contemporains (1).

2. Les courants maritimes
Le Dr Bechir Torki6 cite la Sourate de la Lumière (Al-Nūr) 24.39, 40, datée de l’an 5-6
de l’Hégire :
« Les actions des incrédules sont semblables à un mirage dans une plaine. Celui qui est altéré
croit voir de l’eau ; mais quand il y arrive, il ne trouve rien...
Elles sont encore comparables à des ténèbres sur une mer profonde : une vague la recouvre,
sur laquelle monte une autre vague ; des nuages sont au-dessus. Ce sont des ténèbres
amoncelées les unes sur les autres. Si quelqu’un étend sa main, il peut à peine la voir. Celui à
qui Dieu ne donne pas de lumière n’a pas de lumière. » (Trad. D. Masson).

Dans l’étude qu’il fait de ces versets, le Dr Torki cite les propos d’un directeur de l’un
des projets spatiaux qui a photographié les océans « Les vagues et les courants des
profondeurs sous-marines sont plus importants que ceux observés en surface. » Le Dr Torki
propose d’interpréter l’expression coranique « vagues sur vagues » comme une preuve de la
pré-connaissance qu’avait le Coran des sciences marines. Car il existe effectivement des
courants profonds tels que le Gulf Stream et le Kuro Shio, près du Japon.
L’hypothèse n’est pas impossible, bien que le même mot soit employé en arabe dans
les deux cas. L’hypothèse serait plus plausible si nous avions deux mots arabes différents
pour « vague » et « courant ». Pour ma part, je pense que ce texte est plutôt poétique et décrit
la situation de l’incroyant vis-à-vis de Dieu. Mais en supposant que le Dr Torki ait raison et
qu’effectivement le Coran avait l’intention de faire état longtemps à l’avance de sa
connaissance de ce qui se passe au fond des mers, il faut remarquer que cette même
connaissance apparaît déjà dans la Torah-Ancien Testament. Deux textes le prouvent, celui de
Jonas et les Zabūr de David.
Après que Jonas (Yūnus), qui prophétisa en 750 avant J.-C., fut englouti par le poisson,
il décrivit ainsi ce qu’il vit :
« Jonas, dans les entrailles du poisson, pria l’Eternel son Dieu.
Il dit :
Tu m’as jeté dans un bas-fond au cœur des mers, et les courants d’eau m’ont environné ;
toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi. Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes
yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. Les eaux m’ont couvert jusqu’à la gorge,
l’abîme m’a enterré, des joncs se sont noués autour de ma tête. Je suis descendu jusqu’aux
ancrages des montages, les verrous de la terre m ‘enfermaient pour toujours. Mais tu m as fait
remonter vivant du gouffre, Eternel, mon Dieu ! » (Jonas 2.1, 3-6)

Le mot hébreu traduit par « courants » est nahar. Il peut également signifier « rivière »
comme en arabe. « Vagues » et « flots » sont, en hébreu, deux mots différents – presque

6

Torki, Ibid., p. 159.

5

synonymes, sauf que la racine du mot traduit par « flots » indiquerait plutôt les grosses vagues
d une tempête.
Un peu plus tôt déjà, en 1000 avant J.-C. ou 1600 avant l’Hégire, le prophète David
écrivit les Psaumes (Zabūr dans la langue du Coran) sous l’inspiration du Saint-Esprit. Dans
l’un des grands psaumes de louange, David s’écrie :
« Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ?
Et le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui ?...
Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains ;
Tu as tout mis sous ses pieds...
Les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer,
Tout ce qui parcourt les courants marins. » (Psaume 8.5, 7, 9)

L’expression « parcourt les courants marins » peut n’être qu’une répétition poétique de
la ligne précédente. Mais, de toute façon, elle décrit, au même titre que l’observation de
Jonas, ce que l’on sait aujourd’hui des courants océaniques.

3. Le non-mélange des eaux salées et des eaux douces
Dans la Sourate du Très Miséricordieux (Al-Rahmān) 55.19-21, de la période
mecquoise primitive, il est fait mention d’une « barrière » entre deux sortes d’eaux : « Il
(Dieu) a donné libre cours aux deux ondes, pour qu’elles se rencontrent ; comme il y a entre
les deux une zone intermédiaire, elles ne s’en veulent pas. Eh bien, vous deux, lequel des
bienfaits de votre Seigneur traiterez-vous de mensonge ? »
Le mot traduit ici par « zone intermédiaire » (barzakh, ‫ )برزخ‬signifie « intervalle »,
« barrière », « fossé », « barre », « obstruction », « isthme ».
La Sourate du Discernement (Al-Furqān) 25.53, de la période mecquoise primitive,
donne une description plus détaillée du même phénomène :
« Et c’est Lui qui donne libre cours aux deux ondes : celle-ci, douce, rafraîchissante, celle-là, salée,
amère. Et assigne entre les deux une zone intermédiaire et barrage barré. »

La dernière expression est traduite très littéralement et souligne l’absolue interdiction de
communication. La traduction du Dr Masson indique : « ... une barrière, une limite
infranchissable. »
Le Dr Bucaille passe rapidement sur cet aspect7, mais le Dr Torki y consacre deux
pages et demie8. Il engage une discussion poussée sur les phénomènes d’osmose et déclare
que le phénomène a été vérifié en laboratoire sur des tubes en U et des membranes semiperméables. En guise de conclusion il affirme : « Muhammad n’avait ni laboratoire, ni
équipements de recherches pour pouvoir découvrir tous ces mystères et percevoir cette
barrière clairement citée dans le Coran. Ceci prouve encore une fois que ce Livre n’est pas
écrit de main d’homme, mais qu’il est la parole de Dieu l’Unique. »
Mais, à nouveau, ne sommes-nous pas devant un phénomène qui ressort de la simple
observation de la nature ? Le Coran ne présente-t-il pas simplement un fait connu pour
souligner la bonté du Seigneur ? Tous les pêcheurs qui jettent leurs filets ou l’hameçon dans
l’embouchure de rivières qui viennent mourir dans des mers (salées) ignorent-ils ce fait ?
Pendant qu’il était au service de Khadîdja, Muhammad s’était rendu. à la tête de
caravanes, jusqu’à Alep, au nord de Damas en Syrie.

7

La Bible, le Coran et la Science, pp.179-180.
Torki, op.cit, pp. 160-162.

8

6

N’a-t-il pas pu, lors de ces voyages, longer la côte du Liban ou de la Syrie, parler à des
pêcheurs très bien informés du non-mélange des eaux douces et des eaux salées, à
l’embouchure des rivières qui se jetaient dans la Méditerranée ?
Dans son deuxième ouvrage, le Dr Bucaille fait l’éloge des peuplades primitives pour
leur habileté à observer et à classer :
« Les naturalistes disent combien ils sont frappés par la justesse avec laquelle certaines
peuplades aux mœurs primitives, n’ayant reçu aucun enseignement extérieur dans ce domaine,
réussissent néanmoins à départager les espèces animales qui les entourent, réalisant un
inventaire digne, à peu de choses près, d’un expert.9 »

Il est sans doute juste d’affirmer que si ces hommes étaient capables d’observer, avec
tant de justesse, les animaux, ils pouvaient sans doute aussi observer d’autres phénomènes
naturels qu’ils constataient, tel que celui du non-mélange des eaux douces et des eaux salées.
Sincèrement, vouloir interpréter ces versets comme la preuve d’une connaissance
scientifique exacte qu’aurait eue le Coran risque de poser plus de problèmes que cela n’en
résout. Car on pourrait faire intervenir la notion de précision ou d’exactitude de la mesure. La
formulation « barrière et barrage barré » s’apparente fort à une interdiction absolue ! Devonsnous comprendre alors ces versets de la façon suivante : « Les eaux ne se mélangeront
jamais ! » ?
Il n’y a ni barrage, ni membrane semi-perméable placée dans la mer pour empêcher le
mélange. Les eaux finissent bien par se mélanger.
Un ami, qui est aussi un homme de science, explique ce fait ainsi :
« Au moment où l’eau de la rivière entre dans la mer, elle repousse l’eau salée ; les deux eaux
sont momentanément et physiquement distinctes mais il n’y a en aucune façon une barrière. »

Sous l’angle thermodynamique ou énergétique, le mélange est un processus spontané,
immédiat, hautement favorisé par des considérations d’entropie. La seule « barrière » est
d’ordre cinétique, car il faut un certain temps pour mélanger une telle masse de liquide. »
Le Dr Bucaille admet ce fait. Aussi ajoute-t-il une explication, un autre petit
« présupposé ». Il écrit : « Le mélange des eaux (douces avec les eaux salées) ne s’opère pour
eux parfois que loin au large. »
Le Problème Théologique
Sous-jacent à cet effort de présenter le Coran comme possédant une connaissance
anticipée de la science moderne, se cache un problème d’ordre théologique. La plupart de ces
descriptions coraniques sont appelées des « signes ». Si le Coran leur attribue la valeur de
signes, ils devaient évoquer des choses connues ou au moins être intelligibles pour les
premiers auditeurs de Muhammad lorsque le Prophète leur en parlait, sans quoi le signe n’en
aurait pas été un.
Dieu est Tout-Puissant et peut tout faire, excepté pécher. C’est pourquoi il peut
parfaitement révéler un fait qui non seulement était inconnu, mais ne pouvait pas être connu
au moment de sa révélation, sans que cela soit nécessairement un signe.
Nous en avons un bel exemple dans la bouche de Job :
« Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant » (Job 26.7).

Pour autant que nous puissions le présumer, Job ne pouvait exprimer une telle vérité
que par une révélation de Dieu.
Citons encore un autre exemple :

9

Bucaille, L’homme, d’où vient-il ?

7

« Tu auras un endroit à l’écart, hors du camp, et c’est là dehors que tu sortiras. Tu auras parmi ton
bagage un outil, et quand tu t’accroupiras au dehors, tu feras un creux, puis tu reviendras après avoir
couvert tes excréments. Car l’Eternel ton Dieu, marche au milieu de ton camp pour te protéger et pour
te livrer tes ennemis devant toi ; ton camp sera donc saint... » (Deutéronome 23.13-15).

Tout lecteur reconnaîtra le bien-fondé de ce commandement qui est en parfait accord
avec les connaissances scientifiques et les plus élémentaires recommandations d’hygiène
publique.
Entre parenthèse, on peut se demander pourquoi ce commandement n’a pas été repris
dans le Coran, alors que tant de musulmans prétendent qu’il a conservé tout ce qu’il y avait de
valable des livres saints antérieurs ! Ces simples précautions empêchent la propagation de
maladies par les mouches. Le commandement lui-même n’explique pas sa raison d’être. Il
déclare simplement que le camp devait rester saint aux yeux de Dieu. Aucun de ces exemples,
qui ont un caractère scientifique, n’est appelé « signe » par Dieu, l’Unique Eternel, dans la
Torah-Ancien Testament.
Signes
Jésus déclara que les miracles de guérison, qu’il appelait des œuvres, étaient des
signes destinés à amener les gens à croire en lui.
« Si je ne fais pas les œuvres (miracles) de mon Père, ne me croyez pas ! Mais si je les fais,
quand même vous ne me croiriez pas, croyez à ces œuvres, afin de savoir et de reconnaître que
le Père est en moi, et moi dans le Père » (Jean 10.37-38).
« Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient pas de
péché. Maintenant ils les ont vues, et ils ont haï, et moi et mon Père » (Jean 15.24).

Muhammad avait affirmé que le désert, qui reverdissait après la pluie, constituait un
signe devant amener les gens à croire à la résurrection et au jugement. Voici ce que dit la
Sourate de Fer (Al-Ḥadīd) 57.17, de l’an 8 post-hégirien :
« Sachez qu’en vérité Dieu donne la vie à la terre une fois morte ! Certes, nous vous avons
exposé les signes ! Peut-être comprendriez-vous ? »

Dans la Sourate mecquoise tardive, intitulée Sourate des Bestiaux (Al-An‘ām) 6.67, il
est dit :
« Pour chaque annonce, un repère. Et bientôt vous saurez. »

Dans Job 28.23, 25-28, le « poids du vent » est mentionné pour donner une indication
de la sagesse de Dieu
« C’est Dieu qui en comprend le chemin,
C’est lui qui en connaît la demeure
.....
Quand il détermina le poids du vent
Et qu’il fixa la mesure des eaux,
Quand il donna une règle à la pluie
Et une route à l’éclair et au tonnerre,
Alors il vit la sagesse et la manifesta,
Il en posa les fondements et la scruta jusqu’au fond.
Puis il dit à l’homme :
Voici, la crainte du Seigneur, c’est la sagesse ;
S’écarter du mal, c’est l’intelligence. »

Nous pourrions amorcer une discussion approfondie sur le principe des baromètres
pour mesurer le poids de l’air, sur celui des instruments qui mesurent la vitesse du vent.
Telle n’était pas la préoccupation de Job. Il énumérait ces faits de la nature pour illustrer la
sagesse de Dieu.
8

Qu’en tirer pour nous au XXe siècle ? Job fait-il œuvre d’anticipation en matière de
science ? Certainement pas ! Les paroles de Job traduisent des faits d’observation courante :
n’importe qui pouvait avoir ressenti le souffle de la brise sur son visage ou vu se gonfler les
voiles des navires sous l’effet du vent.
Dans tous ces cas, depuis les miracles de Jésus jusqu’au poids du vent, en passant par
le désert fertilisé par la pluie, le signe était perçu par les auditeurs et signifiait quelque chose
pour eux.
Mais il y a problème lorsque quelque chose qui est présenté comme un signe fait appel
à des connaissances inaccessibles pour les auditeurs.
Il est inconcevable qu’un prophète se serve de quelque phénomène obscur, mal
connu sinon inconnu par son auditoire pour illustrer ou souligner son message. Quel
effet aurait pu produire l’évocation d’un tel « signe » sur le cœur ou l’intelligence des
auditeurs ?
Dieu donne au prophète des illustrations simples et naturelles, compréhensibles
pour tous ceux qui écoutent.
Si l’allusion aux courants sous-marins n’évoquait absolument rien pour les habitants
de la Mecque ou de Médine, quel impact pouvait donc avoir l’expression « vague sur vague »
pour eux ? Soit ils l’interprétaient d’une manière poétique, en comparant le sort du pécheur
devant Dieu à ces ténèbres profondes, soit ils ne la comprenaient pas. Dans ce cas, elle ne
pouvait avoir valeur de signe pour eux.
Il est théoriquement possible qu’un verset ait deux significations : une signification
évidente, simple, accessible à tous les auditeurs du prophète, et une autre, plus secrète, plus
complexe, destinée aux lecteurs d’une autre époque. C’est peut-être ce à quoi le Dr Bucaille et
le Dr Torki faisaient allusion lorsqu’ils étudiaient les données coraniques sur « les courants
sous-marins » ou sur « le non-mélange des eaux ». Quoi qu’il en soit nous verrons dans la
section suivante quelques versets du Coran qui semblent vraiment comporter des erreurs et ce,
depuis qu’ils ont été donnés, il y a quelque 1400 ans. Cela pose un difficile problème
théologique.

II. Les difficultés existent-elles dans le Coran ?
1. La terre, les cieux et les jours de la création (6 ou 8)
1. Les montagnes
Aux pages 180-182 de son livre, le Dr Bucaille consacre une section au « relief
terrestre ». Il y commente ainsi les versets coraniques décrivant les montagnes :
« Les géologues modernes décrivent des plissements du sol, faisant prendre assise aux reliefs,
et qui ont des dimensions variables allant jusqu’au kilomètre ou même à la dizaine de
kilomètres. De ce phénomène de plissement résulte une stabilité de l’écorce terrestre. »

Les versets qui sont examinés et qui ont trait aux montagnes sont les suivants :
La Sourate des Prophètes (Al-Anbiyā’) 21.31, de la période mecquoise intermédiaire :
« Et Nous avons assigné des montagnes à la terre, parce qu’elle aurait bougé, et les gens avec. »

La Sourate des Abeilles (Al-Naḥl) 16. 15, période mecquoise tardive :
« Et Il a jeté des montagnes sur la terre, parce qu’elle aurait bougé et vous avec... »

9

La Sourate de Luqmān 31.10, période mecquoise tardive :
« Il a créé les cieux sans piliers que vous puissiez voir ; et Il a jeté des montagnes dans la terre,
parce qu’elle avait bougé et vous avec... »

La Sourate de la Nouvelle (Al-Naba’) 78.6-7, période mecquoise primitive :
« N’avons-Nous pas désigné la terre pour berceau et les montagnes pour piquets de tente ? » (comme
des pieux qui fixent une tente dans le sol, Bucaille, p. 182).

