Coïncidences 2 PDF


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Auteur: Marie

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Coïncidences 2
Le froid, puis la sueur. Un sentiment d'angoisse pénétrant. Et une chevelure
blonde...Toujours cette couleur flamboyante. Obsédante.
Les clefs claquèrent quand elle les jeta dans le plat sur le buffet. Elle enleva ses chaussures,
les roula ses bas en boule entre ses doigts. Puis elle jeta le vêtement dans la corbeille à linge salle.
Toujours cette odeur de renfermé, puissante et désagréable. Toujours ce même sentiment
d'étouffement, ce désordre dans l'appartement. Elle avait cette sensation étrange de ne pouvoir
échapper à son destin. Comme si elle avait maintes fois essayer, avant de renoncer.
Elle lança un regard courroucé vers son frère Etienne, tranquillement assis devant le clavier
de son ordinateur. Elle ouvrit la fenêtre, et mira son reflet. Il passa une main dans ses cheveux bruns.
Elle se retourna.
- Ca va Sister ? Tu te sens bien ?
Elle ne répondit pas. Elle se contenta de s'avachir sur le fauteuil.
- Tu as... Tu as toujours ces pensées ?
Elle haussa les épaules et essaya de respirer tranquillement. Elle allongea son bras sur le dossier, et
sentit quelque chose de dur au bout de ses doigts : sa vantoline. Elle en aspira une grande bouffée.
Puis regarda son frère travailler.
-Tu as préparé quelque chose pour ce soir ? Je veux dire, quelque chose qui ne soit pas brûlé ?
Un vague sourire apparut sur les lèvres d'Etienne, mais il se transforma rapidement en une grimace
sévère.
-Non.
Clara tourna, la tête, désabusée. Il baissa la tête.
-Tu sais, c'est dur pour moi aussi.
Elle sursauta, à la fois surprise et énervée de cet aveu si crû. Il ne fallait pas parler ainsi. Il ne fallait
pas rompre le pacte secret qui les liait tous les deux tacitement.
Ne jamais en parler. Jamais plus. Le silence est d'or quand il facilite l'oubli.
-Je vais préparer le repas, fit-elle pour couper la conversation.

Etienne soupira.
-J'ai bientôt fini ma thèse.
L'annonce était abrupte, brutale. Elle se mit à trembler.
-Pourquoi tu me dis cela maintenant ?
-Pour que tu te t'y habitues. Tu vas de nouveau avoir un appartement propre. Tu vas de nouveau être
libre. Et tu vas aussi pouvoir refaire ta vie, aussi ! Ca sera bien pour toi !
-Je pourrai surtout rester seule !
Elle réfréna un gémissement. Une vague image revint à son esprit. Une chevelure blonde, un être
aimé.
-Sylvain ...murmura-t-elle entre ses dents.
-Cet abruti ! s'emporta Etienne.
-Ce n'était pas sa faute !
-Si ! s'emporta son frère. Ca l'était ! Enfin, Clara, tu le sais bien : il a tué nos parents. !
Elle se leva sans mot dire pour préparer le repas.
-Je l'ai recontacté ce matin. Je l'aime.
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-Vous partez maintenant ?
Clara, souriante, tentait de traîner la lourde valise de ses parents jusqu'à la voiture. Sa mère souriait.
-Oui, ma Chérie. Puisque Sylvain veut bien nous emmener, nous partons.
Elle l'embrassa chaleureusement : deux bons gros baisers qui claquaient bien sur ses joues roses.
Comme quand elle était petit fille. Un passé pas si lointain, après tout.
-C'était une très belle soirée, en tout cas, la félicita son père en posant tendrement une main sur son
épaule. Tout était parfait ! Et je te remercie pour la bouteille de whisky : c'est ma marque préférée !
Tu me connais bien !
Les joues de Clara se teintèrent d'une couleur rosée. Elle prit ses parents dans ses bras.
-C'était un beau Noël pour tout le monde. Je vous remercie d'être venus.
Puis elle releva la tête, comme si elle cherchait quelqu'un.
-Sylvain ! Où es-tu , Sylvain ?
La tête hirsute de Sylvain apparut de derrière la façade.