La Sourate de l’Enveloppant (Al-Ghāshiya) 88. 17,19, période mecquoise primitive :
« Ne regardent-ils pas... les montagnes comme elles sont dressées ? »

Ces versets expriment clairement la conception suivante : Dieu a placé (ou même jeté)
les montagnes sur la terre comme des piquets de tente pour empêcher la terre de bouger. On
pourrait encore admettre que l’expression « jeter les montagnes » puisse être poétique, mais
déclarer que les montagnes empêchent la terre de bouger constitue une « difficulté ».
Voici la réponse d’un professeur de géologie, le Dr David A. Young, aux propos du Dr
Bucaille cités au début de cette section :
« S’il est bien vrai que de nombreuses chaînes de montagnes sont constituées de plissements rocheux (et
effectivement les plissements peuvent atteindre de grandes largeurs), il n’est pas vrai de dire que les
plissements rendent la croûte terrestre stable. L’existence même des plissements est la preuve de
l’instabilité de la croûte terrestre10 » (caractères gras par l’auteur du présent livre).

En d’autres mots, les montagnes n’empêchent pas du tout la terre de trembler. La
formation des plissements montagneux a provoqué et provoque encore des tremblements à la
surface de la terre.
Les théories géologiques les plus récentes veulent que la croûte terrestre durcie soit
formée de différentes plaques qui glissent les unes par rapport aux autres (à la vitesse
approximative de la croissance de l’ongle).
Parfois les plaques se séparent. La plupart des géologues pensent que c’est ce qui
explique la séparation du continent nord-américain de l’Europe et du continent sud-américain
de l’Afrique.
Ailleurs, les plaques se dirigent les unes vers les autres, se heurtent, se déforment, se
plissent et glissent les unes sur les autres. La chaîne montagneuse du Zagros constitue un bel
exemple de ce type de formation de montagnes ; le plissement est né à la suite de la collision
de la plaque de l’Arabie et de celle de l’Iran. La chaîne de l’Atlas, au Maroc et la chaîne des
Alpes sont d’autres exemples de montagnes nées à la suite de la rencontre de plaques
terrestres.
En plusieurs endroits du globe, on a observé l’inclination des couches de grès dans
certaines coupes de collines. Ces couches, qui étaient horizontales il y a des millions d’années
lorsqu’elles ont été déposées au fond des mers, se trouvent maintenant inclinées à 30, 50 et
même 90. Le diagramme 7 présente une formation géologique de ce type.

10

Professeur de géologie au Calvin College, Grand Rapids, Michigan. Communication personnelle.

10

Ibn Sina’ (Avicenne) écrivit, outre le Canon de la Médecine, une encyclopédie des
sciences philosophiques Kitab āl-Shifā vers 412 de l’Hégire (1021 ap. J C.) dans laquelle il
consigna ses observations sur ces strates. Il ne dit rien au sujet de l’inclinaison des couches,
mais explique leur origine :
« Il est possible qu’à chaque reflux des eaux de la mer, une couche était déposée, puisque nous
constatons que certaines montagnes se présentent sous la forme d’un empilage de couches successives.
Il est même probable que l’argile elle-même dont les montagnes sont formées se présentait aussi sous
forme de couches superposées. Une couche a d’abord été déposée, puis longtemps après une autre
couche sur la précédente et ainsi de suite...11 »

Parfois les plaques s’accrochent l’une à l’autre et cessent de glisser. Pendant cette
phase, de gigantesques forces sont accumulées. Au moment où les forces de friction sont
vaincues, il se produit une libération de l’énergie emmagasinée ; l’une des plaques
momentanément immobilisée avance alors brusquement et provoque l’onde de choc d’un
tremblement. On a calculé récemment que lors d’un des derniers tremblements de terre la
plaque terrestre de Mexico a fait un bond de trois mètres.
Lors d’autres tremblements de terre, les plaques s’effondrent ou se soulèvent. En 1923
un tremblement de terre dans la baie de Sagami, au Japon, entraîna la destruction de la moitié
de Tokyo. Dans un chapitre intitulé « Mortalité massive dans la mer », Brongersma-Sanders
décrit les modifications géologiques dans ces termes :
« Aucun autre tremblement connu n’a provoqué des modifications aussi importantes du fond marin à cet
endroit. Dans la partie centrale de la baie de Sagami, "la zone perturbée est étendue, et le fond de la baie
s’est effondré de 140 m à l’extrémité nord-ouest, de 180 m au centre et de 200 à 210 m à l’extrémité
sud-est. Dans la portion nord-est, le soulèvement maximum atteint 250 m et dans la portion sud-ouest,
100 m" (chiffres tirés de Davidson, 1931, p. 94).12 »

Ibn Sina’, bien qu’il ait cru que les tremblements de terre étaient dus à des vents
souterrains, n’en décrivait pas moins avec une grande exactitude les effets mentionnés cidessus :
« La formation des sommets est due (a) à une cause essentielle..., le vent, qui engendre les tremblements
de terre, soulève une partie du sol et un sommet surgit...13 »

Les volcans constituent un autre type de montagnes. La lave et les cendres sont
propulsées de l’intérieur de la croûte terrestre et s’accumulent en montagnes, qui surgissent
parfois du sein des mers. Les îles Hawaï sont des sommets volcaniques dont la base repose à
1500 m sous le niveau de la mer. Le cratère de Mauna Kea s’élève à 4200 m au-dessus de la
mer.
Parfois les volcans entrent en activité violente ; ils explosent. C’est ce qui s’est produit
dans le Pacifique Sud, en 1883, quand l’île de Krakatoa disparut, entraînant la mort de 36 000
11

A Source Book on Medieval Science, Edward Grant, Harvard Uiniversity Press, 1974, p.620.
Treatise on Marine Ecology and Paleoecology, vol 1, Geological Society of America Memoir 67, 1957, p 976.
13
(Avicenne) Grant, op. cit., p. 619.
12

11

personnes. En d’autres circonstances, l’éruption volcanique s’accompagne de tels
tremblements de terre localisés que toutes les villes avoisinantes sont totalement détruites. La
ville de Catania, près du mont Etna, en Sicile, a connu huit destructions au cours de l’histoire.
Ce sommet qui culmine à 3000 m est toujours en activité. En 1983, plus de 200
secousses furent dénombrées au cours d’une éruption prolongée ; l’écoulement des laves
provoqua la destruction de nombreux villages.
Que conclure ? La formation des montagnes à l’origine s’est accompagnée de
grandes perturbations et de violentes secousses. Aujourd’hui, certains tremblements de
terre sont dus à la poursuite de leur formation. Quand les plaques souterraines se
déforment au contact les unes des autres, il se produit des tremblements de terre. Quand les
volcans entrent en éruption leur activité peut s’accompagner de tremblements de terre.
Le Dr Torki étudie, lui aussi, ces versets14. Son désir de trouver une explication
scientifique à des textes difficiles est méritoire ; mais cette fois-ci il a succombé. Lui aussi, à
la tentation de citer un verset hors de son contexte pour pouvoir déclarer qu’il y a
concordance entre le Coran et la science moderne.
Au terme de plusieurs paragraphes consacrés à l’étude du mouvement des plaques de
la croûte terrestre (en précisant que la vitesse de déplacement de ces plaques atteint quelques
cm par an), il affirme que ce phénomène était parfaitement annoncé et décrit par le Coran,
dans la Sourate des Fourmis (Al-Naml) 27.88, de la période mecquoise intermédiaire :
« Et tu verras les montagnes ! Tu les compteras pour figées, alors qu’elles marcheront de la démarche
du nuage. »

Mais si nous rattachons ce verset au contexte du verset précédent, nous constatons
d’emblée que sa signification en est modifiée :
« Et le jour où l’on soufflera dans la trompe ! Puis ils seront effrayés, tous ceux qui sont dans les cieux
et tous ceux qui sont sur la terre, sauf qui Dieu veut ! Et tous viendront à Lui en s’humiliant. Et tu verras
les montagnes ! Tu les compteras pour figées, alors qu’elles marcheront de la démarche du nuage. »

L’allusion aux trompettes retentissantes, à la frayeur qui s’emparera des habitants des
cieux et de la terre, indique clairement que ces versets s’appliquent aux cataclysmes qui
accompagneront la période des jugements, au cours desquels les montagnes elles-mêmes
seront ébranlées jusque dans leurs fondements. Il est donc très peu probable que cette
description ait quelque chose à voir avec les théories géologiques contemporaines. Précisons
encore que la plupart des nuages avancent à une vitesse supérieure à quelques centimètres par
an !
Il est possible que des auteurs musulmans, des théologiens et des hommes de science
élaborent de nouvelles théories et posent de nouveaux présupposés sur la formation des
montagnes, qui puissent les satisfaire, mais il faut reconnaître que cette question des
montagnes pose problème.
2. Les sept cieux
En plusieurs endroits, le Coran mentionne les « sept cieux ». Le Dr Torki en fait
l’inventaire suivant :
La Sourate de Noé (Nūḥ) 71.15-16, période mecquoise primitive :

14

Torki, op. cit., pp. 131-133.

12

« N’avez-vous pas vu comment Dieu a créé les sept cieux posés les uns sur les autres ? Et y a désigné la
lune comme lumière, et désigné le soleil comme lampe ? »

Sourate de la Royauté (Al-Mulk) 67.3, période mecquoise intermédiaire :
« Celui qui a créé les sept cieux posés les uns sur les autres... »

Sourate des Croyants (Al-Mū’minūn) 23.17, 86, période mecquoise tardive :
« Et très certainement Nous avons créé, au-dessus de vous, sept voies. Et Nous ne restons pas inattentif
à la création.
Dis : Qui est le Seigneur des sept cieux, et le Seigneur du grand trône ? »

Sourate des Détaillés (Ḥā-Mim Al-Sajda) 41.12, période mecquoise tardive :
« En deux jours, Il les décréta sept cieux, et révéla à chaque ciel son affaire. »

Sourate du Voyage nocturne (Al-Isrā’), an 1 avant l’Hégire :
« Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve célèbrent ses louanges » (trad. D. Masson).

Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.29, an 2 après l’Hégire :
« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre. Puis Il s’est établi vers le ciel, et Il en a
arrangé sept cieux. Et Il connaît toute chose. »

On pourrait facilement concevoir que ces versets sont essentiellement poétiques ; mais
le Dr Torki s’efforce de montrer qu’ils expriment une connaissance des données
astronomiques modernes15.
Il coupe l’espace qui est au-dessus de la terre en sept tranches. La première est constituée de
l’atmosphère terrestre qui atteint une hauteur de 40 km : c’est le premier ciel. Il multiplie ensuite
l’épaisseur de l’atmosphère terrestre par 10 000 et définit ainsi le ciel lunaire, ou deuxième ciel. En
multipliant à son tour l’épaisseur de celui-ci par 10 000, il obtient le troisième ciel, ou ciel solaire. En
poursuivant son opération de multiplication par 10 000 chaque fois, il propose le « ciel des plus proches
étoiles », le « ciel galactique » (qui a les dimensions de notre galaxie), le « ciel des plus proches
galaxies » et pour terminer le « ciel cosmique ».

Ce schéma fournit évidemment les sept divisions, mais il ne résiste pas à un examen
attentif.
On pourrait encore admettre que l’atmosphère autour de la terre soit le premier ciel et
tout le reste le second. Toute autre subdivision reste arbitraire, car au-delà de l’atmosphère
terrestre, l’espace est continu et qualitativement identique à lui-même, comme le reconnaît
d’ailleurs Torki.
C’est donc faire un présupposé que de séparer l’espace continu en ciel lunaire et ciel
solaire.
C’est encore faire un présupposé que de différencier le soleil, qui est une étoile, des
autres étoiles proches ou de la galaxie qui le contient.
C’est toujours faire un présupposé que de désigner notre galaxie de ciel, et les autres
galaxies, d’autre ciel.

15

Ibid., pp. 111-114.

13

Même le nombre 10 000 par lequel toutes les dimensions ont été multipliées est un
présupposé tout à fait arbitraire ; aucune raison scientifique n’est fournie pour expliquer ce
choix ; il n’a d’ailleurs aucun rapport avec les nombres spirituels tels que « 7 » ou « 19 »
mentionnés ailleurs par le Dr Torki.
L’erreur ne réside pas dans le fait des présupposés. La raison d’être de ce
chapitre est plutôt de montrer que nous en faisons tous. Mais ces présupposés ne
s’avèrent pas convaincants.
Ce qu’il faut souligner davantage, c’est que, d’un point de vue musulman l’hypothèse
du Dr Torki ne s’accorde pas avec l’affirmation des versets suivants :
Sourate des Rangés en rangs (Al-Ṣāffāt) 37.6, de la période mecquoise primitive :
« Oui, Nous avons décoré le ciel le plus proche d’un décor d’étoiles (kawākibi, ‫ب‬
ِِ ‫) َك َوا ِك‬. »

Sourate des Détaillés (Ḥā-Mim Al-Sajda) 41.12, période mecquoise tardive :
« En deux jours donc, Il les décréta sept cieux, et révéla à chaque ciel son affaire. Et Nous avons décoré
le ciel le plus proche, de lampes, (maṣābīḥa, ‫يح‬
َِ ِ‫صاب‬
َ ‫ ) َم‬et d’une garde... »

Sourate de la Royauté (Al-Mulk) 67.3, 5, période mecquoise intermédiaire :
« Celui qui a créé sept cieux, posés les uns sur les autres... Et très certainement Nous avons embelli de
lampes le ciel le plus proche... »

A la page 118 de son livre, le Dr Torki assimile ces « lampes », que le Coran situe
dans le plus proche des sept cieux, aux étoiles16, ce qui contredit sa propre division
hypothétique de l’espace, puisqu’il place les étoiles dans les cinq cieux extérieurs.
La Bible parle à plus de 700 reprises des cieux. Une seule fois, elle fait état de plus
d’un seul ciel. Ce texte se trouve dans l’Evangile-Nouveau Testament où Paul écrit ce qui
suit :
« Je connais un homme en Christ qui, voici quatorze ans – était-ce dans son corps ? je ne sais ; était-ce
hors de son corps ? je ne sais, Dieu le sait – fut ravi jusqu’au troisième ciel. Et je sais que cet homme...
fut enlevé dans le paradis et qu’il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme
d’exprimer » (2 Corinthiens 12.2-4).

L’expression désigne les cieux spirituels et n’a rien à voir avec la création matérielle.
Même si le mot « paradis » n’avait pas été employé dans ce passage, on aurait pu identifier le
« troisième ciel » à une réalité spirituelle ; car quel intérêt aurait eu ce chrétien à être propulsé
à un endroit quelconque de la galaxie ?
3. Astres flamboyants - Météores et météorites
Nous avons déjà effleuré ce sujet au chapitre II de la première section. Nous allons
approfondir cette question maintenant.
Citons tout d’abord les textes du Coran qui mentionnent ces astres.
Sourate des Rangées en rangs (Al-Ṣāffāt) 37.6-10, période mecquoise primitive :
« Nous avons décoré le ciel le plus proche d’un ornement d’étoiles afin de le protéger contre tout démon
rebelle. Les démons ne peuvent écouter les Chefs suprêmes, car ils sont harcelés de tous côtés ; ils sont

16

Ibid., p. 118.

14

repoussés ; ils subiront un châtiment éternel à moins que l’un deux ne saisisse au vol quelque chose ;
mais il serait alors atteint par un bolide flamboyant (shihābun thāqibun, ٌِ‫) ِشهَابٌ ِثَا ِقب‬. » (trad. D. Masson).

Sourate des Djinns (Al-Jinn) 72.8-9, période mecquoise tardive :
« Oui, et nous avions touché au ciel, puis nous l’avions trouvé plein d’une forte garde et de bolides
(shuhubān, ‫)ِ ُشهُبًا‬, et nous y prenions siège, aux places assises, à l’écoute. Mais quiconque prête l’oreille
maintenant trouve contre lui un bolide (shihāban, ‫ ) ِشهَابًا‬aux aguets. »

Sourate de la Royauté (Al-Mulk) 67.5, période mecquoise intermédiaire :
« Et très certainement Nous avons embelli de lampes (maṣābīḥa, ‫يح‬
َِ ِ‫صاب‬
َ ‫ ) َم‬le ciel le plus proche, et Nous
les avons désignées comme moyen de lapider (rujūman, ‫ ) ُرجُو ًما‬les diables pour qui cependant Nous
avons préparé le châtiment de l’enfer-al-sa‘īri (ِ‫ير‬
ِ ‫)ال َّس ِع‬. »

Sourate Al-Hijr 15. 16-18, période mecquoise primitive :
« Très certainement, Nous avons assigné au ciel des constellations et Nous l’avons embelli pour ceux
qui regardent. Et Nous le gardons contre tout diable ennemi (Satan lapidé). A moins que l’un d’eux
cherche à en voler l’écoute, un bolide fulgurant (shihābun, ٌِ‫)شهَاب‬
ِ alors le poursuit. »

Sourate de l’Arrivant du soir (Al-Ṭāriq) 86.2-3, période mecquoise primitive :
« Et qui te dira ce qu’est l’arrivant du soir ? C’est l’astre flamboyant (al-najmu al-thāqibu, ُِ‫)النَّجْ ُمِالثَّاقِب‬. »

Le contexte de ce dernier verset n’apporte aucune information complémentaire sinon
la mention « flamboyant ». C’est pourquoi nous l’avons cité pour compléter la liste
des références ayant trait à ce sujet.
Du point de vue scientifique la désignation populaire « astre ou bolide flamboyant »
s’applique à deux sortes principales d’objets célestes : les météores et les météorites.
A. Les météores.
Ce sont les plus répandus. Ils sont rarement plus volumineux qu’une tête d’épingle.
Lorsqu’ils traversent la couche atmosphérique à la vitesse de 30 km/s, ils deviennent
incandescents par suite de la friction avec les molécules de l’air et se consument. Les plus
petits d’entre eux, ayant moins de 1/20 de mm de diamètre ralentissent leur course sans se
consumer et tombent sur la terre sous forme de micro-météorites. On en a retrouvé des traces
et certaines de ces particules comportaient un alliage fer-nickel avec une proportion de nickel
atteignant 60 %.
En plus de ces météores sporadiques, on connaît des pluies de météores. On pense,
sans preuve à l’appui, que ces pluies de météores proviennent des débris d’anciennes comètes.
Lorsque la terre traverse cette zone de débris, les météores qui apparaissent suivent des
trajectoires parallèles, même s’ils semblent plutôt se disperser, à la manière d’un feu
d’artifices, à partir d’un point situé juste au-dessus de l’horizon. D’après Robert Hutchinson,
conservateur des météorites au British Museum, ces météores seraient constitués d’eau sous
forme de glace, d’ammoniaque gelé, de méthane et de gaz carbonique également gelés17.
Yusuf Ali, Pickthall et Hamidullah ont tous indiqué, soit directement dans leurs
traductions, soit dans des notes explicatives, que le mot arabe d’origine se référait à des
météores.
17

The Search For Our Beginnings, Hutchinson, Oxford U. Press, 1983.

15

B. Météorites.
Ce sont des débris solides de matière qui sont capables de traverser les couches de
l’atmosphère et atteindre le sol. Au moment de la traversée des couches atmosphériques à
grande vitesse, la matière périphérique fond et s’écoule. Ainsi s’explique leur apparence
d’étoiles filantes. Peut-être est-ce à ces météorites que le texte du Coran cité plus haut fait
allusion (le visitant du soir, astre flamboyant).
Il existe trois types principaux de météorites : les holosidères ou holosidérites
composés uniquement de fer nickelé, les météorites pierreuses ou aérolithes, composées
essentiellement de silicates, les sidérolithes ou lithosidérites présentant des quantités égales de
silicates et de fer nickelé. Le spectre de lumière émise par les météorites est identique à celui
de la lumière émise par des astéroïdes observés au télescope. De plus, le calcul de l’orbite
effectué sur trois météorites observés durant leur chute dans l’atmosphère confirme la théorie
couramment acceptée : la plupart des météorites proviennent de la ceinture d’astéroïdes.
La difficulté ne réside pas au niveau de l’aspect scientifique ni de la composition des
météores et météorites. Le problème, c’est de savoir de quoi parle le Coran ! Le mot « rajīm »
traduit généralement par « maudit » dans les traductions modernes vient du verbe « lapider ».
C’est ainsi que le professeur Hamidullah traduit la Sourate 67.5 :
« Et Nous les avons désignés comme moyens de lapider les diables... »

Comment comprendre alors ces textes qui décrivent Dieu jetant des météores, qu’ils
soient composés de dioxyde de carbone ou de l’alliage ferronickel, sur des diables non
matériels qui prêtent l’oreille aux délibérations du conseil céleste ? Comment interpréter les
trajectoires parallèles des pluies de météores ? Représentent-ils un régiment de diables bien
alignés ?

Questions ardues.
Contradictions chronologiques
a) Les jours coraniques de la Création
Au chapitre II de la première section, nous avons déjà abordé la question du sens du
mot « fumée » en relation avec les jours de la création. Nous allons maintenant nous
intéresser de plus près au nombre des jours de la création et à leur succession. Sept textes
parlent de la création des cieux et de la terre par Dieu, en six jours : 7.54 ; 10.3 ; 11.7 ; 25.59 ;
32.4 ; 50.38 et 57.4. Il nous suffira de citer la Sourate de Jonas (Yūnus) 10.3, de la période
mecquoise tardive, car elle résume les données fournies par les autres textes.
« Oui, votre Seigneur est le Dieu qui créa les cieux et la terre en six jours ; puis Il s’établit sur le trône,
administrant le commandement. Il n’y a d’intercesseur qu’après permission de Lui. Voilà Dieu, votre
Seigneur. Adorez-Le donc. »

Nous n’avons rien à redire à cette affirmation. Mais la Sourate tardive des Détaillés (Ḥā-Mim
Al-Sajda) 41.9-12 rapporte différemment le récit de la création :
« Dis : Serez-vous incrédules envers celui qui a créé la terre en deux jours ? Lui donnerez-vous des
égaux ? C’est lui le Seigneur des mondes ! Il a fixé sur la terre des montagnes comme des piliers. Il l’a
bénie. Il y a réparti en quatre jours exactement, des nourritures pour ceux qui en demandent.
Il s’est ensuite tourné vers le ciel qui était une fumée, et lui a dit, ainsi qu’a la terre : "Venez, tous deux,
de gré ou de force !"
Ils dirent : "Nous venons, obéissants !"

16

Il a établi sept cieux en deux jours. Il a révélé à chaque ciel ce qui le concerne. Nous avons décoré le
ciel le plus proche de luminaires et de gardiens : tel est le décret du Tout-Puissant, de celui qui sait ! »

Point n’est besoin d’être un génie en mathématiques pour se rendre compte, à la
lecture de ce passage, que Dieu a fait la terre en deux jours, et la nourriture nécessaire à toutes
les créatures, en quatre jours. Six jours ont ainsi été consacrés à la création. Mais ensuite
seulement, après que les montagnes et la nourriture – probablement plantes et animaux –
furent créés, Dieu créa les sept cieux en deux jours. Le total des jours de la création atteint
donc huit.
Nous sommes donc apparemment en présence d’une contradiction.
À sept reprises, le Coran avait affirmé que Dieu avait créé la terre et les cieux en six
jours. La Sourate 41 prétend que la création a duré huit jours. Comment concilier les deux
versions du même événement ? Conformément au principe énoncé par Aristote, et rappelé à la
fin du chapitre II de la deuxième section, nous accorderons le bénéfice du doute à l’auteur et
non au lecteur que nous sommes.
C’est pourquoi il semble logique d’émettre le présupposé que dans la pensée de
Muhammad, certains de ces jours se superposaient, et que le total des jours de la création
n’excédait pas six. Il n’en demeure pas moins que subsiste le problème de la formation, du
refroidissement de la terre, de l’apparition de la nourriture, avant la formation des cieux. Cette
séquence de l’œuvre créatrice apparaît aussi dans la Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.29 :
« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre. Puis Il s’est établi vers le ciel, et Il en a
arrangé sept cieux. »

Je laisse à d’autres le soin de trouver une solution à ce problème.
b) Les jours bibliques de Jonas
Il se trouvera peut-être quelque lecteur qui se demande pourquoi je consacre tellement
de temps à un fait qui a si peu d’importance ! Tout simplement parce que le Dr Bucaille
consacre une page entière18 pour souligner un problème chronologique similaire dans
l’Evangile- Nouveau Testament. Voici ce qu’il écrit :
« C’est peut-être chez Matthieu qu’on trouve l’invraisemblance la plus caractérisée et la moins
discutable de tous les évangiles qu’un de leurs auteurs ait mis dans la bouche même de Jésus.
Il raconte ainsi, en 12.38-40, l’épisode du signe de Jonas :
Jésus est au milieu des scribes et des pharisiens qui s’adressent à lui en ces termes : "Maître, nous
voudrions que tu nous fasses voir un signe.", Jésus leur répondit : "Génération mauvaise et adultère qui
réclame un signe ! En fait de signe, il ne lui sera pas donné d’autre que le signe du prophète Jonas. Car,
tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’Homme sera
dans le sein de la terre trois jours et trois nuits" (traduction TOB).
Jésus annonce donc qu’il restera en terre « trois jours et trois nuits ».

Le Dr Bucaille poursuit en montrant que d’après l’évangile de Matthieu, Jésus a été
crucifié un vendredi, qu’il est resté dans le tombeau la nuit de vendredi, la journée de samedi,
la nuit de samedi et qu’il est ressuscité tôt le dimanche matin. Il y a donc bien partiellement
trois jours, mais seulement deux nuits.
Jésus avait prophétisé qu’il mourrait et qu’il serait dans le sein de la terre trois jours et
trois nuits, à la fin de l’hiver ou au début du printemps de l’année 29, juste avant la Pâque
juive.
Environ six mois plus tard, il reparla de sa mort dans ces termes précis :

18

La Bible, le Coran et la Science, p. 71.

17

« Jésus commença dès lors à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup
de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, être mis à mort et ressusciter le
troisième jour » (Matthieu 16.21).

Une semaine ou dix jours plus tard, Jésus répéta la même prophétie (Mt 17.22-23).
Enfin, environ dix jours avant la Pâque, il déclara :
« Voici : nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux
scribes. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent
et le crucifient, et le troisième jour, il ressuscitera » (Matthieu 20.18-19).

Le Dr Bucaille ne peut admettre que les expressions « le troisième jour » et « trois
jours et trois nuits » puissent recouvrir la même signification. Il voit donc là une grande
contradiction ! Peu lui importe que Jésus ait annoncé d’avance sa mort et sa résurrection. Le
point important, c’est que Jésus s’est trompé dans ses calculs !
Mais sommes-nous si sûrs que Matthieu ait tort ? Ne devons-nous pas d’abord
accorder le bénéfice du doute à l’auteur et nous demander ce que Matthieu et Jésus et d’autres
écrivains du premier siècle entendaient par « trois jours et trois nuits » ou par « le troisième
jour » ?
D’après A.T. Robertson19, « Les Juifs avaient la coutume bien connue de compter une
partie d’un jour comme un jour entier... Ainsi, une partie du dimanche comme un
troisième jour. »
Cette habitude est encore répandue en Afrique du Nord. Si j’interroge un malade, qui
souffre depuis samedi soir et vient me consulter le lundi matin : « Depuis combien de
temps souffrez-vous ? » ; il me répondra invariablement « trois jours », même si, en
réalité, cela fait moins de 48 heures. Cette conception de la durée correspond à celle
que partageait Jésus dans l’Evangile.
Ajoutons que si le Dr Bucaille avait lu attentivement l’Evangile de Matthieu, il aurait
trouvé une troisième allusion qui donne la réponse. Nous lisons en Matthieu 27.62-64 :
« Le lendemain, qui était le jour de la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent
ensemble trouver Pilate et dirent : Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il
vivait encore : « Après trois jours, je ressusciterai ». Ordonne donc qu’on s’assure du sépulcre
jusqu’au troisième jour... »

Les ennemis de Jésus placent dans sa bouche l’expression « après trois jours, je
ressusciterai ». Cela équivaut à « après trois périodes de 24 h » ou « trois jours ou trois
nuits ».
Mais l’auteur prend le soin de donner une expression synonyme, en rapportant le désir
des ennemis de voir le tombeau gardé « jusqu’au troisième jour ».
Sur le plan strictement linguistique chacune des trois expressions est parfaitement
équivalente aux deux autres. Il n’y a donc aucune raison de refuser le bénéfice du doute à
l’auteur.
Enfin, il existe un troisième argument, d’ordre spirituel, qui s’est avéré convaincant
pour de nombreux chrétiens.
Tout au début de son ministère public, fin de l’année 26 ou début de l’année 27 Jésus
fut invité à une noce à Cana. Marie, sa mère, le supplia de venir en aide à l’hôte qui était à
court de vin.
Jésus répondit admirablement à l’attente de sa mère et de son hôte, mais il ajouta une
remarque : « Mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2.4).

19

A Harmony of the Gospels for Students of the life of Christ, Harper and Row, New-York, 1922, p. 290.

18

Trois ans plus tard, le jeudi soir, juste avant son arrestation, Jésus dit à ses disciples :
« C’en est fait. L’heure est venue ; voici que le Fils de l’Homme est livré aux mains des
pécheurs » (Marc 14.41).
De quelle heure Jésus parlait-il ? Pour les chrétiens, cette heure exprime les
souffrances et la mort de Christ pour leurs péchés. Les souffrances lui furent infligées le jeudi
soir, au moment de son arrestation, peu après qu’il eût dit : « L’heure est VENUE ». Cette
heure s’est poursuivie avec les coups, la torture et la mise à mort sur la croix, jusqu’à la
résurrection.
Entre le moment où Jésus déclara : « Mon heure est venue », le jeudi soir et celui où il
ressuscita des morts avec puissance, le dimanche matin, il s’est bien écoulé « trois jours et
trois nuits ».
Que le lecteur soit convaincu ou non par ce dernier argument, il faut admettre ceci : Si
on peut poser comme « présupposé » que dans le Coran « huit jours » peuvent signifier
la même chose que « six jours », il n’y a aucune raison de ne pas agir de même pour un
texte de la Bible. L’usage courant et le « présupposé » de l’analogie des Ecritures
peuvent expliquer que les expressions « trois jours et trois nuits », « après trois jours » et
« le troisième jour » soient strictement équivalentes.