Des cheveux blonds, si blonds....
-J'arrive, j'étais juste en train de pisser derrière.
Avant de pouvoir en dire plus, il s'effondra contre la façade de la maison.
-Tu es sûr que tu peux conduire, Sylvain ? s'inquiéta Clara.
Il marmonna d'incompréhensibles paroles.
-Sylvain, tu m'écoutes ?
Il tressauta. Elle voulut le serrer dans ses bras, mais il la repoussa. Et s'engouffra, entêté, à la place
conducteur de son automobile.
Et c'est alors qu'elle le vit. Ce chemin tortueux, cette voiture qui déraillait sur les pentes neigeuses. Et
la sirène des pompiers, la carcasse carbonisée. Ses parents ? Morts. Et Sylvain ? Ecroulé de chagrin.
-N'y allez pas ! hurla-t-elle.
Ses parents se figèrent sur place, considérant avec frayeur cette figure pâle et blême qui les retenait.
-Je te demande pardon, ma chérie ?
Sylvain klaxonna.
-Je peux conduire, lui assura-t-elle. Ce sera plus prudent.
Sylvain s'énerva.
-On a dit que je les ramenais, je les ramène.
-J'ai un mauvais pressentiment.
-Allons donc !
-Je te dis que je peux conduire !
-Et je te répète que c'est inutile.
Toute comme cette discussion, pensa-t-elle. Elle ne le raisonnerait pas. Elle le savait. Mais au fond,
n'aimait-elle pas justement ce caractère buté ?
C'est alors qu'Etienne apparut au coin de l'escalier.
-Elle te dit de ne pas y aller, sac à vin !
Cinq paires d'yeux indignés se tournèrent vers le fils. Celui-ci fit face à ses parents d'un air revêche.
-Lui, il travaille demain... Mais pas vous ! Alors, pourquoi donc partir aujourd'hui ?
-Mais parce que nous travaillons aussi demain, commença le père.
La mère mit alors une main à sa bouche, comme si une information lui revenait soudain ...

-C'est-à-dire... Non. En fait, c'est vrai...Mon chef m'a appelé hier pour me dire que je ne travaillais
pas, finalement.
-Et pourquoi tu ne l'as pas dit avant ? s'emporta le père.
-J'avais oublié, lui lança-t-elle avec son regard de tourterelle désarmante de sincérité..
Le père éclata de rire.
-Ces femmes ! Que ferions-nous sans elle ? Alors, c'est d'accord, nous partirons demain. Et tu nous
emmèneras à la gare, ma Chérie ?
Clara hocha la tête.
Et Sylvain, titubant, s'assit au volant de sa voiture, qui le mena tout droit à l'accident.
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-Ma chérie, ne pleure pas !
Sa mère tentait de la calmer, mais les sanglots de Clara ne s'arrêtaient pas. Ils coulaient en flots
réguliers, comme si elle était condamnée à se dessécher.
-Il est mort.
Elle n'avait pas vu le corps et pourtant, l'image la hantait. Une chevelure blonde. Couverte de sang.
Partout sur sa gorge, sur ses vêtements.
La mère prit sa fille dans ses bras, le père lui caressa les cheveux.
-C'était un brave garçon.
-Pourquoi a-t-il été assassiné si c'était un brave garçon ?
Elle continuait de sangloter. Etienne, indifférent, préparait le dîner. Qui serait brûlé, comme à son
habitude. Pendant que ses parents tentaient de la consoler, il apporta une assiette à sa soeur. Puis il
se rassit à son ordinateur, et recommença à travailler.
Elle repoussa l'assiette d'un geste ferme, et se blottit sur elle-même dans le fauteuil. Comme une
enfant.
-Il est mort.
-Oui.
-Dans un accident de voiture.
Ses parents se regardèrent.
-Mais enfin, ma Chérie....
Elle haussa la voix.

-Il est mort d'un accident de voiture, je vous dis !
Le silence succéda aux cris. Plus rien ne bougeait. Seul le tapotement des touches d'un ordinateur
rythmait le vide.
-Mais voyons, Clara, il y avait un poignard à côté de lui. Tu es bien en âge de comprendre, non ? Il a
été assassiné!
-Il est mort dans sa voiture carbonisée, sur la route de Noël, reprit Clara, butée.
Son père se racla la gorge.
-Ma Chérie, nous étions ensemble à Noël. Tu te souviens ? Et il était déjà mort.
Clara lança un regard noir autour d'elle.
-Mais vous aussi vous êtes morts !
Les parents se regardèrent, impuissants. Elle attrapa sa tête entre ses mains, et se mit à se frapper.
-J'ai bientôt fini ma thèse, lança Sylvain du fond de la pièce.
-Je m'en fiche.
-Pas moi, lui lança-t-il, malicieux.
Elle le fixa, en colère.
Trois coups frappèrent soudain aux carreaux. La mère alla ouvrir la porte. Un policier entra.
-Nous avons du nouveau au sujet de l'assassinat de Sylvain Héri.
Clara gémit au fond de la pièce.
-Nous pensons avoir enfin trouver l'assassin.
Il déposa soigneusement des bris de glace sur la table basse de salon.
-Mais nous avons trouvé cela à côté dans son appartement. Avez-vous une idée de ce que cela peutêtre ?
Les regards se fixèrent sur l'objet.
-Un pare-brise ! s'exclama Clara.
-Quelle coïncidence ! lâcha la mère.

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Clara était en couple avec Favien, depuis un an maintenant. Elle était heureuse. Elle aurait dû l'être
du moins. Mais elle ne pouvait pas.