2. Problèmes en anatomie, en embryologie et en génétique
4. Le lieu de production du sperme
Un de mes amis musulmans m’a cité le texte suivant tiré de la Sourate des Femmes
(Al-Nisā’) 4.23, de l’an 5-6 de l’Hégire :
« Vous sont interdites... les femmes avec qui vos fils nés de vos reins » (ṣulb, ِ‫( )أَصْ ََلبِ ُك ْم‬en opposition
aux fils adoptés)

Pour cet ami, l’affirmation précédente atteste une pré-connaissance qu’avait le Coran
de la Science médicale moderne. En effet, nous savons aujourd’hui que les testicules mâles
descendent de la zone rénale lors du développement fœtal.
En toute logique, nous ne pouvons pas considérer cette explication comme totalement
impossible. Cependant, en tant que médecin, je vois difficilement pourquoi Dieu aurait fait
référence à un fait si obscur dans un verset qui n’a même pas pour but de discuter d’anatomie
comme témoignage du pouvoir créateur de Dieu.
En fait, cette expression n’est qu’une figure de langage. « Nés de vos reins » est un
euphémisme pour désigner le siège du sperme reproducteur. Après avoir donné le premier
sens de « dur » ou « solide » à ce mot, Wehr20, Kasimirski21 et Abdel-Nour22 ajoutent tous le
sens de « rein » et « colonne vertébrale » comme second sens et ensuite celui de « propre fils,
descendant naturel » (ibn ṣulbihi) comme exemple métaphorique.
Il existe même un deuxième mot arabe employé pour désigner de la même manière
l’origine des enfants. La Sourate de Al-A‘rāf, de la période mecquoise tardive 7.172 déclare :
« Et quand ton Seigneur prit, des enfants d’Adam, – de leurs reins –, (ẓuhūr, ‫ُور ِه ِْم‬
ِ ‫ )ظُه‬leurs
descendants... »

20

Wehr, op. cit.
Dictionnaire arabe-francais, A. de Biberstein Kasimirski, Maisonneuve, Paris. 1960.
22
Dictionnaire Abdel-Nour al-Mufassal, Dar el-llm lil-Malayin, Beyrout, 1983.
21

19

Le sens habituel de ce mot en arabe est « dos ». Nous le voyons donc employé pour
désigner la force procréatrice ou siège de la vigueur. En fait, d’après les spécialistes du
langage, cette façon de s’exprimer était commune à toutes les anciennes cultures du MoyenOrient.
Prétendre que ce verset démontre la « pré-connaissance miraculeuse » du Coran
n’est pas très convaincant, car la même façon de s’exprimer est aussi présente dans la
Torah. Le mot hébreu khelaṣim est l’exact équivalent du mot arabe ṣulb.
C’est cet usage euphémique que font Esaïe 32.11 : « Femmes, mettez une ceinture à
vos reins (khelaṣim) » et Jérémie 30.11 : « Pourquoi ai-je vu tous les hommes les mains sur
leurs reins ? »
Lorsque Dieu déclare à Jacob : « Et des rois sortiront de tes reins (khelaṣim) » (Torah,
Genèse 35.1 1), ou lorsqu’il dit à David, 1000 ans avant J.-C. :
« Ce n’est pas toi qui bâtiras la maison (le temple) ; mais ce sera ton fils, sorti de tes entrailles, ce sera
lui qui bâtira la maison à mon nom » (1 Rois 8.19),

il se sert du mot khelaṣim dans son usage euphémique pour désigner le « siège de la
vigueur et de la reproduction ».
L’Evangile-Nouveau Testament emploie le mot grec osphus dans ce même sens.
Lorsque Pierre évoque dans sa prédication lors de la Pentecôte, la promesse faite au roi
David, il déclare :
« ...de faire asseoir un de ses descendants (litt. du fruit de ses reins, osphus) sur son trône » (Actes 2.30).

Mais le véritable problème se situe là où le Coran, contrairement à la Bible se sert du
mot ṣulb dans un verset qui exclut toute interprétation euphémique.
La Sourate de l’Arrivant du soir (Al-Ṭāriq) 86.5-7 de la période mecquoise primitive,
déclare :
« Que l’homme regarde donc de quoi il a été créé ! Il a été créé d’une giclée d’eau sortie d’entre lombes
(ṣulb, ‫ب‬
ِِ ‫ )الصُّ ْل‬et côtes (tarā’ib, ‫ب‬
ِِ ِ‫)التَّ َرائ‬.

Le texte déclare donc que l’Homme est fait d’une « giclée d’eau » provenant du père
adulte au cours de l’acte de reproduction, et que la source de cette « eau » se trouve placée
« entre lombes et côtes ».
Manifestement ce verset décrit le moment de l’acte reproducteur et ne peut donc
s’appliquer à une phase du développement embryonnaire. De plus, le mot ṣulb est associé à «
giclée d’eau » qui ne peut que s’interpréter d’une manière physique et à tarā’ib, mot qui
désigne la réalité physique de la poitrine, ou du thorax ou des côtes. En conséquence, il faut
exclure un sens euphémique au mot ṣulb. C’est pourquoi nous nous trouvons devant une
affirmation selon laquelle le sperme proviendrait de la zone dorsale ou rénale, et non des
testicules.
En tant que médecin, le Dr Bucaille est conscient du problème que pose le verset
coranique. Il cherche une échappatoire par une gymnastique de l’esprit (ce qu’il reproche
d’ailleurs aux commentateurs chrétiens de faire !) et déclare, après avoir cité le verset
précédent dans sa traduction exacte :
« C’est plus, semble-t-il, une variante interprétative qu’une traduction. Elle est d’ailleurs peu
compréhensible.23 »

C’est déjà la deuxième fois que le Dr Bucaille, qui se heurte à un problème de
compréhension, juge le Coran obscur et incompréhensible. C’est pourquoi nous allons
examiner différentes traductions. Il y a celles faites par des musulmans :

23

Bucaille, op. cit., p. 208.

20

Muhammad Hammidullah, traduction française, 1981 (10e édition révisée et
complétée) :
« Il a été créé d’une giclée d’eau sortie d’entre lombes et côtes. »

D. Masson, traduction française, 1967 :
« Il a été créé d’une goutte d’eau répandue sortie d’entre les lombes et les côtes. »

Edouard Montet, traduction française, 1967 :
« Il a été créé d’une goutte d’eau répandue, qui sort d’entre l’épine dorsale et les os de la poitrine. »

Le lecteur constatera par lui-même que ces traductions donnent toutes le même sens,
même s’il ne comprend pas l’original arabe.
Traduction du Dr Bucaille
Que voudrait proposer le Dr Bucaille ? Il écrit :
« Deux versets du Coran concernent le rapport sexuel proprement dit... Lorsqu’on se
rapporte aux traductions et commentaires explicatifs qui en ont été donnés, on est frappé par
leurs divergences. J’ai longtemps hésité sur la traduction de ces versets. Je dois celle que je
propose au docteur A.K. Giraud, ancien professeur à la faculté de Beyrouth :
"(L’homme) a été formé d’un liquide rejeté. Il sort (comme résultat) de la conjonction des régions
sexuelles de l’homme et de la femme."

La région sexuelle de l’homme est désignée dans le texte coranique par le mot ṣulb
(singulier). La région sexuelle de la femme est désignée dans le Coran par le mot tarā’ib
(pluriel).
Telle est la traduction qui paraît la plus satisfaisante.24 »
La comparaison avec les traductions présentées plus haut montre clairement que la
suggestion du Dr Bucaille n’est ni une traduction, ni une paraphrase. C’est une « explication »
ou une « interprétation » qui repose sur les postulats suivants :
a. Le mot ṣulb peut désigner la région sexuelle de l’homme. Mais aucun exemple d’un tel
usage de ce mot n’est fourni dans l’Islam du premier siècle.
b. L’expression « (comme résultant) de la conjonction » se déduit des deux arabes min
bain qui signifient littéralement « d’entre ».
c. Le mot tarā’ib peut désigner « la région sexuelle de la femme ».
Ce dernier mot n’apparaît qu’une seule fois dans le Coran ; il est donc impossible
d’établir sa signification à partir d’un seul emploi du mot considéré.
Les dictionnaires de Wehr, d’Abdel-Nour et de Kasimirski donnent les sens suivants :
(a) poitrine ; (b) la partie supérieure de la poitrine, entre les seins et les clavicules ; (c) les côtes. AbdelNour ajoute (d) seins, par euphémisme. Le mot peut encore s’appliquer à la partie du cou qui va
jusqu’au menton, et désigner, dans le langage poétique, l’emplacement du collier dont se parent les
femmes.

Aucun dictionnaire n’étend le sens du mot à la région génitale de la femme ; d’ailleurs,
le Dr Bucaille ne cite, à l’appui de son interprétation, aucun exemple tiré de la littérature
arabe. Il fait manifestement œuvre originale contre les autres. Il tente de « camoufler » (ses
problèmes) par des acrobaties dialectiques25.
24

Ibid., p. 208.
Autre critique acerbe du Dr Bucaille contre les chrétiens qui s’efforcent de trouver une explication au
problème. Ibid., p.12.
25

21

5. ‘Alaqa (caillot ?!?) et autres étapes de la formation du fœtus
Le mot arabe ‘alaqa (‫ ) َعلَقَة‬au singulier ou sous sa forme ‘alaq (‫ ) َعلَق‬comme pluriel
collectif désigne six fois dans cinq versets différents du Coran, un stade du développement du
fœtus. Il est traduit par le mot « caillot » dans les traductions françaises du Coran que j’ai pu
consulter.
Sourate de la Résurrection (Al-Qiyāma) 75.37-39, de la période mecquoise primitive :
(L’homme) n’était-il pas goutte de sperme, de semence semée ? Et ensuite, caillot de sang, tel que Dieu
à créé puis arrangé, puis fait de lui le couple, le mâle et la femelle ? »
– un grumeau de sang – Kasimirski, 194826
– un caillot de sang – Masson, 1967
– un grumeau de sang – Edouard Montet, 1958
– un caillot de sang – Hamidullah, 1981

Le singulier est encore employé dans trois autres versets. La Sourate du Croyant (AlMū’min) 40.67, de la période mecquoise tardive déclare :
« C’est Lui qui vous a créés de poussière, puis de sperme, puis de caillot de sang (‘alaqa, ‫ ; ) َعلَقَة‬puis Il
vous fait sortir bébé pour qu’ensuite vous atteignez vos pleines forces et qu’ensuite vous deveniez
vieux, – or tel parmi vous est achevé d’abord – et que vous atteignez un terme dénommé. Et peut-être
comprendriez-vous ? »

La Sourate du Pèlerinage (Al-Ḥajj) 22.5, qui date soit de la période mecquoise tardive,
soit de la période médinoise primitive, ajoute quelques détails :
« Ho, les gens ! Si vous êtes en doute au sujet de la résurrection, eh bien, c’est Nous qui vous avons
créés de poussière, puis de sperme, puis de caillot (‘alaqa, ‫) َعلَقَة‬, puis de chair, formée aussi bien
qu’informe, – pour tout vous expliquer – et Nous déposons dans les matrices ce que Nous voulons,
jusqu’à un terme dénommé ; puis Nous vous faisons sortir bébés pour qu’ensuite vous atteignez vos
pleines forces. Tel d’entre vous est achevé ; tel d’entre vous est reconduit jusqu’au plus vil de l’âge de
sorte qu’après avoir su il ne sait plus rien. »

Mais l’énoncé le plus complet se trouve dans la Sourate des Croyants (Al-Mū’min) 23.
12-14, de la période mecquoise tardive :
« Et très certainement, Nous avons créé l’homme d’un choix d’argile, puis Nous l’avons consigné,
goutte de sperme, dans un reposoir sûr, puis Nous avons fait du sperme un caillot (‘alaqa, ‫ ; ) َعلَقَة‬puis du
caillot (‘alaqa) Nous avons créé un morceau de chair ; puis du morceau de chair, Nous avons créé des
os ; puis Nous avons revêtu de chair les os. Ensuite Nous avons produit une toute autre créature. »

Tout lecteur familiarisé avec les questions de la reproduction humaine sait qu’il
n’existe aucun stade où le fœtus aurait été un caillot au cours de son développement.
Nous sommes donc en présence d’un réel problème.
Les dictionnaires de Wehr et d’Abdel-Nour n’indiquent, pour le nom féminin singulier ‘alaqa, que les
sens de « caillot » et de « sangsue » ; encore aujourd’hui ce mot recouvre ces deux sens en Afrique du
Nord. Plusieurs malades sont venus me trouver pour que je leur pose des sangsues, et de nombreuses
femmes, qui croyaient que le fœtus passait par un stade de caillot, sont venues me consulter au
dispensaire pour que je leur prescrive un traitement qui les fasse avorter.

Quand je leur disais que je ne pouvais accéder à leur demande parce que je considérais
le fœtus comme un être humain, elles me répondaient : « Mais ce n’est que du sang ! »
Kasimirski ajoute un troisième sens, celui de lien, ligament, nœud, mais il traduit le
mot par « un grumeau de sang » dans sa propre traduction du Coran.
Examinons enfin les premiers versets communiqués à Muhammad à la Mecque.
26

Biberstein Kasimirski, Le Coran, Bibliothèque Charpentier, Paris 1948.

22

On les trouve dans la Sourate 96, intitulée ‘Alaq (caillot ?). Les versets 1 et 2
déclarent :
« Lis, par le nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’un ‘alaq (ِ‫» ) ِم ْنِ َعلَق‬

Le mot apparaît ici comme un pluriel collectif. Mais cette forme est également celle
qui dérive du verbe aliqa qui signifie « être accroché, être suspendu, coller, adhérer, pendre,
être attaché ». On pourrait la rapprocher de l’infinitif français considéré comme nom, par
exemple « le manger et le boire ». Il faut encore ajouter que la forme verbale peut être
enrichie de significations consacrées par l’usage.
Mais les traducteurs consultés plus haut ont délibérément traduit le mot ‘alaq de ce
verset par « sang coagulé » (Ed. Montet), « caillot de sang » (Hamidullah et D. Masson).
Dans son célèbre livre Islam publié pour la première fois en 1966, Falzur Rahman traduit
aussi par « sang coagulé »27.
Dans la note 2770 appliquée à ce verset, Maulana Muhammad Ali donne ses raisons :
« ‘Alaq signifie aussi bien caillot de sang qu’attachement et amour. C’est le premier sens qui est
généralement adopté parce qu’il s’apparente à la mention de ‘alaq dans le processus de création de
l’homme tel que d’autres versets du Saint Coran l’indiquent ; de plus, il souligne l’insignifiance de
l’homme, à son origine.28 »

En d’autres mots, le sens du mot employé au pluriel collectif est assujetti à celui du
mot singulier, bien qu’on puisse être tenté de comprendre et de se servir d’un autre mot qui
aurait contourné la difficulté scientifique.
Malgré le nombre et les titres des traducteurs qui ont traduit le mot arabe par
« caillot », le Dr Bucaille n’hésite pas à les pourfendre, lorsqu’il écrit :
« Ce qui est davantage susceptible d’égarer l’investigateur est, ici encore un problème de vocabulaire.
En effet, sont toujours répandus à notre époque des traductions et commentaires de certains passages
qui peuvent donner aux scientifiques qui les lisent une idée complètement fausse de la Révélation
coranique sur le sujet considéré. C’est ainsi que la plupart des traductions évoquent la formation de
l’homme à partir d’un "caillot de sang", "d’adhérence" ; un tel énoncé est, pour un scientifique
spécialisé dans ce domaine, rigoureusement inadmissible... Une telle constatation laisse supposer
combien capitale va être l’association des connaissances concernant la langue et des connaissances
scientifiques pour parvenir à saisir le sens des énoncés coraniques sur la reproduction.29 »

Comment le Dr Bucaille conçoit-il la traduction de ce mot ? Il propose qu’au lieu de
« caillot » le mot ‘alaq soit traduit par « quelque chose qui s’accroche », une allusion au
fœtus attaché à l’utérus par le placenta30. C’est possible, et de plus, plus conforme à la vérité
scientifique que ne l’est le mot « caillot ».
Même parmi les hommes de science il y a divergence à propos de la traduction du mot
‘alaq. Le Dr Bechir Torki aborde le problème et traduit ainsi la Sourate 96 :
« Lis par le nom de ton Seigneur qui a créé l’homme d’attaches. Lis, car ton Seigneur est le plus
généreux. C’est Lui qui a enseigné par la plume. 31 »

Le mot « attaches » et ses sens proches tels que « liens », « ligaments » semblent très
proches du sens proposé par le Dr Bucaille. Cependant, le Dr Torki en fournit une autre
explication, lorsqu’il écrit :
« Il (Dieu) a "créé l’homme d’attaches", non d’une attache et les attaches sont ici exactement ces
informations attachées et accrochées, comme nous l’avons expliqué, dans tous les gènes des cellules,
notamment dans les gènes portés par le sperme de l’homme d’un côté et ceux portés par l’ovule de la
27

Islam, 2e éd. Univ. of Chicago Press, Chicago, 1979, p. 13.
Op. cit.
29
Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 200.
30
Ibid., p. 204.
31
Torki, op. cit., p. 178.
28

23

femme de l’autre. Le premier mot "Lis" concerne les informations qui sont contenues dans la première
cellule à partir desquelles la structure de l’homme est faite. Le deuxième mot "Lis", concerne le grand
Coran que Dieu a enseigné à l’homme par la plume32 ».

L’idée est ingénieuse, mais j’ai personnellement du mal à croire que le premier
commandement adressé par Dieu à Muhammad ait été : « Lis le code génétique ».
Même en laissant cet argument de côté, l’explication du Dr Torki laisse sans réponse de
difficiles problèmes.
Que fera le Dr Torki des autres versets qui utilisent le singulier ‘alaqa ? Que
signifient, même dans notre langage moderne les expressions « d’une goutte de sperme nous
avons créé un "code génétique" ; et du code génétique nous avons créé un petit amas de
chair » ? Le « code génétique » est dans le sperme, et non créé par lui.
Ces problèmes ne sont pas épargnés au Dr Bucaille, malgré ses efforts pour les
camoufler. Il écrit, à la page 205 :
« Après "ce qui s’accroche"... l’embryon, dit le Coran, passe par le stade de chair (comme de la chair
mâchée), puis apparaît le tissu osseux qui est habillé de chair ».

Cette description semble tout à fait correcte, mais correspond-elle vraiment à ce que
dit le Coran ?
Nous allons nous servir de la traduction que propose ce docteur pour le mot `alaqa et
l’appliquer au texte :
« puis de la goutte de sperme Nous avons créé (ou façonné) quelque chose qui s’accroche, et de la chose
qui s’accroche, Nous avons créé (ou façonné) de la chair mâchée, Nous avons créé (ou façonné) des os,
et Nous les avons recouverts de chair. »

Mais nous vivons au XXe siècle, un siècle caractérisé par les exigences de précision.
Où est l’ovule ? La chose qui s’accroche n’est pas formée d’une goutte de sperme. Elle résulte
de la rencontre du spermatozoïde et de l’ovule. Certes, ne pas tout mentionner ne constitue
pas une erreur. En outre, « la chose qui s’accroche » ne cesse pas de s’accrocher pour devenir
« de la chair mâchée ». Elle continue de rester « la chose qui s’accroche » et ce pendant huit
mois et demi, jusqu’à la naissance.
D’après ces versets « la chair mâchée » devient os, et ensuite, les os sont recouverts de
muscles. Cette idée est répétée dans la Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.259, de l’an 2 de
l’Hégire :
« ... Regarde les ossements, comme Nous les ressuscitons et les revêtons de chair ! »

Il semblerait, d’après ce verset, que le squelette est formé en premier, puis qu’il est
revêtu de chair. Le Dr Bucaille sait pertinemment qu’il n’en est pas ainsi.
Les muscles et les cartilages précurseurs des os sont formés en même temps à partir
des somites. A la fin de la huitième semaine, il n’y a encore que peu de centres osseux en
formation, et cependant le fœtus est déjà capable de quelques mouvements musculaires.
Dans une lettre personnelle du 8.1.87, le Dr T.W. Sadler, docteur ès-sciences,
professeur associé du département d’anatomie de l’Université de la Caroline du Nord, Chapel
Hill, N.C. 27515, et auteur de Langman’s Medical Embryology déclare ceci :
« Huit semaines après la fécondation apparaît le cartilage des côtes, et des muscles se forment. A ce
stade on note aussi l’ossification de la base des côtes, ossification qui s’étend progressivement jusqu’au
cartilage, vers le quatrième mois. Dès la huitième semaine après la conception, les muscles opèrent des
petits mouvements, bien que ce ne soit que vers dix ou douze semaines que ces mouvements soient
beaucoup plus perceptibles. »

32

Torki, op. cit., p. 178.

24

C’est pourquoi, même en admettant que le stade du somite de la quatrième semaine
corresponde à celui de la « chair mâchée », les muscles sont déjà présents plusieurs semaines
avant que ne soient formés des os calcifiés. Le problème n’est pas près d’être résolu !
Deux autres traducteurs, au moins, se sont servis d’autres mots pour rendre ‘alaqa.
Dans sa traduction de 1957, Régis Blachère écrit ceci, pour la Sourate 23.14 :
« Nous avons fait de l’éjaculation une adhérence ; de l’adhérence Nous avons fait une masse flasque.
De la masse flasque Nous avons fait le squelette, et Nous avons revêtu le squelette de chair.33 » (Mais il
faut noter que le même traducteur a mis « goutte coagulée » en 75.38).

De son côté, Muhammad Asad, dans sa traduction effectuée en 1964 et publiée en
1980 propose :
« Puis, de la goutte de sperme Nous avons créé un germe cellulaire ; puis, du germe cellulaire Nous
avons créé une pâte embryonnaire, puis Nous avons créé à l’intérieur de cette pâte embryonnaire des os
et Nous avons revêtu les os de chair.34 »

Dans une note qui accompagne 96.2, Muhammad Asad suggère que le germe
cellulaire ‘alaqa désignerait l’ovule fécondé.
Le lecteur comprendra, me semble-t-il, que les critiques formulées à l’encontre des
autres traductions restent valables pour celles-ci également.
(a) Le sperme ne devient pas une adhérence ni un ovule fécondé sans avoir rencontré,
au préalable, un ovule non-fécondé.
(b) Affirmer que ‘alaqa signifie « germe cellulaire » qui, à son tour, désigne l’ovule
fécondé n’est rien moins que poser un présupposé.
(c) Si c’est une adhérence, celle-ci adhère durant toute la grossesse.
(d) Traduire « chair mâchée » par « pâte embryonnaire » et prétendre que les os sont
créés « à l’intérieur » de cette pâte plutôt que « de » cette pâte constituent deux
présupposés.
(e) Et finalement, le problème de l’existence des os avant les muscles reste entier.
Le problème majeur que posent ces nouvelles définitions du mot ‘alaqa comme celles
du mot ṣulb, c’est le fait qu’il n’y a aucun exemple d’un tel emploi de ces mots dans l’arabe
utilisé au cours des siècles qui ont précédé et suivi l’Hégire. Cette constatation est d’autant
plus importante que certains des versets où ces mots sont employés affirment que cette
information constitue un signe. C’est ce qu’indique la Sourate du Croyant (Al-Mū’min)
40.67 :
« C’est Lui qui vous a créés de poussière, puis de sperme, puis de caillot de sang ; puis Il vous a fait
sortir bébé... Et peut-être comprendriez-vous ? »

De même, dans la Sourate du Pèlerinage (Al-Ḥajj) 22.5, il est dit :
« Ho, les gens ! Si vous êtes en doute au sujet de la résurrection (considérez que) c’est Nous qui vous
avons créés de poussière, puis de sperme, puis de caillot, puis de chair, formée aussi bien
qu’informe... »

La question mérite d’être soulevée : si cette révélation devait constituer un signe pour
les hommes et les femmes de la Mecque et de Médine, qu’en ont-ils compris ? Est-ce que
‘alaqa désignait le sang menstruel qu’ils croyaient coagulé à l’intérieur du corps ?
Cette « chair » que le Dr Bucaille traduit par « chair mâchée » représente-t-elle le petit
placenta que beaucoup de personnes ont pu voir lors d’avortements spontanés précoces ? Le
fœtus n’est généralement pas encore visible sur ces pertes. Rien ne ressemble plus à de la
« chair mâchée » qu’un placenta de deux mois.
33
34

Le Coran, Librairie Orientale et Américaine, Paris, 1957. Trad. personnelle.
The Message of the Qur’an, Dar Al-Andalus Ltd., Gibraltar, 1980.

25

Quel message pouvaient-ils percevoir dans ces mots ?
Deux hadiths emploient le mot ‘alaqa.
Le premier hadith dit ceci :
« Ibn Hisham cite Muhammad Ibn Ishaq qui raconte que quelques amis de Muhammad étaient venus le
trouver pour lui poser la question : "Prophète d’Allah, parle-nous de toi".
Il répondit : "... J’étais avec un frère d’adoption derrière notre maison, en train de garder le troupeau,
quand deux hommes vêtus de blanc et portant un récipient en or rempli de neige, se présentèrent devant
moi. Ils se saisirent de moi, coupèrent mon corps en deux, en sortirent mon cœur qu’ils coupèrent
également ; ils en ôtèrent un caillot noir (‘alaqa) et le jetèrent. Puis ils purifièrent mon cœur et mon
corps dans la neige...35 " »

Ce hadith ne jouit très probablement que d’un très faible coefficient de fiabilité et ne
semble pas concorder avec d’autres sources de renseignements plus solides. Il a néanmoins
l’avantage d’utiliser ce mot controversé ; dans ce texte le « caillot noir », est une image du
péché de Muhammad.
Cet exemple prouve que le mot ‘alaqa peut signifier « caillot », mais il ne peut ni
confirmer ni infirmer les sens proposés par le Dr Torki, le Dr Bucaille et Muhammad Asad.
Le second hadith se trouve dans les Quarante Hadiths de An-Nawawi. Nous y lisons :
Ce hadith est rapporté d’après Abou-Abd-ar-Rahmân Abd-Allah ibn Mas`ud qui dit : Le Messager
d’Allah (puisse Allah répandre sur lui Ses bénédictions et lui accorder Son salut !) nous a tenu ce
propos, lui, le véridique en tout, le digne de créance :
« La création de n’importe qui d’entre vous s’accomplit en diverses phases dans le sein de sa mère :
simple goutte de sperme au début, durant quarante jours, il devient corpuscule qui s’accroche pour une
période égale, puis particule de chair (embryon) pendant quarante jours encore. Enfin, un ange est
envoyé qui insuffle en lui une âme, principe de vie. En même temps, ordre est donné à l’ange de
consigner par écrit quatre genres de mentions, à savoir : une concernant son degré de fortune, une autre
précisant le terme inéluctable de ses jours, une troisième déterminant ses actions, enfin une quatrième
annonçant sa qualité de bienheureux ou de réprouvé dans l’Au-delà. Or ça ! J’en jure par Allah, hors de
qui il n’est point d’autre dieu !
Il pourra fort bien advenir que tel d’entre vous se comportera, à force d’actions vertueuses, en véritable
hôte futur du Paradis, au point d’en être distant d’une coudée à peine. C’est alors que se tournant contre
lui, les données écrites de son destin le, feront agir en hôte futur de l’Enfer, où il sera un jour précipité.
Tel autre, par contre se conduira en homme voué à l’Enfer, au point qu’il n’en sera séparé que d’une
coudée. Mais alors jouant désormais en sa faveur, les informations écrites le feront agir en homme voué
au Paradis, où il sera effectivement admis.36 »
hadith transmis par Al-Bukhari et Muslim.

Nous sommes ici en présence d’un hadith qui est attribué directement à Muhammad,
qui est attesté par les meilleures autorités, Bukhari et Muslim ; inclus dans une collection de
hadiths par un spécialiste des hadiths, et qui comporte des grossières erreurs scientifiques.
Reprenons les affirmations de ce hadith. La goutte de sperme reste une goutte de
sperme pendant quarante jours, au terme desquels se forme un ‘alaqa pendant quarante jours,
ce qui nous amène déjà à quatre-vingts jours complétés par les quarante jours du stade « chair
mâchée ». Soit cent vingt jours au total. Les études gynécologiques modernes ont montré que
la durée de vie du sperme à l’intérieur des organes génitaux féminins ne dépasse pas une
semaine, et que dès le 70e jour se perçoit déjà la différenciation des organes, à l’exception du
cerveau et des os. L’affirmation du hadith selon laquelle le fœtus ne devient « chair mâchée »
qu’après quatre-vingt jours est donc manifestement une erreur scientifique. Le Dr Bucaille fait
35

Sin and Atonement in Islam and Christianity, The Good Way, P O. Box 66, CH-8486 Rikon, p. 4 en anglais et
en arabe.
36
An-Nawawi, op. cit., pp. 28-29.

26

allusion à ce hadith, mais il conclut : « La description du développement embryonnaire n’est
pas conforme aux données modernes.37 »
Quoi qu’il en soit, ce hadith ne nous est d’aucun secours dans notre étude du mot
‘alaqa puisqu’il ne le cite pas dans un autre contexte. Pas plus que par le Coran, nous ne
pouvons savoir avec précision s’il désigne un « caillot » ou un « lien » ou « ce qui
s’accroche » à partir de l’emploi du mot dans ce hadith.
Il montre cependant clairement ce que croyaient des hommes qui ont vécu 200 ans
après Muhammad, et cela suffit à soulever d’importants problèmes théologiques liés à tout le
hadith.

Le problème théologique
Les erreurs scientifiques contenues dans ce hadith impliquent-elles que les
affirmations théologiques de Muhammad soient fausses, elles aussi ?
Si cette erreur scientifique d’un hadith bien attesté prouve que celui-ci se trompe,
comment pouvons-nous croire à la fiabilité des autres hadiths, bien attestés également, mais
qui ne comportent pas d’erreurs capables de les faire accuser d’être non fiables ?
Mais il y a pire encore. Qui nous prouve que ce hadith n’est pas une transmission
fidèle ?
Dans ce cas, ne rapporte-t-il pas les mots mêmes et la compréhension qu’avait
Muhammad de ces faits scientifiques ?

La traduction est aussi une science
Le Dr Bucaille a tendance à affirmer que tous les traducteurs précédents se sont
trompés. Il prétend que pour traduire correctement le Coran il faut avoir une solide formation
scientifique. Jusqu’à quel point ?
En 1940, je suivais l’enseignement secondaire. On y enseignait la reproduction humaine dans
le cadre de la biologie. A l’exception de la génétique les connaissances concernant les organes sexuels
mâle et femelle, le sperme, l’ovule et le cycle menstruel étaient identiques à ce qu’elles sont
aujourd’hui. Toutes les traductions mentionnées, exceptée celle de Kasimirski, sont postérieures à I938.
Le Dr Bucaille pense-t-il sincèrement qu’aucun des traducteurs mis en cause n’avait assez de
connaissance scientifique pour comprendre le problème sous-jacent à ces versets ?
Ils ont tous bien vu qu’il y avait une difficulté. Yusuf Ali a rédigé une note détaillée à propos
du mot ṣulb, comme étant le siège de la force. Il ajoute que « la moelle épinière est le prolongement de
la Medulla Oblongata du cerveau. » Voici ce qu’il écrit concernant la Sourate 23.12, citée plus haut :
« ...la matière vivante se reproduit d’elle-même par le moyen du sperme. Celui ci pénètre dans
l’ovule et le féconde... L’ovule fécondé se transforme en une sorte de morceau de sang épais
coagulé ; les zigotes se segmentent puis le résultat prend forme et se développe en fœtus. De
cette masse se forment les os, les chairs, les organes et un système nerveux...38 »
Une telle formulation traduit un niveau de connaissances médicales acceptable. Pourtant
l’expression « morceau de sang coagulé » est manifestement erronée. Ne le savait-il pas ? Certes si,
puisqu’il parle, par ailleurs de la Medulla Oblongata et de zygotes. Pourquoi a-t-il intégré ces mots dans
sa traduction ?

37
38

Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 247.
Yusuf ALi. op. cit., p. 875. note 2872.