Après trois mois d'hospitalisation psychiatrique, elle honnissait toujours autant les voitures. Une
véritable phobie s'était développée en elle. Elle ne se déplaçait plus qu'à pied. Et trouvait la ville trop
grande pour elle.
Elle avait peur des couteaux, aussi. Des grands, des petits, ceux plein de sang après le découpage
d'une viande. Il y avait toujours trop de sang...
Son psychiatre cherchait désespérément l'origine du traumatisme dans son passé. Et il n'en trouvait
pas. Peut-être parce qu'il n'y en avait pas. A part peut-être les fessées de Tante Michelle...
Elle aimait toujours autant les hommes aux cheveux blonds. Elle ne pouvait s'empêcher de les
regarder. Elle les trouvait beaux. Enjôleurs.
Favien, lui, était brun. Mais elle était quand-même attachée à lui...
Son frère soutenait sa thèse aujourd'hui. Il l'aurait, c'était sûr. Sa théorie était révolutionnaire, à ce
qu'elle avait entendu dire. Il était si brillant.
Elle mit du fard sur ses paupières, du rouge sur ses lèvres : cela faisait bien longtemps qu'elle ne
s'était pas faite belle. Mais là, c'était différent. Son cher frangin...
Elle ramassa la pochette d'Etienne qui jonchait le sol, comme d'habitude. Un article de journal s'en
échappa. Elle le lut machinalement.
Un fait divers. L'histoire d'un homme ivre qui avait eu un accident. Le couple de passagers était mort.
L'homme avait réussi à s'extirper du véhicule. Sans porter assistance aux passagers. Un frisson la
parcourut.
Sa petite amie et lui avaient été incarcérés. Ils avaient, semblait-il, cherché à dissimuler les preuves
de la culpabilité de l'homme. Un échange irrégulier de conducteur pour éviter le test d'alcoolémie....
Elle reposa le papier. Puis descendit à la cuisine, et sursauta à la vue d'un large couteau. Elle le
rangea machinalement, à sa place, dans le tiroir.
C'est à ce moment-là que Favien frappa à la porte. Elle lui ouvrit, le fit entrer, mit son manteau et son
chapeau. Elle le suivit. Elle voulait être ponctuelle. Mais ne le serait pas, comme d'habitude.
Et bien-sûr la route était semée de feux rouges, autant d'attentes interminables. Elle leva la tête, et
aperçut, en face d'elle un bel homme aux beaux cheveux blonds. Comme elle en avait rêvé. Il lui
sourit. Elle lui rendit son sourire. Puis elle regarda sa montre. Onze heures exactement, l'heure où
son frère soutenait. Trop tard.
Le feu passa au vert, elle voulut traverser, mais Favien la retint. L'homme blond, lui, fit quelques pas
en avant, et la voiture le faucha en plein vol. Clara hurla. Puis s'évanouit.

Elle se réveilla e dans un univers complètement blanc. Elle reconnut avec peine une chambre
d'hôpital, voulut se lever, mais son frère la retint. Il souriait, l'air angélique.
-C'est affreux, commença-t-elle... J'ai vu un homme, je l'ai vu... je te jure il était si près... Il est mort.

Etienne l'embrassa sur le front.
-Du calme, ma chère sœur, c'est fini.
-Il était... jeune... beau.
-Tout va bien. Oublie cela.
Il lui sourit, les yeux plein de joie.
-C'était un accident. Un simple accident, la rassura-t-il.
Elle essaya de retrouver une respiration normale.
-J'aurais pu être cet homme. La voiture est passée tout près de moi.
-Une heureuse coïncidence, alors.
Il semblait rayonner de bonheur.
-Et ta soutenance ? se souvint-elle subitement.
-Félicitations du jury. Et j'ai décroché mon premier poste au CNRS.
Elle inspira profondément, soudain apaisée. Et il lui prit la main.
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Etienne attendit d'être bien sûr que sa sœur dorme avant de repartir. Sans faire de bruit, sur la
pointe des pieds.
Tout se déroulait parfaitement. Ses théories mathématiques embrasaient la communauté
scientifique, depuis qu'il avait réussi à prouver que de petites circonvolutions s'enroulaient autour de
l'espace-temps. D'infimes changements qui modifiaient le présent au fur et à mesure de son
déroulement.
C'était du moins les théories qu'il avait présentées. Et pour cela, on l'appelait génie, ou Einstein. Si
seulement ils avaient su... Il sourit.
S'ils avaient su qu'ils étaient possible de maîtriser ces infimes changements de temps, et de créer le
présent, le futur et le passé... A la mesure d'un Dieu. D'un Dieu vengeur.
Il sortit alors de sa poche une photographie de Sylvain surgie d'une autre époque. Il avait pris plaisir à
le tuer celui-là. Par trois fois. La vengeance était un plat qui se mangeait et se dégustait à nouveau.
Et sa soeur ? Il éclata de rire.
Il rangea la photographie dans un sa poche, un sourire carnassier aux lèvres.
Et ce n'était que le début... Le rôle de justicier ne lui seyait pas trop mal.


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