27

Le Dr Bucaille ne l’a-t-il pas compris ? Ces traducteurs sont des hommes de
sciences dans leur domaine, celui des mots, et ils n’ont pas trouvé de raisons
linguistiques valables pour changer la signification de ces mots dans les versets
considérés. Ils se sont comportés en traducteurs honnêtes qui n’ignorent pas la science.
Le Dr Bucaille affirme que leurs traductions sont « à peine compréhensibles ». Je
ne partage pas ce jugement. Leurs traductions sont très compréhensibles et très
correctes. Elles reflètent les problèmes scientifiques qui se trouvent dans l’original
arabe.
De plus, le problème que posent ces versets n’est pas le même que celui soulevé dans
la section précédente à propos de l’expression « vague sur vague » qui avait un sens tout à fait
valable pour un arabe du 7e siècle vivant à la Mecque ou à Médine et à laquelle il est possible
d’ajouter une explication scientifique moderne. Dans le cas qui nous occupe présentement,
l’expression traduit une compréhension erronée d’un fait scientifique, et ce, depuis l’origine
de la Sourate.
Nous l’avons déjà clairement souligné dans le premier chapitre : la seule manière
d’établir le sens d’un mot consiste à examiner son emploi par l’usage. La seule façon d’établir
que tarā’ib peut désigner « la région génitale de la femme » ou que le singulier ‘alaqa
exprime « la chose qui s’accroche » consiste à montrer, par des phrases tirées de la littérature
arabe de la Mecque et de Médine contemporaine de Muhammad, et plus particulièrement dans
ٌ ِ‫ان ِ َع َربِ ٌّي ِ ُّمب‬
ٌ ‫ ; لِ َس‬Sourate 16.103), que ces
la langue des Quraychites, « la langue claire arabe » (ِ‫ين‬
mots avaient le sens qu’on veut leur attribuer aujourd’hui.
Ce n’est pas une tâche aisée, pour la simple raison que de nombreux travaux ont déjà
été effectués sur cette « claire langue arabe » des Quraychites. Très tôt les musulmans ont
éprouvé intuitivement le besoin de savoir exactement ce que signifiaient les mots
quraychites ; c’est pourquoi ils ont procédé à une étude complète de cette langue et de sa
poésie.
Le grand historien Ibn Khaldun a pu écrire :
« Sachez que le Coran est descendu dans la langue des arabes et conformément à leur style et a leur
éloquence ; tous l’ont compris et ont saisi les diverses significations de ses différentes parties et leurs
liens les unes avec les autres.39 »

Ce témoignage que « tous » les arabes ont compris le Coran est sans doute une
exagération due à l’enthousiasme, comme nous en commettons tous ; mais elle est néanmoins
plus proche de la vérité que l’affirmation du Dr Bucaille selon laquelle personne n’avait
compris le Coran jusqu’à nos jours.
Hamza Boubakeur, l’ancien recteur de la mosquée principale de Paris a abordé ce sujet
lors d’un colloque sur le Dieu unique, tenu à Montpellier le 6 mai 1985. Il posa la question
rhétorique suivante à son auditoire :
« La compréhension du texte du Coran est-elle demeurée stable depuis l’époque de Muhammad jusqu’à
maintenant ? »

Sa réponse fut la suivante :
« La poésie ancienne atteste la stabilité sémantique ».

Nous en concluons que si les versets qui procurent un bien-être spirituel et une
espérance aux musulmans ont conservé un sens stable, alors les affirmations scientifiques
incluses dans ces versets ont également gardé une signification stable, sauf si on nous fournit
les preuves du contraire.
39

Ibn Khaldun, vol. II, p. 391.

28

Lorsque le Dr Bucaille et les autres apologistes montreront, avec citations à
l’appui, que les mots controversés avaient, au premier siècle de l’Hégire, le sens qu’ils
leur attribuent aujourd’hui, alors, sans aucun doute, tous les traducteurs, musulmans ou
non, les suivront dans leurs conclusions. Mais en attendant cette preuve, nous constatons
qu’il existe des problèmes d’ordre scientifique dans le Coran.
7. La durée de la gestation
La durée de l’allaitement est préconisée dans la Sourate 31.14, dite Luqmān, de la
période mecquoise tardive :
« Et Nous enjoignons à l’homme au sujet de ses parents, – car sa mère le porte, fragilité sur fragilité, et
sevrage au bout de deux ans –, ceci : Sois-Moi reconnaissant, ainsi qu’à tes parents. »

Ailleurs, dans la Sourate de la Vache (Al-Baqara) 2.233, de l’an 2 de l’Hégire il est
dit :
« Et les mères, pour qui veut donner un allaitement complet, allaiteront deux ans pleins. »

La Sourate Al-Aḥqāf 46.15, de la période mecquoise tardive déclare :
« Et Nous avons enjoint à l’homme la bienfaisance envers ses père et mère : sa mère l’a péniblement
porté et péniblement accouché ; et grossesse et sevrage ont été de trente mois... »

Nous ne voyons aucun problème au commandement d’allaiter pendant 24 mois, si cela
est possible. Après tant d’années au cours desquelles les médecins ont encouragé le biberon,
on assiste à un retour à l’allaitement maternel jugé par les mêmes médecins comme préférable
et offrant au nourrisson une alimentation riche en protéines, ce qui n’est négligeable ni dans
les pays développés, encore moins dans ceux en voie de développement où la nutrition de
l’enfant est une question de vie ou de mort.
Mais le troisième verset, qui indique une durée totale de 30 mois pour la gestation et
l’allaitement, soulève une difficulté. En effet, si on retranche 24 mois des 30, il ne reste plus
que 6 mois pour la durée de gestation. Or nous savons bien qu’une grossesse normale dure 9
mois. Yusuf Ali a été conscient de la difficulté. C’est pourquoi il propose une note qui précise
que « six mois constituent le minimum pour une gestation humaine, au terme de laquelle
l’enfant est considéré viable. Ceci est en accord avec les plus récentes données
scientifiques.40 » (Le mot en italique figure ainsi dans la note.)
Le lecteur pourra se satisfaire de ce présupposé, mais le verset poursuit :
« ...puis quand il a atteint ses pleines forces, et atteint quarante ans, il a dit : "Ô Seigneur, dispose-moi,
pour que je rende grâces du bienfait dont Tu m’as comblé... Oui je me repens à Toi, oui, et je suis du
nombre des Soumis." »

Ce chiffre de 40 ans semble s’appliquer à tout homme, et n’émet pas de réserves sous
prétexte de circonstances particulières. Si l’ordre d’allaiter durant 24 mois désigne une
période normale, et si l’âge de 40 ans qu’atteint l’homme est également en chiffre normal,
alors nous pouvons nous attendre à ce que la durée de temps précisée dans la première partie
de ce verset s’applique à la durée normale d’une grossesse et non à un cas particulier, qui
serait celui d’une anomalie.
8. Caractères hérités et caractères acquis
40

Yusuf Ali, op. cit., p. 1370, note 4790.

29

a. Génétique et nourrices
Autrefois, dans de nombreuses cultures on croyait que ce que la mère voyait ou faisait
pouvait avoir une incidence sur l’enfant qu’elle portait. Ainsi, il y a 100 ans à peine, les
Américains croyaient que si une femme enceinte apercevait un lapin, son enfant naîtrait avec
la lèvre supérieure fendue. C’est ce qu’on appelle toujours, même dans des ouvrages sérieux
de médecine, un bec de lièvre.
Il semble que le Coran se fasse l’écho de telles conceptions. Dans la Sourate des
Femmes (Al-Nisā’) 4.23, de 5-6 de l’Hégire, on trouve une longue liste de femmes qu’il est
interdit d’épouser, entre autres :
« Mères qui vous ont allaités, sœurs de lait... les femmes avec qui vos fils nés de vos reins ont
consommé le mariage... » (par opposition aux femmes des fils adoptés que l’homme peut épouser
légalement, selon la Sourate 33.37).

Il est parfaitement clair que selon la connaissance scientifique que le Dr Bucaille
qualifie de « sûre » les caractères héréditaires ne se transmettent que par les gènes reçus de
notre père et de notre mère biologiques. Il n’existe aucun autre moyen. Aucun caractère
héréditaire ne se transmet par le lait d’une nourrice. Il n’existe aucun lien de quelque nature
que ce soit entre un garçon allaité par une nourrice et la propre fille de cette nourrice. Il
n’existe donc aucune raison scientifique pour interdire leur mariage.
Nous pourrions tout au plus songer à une question d’honneur pour la nourrice, mais
cela ne semble pas avoir été la préoccupation du texte coranique. C’est plutôt la pensée que
l’allaitement crée un lien de parenté réel qui est sous jacente au verset mentionné. Bukhari,
commentant le verset 4.23, cite une phrase de Muhammad à Aisha : « L’allaitement entraîne
la même interdiction que l’enfantement41 ». Par conséquent le Coran interdit le mariage avec
des sœurs de lait, mais il permet à ces sœurs de lait de ne pas se voiler lorsqu’elles reçoivent
la visite de leurs frères de lait, au même titre que s’ils étaient leurs vrais frères.
Dieu est certes libre d’ordonner ce qu’il veut, mais cela ne reflète certainement pas les
connaissances génétiques modernes.
b. Génétique et chèvres tachetées dans la Torah-Ancien Testament
Dans la Torah, Genèse 30.32-31.13 nous avons l’étrange récit de Jacob, le petit-fils
d’Abraham, qui partageait la croyance non-scientifique de pouvoir influencer la couleur des
agneaux et des chevreaux en fonction de ce que les mères voyaient.
Laban, son beau-père avait demandé à Jacob de prendre soin de ses troupeaux et lui
avait accordé le salaire correspondant. Jacob proposa à Laban de prendre pour lui les chèvres
et les brebis tachetées. Puis Jacob devait garder les bêtes colorées et son salaire serait les
agneaux et les chevreaux tachetés ou marquetés. Laban acquiesça et sépara les bêtes tachetées
et marquetées qu’il prit pour lui, laissant à Jacob celles qui étaient foncées.
Mais Jacob avait une arrière-pensée : il voulait agir sur la couleur des agneaux et des
chevreaux à naître.
« Jacob prit des branches vertes de peuplier, d’amandier et de platane ; il y pela des bandes blanches,
mettant à nu le blanc qui était sur les branches. Puis il plaça les branches qu’il avait pelées, dans les
auges, dans les abreuvoirs, où venait boire le petit bétail, juste en face des bêtes qui entraient en chaleur
en venant boire. »

Jacob croyait qu’en exposant à la vue des bêtes en chaleur des branches rayées, il
obtiendrait que les chèvres et les brebis mettraient bas des petits rayés ou tachetés. Nos
41

Bukhari, chapitre 67 sur le mariage, n° 21.

30

expériences génétiques modernes nous apprennent que cela n’est pas possible : on ne peut
acquérir les caractères héréditaires. (Cela signifie que vous ne pouvez pas naître avec un bec
de lièvre ou une gueule de loup simplement parce que votre mère a aperçu un lièvre). Jacob
était dans l’erreur.
Mais le Dieu d’Abraham et d’Isaac ne permit pas à Jacob de persister dans cette
croyance erronée qui jetait le discrédit sur le Créateur. C’est pourquoi, dans un rêve, il révèle
à Jacob la véritable raison de la naissance des petits tachetés et rayés. Ce rêve, Jacob le
raconta à ses femmes en ces termes :
« Au temps où les bêtes entraient en chaleur j’ai levé les yeux et vu en songe que les mâles qui
couvraient les femelles étaient rayés, tachetés et mouchetés. L’ange de Dieu m’a dit en songe : Jacob !
J’ai répondu : Me voici !
Il a dit : Lève les yeux et regarde : tous les mâles qui couvrent les femelles sont rayés, tachetés et
mouchetés ; car j’ai vu tout ce que Laban t’a fait. Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint une stèle, où tu
m’as fait un vœu. Maintenant lève-toi, quitte ce pays et retourne au pays de ta naissance. »

Pour comprendre comment Dieu a opéré ce miracle, il faut savoir que les taches,
comme la couleur bleue des yeux chez les humains, constituent un caractère récessif chez les
animaux.
En d’autres termes, dans les conditions normales de brassage des animaux, 25 % des
chèvres auraient été homozygotes (possédant deux gènes similaires) quant à la couleur
dominante ; 25 % auraient été homozygotes pour le caractère récessif, et par conséquent
auraient été tachetées et rayées ; 50 % auraient été hétérozygotes, avec un gène relatif à la
couleur unie et un gène relatif aux rayures ou à la moucheture. Ces 50 % auraient donc
possédé la couleur unie puisque le gène correspondant est dominant par rapport au gène des
tachetés ou mouchetés, qui est, lui, récessif. L’accouplement normal, selon les lois du hasard
entre des béliers et des brebis (25 %, 50 %, 25 %) donne 25 % de petits tachetés.
Quand Laban eut mis à part pour lui les 25 % de bêtes tachetées, il laissait à Jacob un
troupeau comportant 33 % de chèvres de couleur pure uniforme et 67 % de chèvres
hétérozygotes. Normalement Jacob aurait donc du avoir dans son troupeau 16,75 % de petits
tachetés. Il aurait donc été trompé par son propre marchandage. C’est pourquoi Dieu intervint
de sorte que tous les accouplements se fassent avec des mâles tachetés (homozygotes
récessifs).
Au terme de la première portée la moitié des petits nés des 67 % de femelles
hétérozygotes auraient été tachetés. Par conséquent 33 % du nombre total des petits nés dans
le troupeau auraient été tachetés et seraient revenus de droit à Jacob.
À plus longue échéance, tous les petits, d’une seule couleur, seraient devenus
hétérozygotes avec le caractère récessif hérité des béliers qui leur auraient donné naissance.
Cela aurait accru le nombre des femelles hétérozygotes à 75 % du total l’année suivante ;
finalement la moitié des petits nés dans le troupeau auraient été tachetés, ce qui doublait le
salaire de Jacob.
Ainsi donc le récit biblique, qui date de 1700 ans av. J.-C., est en parfaite harmonie
avec nos connaissances en matière de génétique, même s’il présente les idées erronées de
Jacob.
9. Autres problèmes
Nous pourrions poursuivre en évoquant d’autres problèmes, tel que celui que soulève
la Sourate des Abeilles (Al-Naḥl) 16.66, de la période mecquoise tardive. Nous y lisons :
« Certes oui, il y a de quoi réfléchir pour vous dans les bêtes : de ce qui est dans leurs ventres (buṭūnihi,
‫ )بُطُونِ ِِه‬parmi l’excrément et le sang, Nous vous faisons boire un lait pur, au boire facile aux buveurs. »

Comment comprendre que le lait provienne de « parmi les excréments et le sang » ?
31

Un peu plus loin, dans la même Sourate, nous lisons :
« De leurs (abeilles) ventres (butün ) une liqueur sort, aux couleurs variées (miel) où il y a de la
guérison pour les gens. »

À nouveau, le miel sort-il vraiment de l’abdomen des abeilles ? Et quelles maladies
guérit-il ?
Dans le même ordre d’idées relevons encore le verset 38 de la Sourate des Bestiaux,
de la période mecquoise tardive :
« Nul être marchant sur la terre, nulle volaille volant de ses ailes, qui ne soient comme vous en
communautés… »

Que signifie l’expression « en communautés comme vous » ? Le Dr Bucaille pense
aux abeilles42. Chacun sait effectivement que les abeilles vivent en communautés. Mais que
dire de certaines araignées dont la femelle dévore le mâle après l’accouplement ? Est-ce cela
vivre en communauté ? Comme moi ? Comme vous ?
Mentionnons encore l’affirmation de la Sourate du Discernement (Al-Furqān) 25.4546, de la période mecquoise primitive :
« N’as-tu pas vu ton Seigneur, comme Il étire l’ombre ? S’il l’avait voulu, certes, Il l’aurait faite
immobile. Puis Nous lui avons assigné le soleil pour indicateur. »

Le soleil se meut-il pour indiquer à l’ombre la direction qu’elle doit prendre ? On nous
a appris à l’école que c’est la rotation de la terre qui provoque le raccourcissement de
l’ombre !
L’argumentation du Dr Bucaille sur ces versets n’est pas très convaincante, mais nous
ne pouvons pas tout examiner en détail.
Abordons encore un point important dans cette section.
10. Musulmans au cercle polaire et musulmans astronautes.
Ce dernier aspect que je vais aborder maintenant est complètement omis du Coran.
Cela pourrait paraître prétentieux de ma part, mais le lecteur saisira mieux ma pensée dans les
lignes qui suivent.
Le Coran s’affirme comme guide et lumière pour tout le monde, et cependant j’ose affirmer que,
logiquement, aucune personne qui vit au nord du cercle polaire ne peut être musulmane !
« C’est faux ! » me répondrez-vous. « N’importe qui peut devenir musulman. Ce qui lui est demandé,
c’est de croire et de réciter la shahada – la confession de foi. »
« Faux ! » répondrais- je. « Il doit respecter le Ramadan, ce qui le conduit immanquablement à mourir
de faim, durant l’été arctique ! En effet, aucun coucher de soleil ne vient marquer la fin du jeûne. Il
devra attendre des semaines et des semaines avant d’assister à un coucher de soleil ! Il a largement le
temps de mourir de faim. »
« Qu’à cela ne tienne », reprendrez-vous. « Qu’il jeûne en tenant compte de l’horaire des musulmans de
Stockholm ou de La Mecque. »

C’est effectivement une solution. Mais beaucoup de musulmans n’acceptent pas ce
mode original de penser. Chaque année règne au Maroc une grande incertitude : la nouvelle
lune qui met fin au Ramadan sera-t-elle vue le 29e ou le 30e jour du mois lunaire ? Cela pose
la question d’un jour de jeûne supplémentaire éventuel. Mais il y a bien d’autres
conséquences possibles, telle que l’impossibilité de réserver sa place sur un vol, à cause de
l’ignorance du point de départ du premier jour de vacances, etc.
En face de ce problème qui se répète chaque année, je dis un jour à un ami : « Nous
sommes au 20e siècle et il nous est facile de connaître d’avance les phases de la lune.
Pourquoi ne le faites-vous pas ? Vous mettriez ainsi fin à cette incertitude pesante ! »
42

Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 194.

32

Il me répondit : « Nous ne le pouvons pas car le Coran déclare : quiconque d’entre
vous verra (personnellement) la nouvelle lune... » et il désigna clairement ses yeux pour bien
souligner que l’homme doit voir la lune, personnellement43.
Les Tunisiens se fient aux calculs astronomiques pour fixer leur période de jeûne. Et si
des Lapons se tournaient vers l’Islam, il faudrait bien prendre des décisions pour leur faire
savoir quand ils devront débuter leur jeûne et comment ils devront jeûner.
Un second cas de difficulté analogue a surgi avec le voyage dans l’espace, d’un
astronaute d’Arabie Saoudite. À 200 km d’altitude, la navette spatiale a une vitesse de 29 000
km/h. Elle fait donc le tour de la terre en 90 minutes.
Sur les 18 révolutions quotidiennes autour de la terre, comportant chacune un lever et
un coucher de soleil, quelle entrée dans l’ombre détermine la prière du « coucher du soleil » ?
Et comment l’astronaute peut-il se tourner en direction de La Mecque, en dehors du bref
passage à la verticale de cette ville, sachant que l’angle de la navette change continuellement,
même pendant les quelques minutes nécessaires aux quatre rak’as de la prière ?
Les responsables religieux de l’Arabie Saoudite décidèrent que leur astronaute devait
lier ses pieds au sol de la cabine spatiale et prier trois fois par jour. C’était une décision
parfaitement logique, mais remarquons néanmoins que nulle part le Coran ne prévoyait cela.
Si je mentionne ces situations, c’est essentiellement parce que le Dr Bucaille consacre
deux pages de son livre à une discussion du petit mot « si ». Il propose de voir dans le « si »
de la Sourate du Très Miséricordieux (Al-Rahman) 55.33 un sens prophétique car il entrouvre
une « possibilité » de conquête de l’espace44. Mais cette déduction n’est rien comparée aux
problèmes que peut se poser l’astronaute qui désire suivre les règles de l’Islam et prier en
direction de La Mecque au cours des révolutions du vaisseau spatial, ou aux problèmes qui
assaillent les Lapons devenus musulmans, en quête des heures du jeûne du Ramadan, dans les
régions situées au nord du cercle polaire. Si le Coran nous donnait des réponses à ces
questions du 20e siècle, alors nous pourrions parler d’une connaissance prophétique du Coran.
La Bible nous fournit des exemples de prophéties détaillées et nous en examinerons
quelques-uns dans les chapitres ultérieurs.

3. Allégories et histoire
Dans un chapitre qui n’a fait qu’aborder des sujets scientifiques, une discussion sur les
« fables » pourrait sembler déplacée. Mais nous la maintenons intentionnellement dans cette
section parce que « l’histoire précise », mentionnée aussi bien dans la Bible que dans le Coran
est une « science » dans son sens le plus large.
Le Dr Bucaille prétend que la Bible, et principalement la Torah-Ancien Testament ne
rapporte pas l’Histoire de manière fiable et précise, mais fait état des fables et des résultats de
l’imagination des hommes. A la page 17 de son livre, sous le titre Origine de la Bible il écrit
ceci :
« Avant d’être un recueil de Livres, ce fut une tradition populaire qui n’eut d’autre support que la
mémoire humaine, agent exclusif à l’origine de la transmission des idées...
E. Jacob note que ces paroles (lois et récits) étaient transmises soit par la voie familiale, soit par le canal
des sanctuaires sous forme de narration de l’histoire du peuple élu de Dieu. Celle-ci devint vite fable
comme l’apologue de Jotham (Juges 9.721), où "les arbres se mettent en chemin pour oindre leur roi et
43
44

La Vache (Al-Baqara) 2.185, an 2 de l’Hégire.
Bucaille, op. cit., pp. 168-170.

33

s’adressent tour à tour à l’olivier, au figuier, à la vigne, au buisson", ce qui permet à E. Jacob d’écrire :
"Animée par la fonction fabulatrice la narration ne s’est pas trouvée embarrassée sur des sujets et
époques dont l’histoire était mal connue..."45 »

L’affirmation que le livre des Juges provient non d’une révélation, mais « d’une
fonction fabulatrice » est une affirmation percutante. Car, pour les chrétiens qui croient à la
révélation, le livre des Juges, qui contient la « fable » précédemment évoquée, n’en raconte
pas moins des faits réels qui se sont produits au 12e siècle av. J.-C., après l’exode et lors de la
conquête de Canaan.
À en croire E. Jacob, c’était une époque où l’écriture n’existait pas encore et où
« l’histoire devint vite fable ». Mais le lecteur se souvient qu’au chapitre II de la deuxième
section, nous avons montré que l’écriture est attestée dans cette région, au moins en 2300 av.
J.-C. et que durant le 13e siècle av. J.-C. cinq écritures différentes étaient en usage en
Canaan. De toute évidence le grand spécialiste qu’est E. Jacob fait erreur sur ce point.
Examinons de près cette soi-disant « fable » dans son contexte de sorte que le lecteur
puisse former son jugement personnel.
D’après Juges 6, Dieu avait donné l’ordre à Gédéon, fils de Joas, de renverser l’autel
que son père avait érigé en l’honneur de Baal, une divinité païenne, et de bâtir un autel à
l’Eternel, Yahweh Elohim.
Gédéon s’exécuta. Le lendemain les hommes de la ville vinrent trouver le père de
Gédéon et lui dirent :
« Fais sortir ton fils et qu’il meure, car il a renversé l’autel de Baal et abattu le poteau d’Achéra qui était
dessus. »

Joas répondit :
« Est-ce à vous de plaider la cause de Baal ?... Si Baal est un dieu, qu’il plaide lui-même sa cause,
puisqu’on a renversé son autel » (Juges 6.30b-32a).

Les chapitres 7 et 8 rapportent comment Dieu s’est servi de Gédéon aidé de 300
hommes seulement pour semer la panique dans le camp madianite, fort de plus de 100 000
hommes, au point qu’ils s’entre-tuèrent en voulant sortir du camp, en pleine nuit.
Après cette retentissante victoire, Gédéon retourna chez lui à Ophra où il vécut quarante ans.
Il avait eu soixante-dix fils de ses femmes et un autre, nommé Abimélec, de sa
concubine qui vivait à Sichem.
Après la mort de Gédéon, Abimélec s’adressa aux habitants de Sichem en ces termes :
« Vaut-il mieux pour vous que soixante-dix hommes, tous les fils de Jerubbaal, dominent sur vous, ou
qu’un seul domine sur vous ? Et souvenez-vous que je suis de vos os et de votre chair » (Juges 9.2).

En entendant ces paroles, les habitants de Sichem décidèrent de suivre Abimélec qui,
fort de ce peuple, « vint dans la maison de son père à Ophra et tua ses frères, fils de Jerubbaal
– soixante-dix hommes – sur une même pierre. Il ne resta que Jotham, le plus jeune fils de
Jerubbaal, car il s’était caché. Tous les notables de Sichem et toute la maison de Millo se
rassemblèrent et allèrent introniser Abimélec comme roi... » (Juges 9.5-6).
La fable de Jotham
« Jotham en fut informé. Il alla se placer sur le sommet du mont Garizim, et voici ce qu’il leur cria à
haute voix :
Écoutez-moi, notables de Sichem, et que Dieu vous écoute !
Les arbres partirent pour aller oindre un roi à leur tête. Ils dirent à l’olivier : Règne sur nous.
Mais l’olivier leur répondit : Renoncerais-je à mon huile par laquelle grâce à moi, on honore Dieu et les
hommes, pour aller me balancer au-dessus des arbres ?
45

Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 17.

34

Et les arbres dirent au figuier : Viens, toi, règne sur nous. Mais la vigne leur répondit : Renoncerais-je à
ma douceur et à mon excellent fruit, pour aller me balancer au-dessus des arbres ?
Et les arbres dirent à la vigne : Viens, toi, règne sur nous. Mais la vigne leur répondit : Renoncerais-je à
mon vin qui réjouit Dieu et les hommes, pour aller me balancer au-dessus des arbres ?
Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines : Viens, toi, règne sur nous. Et le buisson d’épines
répondit aux arbres : Si c’est de bonne foi que vous voulez me donner l’onction comme roi sur vous, venez,
réfugiez-vous sous mon ombrage ; sinon, un feu sortira du buisson d’épines et dévorera les cèdres du Liban.
Maintenant, est-ce de bonne foi et avec intégrité que vous avez agi en proclamant roi Abimélec ? Avezvous usé de bonté envers Jerubbaal et sa maison ? L’avez-vous traité selon la valeur de ses actes ? Car mon père
a combattu pour vous, il a exposé sa vie au front, et il vous a délivré de la main de Madian ; et vous, vous vous
êtes levés contre la maison de mon père aujourd’hui, vous avez tué ses fils – soixante-dix hommes – sur une
même pierre, et vous avez proclamé roi sur les notables de Sichem Abimélec, fils de sa servante, parce qu’il est
votre frère.
Si c’est de bonne foi et avec intégrité qu’en ce jour vous avez agi envers Jerubbaal et sa maison,
qu’Abimélec fasse votre joie, et que vous fassiez la sienne ! Sinon, qu’un feu sorte d’Abimélec et dévore les
notables de Sichem et la maison de Millo et qu’un feu sorte des notables de Sichem et de la maison de Millo et
dévore Abimélec !
Jotham se retira et prit la fuite ; il s’en alla à Beer où il demeura loin d’Abimélec , son frère » (Juges
9.7-21).

Dans ce même chapitre 9, nous apprenons que trois ans plus tard, Abimélec fit passer
au fil de l’épée tous les hommes de Sichem, puis « il renversa la ville, et y sema du sel ».
Quelques jours s’écoulèrent et Abimélec lui-même fut tué par une femme qui lança sur sa tête
un morceau de meule de moulin. La prophétie de Jotham s’était accomplie (Juges 9.45-57).
Posons-nous la question : ce récit est-il une fable au sens « d’histoire devenue fable » ?
Le dictionnaire Larousse définit ainsi la fable :
a) apologue, récit allégorique, le plus souvent en vers, d’où l’on tire une moralité ;
b) récit faux, imaginaire.

De toute évidence, la fable proposée par Jotham comporte un enseignement
moral. C’est donc bien une fable, en vertu de la première définition. Mais ce récit n’est
pas « histoire devenue fable ». La fable est incluse dans le récit, mais reste distincte de
l’histoire proprement dite.
Quand le Dr Bucaille se sert du mot « fable », en citant E. Jacob et assimilant la
Torah-Ancien Testament à la Chanson de Roland, il donne au mot « fable » la deuxième
définition. Il affirme que ces récits n’ont pratiquement aucune valeur historique. Mais s’il
peut lancer de telles affirmations, c’est parce qu’en Europe si peu de lecteurs sont familiarisés
avec la Bible pour pouvoir réfuter ses arguments. Dans le récit qui nous occupe, il est clair
que Jotham, le fils survivant, se sert de la parabole pour déclarer que ceux qui ont exterminé
ses frères s’extermineront eux-mêmes. Assimiler ce qui est « fable » dans ce récit à un
« mythe » est une grossière erreur.
La véracité de ce récit a été confirmée par l’archéologie. Voici ce qu’écrivait, en 1968,
le Dr Siegfried H. Horn, professeur d’Archéologie à l’Université d’Andrews, à Berrien
Springs, dans le Michigan :
« J’aimerais apporter mon témoignage personnel sur les découvertes archéologiques de Sichem car j’ai
participé aux fouilles. Les recherches entreprises à Sichem en 1960 ont révélé que la ville et son grand
temple de Baal avaient été détruits au 12e siècle av. J -C. C’est précisément l’époque à laquelle la Bible
assigne la destruction de la ville par Abimélec, le fils du juge Gédéon.

35

Les vestiges archéologiques – tessons de poterie – permettent de fixer la date de cette destruction vers
1150 av. J.-C. La concordance entre ces deux dates, l’une tirée de l’histoire biblique, l’autre des
conclusions archéologiques, pourrait difficilement être plus totale.46 »

Récits historiques dans le Coran : fables ?
Salomon et la reine de Saba (Sheba)
Le récit se trouve dans la Sourate des Fourmis (Al-Naml) 27.15-44, de la période mecquoise
intermédiaire :
« Et très certainement Nous avons apporté de la science à David et à Salomon ; et tous deux dirent :
Louange à Dieu qui nous a donné excellence sur beaucoup de ses esclaves croyants !
Et Salomon hérita de David, et dit : Ho, les gens ! On nous a appris la langue des oiseaux ; et de toutes
choses on nous a donné. Voilà bien là, vraiment, la grâce évidente !
Et furent rassemblés pour Salomon, ses armées de djinns et d’hommes et d’oiseaux ; puis, tous furent
rangés. Puis, quand ils vinrent à la vallée des Fourmis, une fourmi dit : Ho, les fourmis, entrez dans vos
demeures, afin qu’inconsciemment Salomon et ses armées ne vous écrasent pas sous leurs pieds.
À ces mots, il rit d’un sourire et dit : Dispose-moi, Seigneur, à rendre grâces pour le bienfait dont Tu
m’as comblé ainsi que mes père et mère, et que j’œuvre le bien que Tu agrées ; et fais-moi entrer, par Ta
miséricorde, parmi les gens de bien Tes esclaves.
Et il passa en revue les oiseaux, puis il dit : Qu’ai-je à ne pas voir la huppe ? Est-elle des absents ? Très
certainement je la châtierai d’un grand châtiment ! Ou très certainement l’égorgerai ! Ou bien elle m’apportera
une raison évidente.
Mais elle n’était pas restée loin. Elle dit en effet : J’ai cerné ce que tu n’as point cerné ; et j’apporte de
Saba une nouvelle certaine : Oui, j’ai trouvé qu’une femme y règne cependant que de toutes choses il lui a été
donné ; et elle a un énorme trône. Je l’ai trouvée, – et son peuple – se prosternant devant le soleil au lieu de Dieu.
Le Diable leur a enjolivé leurs actions : il les a donc empêchés du Sentier, et donc, ils ne se guident pas !
Que ne se prosternent-ils devant Dieu, qui fait sortir ce qui est caché dans les cieux et la terre, et qui sait
ce que vous cachez et aussi ce que vous divulguez ? Dieu ! Point de Dieu, que Lui, le Seigneur de l’énorme
trône !
Alors, Salomon dit : Nous allons voir si tu dis la vérité ou si tu es du nombre des menteuses.
Va avec cette lettre de moi ; puis, lance-la leur ; ensuite, tourne-leur le dos, et regarde ce qu’ils feront en
retour.
Or la reine dit : Cohorte de grands ! Une noble lettre m’a été lancée. Oui, elle vient de Salomon ; et, en
vérité, la voici : Au nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux, ne faites pas les hautains avec
moi, et venez à moi en soumis. Elle dit : Cohorte de grands ! Répondez-moi sur cet ordre de moi : je ne déciderai
d’ordre, que vous ne soyez présents.
Ils dirent : Nous sommes détenteurs de force et détenteurs de grande rigueur. L’ordre, cependant,
t’appartient. Regarde donc ce que tu veux ordonner.
Elle dit : Les rois, à la vérité, quand ils entrent dans une cité, y mettent le désordre, et font de ses plus
puissants habitants les plus humbles. Ainsi agissent-ils. Oui, je vais leur envoyer un présent, puis je verrai ce que
les envoyés ramèneront.
Puis, lorsque le messager y fut, Salomon dit : Est-ce avec quelques biens que vous voulez me venir en
aide ? Alors que ce que Dieu m’a apporté est meilleur que ce qu’Il vous a apporté ! Non, mais c’est vous qui
exultez de votre présent !
Retourne chez eux. Puis nous leur viendrons très certainement avec des armées contre quoi ils n’auront
pas de résistance, et les expulserons de là très certainement, tout humbles, cependant qu’eux-mêmes se feront
petits.
Puis : Cohortes de grands ! Qui de vous m’apportera son trône avant qu’ils ne viennent à moi en
Soumis ?
Un éfrit de djinn dit : Je te l’apporterai avant que tu ne te lèves de ta place : là-dessus je suis fort, certes
oui, digne de confiance !
Un chez qui se trouvait quelque science du Livre dit : Je te l’apporterai avant que tu aies rouvert l’œil.
Quand, ensuite, Salomon le vit se poser près de lui, il dit : C’est d’une grâce de mon Seigneur, pour éprouver si
je suis reconnaissant ou si je suis ingrat. Or quiconque est reconnaissant, c’est pour lui-même qu’il est
reconnaissant, et quiconque est ingrat... alors oui, mon Seigneur est au large, noble !
46

Récente contribution à l’étude de l’A.T., Christianity Today, 21 juin 1968, p.15.

36

Et encore : Rendez-lui méconnaissable son trône : nous allons voir si elle se guide ou si elle est de ceux
qui ne se guident pas.
Quand elle fut venue, on lui dit : Etait-il ainsi de ton trône ? Elle dit : C’est comme si c’était lui. Science
nous a d’avance été donnée ; et nous nous sommes soumis. Or ce qu’elle adorait en dehors de Dieu l’empêchait ;
oui, elle faisait partie d’un peuple mécréant.
On lui dit : Entre dans la tour. Puis, quand elle la vit, elle la compta pour une eau profonde, – et elle se
découvrit bien les tibias ! – Alors Salomon dit : Non ceci est une tour, que des verres font miroiter.
Elle dit : Seigneur, je me manquais à moi-même : je me soumets, en compagnie de Salomon, à Dieu,
Seigneur des mondes. »

Que dire d’un tel récit qui fait parler les oiseaux et les fourmis, qui fait intervenir des
géants et des djinns, et qui propulse le trône en « un clin d’œil » ?
Hamidullah a précisé dans une note qu’un éfrit est « une espèce de diable malfaisant
que l’on rencontre dans maint récit fabuleux ». L’adjectif « fabuleux », contrairement au nom,
ne connaît qu’un seul sens : imaginaire, mythique, extraordinaire, chimère.
Que nous dit la Bible au sujet de Salomon en relation avec les animaux et les oiseaux ?
« Il (Salomon) a parlé sur les arbres, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui sort du mur ; il a
aussi parlé sur les bêtes, sur les oiseaux, sur les reptiles et sur les poissons. On venait de tous les peuples
pour entendre la sagesse de Salomon... » (1 Rois 5.13-14a).

Dans son livre, L’homme d’où vient-il, le Dr Bucaille écrit :
« De plus, je n’ai trouvé dans le texte du Coran aucune allusion à des mythes ou superstitions du temps
de sa communication aux hommes, comme on en trouve dans la Bible sous la plume d’auteurs y parlant
le langage de leur époque.47 »

Le lecteur musulman placerait probablement le récit que nous avons extrait du Coran
sous la rubrique : « fable avec enseignement moral ». Mais il ne semble pas que le Coran luimême présente ainsi ce récit. Il est vrai que la narration est chargée d’un enseignement moral ;
cependant, les conversations et les faits du récit proprement dit, ainsi que ceux qui le
précèdent et ceux qui le suivent, sont présentés comme des éléments d’une histoire vraie. Le
récit de Moïse et du buisson ardent, rapporté dans la même Sourate, juste avant celui de
Salomon et de la reine de Saba, est considéré comme une histoire vraie, aussi bien dans cette
Sourate qu’ailleurs dans le Coran.
Les récits de Sālih se rendant vers les Thamoud et de Lot s’adressant à son peuple,
récits qui font suite à celui de Salomon et de la reine de Saba apparaissent dans cette Sourate
comme des histoires vraies.
Ajoutons encore que les versets 59 à 66 font appel à la nature pour prouver la grandeur
de Dieu ; il y est notamment fait allusion à la « barrière » entre deux sortes d’eaux, texte
auquel le Dr Bucaille fait référence comme preuve de la pré-connaissance de la science que
possède le Coran.
Dans le récit de Jotham que nous avons rapporté plus haut, il y a un changement bien
clair entre les différentes parties du récit, entre le compte-rendu historique de la mort des 70
frères de Jotham et sa parabole des arbres.
Le narrateur et ses auditeurs savaient qu’il s’agissait d’une parabole chargée d’une
leçon morale. Le récit coranique de Salomon et de la reine de Saba s’inscrit dans un contexte
d’histoires racontées, sans la moindre indication de changement de genre littéraire.
De plus, on peut se demander pourquoi le Dr Bucaille, si empressé de trouver des
« sources » aux récits bibliques n’a pas adopté la même attitude en face de ces récits
coraniques. Il aurait trouvé une mine de renseignements dans des ouvrages tels que The
Sources of Islam de St. Clair-Tisdall. Il aurait appris que ce récit s’était répété parmi les juifs
et qu’il était rapporté dans le 2e Targum du livre d’Esther qui ajoute que la reine avait des
47

Bucaille, L’homme, p. 161.

37

jambes aussi poilues que celle d’un homme. Ce détail, non rapporté dans le Coran est pourtant
inclus dans les traditions musulmanes de l’Araish Al-Majalis48.
La mort de Salomon
Dans le cadre de cette section, examinons aussi le récit de la mort de Salomon telle
qu’elle est rapportée dans la Sourate de Sabā 34.12-14, de la période mecquoise primitive :
« Et pour lui (Salomon) Nous avons fait couler la source de cuivre. Et des djinns travaillaient sous ses
mains, par permission de son Seigneur. Quiconque d’entre eux, cependant, eût dévié Notre ordre, Nous
l’eussions fait goûter au châtiment de l’enfer-Saïr.
Ils œuvraient pour ce qu’il voulait... Puis quand Nous eûmes pour lui décidé de la mort, il n’y eut pour
les avertir de sa mort que la "bête de la terre" laquelle rongea sa houlette. Puis, lorsqu’il tomba, les
djinns eurent la preuve que s’ils avaient su l’invisible, ils ne seraient pas demeurés dans le châtiment
avilissant. »

Résumons. Le grand roi Salomon, appuyé sur sa houlette, surveille les djinns, comme
un contremaître les cantonniers en train de réparer une route. Il meurt, appuyé sur son bâton.
Aucun des serviteurs qui lui préparaient les repas, aucun des généraux qui venaient chercher
ses directives, aucun de ses courtisans, aucune de ses huppes, personne ni rien ne prête la
moindre attention à sa mort, jusqu’à ce qu’un vermisseau ronge sa houlette et que le cadavre
s’étende de tout son long sur le plancher !
Quels mots emploierait le Dr Bucaille pour décrire ce récit, s’il se trouvait dans la
Bible ? Il parlerait de l’invraisemblance de ce passage. Il le qualifierait de
« fantasmagorie49 », « art de faire apparaître des spectres, des fantômes, par des illusions
d’optique » (Larousse).
Face à ce récit, comment se présente la narration biblique ?
Dans 1 Rois 5.29-30, il est écrit :
« Salomon avait encore 70 000 manœuvres et 80 000 tailleurs de pierre dans la montagne, sans compter
les chefs des préfets de Salomon, préposés aux travaux : 3 300 qui exerçaient leur autorité sur ceux qui
exécutaient les travaux. »

Mais l’obstacle majeur que présente ce texte coranique, c’est l’image qu’il donne de
Dieu. Est-il concevable que le Dieu Tout-Puissant, Créateur des cieux et de la terre et de tout
ce qu’ils renferment, puisse faire travailler les djinns en les mystifiant ?
La même question surgit à propos de la crucifixion de Jésus. Est-il concevable que le
Dieu grand et glorieux, qui est appelé « la Vérité » puisse faire croire à « un semblant » de
crucifixion ?
Dans la Sourate de la famille d’Amram (Al-‘Im‘rān) 3.52-53, de l’an 2 ou 3 de
l’Hégire il est clairement dit que les disciples de Jésus croyaient en lui. Le verset 54 poursuit
ainsi :
« Les fils d’Israël rusèrent contre Jésus. Dieu ruse aussi ; Dieu est le meilleur de ceux qui rusent » (trad.
D. Masson).

Le mot « ruser » (makir, ‫ ) َم ْكر‬est un mot très fort que Wehr et Abdel-Nour définissent
comme « sournois », « hypocrite », « astucieux », « malin50 ». Le Munjid arabe-arabe le
définit par le mot khuda‘a qui a exactement le même sens.

48

Op. cit. Voir texte, T. & T. Clark, 38 George St. Edinburgh; réimpression par Birmingham Bible Institut Press,
Birmingham, pp. 24-29.
49
Bucaille, La Bible, le Coran et la Science, p. 239.
50
Wehr, op. cit., p. 917.

38

D’après l’Evangile, les chefs juifs ont rusé pour arrêter Jésus en secret, de manière à
éviter des troubles. Mais pourquoi Dieu leur permettrait-il de penser qu’ils ont réussi dans
leur entreprise ? Et pourquoi se désignerait-il lui-même comme « le meilleur de ceux qui
rusent » en enlevant Jésus secrètement ? Ce comportement trompe aussi les plus intimes
disciples de Jésus, ces disciples que le Coran se plaît à présenter comme « ceux qui croyaient
en lui ». Est-il concevable que le Dieu Vrai puisse agir ainsi ?
Les descriptions « incroyables » de Matthieu
Dans le chapitre intitulé Les quatre évangiles, leurs sources, leur histoire à la page 70,
le Dr Bucaille écrit ceci :
« Il (Matthieu) insère dans son livre des récits à proprement parler incroyables.51 »

Examinons l’un de ces passages qualifiés d’« incroyable ». Dans l’Evangile selon
Matthieu, en 27.50-53, nous lisons :
« Jésus poussa de nouveau un cri d’une voix forte et rendit l’esprit. Et voici, le voile du temple se
déchira en deux du haut en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent et les
corps de plusieurs saints qui étaient décédés ressuscitèrent. Ils sortirent des tombeaux, entrèrent dans la
ville sainte, après la résurrection de Jésus et apparurent à un grand nombre de personnes. »

Le Dr Bucaille reproche d’abord à ce récit « de n’avoir pas son pareil dans les autres
évangiles ». C’est vrai. Mais le même reproche peut s’adresser au Coran qui ne dit qu’une
seule fois, dans une seule Sourate, que Jésus ne mourut pas.
Deuxième critique : « On voit mal comment les corps des saints en question aient pu
ressusciter lors de la mort de Jésus (la veille du sabbat, disent les évangiles) et ne sortir de
leurs tombeaux qu’après sa résurrection (le lendemain du sabbat, selon les mêmes sources). »
Que répondre ? Malgré l’impression « d’incroyable » que laisse ce récit, nous devons
accorder le bénéfice du doute à l’auteur. Matthieu n’avait sans doute pas l’intention de nous
faire croire que ceux qui étaient ressuscités étaient restés assis dans leurs tombes froides,
grelottant du vendredi au dimanche matin.
Je suis persuadé que l’évangéliste a voulu faire comprendre à ses lecteurs que les
tombes se sont ouvertes le vendredi, mais que les corps ont été ressuscités le dimanche matin,
en même temps que celui du Christ, comme preuve de sa grande victoire sur la mort. Quoi
qu’il en soit, comparé à l’histoire de Salomon et ses oiseaux-parlant et ses « efrits de djinns »,
ou à la narration de son corps appuyé sur sa houlette, le récit biblique est un joyau de
précision, digne du 20e siècle.
La façon dont le Dr Bucaille analyse ce récit est indigne de lui.
La vérité est la suivante : bien que la révélation se soit faite dans la Torah-Ancien
Testament et dans l’Evangile-Nouveau Testament dans les termes caractéristiques des
cultures et des peuples qui l’ont écrite et reçue, l’inspiration divine par le Saint-Esprit a
préservé les prophètes de l’Ancien Testament et les disciples de Jésus d’y inclure les
idées mythologiques grotesques et le polythéisme des Babyloniens, des Grecs et des
Romains.

Conclusion
Tout au long de ce chapitre, nous avons vu comment le Dr Bucaille et d’autres se sont
servis de présupposés pour concilier les divergences internes du Coran. Le Dr Bucaille doit
51

Bucaille, op. cit., p. 70.

39

accorder le même droit et la même liberté à ceux qui aiment la Torah-Ancien Testament et
l’Evangile-Nouveau Testament.
Lorsque des chrétiens suggèrent que Matthieu fait remonter la généalogie de Jésus par
Joseph, et Luc par Marie, chacun est libre de penser que cette explication n’est pas
convaincante. Mais le Dr Bucaille est mal placé pour accuser les chrétiens d’être aveugles et
d’employer des moyens détournés en faisant de tels présupposés dans leur but de surmonter
une difficulté, car lui-même a adopté de nombreux présupposés dans son ouvrage.
Prétendre que les chrétiens ont refusé d’admettre qu’il y avait un problème n’est même
pas juste historiquement parlant. Eusèbe de Césarée (265-339), l’évêque chrétien de Palestine
et auteur d’une « Histoire de l’Eglise », a mentionné ce problème et a proposé la solution
indiquée plus haut.
Si le Dr Bucaille se fait un point d’honneur d’avoir appris l’arabe pour pouvoir lire le
Coran dans l’original, alors il a certainement lu le passage de la Sourate de l’Araignée (Al‘Ankabūt) 29.14 qui déclare :
« Et très certainement, Nous avons envoyé Noé vers son peuple. Il demeura donc chez eux mille ans
moins cinquante années... »

Pourquoi, alors, écrit-il :
« on sait que ces généalogies (bibliques) prêtent à Abraham et a ses dix-neuf ancêtres jusqu’à Adam des
durées de vie incroyablement longues, qui vont jusqu’à 969 ans pour Methuschélah...52 »

Si « 969 ans » est une durée de vie incroyable pour la Bible, une durée de vie de « 950
ans » l’est aussi pour le Coran ; si on peut croire aux « 950 ans » du Coran, on peut aussi
croire aux « 969 ans » de la Bible. Nous devons conserver le même système d’appréciation
pour les deux livres.
Nous n’avons pas pour autant résolu parfaitement le problème de la généalogie qui
remonte à Adam. Dans son livre Révélation des Origines, Henri Blocher consacre trois pages
à présenter et à discuter quatre stratégies possibles en faisant remarquer : « Elles ont toutes
leurs inconvénients, et ainsi le problème reste posé53 ».
Mais, compte tenu de toutes les preuves archéologiques en faveur de l’historicité
de la Torah et de l’Evangile, compte tenu des miracles accomplis par Jésus et des
prophéties réalisées - et qui confirment la véracité de l’Évangile, il est prudent
d’attendre que de futures études et de futures découvertes viennent combler nos lacunes
présentes.
En 1947, nul n’aurait imaginé un seul instant qu’en 1948 on découvrirait des
fragments du Lévitique (un des livres de la Torah de Moïse), recopiés plus de 200 ans avant
que Jésus le Messie ne vienne fouler le sol de notre terre, et parfaitement identiques à ceux de
la Torah « qui est entre nos mains » aujourd’hui. Ces fragments prouvent clairement que la
Torah n’a jamais été altérée.

52
53

Bucaille, L’homme, p. 153.
Op. cit., dans le texte, pp. 228-230.

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